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qui en rend taltion ou lente , ou rapide, eu nulle , ou
efficace. Mk
On a remarqué depuis Ion g-temps que les diüblu-
tions s’opèrent bien plus facilement à Faide de ,1a
chaleur ; mais fi elle ne difpofoit les corps à la. com-
binaifon qu’en relâchant Faggrégation dev leurs molécules
reljpeèlives , il s’enfuivroit, ou quelle ne devroit
influer que fur la durée de la diffolution, ou
du moins que les quantités de la matière difloute
devroient toujours être dans le rapport de la température
, & cela n’eft nullement conforme à l’obferva-
tion. Enfin, fi la chaleur n’afleéloit jamais les affinités
que de cette manière, loin que fon accumulation
pût empêcher une combinaifbn de deux corps,
elle devroit toujours la rendre de plus en plus facile
, en diminuant auffi de plus en plus la force
aggrégative des molécules de ces deux corps.
Ce n’eft donc pas de cet effet de la chaleur dont
je veux parler i c i , d’autant plus qu’il rentre dans
une des loix précédemment établies ; c’efl de là différence
dans les réfultats de l’affinité des mêmes
corps , qui femble dépendre plus particulièrement de
la température, o u , pour m’exprimer plus clairement,
de la préfence ou de l’abfence d’une certaine
quantité de chaleur fenfible, au moment où les corps
font préfentés au cc/ntaél.
Bergman a dit que les vraies affinités des corps
étoient celles qu’ils exerçoient lorfqu’ils étoient abandonnés
à eux-mêmes, & qu’un violent degré de
chaleur étoit une caufe externe qui rompoit plus ou
moins, & quelquefois changeoit totalement les vraies
affinités (Differtat. XXXI 11, §. 4). Je ne puis être
ici de l’avis de ce grand Chymille, qui confidère
comme étrangère à l’affinité une matière qui ne peut
procéder auffi que par affinité, qui femble annoncer
comme une propriété générale de la matière de la
chaleur accumulée de diminuer l'affinité refpe&ive
des corps , tandis qu’il eft confiant qn’elle en favorife
le plus fouvent l’aéfion , ainfi qu’il le reconnaît lui-
même , & que s’il arrive qu’elle faffe obftacleàune
composition qui auroit eu lieu fans cette accumuia-s
tion, ou à une température moins élevée, cela ne
vient réellement, ou que de fon affinité particulière
& pluspuiffante avec une des fubftances qu’elle s’approprie
, ou que d’une affinité nouvelle & fupérieure
qu’elle détermine par fa préfence. Le développement
de ces deux caufes donnera une idée claire de ce
que j’entends par condition de température ; il fervira
en même temps à prouver la vérité de cette VI«.
lo i , &. à en diriger les applications.
I. En écartant la règle trop générale de Bergman
fur l’influence de la chaleur, on trouve que perfonne
n’a mieux expliqué la différence des affinités par la
voie humide & par la voie feche. Soit l’affinité d’un
corps A avec le corps B = 6 , avec le corps C== 5 ;
que l’on fuppofe en même temps que les corps A
& G foïent très-fixes, ou feulement beaucoup moins
volatils que B r i l . eft évident qu’à la température j
ordinaire, A s’unira avec B à l ’exclufion de C ,p a r j
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la raîfon de ïa différence de 6 à Ç. Mais fi l’on accumule
la matière de la chaleur autour de ces trois
corps , la tendance de B à l’état de vapeurs croîtra
dans une proportion très-différente des deux autres
. à caufe de fon affinité particulière avec cette matière
de la chaleur ; & quand ce corps B fera parvenu
au terme de compofitibn qui doit lui donner
la forme de ce nouveau diffolvant, il quittera le corps
A , & celui-ci reliant libre , fera contraint de céder
à l’attraélion de C , devenue allez puiffante par l’ab-
fence de B.
