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marbre blanc réduit en poudre, & on en Introduit
le bec , comme il a été dit, fous le récipient rempli
d’eau, ou encore mieux de mercure. La cornue
devant foutenir un aflez grand coup de feu ', il eft
to n de la prendre de verre vert qui réfifte beaucoup
mieux, & M. Bergman recommande de la
mettre dans un creufet rempli de gypfe pulvérifé
qui lui forme une efpèce de bain capable de la
défendre de la violence du feu nud, & même de
l ’empêcher de s’amollir , en lui donnant, par la cémentation
, le caraélêre de porcelaine de Réaumur.
La cornue doit avoir le col très-allongé, afin
que l ’appareil & fbn fupport ne foient pas expo-
fés à fouffrir de la chaleur du fourneau. On peut
fe fervir d’une cornue ordinaire à laquelle on lu te
exadement un tuyau de verre courbé à fon extrémité
; le lut en ce cas doit être recouvert d’une
bande de veffie bien ficelée.
On peut fe contenter enfin de l ’appareil plus
fimple de M. Schééle, qui ne confifle que dans
une cornue à long c o l, au bout duquel on lie
fortement une veffie fouple & bien purgée d’air
par l’expreffion, Ç Voye^ fig. 7 , appareils pour les■
g " ; )
On ne parvient que difficilement à dégager tout
l’acide de la terre calcaire , elle le retient très-
fortement & exige un feu de la dernière violence,
au lieu que la magnéfie le laide aller dès qu’elle
commence à fentir la chaleur. On doit donc préférer
cette dernière, & même, fuivant le confeil
de M. Bergman, n’employer que des vaiffeaux
de peu de capacité, d’autant plus que cette opération
ne fe fait jamais que dans des vues d’expériences
pour lefquelles il eft indifférent que l’acide
foit tiré de la magnéfie ou du calce.
On fe tromperoit beaucoup, fi l’on penfoit que
l’on peut fubftituer ici une cornue de terre cuite
à une cornue de verre pour avoir la faculté d’augmenter
le feu à volonté ; il eft maintenant bien
prouvé que les vaiffeaux de terre, même cuits en
grais, perdent & admettent l’air & le gas. Voye^ Air & Distillation,
Procédés pour retirer /’acide méphitique par la
fermentation,
Toutes les matières fufceptibles de fermentation
donnent abondamment de Y acide méphitique au premier
& au trGiflé me dégré, c’eft-à-dire lorfqu’elles
fubiflent la fermentation vineufe ou la fermentation
putride.
I. Il n’y a rien de fi aifé que de recueillir cet
acide, lorfqu’on eft à portée d’une maffe un peu
confidérable de végétaux fermentans , comme d’une
cuve dé vin ou de bierre ; ce fluide étant plus pe-
fant que l’air , eft retenu par fon poids à la furfàce
de la cuve, & y forme une couche qu’il eft aifé
de diftinguêr par la propriété qu’elle a d’éteindre
la lumière que l’on y plonge. Il fuffit donc de
préfenter un vaifleau quelconque au-deffoas de cette
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couche # l’air ordinaire qu’il contient s’élève bientôt
en vertu de fa légèreté refpeélive, & cède la
place à l’acide, de forte qu’en peu d’inftans ce
vaiffeau en eft rempli.
On fe fort d’un expédient tout auffi fimple pour
le recueillir fur le champ & le renfermer darfs des
bouteilles ; on les introduit exaélement pleines
d’eau dans l’efpace que le gas occupe au-deffus de
la cuve, & on les verfe fucceffivement dans .une
cuvette qui y eft également plongée , & que l’on
a eu l’attention d’y laiffer féjourner deux ou trois
minutes pour en faire fortir l ’air commun. Il eft
évident que le gas eft forcé d’entrer dans ces bouteilles
à mefure que l’eau en fort. Si on veut le
conferver, on bouche les bouteilles avec du liège,
& on les renverfe fur leurs bouchons ; quelques
gouttes d’eau que l’on a foin d’y réferver fuffifént
pour empêcher toute communication avec l’air
extérieur. Voilà les procédés les plus avantageux
pour obtenir des grandes maffes en fermentation,
Y acide méphitique fous forme sèche ; j’aurai encore
occafion d’en parler, lorfqu’il fera queftion d’en
imprégner l’eau,
II. Quoique la fermentation vineufe ne s’êtabliffe
guère d’une manière bien fenfible, que quand il y
a une maffe de matière un peu confidérable , le
Chymifte peut néanmoins, fans grande dépenfe ,
exécuter cette opération dans fon laboratoire. Voici
le procédé qui m’a paru le plus fimple , & qui eft
celui du célèbre profefleur d’Upfal.
