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chaleur; il n’attaque pas le plomb, à moins que
l ’acide vitriolique n’y foit mêlé én trop petite
quantité. U convertit la plus grande partie de
l’étain en chaux ; il en eft- à- peu-prés de même
du mercure & de l’arfenic en régule.
Il n’eft pas étonnant que léS deux acides réunis
diffolvent toutes les fubflances qu’ils pour-
«oient difloudre étant féparés; mais M. AVenzel
»emarque que la plupart des métaux s’y précipitent
en chaux, de même que dans l’eau régale ,
tandis que la diffolution feioit entière fi le dif-
folvant compofë n’agiffoit pas autrement fur eux
que les acides féparés. Les Chymiftes favent pré-
fentement que cet effet tient immédiatement à
la trop grande calcination du métal ; mais il ne me
paroît pas aufli facile d’expliquer pourquoi cette
calcination eft portée plus loin parle mélange que
ÿar chacun des deux acides.
P
I 'acide vitriolique mixte muriatique fe fait comme
le précédent par ftmple mélange; pour peu que
les acides foient concentrés, l’effervefcence eft
bien plus vive avec l’acide muriatique ; j’ai vu
une fois le bouchon d’un flacon qui n’étoit rempli
qu’au quart, s’élever jufqu’au plafond. Un mois
après le mélange, l’air s’élance encore avec impé-
tuofitè & vapeur viftble, ou plutôt fumée chaude,
à l’inftant qu’on débouche le flacon ; & quoiqu’il
ferme aufli exaélement qu’il eft poflible, on trouve
une liqueur fenfiblement acide qui s’eftraftemblée
autour du bouchon dans la concavité du goulot
renverfé, & qui quelquefois eft allez abondante
p ou f s’écouler le long du flacon.
II me paroît que ces effets ne doivent être attribués
qu’à l’aàion même de l'acide vitriolique fur
Peau de l’acide muriatique, au moyen de laquelle
c e dernier eft réduit prefque à l’état fec, & peut-
être gafèux à la faveur de la chaleur qui fe met
en liberté pendant l’union de l’acide vitriolique
avec l’eau. D’après cela il eft aifé de concevoir
pourquoi l’on trouvé de l’acide muriatique fôibfe
autour du bouchon ; c’eft le produit du gas faturé
de l’humidité de l’air. Il eft encore tout ftmple que
ce mélange agiffé fur quelques fubflances avec plus
d’énergie que l’acide muriatique ordinaire ; .on
obferve à-peu-près la même chofe fur cet acide
en état de gas, & ce procédé peut devenir avantageux
dans quelques expériences.
M. Beaumé rapporte, d’après Boerhaave , qu’une
petite quantité d’acide muriatique rend glacial l’acide
vitriolique concentré ( tome 1 1 , pag. f7&).
Ce feroit un phénomène bien furprenant que ce
dernier pût-être privé de fon eau par l’acide
muriatique, mais cette expérience ne m’a pas
réuflî ; il m’eft feulement arrivé une fois d’obtenir
fnr-le champ une belle cryftallifation en filets
foyeux qui crouvroient le fond du flacon ; c’étoit
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du muriate d’étain , dont l’acide muriatique fe
trouvoit chargé, & fa cryftallifation fubite venoit
de ce que l’acide vitriolique lui avoit repris fon
eau de éiftolution.
> L ’illuftre Bergman dit avoir employé avec
avantage l’acide vitriolique mixte muriatique
pour l’analyfe par la voie numide de la mine d’étain
, qui n’eft attaquée par aucun des acides minéraux
féparément, ni même par l’eau régale. Pour
cela, on réduit d’abord la mine en poudre fub-
tile par lévigation , on verfe deflùs de l’acide
vitriolique concentré, & on fait digérer à grand feu
pendant plufieurs heures. On ajoute enfuite un
peu d’acide muriatique, & en agitant le mélange*
on apperçoit une violente effervefcence avec chaleur
; une heure après, on ajoute de l’eau ; & lorf-
que tout eft dépofé, on décante la liqueur claire.
Én répétant cette opération, il n’y a de rèfidu que
la gangue pierreufe infoluble. Ce Chymifte admet
ici la réunion des forces diflolvantes des dêux
acides, cependant il paroît aufli attribuer le principal
effet à l’état de gas de lucide muriatique.