Tout ceci peut s’éclaircir par des exemples familiers;
Quand on met enfemble de l’eau, de Falcohol &
du f e l , à la température moyenne ; l’eau s’empare
de Falcohol en vertu de fa plus grande affinité avec
lu i, & le fel refie non diffous. Mais fi Fon élève
la température au degré qui vaporife Falcohol, l’eau
refie & s’unit au fel. Par où, l’on voit que les affinités
ne changent pas, que leur puiffance n’efi /ni
rompue, ni diminuée ; qu’elles font feulement rendues
nulles ou efficaces par la condition de la température
; en un mot, qu’il n’y a ici aucune force
étrangère à l’affinité. C ’efl: à l’égard des deux combi-
naifons qui en réfultent, comme fi Fon eût commencé
par féparer Falcohol de l’eau par la diftilla-
tion, & que Fon eût enfuite prêfenté le fel à l’eau;
& fi Fon ne peut pas dire que ce foit abfolument la •
même chofe, c’efi que dans le premier cas l’affinité
du fel à l’eau , quoiqu’inférieure , fait pourtant équilibre
à une portion quelconque de la force attraêlive
de l’eau & de Falcohol, & en rend ,. par ce moyen,
la féparation plus complète & plus prompte. Or,
cette circonfiance prouveroit encore,. s’il en étoit
befoin, que la matière de la chaleur n’opère auffi
què"par fes affinités , puifqu’elle fuit la même marche
que nous avons obfervée dans toutes les autres affinités
par concours.
Pour ce qui eft du paffage d’une fubftance de l’état
fixe à l’état de vapeurs, on ne peut douter qu’il
ne foit fujet aux mêmes loix que toutes les combi-
naifons chymiques : j’ai déjà remarqué que le fel
étoit mouillé par l’eau avant que d’en prendre la
fluidité, comme la glace paflè par différens- degrés
de chaleur avant que de s’élever en vapeurs ; tous
ces changemens s’opèrent d’une manière uniforme ,
par fùcceffion de furçompofitions leur terme arrive
précifé-ment au point qui furpaffe l’équilibre des forces
contraires à- l’affinité du diffolvant.
Après cela, on ne doit plus être étonné que les
affinités, ou plutôt les réfultats des affinités, foient
différens à diverfes températures, o u , comme on
le d it , d’une manière un peu trop circonfcrite, par
la voie humide & par la voie sèche. C ’eft ainfi que
l’acide vitriolique , qui décompcfe Farfeniate de po-
taffe par la voie humide, eft à fon tour obligé de
céder cette bafe à Facide arfenical par la voie lèche.
Mais il eft effentiel de remarquer que ce n’efi ni la
différence de-la chaleur qu’on peut appliquer à un
j creufet ou à un alambic , ni la préfence ou l’abfence
| de l’eau, ni même un degré préfixe de chaleur qui
A FF
'/orme, dans ce cas, une limite invariable. M. DarCét
a fait connoître un alliage d’étain , de plomb & de
bifn'iith, qui fè fond dans l’eau avant qu’elle foit
échauffée au degré de l’ébullition ; dans un grand
nombre d’opérations , que l’on appelle ^par la voie
sèche) la fluidité aqueule perfifte jufqu’à la fin ; on
en a un exemple frappant dans la decompofition du
formiate de foudë par l’aCide boracin, au degré de
l’ébullition ; tandis que Facide fôrmicin prend la bafe
du borax à la température ordinaire ( V oy. a c id e
fô rm ic in ). Enfin , l’amalgame de l’or avec le mercure
$ eft bien manuellement une opération de même
nature que l’alliage de For à l’argent, quoiqu’il y ait
une très-grande difiance entr’elles par rapport à la
chaleur qu’elles exigent.
Ce ne font donc pas ces circonftances, mais le
changement, à quelque degré que ce foit, dans les
réfultats des affinités qui fait la ligne de féparation ;
& la condition effentielle eft la raifon compofée^de
l’affinité & de la température ; c’eft-à-dire, de l ’affinité
des corps entr’eux , & de leur affinité avec
la matière de la chaleur. De forte que dans l’union
de For au mercure, par exemple, i l 'y a trois températures
à confidérer : i°. celle où les deux me-:
taux font folides, & où l’affinité eft nulle fuivant
notre première loi ; 2.0, , celle qui rend le mercure
fluide & où l’affinité eft: efficace-;.3?. celle. qui .va- I
porife le mercure & où l’affinité !des deux métaux
eft.-- vaincue par l’affinité de l’un avec la matière dé"
la chaleur, où la féparation s’opère par la propriété
qu’il poffède à un plus haut degré de fe furcomppfer
avec ce diffolvant, au point d’en prendre^- forme.
Toute autre diftinélion eft futile, celle dé la yoie
humide & de la voie fèche ne recevroit même ici
aucune application, raifonnable.