Dans une bouteille AB {fig. 8 , appareils pour
les gas.) qui peut contenir 350 pouces cubiques,
on met vingt onces de fucre, autant de bon ferment
de bierre, & 200 pouces cubiques d’eau.
Après fïx ou fept heures d’une chaleur moyenne,,
comme de douze dégrés au-deffus de zéro de l’é-
chelle de Réaumur , l’air commun eft ordinairement
forti de la bouteille. On introduit alors l’extrémité
du tuyau de verre C , fous un récipient
pneumatique rempli d’eâu ou de mercure, comme
il a été dit ci-deffus, & les bulles commencent à
paffer. La fermentation fe feroit également quand
on placeroit tout de fuite le tuyau fous le récipient
, car elle n’exige pas le concours de l’air, il
fuffit que le fluide élaftique qui doit fe dégager
trouve une iffue ; ce n’eft donc que pour éviter
le mélange de l’air commun que l’on recommande
de ne pas engager, dès le premier inftant, le
tuyau fous le récipient. On doit cependant avoir
foin que cette iffue foit facile, & fe garder d’employer
un tuyau trop étroit ou trop long, parce
que la réfiftance qu’il oppoferoit à la fortie du
fluide qui recouvre fon élafticité, pourroit à la fin
faire équilibre à la puiffance qui la pouffe hors
du mélange fermentant, & arrêter ainfi la fer-,
mentation.
III. Il y a un dernier dégré de fermentation,
qui produit la décompofition putride des fubftances
végétales & animales, & pendant cette opération
fpontanée, il fe dégage toujours une quantité con-
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frdérable $ acide méphitique : feize pouces cubiques
de fan g de mouton délayé d’un peu d eau , pour le
faire mieux fermenter, ont donne fuivant 1 obfer-
vation«de Haies quatorze pouces de. fluide aeriforme
en dix-huit jours.
L’acide obtenu par la putréfaélion des matières
animales eft toujours très-impur ; il eft non feulement
mêlé dé beaucoup de gas inflammable, mais
encore de ce que M. Prieftley appelle effluve
putride, & qui ne paroît être autre çhofe qu’un
gas alkalin volatil, ou ammoniac gafeux , chargé
d’huile fétide animale, comme je le ferai voie en
traitant de ce dégre de fermentation.
Lorfqu’on veut s’aifurer s’il y a réellement pro-
duétion $ acide méphitique pendant la putréfaction ,
on peut'fè fervir de l’appareil> de Haies, {fig.- / ,
pl. 1. ) & mettre tout Amplement dans le matras b
quelques végétaux ou quelques parties animales ,
en y ajoutant un peu d’eau', & plaçant ces- vaiffeaux
dans un lieu chaud pour déterminer la fermentation
: mais, dans ce procédé la" préfence de
l’eau & de l’air commun jette néceffairement quel-
qn’incertitude fur les réfultats ; voici un procédé
qui n’a pas le même inconvénient.