( Dijfertat. X X I V , §. io . )
Que l’on mette, ait M. Wenzel, de l’étain pur
dans de l’acide vitriolique , que l’on y ajoute de
l’acide muriatique jufqu’a ce qu*bn voie que l’étain
eft attaqué; que l’on place alors le vaiffeau fur le
feu de fable , on aura une diffolution limpide, &
qui ne fe troublera pas, quoiqu’on l’étende d’une
grande quantité d’eau diftillée. Si les acides étoient
très-concentrés, il y auroît une grande partie de
l’étain qui paroîtroit fimplement calcinée ; mais
en y ajoutant un peu d’eau, ïa diffolution finie *
tout le précipité fèrort fur-le-champ rediffous. On
obferve les mêmes phénomènes f i , aulieu d’acide
muriatique, on met du fel ammoniac ordinaire
dans l’acide vitriolique.
Suivant le même Chymifte, oe bifmuth qui, dans
fon état métallique, n’eft pas attaqué par l’acide
muriatique, s’il n’eft très-concentré, qui l’eft encore
bien moins par Pacide vitriolique ( excepté dans
le procédé de la diftillation) , fe diffout très-facilement
& complètement dans ce mélange, & la
diffolution peut être étendue de telle quantité d’eau
que l’on veut fans donner le moindre précipité.
Si on verfe de l’acide vitriolique fur le magiftère
de bifmuth, ou précipité fait par Peau dans la diffolution
muriatique , il eft repris für-le-champ,
& la diffolution n’eft plus troublée par Peau. M.
Wenzel explique ce fait,en difàntque malgréleç
édulcorations répétées, le magiftère de bifmuth
retient toujours de Pacide, de forte qu’il forme
avec l’acide vitriolique le même diffolvant mixte ;
mais fl eft probable que c’eft l’excès d’acide qui détermine
dans ce cas line diffolution permanente,
& je ferai voir ailleurs que Pacide acéteux 'em-'
pêche de même la décompofition du nitre de bif-
muth par Peau. Voye{ Acète d£ bismuth.
M. Wenzel a encore eflayé Paâion de ce diftbl-
vant fur l’antimoine en état métallique, & il a re^
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ïoilim tm’U le cMolvoit complettement. La diffolution
peut être à un certain point etendue d eau
fens fe troubler; mais fi on en met davantage,
l ’antimoine fe précipite fous forme de poudre grile.
L’addition de l’acide vitriolique fait difparoitre ce
précipité; il en faut d’autant plus , que la diflolu-
tion aéré délayée d’une plus grande quantité d’eau.
La poudre d’algaroth, ou précipité du muriate
antimonial par Peau, fe rediffout aufli complettement
dans Pacide vitriolique, ce que M-Wçnzel
attribue encore au diffolvant compofe; & fl
bien certain que ce précipité retient un peu d’acide
muriatique, quand il n’a pas été lavé dans l’eau
chargée de méphite de potafle; mais il n eft pas
moins certain que c’eft toujours l’excès d’acide qui
On voit par-là que l’ufage le plus avantageux
que l’on puiffe faire de ces fortes de aiffolvans
mixtes eft de les appliquer à Panalyfe des fubflances
qui réfiftent à l’aâion des acides ordinaires. Il me
paroît affez probable que dans le dernier 1 acide
muriatique fe trouve à-peu:près dans la même condition
qui le rend capable d’agir fur l’argent dans
l’opération du départ concentré, ou par le cément
royal : on pourroit donc effayei de per-
feftionner cette efpèce de départ par la voie humide
, il deviendroit alors aufli commode & avan-
lageux qu’il eft pénible & imparfait.
§•
M. Crell vient d’annoncer dans une lettre à^ M.
d’Arcet, inférée dans le journal de phyfique, d’octobre
1785 , qu’en diftillant l’acide vitriolique fur
la manganèfe, on obtient un acide qui feul diffout
l’or-, l’argent & le mercure avec facilité. Mes
expériences fur l’acide vitriolique diftillé avec la
chaux noire de manganèfe, rapportées dans l’article
précédent, m4ont en effet donné lieu d’ob-
ferver qu’il fe_ dégageoit, dans cette opération,
beaucoup d’air v ita l, & même une odeur très-
analogue à celle de l’acide muriatique déphlogifti-
qué; ce que M. Schéele nous a fait connoître de
la diffolution de l’or dans l’acide muriatique dé-
phlogifiiqué, fembloit bien indiquer une aélion de
la chaux même de manganèfe fur l’o r , mais je
n’aurois pas foupçonné que l’acide vitriolique fimplement
diftillé fur la manganèfe pût attaquer l’or
fans contaél immédiat du demi-métal.