II. Mais il y a des cas; où l’accumulation de la
matière de la chaleur femble former auffi une condition
effentielle pour déterminer l’affinité de deux
corps entr’e ü x , fans fe combiner avec l’un ni avec
l’autre, & fans refter fixée dans le produit de leur
union, du moins en proportion qui repondé a la
quantité accumulée. Ge phénomène fe montre für-
tout dans les combuftions, & c’efl: à Foccafion de la
combuftion de l’air vital avec le gas inflammable que
M. Monge a dit qu’// paroiffoit contraire à ce quon
chfervoit dans toutes les opérations de la- Chymie, qu en
augmentant la do fe d’un diffolvant on diminuât l’adhérence
qu’i l avoït avec fes bafes. ( Mem. de l -Acad. roy.
des Sciences , ann. 1783, pag.88).
La combuftion .n’efi , comme on le verra dans
la fuite , qu’une combinaifbn de deux principes , le
combuftible d’une part, & de l’autre la bafe de l’air
Vital ; combinaifon.déterminée par affinité, & pendant
laquelle une grande quantité de la matière de
la chaleur ,eft rendue libre,
j Cette affinité exige pour la plupart des combuf-
tlbles, fur-tout dans la combinaifon djreèle, une
température très-élevée , même un commencement
d’ignition, ou l’approche d’un corps quelconque aéjà
- ÏMi ; A F F 173 ehflkftiitfeë. C ’eft ce qu’on obferve pour la combustion
dé l’air vital & du gas inflammable, quoique
ceS deux ftibftancèà foient déjà dans l’état d’une
fdible aggrégation, ou d’une grande expanfion par
la matière de la chaleur qu’elles recèlent. Cependant,
‘Cette chaleur dévient libre pour la plus grande par-
, tie à Finftant de leur- union ; il eft donc vrai de dire
qu’eh augmentant la quantité du diffolvant, on fait
ceffer fon adhérence avec les corps difîbus. Mais ce
phénomène eft-il réellement inconciliable avec ce que
nous connoiftons de la marché de la nature dans les
diftblutions ? Cette queftion mérite d’être examinée.
i° . Il eft bon d’obferver qu’il ne s’agit pas ici
d’une feule diflolution qui ne fuppofe que deux
corps ; je conçois qu’alors il devroit nous paroître
fort étrange, qu’en augmentant la dofe du diffolvant
, on parvînt à le fepârer du corps diffous : mais
les idées que nous nous femmes formées d’après la
contemplation habituelle de ce cas fimple , peuvent-
elles fervir à nous faire juger de ce qui.eft poflible
dans un cas plus compôfé? Je fuis d’autant plus fondé
à le révoquer en doute , que toute la difficulté re-
pofe ici fur une contradiélion apparente, & qu’il
ne peut'y avoir de contradiélion dans les réfultats
s’il n’y a parité dans les circonftances qui les pro-
duifént ; o r , dans là combuftion des deux gas, il y
a manifeftemént trois corps très-diftinéls, au beu
de deux que nous confîdérons ordinairement dans
l’Ethiologie des diftblutions.
a0. ‘ Le fluide que nous confidérons ici comme
diffolvant ne peut être comparé à aucune des fubfi-
tances que noiis comprenons le plus ordinairement
fous cette dénomination, puifque, dans le fens rigoureux
, il deviendrôit le diffolvant unique, tous
lés autres corps recevant de lui la fluidité à la faveur
de hiquelle ils_ manifeftent cette propriété : il
fe pourroit donc qu’il s’écartât en quelque chofe de
la route tracée pour les autres, ou du moins qu’il
préfentât quelques phénomènes qui ne puffent être
rapprochés que de ceux qui dépendent de fon action
immédiate, fans rendre moins vraifembhbles
des faits qui frappent nos fens, & fans nous obliger
à. les concevoir autrement que comme nous les
voyons.
30. On connoît en Chymie un grand nombre de
diffolutions où le diffolvant eft effentiellement com-
pofé d’eau, où il emprunte. fa fluidité aâuelle de
l’eau, & où cependant l’addition d’une plus grande.
quantité d’eaù rompt l’adhérence du diffolvant avec
le corps diffous 4 comme il arrive au fpat pelant
diffous dans Facide vitriolique. Il ne feroit donc pas
impoffible que l’abondance de la matière de la chaleur
fît ceffer de même la condition de l’équipondé-
rance,. & que,, par cette feule circonfiance, les
bafes des deux gas fe trouvaffent plus difpofées à
obéir à leurs affinités refpeélives.
40. La néceflîtê d’une première étincelle pour
quelques combuftions , ne nous rejette, ce me
femble , loin des idées communes des diffolutions
chymiques > que parce qu’on a fait jufqu’ict trop