On place ces matières dans un cylindre de verre
ou récipient que l’on achève, de remplir de mercure
, on bouche l’orifice- avec l’obturateur de glace,
& on le retourne avec précaution, dans une cuvette
auffi remplie en partie de mercure , comme
on voit lé récipient E , dans la cifvette G , {fig. 4)
après quoi on ôte l’obturateur. Cela fait, on-porte
la:cuvette dans une étuve., ou bien on l’approche
du feu, pour qu’elle éprouve àqjeu-près une chaleur
de trente-deux dégrés du thermomètre de
Réaumur ; on voit bientôt le mercure defeendre ,
preffé par le fluide élaftique, & il continue de
s’abaiffer tant que dure la putréfaéliork
C ’eft en opérant dè cette manière que M. Prieftle
y a reconnu que' le gas dè la diffolution putride
des végétaux étoit prefque tout méphitique, &
qu’après avoir été un ou deux jours dans ces cir-
ccmftances, ils. avoient lâché à-peu-près tout le
fluide élaftique qu’on pouvoit en obtenir à ce dégré
de: chaleur ; au lieu que les- fubftances animales
coiitinuoient. à fournir des gas ou des effluves de
différentes efpèces pendant piufieurs fëmaines,. mais
fur-tout de Yacide méphitique , i e gas inflammable
s’épuifant long temps avant lui. Quatre fcrupules
de mufcle ou de chair maigre de mouton ainfi enfermés
fur le mercure, lui ont donné près de fix
pouces cubiques d'acide méphitique, déduction faite
de- la portion de gas inflammable que Mi Prieftley
avoit féparé de la maffe aériforme , en faifant ab-
ïorber l’acide par l’eau de chaux.. Ce moyen dè
féparation indique aflez que cette opération ne peut ,
fervir qu’à l’expérience,. &. quelle feroit de toutes*
la plus défavantageufe , s’il n’étoit queftion que
d.ebtenir en quantitede Yacide méphitique pur. - 9
Procédés pour mirer /’acide méphitique par les
acides plus puijfans.
Lorfqu’un acide eft uni à une bafe, fl on pré-
fente à cette bafe un autre acide' qui l’attire plus-
fortement , elle cède à fon attraction , & le premier
acide devient libre. Voilà exactement ce qui fe-
pafle toutes les fois que l’on verfe un acide quelconque
fur une fubftance qui recèle de Yacide-
méphitique, parce que fon affinité eft plus foible.*
Mais au lieu de refter paiftblement dans le mélange
aqueux, comme les autres acides dans les’
décompofitions des fois ,v celui-ci ne peut être
rendu libre qu’il ne reprenne à l’inftant la forme
gafeufe, & il produit en s’échappant l’effervefcence'
qui accompagne ces opérations. Maintenant que
nous connoiflbns le fluide élaftique qui eft la
caufe matérielle de ce phénomène , nous avons-
peine à comprendre comment elle a pû échaper
fi long-temps aux recherches des chymiftes, ou
plutôt comment ils ont pu jüfques dans ces derniers
temps'- fe contenter pour fon explication de
l’hypothèfe frivole d’un choc & d’une réaétion
imaginaires; mais l’idée d’un acide aériforme n’étoit
pas encore née, & ce font les idées qui ouvrent-
& ferment les yeux des obfervateurs.
Il y a piufieurs manières de recueillir ce gas,.
& comme elles ne différent que par quelques-
circonftances peu eflentiellesje nie bornerai à indiquer
celle qui eft la- plus fimple & la plus généralement
adoptée.
Dans un flacon AB , {fig- 9 , appareils pour les
gas ) à deux goulots dont l’un eft occupé par un
tuyau de verre courbé G ,- onr verfe d’abord de ■
l’eau diftillée , pour' en remplir à^-peu-près la moitié
, comme jufqu’en B ; on y ajoute du fpat calcaire.
tranfparent, groffiérement pulvérifé , jufqu’à
ce qu’il, y en ait .prefque de la hauteur de l’eau
en fuite par le moyen de l’entonnoir K , maftiqué"
au goulot ordinaire & .bouché imparfaitement par
la baguette de verre L ,. on fait tomber goutte-à-
goutte de l’acide vitriolique, qui fait jaillir auffitôt'
une infinité de bulles des parties calcaires..
On doit avoir l’attention de laiffer libre, pendant
quelques inftans, l’extrémité du tuyau de-
verre C , pour faire fortir l’air, commun refté dans -
le flacon* ainfi que dans le. tuyau ; après celai
on l’introduit dans la bouteille renverfée D E , qui
eft fixée un peu au-deflbus dè la furface de l’eau;
de la cuvette HI.
Tout étant difpofé dè cette manière, il pafle dans
la bouteille une quantité de bulles qui fe raflemblent'
dans le haut & qui font baifler l’eau ; quand l’eau
eft toute fortie, on retire le fiphon du goulot D ,
on bouche la bouteille,. &. elle eft pleine d’acide-
méphitique...
L’entonnoir, ainfi. que. le. fiphon doivent être
exaélement fcellés, quelques-uns entourent les'
jointures, d’ un morceau de veflfe-ficelée ^.d'autres»