Ce phénomène très-important mê paroît fe rapprocher
de la diffolution par le concours de deux
aftions, ou d’un acide mixte, foit qu’il s’élève un
peu de terre de manganèfe qui eft alors portée à
l’état d’acide ou très-près de cet état, & capable
d’agir fur l’o r , comme la chaux d’étain, foit que
l’énergie de l’acide vitriolique fe trouve feulement
augmentée par la préfence de l’air vital que nous
favons être principe acidifiant. Pour vérifier ces
Wnje&ures , il feroit bon d’examiner, i° . fU’gcide
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vitriolique n’emporte pas réellement un peu de
terre de manganèfe comme il arrive avec l’acide
muriatique, a®, fi l’acide vitriolique fimplement
imprégné d’air vital pur n’auroit pas aufli quel-
qu’àdion fur l’o r , dumoins à l’aide de la chaleur«
Acide vitriolique phlogistiqué , ou fui
fureux volatil* Après ce que j’ai dit précédement
de la manière dont l’acide vitriolique fe comporte
avec les huiles, le foufre, le charbon & autres
matières phlogiftiques , il me refte peu de chofe
à ajouter pour faire connoître la nature & les propriétés
de l’acide que nous nommons phlogif-»
tiqué. /. .
I. Il y a diverfes manières de fe procurer de
l’acide vitriolique phlogiftiqué : i° . en faifant brûler
du foufre lentement & foiblement; fi on expofe
à la vapeur qui s’en exhale des linges trempés dans
la diffolution alkaline végétale, il fe forme un fel
neutre qu’on a nommé fel fulfureux de Stahl ,
parce que c’eft lui qui le premier l’a fait connoître*
& qui a indiqué ce procédé pour l’obtenir. C ’eft
celui qui., fuivant nos règles de dénomination,
prend le nom de vitriol fulfureux de potafle. Cette
vapeur fulfureufe ne pouvant être recueillie commodément
en quantité , on ne fait pas grand ufage
de ce procédé, fi ce n’eft pour appliquer directement
l’acide volatil à des fubflances fur lefquelles il peut
à l’inftant même produire l’effet que l’on defirer
c’fcft ainfi qu’on foufre les étoffes de laine & de
foie pour les blanchir, & lès vins qu’on veut cor?,
riger.
Si on met dans une cornue du vitriol fulfureux
de potafle préparé à la manière de Stahl, qu’on y (
ajoute un acide végétal, par exemple, de l’acide
tartareux , & qu’après y avoir adapté un ballon
où on a mis un peu d’eau, on chauffe doucement
au feu de fable, l’acide phlogiftiqué fe dégage &
fe condenfe dans l’eau du ballon ; c’eft de cette
manière que M. Schéele l’a préparé pour effayer
fon a&ion fur la manganèfe , & c’eft là feule en
effet qui convienne aux expériencees dans lefquelles
fl importe de s’aflùrer qu’il n’y a point de
mélange d’acide non phlogiftiqué, ni d’aucune
autre vapeur.
a0. Stahl recommandoit pour le même objet de
diftiller tout fimplement du vitriol de mars dans
une cornue fêlée , & fl eft bien certain que cela
fuffit pour rendre l’acide fulfureux, du moins en
très-grande partie; ce qui vient de ce qu’il s’introduit
quelque peu de matière combuftible par la
fêlure ; mais il eft difficile que cette fente ne fe
prolonge & n’occafionne à la fin la rupture de la
cornue.
30. La méthode la plus ufité’e cpnfifte à diftiller
l’acide vitriolique fur des matières combuftibles.
Cependant on a dû remarquer que toutes n’étoient
pas également propres à phlogiftiquer l’acide ; les
huiles, les grailles, les réfines, i’efprit-de-vin, &c.
ont ici un grand avantage & opèrent même, à un