
n’y a pas au contraire compofition nouvelle par dé-
générefeence ou altération fpontanée ; mais en général
on n’a pas même encore raffemblé les faits qui
pourraient fonder des conjeâures, ou du moins fer-
vir à diriger fur ce fujet un travail utile. Boërhaave
a commence à divifer & à claffer les effets nécef-
iàires des acrimonies, c’eft toujours cela de connu,
dit le célèbre Lorry (ibid.p. 192.). V o y e^ A n a l y s e .
ACTION. L’aâion eft en Chymie la tendance d’un
corps à s’unir avec un autre "ou avec quelques-unes
de fes parties. La plupart des anciens Chymiftes dif-
tinguoient les principes chymiques des corps en principes
aâlifs & principes pajjifs. Les principes aélifs
étoient, fuivant eux, l’efprit, l’huile , le fel ; & ils
regardoient comme principes paffifs l’eau & la terre.
Cette diftinâion n’avoit aucun fondement, car quand
on ne jugeroit avec eux dé l’aâion que par des effets
fenfibles, elle feroit encore une force purement
relative, le même principe devenant aêîif dans certaines
cireonftances & pajfif dans, d’autres ; mais il
eft bien certain que l’aâion eft réciproque dans le
diffolvant & dans le corps à difloudre. Voyeç D isso
l u t io n . Ainfi quand on dit que telle fubftance
a de 1’ aérien fur telle autre, ce n’eft qu’une façon
de parler qui n’eft jamais rigoureufement ex aâ e,
qui n’acquiert quelque vérité qu’autant qiie l’on dé-
figne comme la fubftance aâive, celle qui eft aétuel-
lement dans l’état de fluidité, fins lequel tous les
corps reftent comme s’ils étoient refpeâivement paf-
fifi. En reftreignant de cette manière la valeur de
ces expreflions, Homberg pouvoit être fondé à n’admettre
qu’un feul principe aSlïf qui étoit le feu, puisqu'il
eft très-vraifemblable qu’il eft la caufe de toute
fluidité.
Maintenant que l’on fait que les phénomènes chymiques
dépendent de l’attraâion, il n’eft plus pof-
fible de douter que la puiflànee qui eft la caufe première
de cette aâion réciproque des corps -les uns
fur les autres, ne foit toujours lubfiftante, lors même
qu’elle ne produit point de diffolution. C ’en eft affez
pour avertir qu’en confidérant cette aâion dans un
lens abfblu, on doit bien fe garder de la reftreindre
aux fubftances qui Opèrent des effets fubits ou vio-
lens. L’aâion de quelques médicamens, par exemple,
eft quelquefois lente & infenfible,. elle préfente
peu d’effets extérieurs , dit le célèbre Lorry, cependant
elle n’eft rien moins qu’imaginaire. Voye^ A ff
in it é .
ADEPTES. C ’eft le nom que l’on donne à ceux
qui s’occupent dé l’art de transformer les métaux &
de la recherche de la Médecine univerfelle. L’origine
de ce nom eft affez clairement indiquée dans Para- ;
celle (de Afironomiâ magna, lïb. 1. ). Il vient de ces ■
mots Philofophia adepta, Philofbphie acquife par la |
contemplation, qu’ils mettoient en oppofition avec
P hilofophia elementaris, Philofophieenfeignée ou tranf-
mife. Telle eft, dit Paracelfe, le caraâère de cette
Philofbphie, qu’elle ne vient point de l’homme, mais
du ciel, & qu’un homme ne peut pas plus la communiquer
à un autre , que le papier fur lequel on a
tracé des lettres, peut par lui - même en donner le
fens. De là les feâateurs entoufiaftes de cette Philofbphie
fe qualifièrent eux-mêmes Philofophi adepti,
en appellant les autres Philofophi terreni. Vanhelmont
a dit de même : vocantar hi adepti quorum reâlorfpl-,
ritus Del ejl ( de Magneticâ vuln. curât, n. 119.').
Dans le principe , cette brillante épithète s’appli-
quoit à plus d’une fcience , puifque Paracelfe fait
, mention expreffe d’une Théologie adepte , d’une
Géométrie adepte, d’une Médecine adepte, &c. Toutes
ces fublimes diftinétions font tombées en oubli ,
ceux qui croient à la pierre philofophale font feuls
reftés en poffeffion du titre d’Adeptes, & s’ils s’en
font encore honneur avec ceux qui font entichés de
la même folie, il eft certain qu’ils le prendraient à
injure par-tout ailleurs, tant cette feâe eft décriée.
Voye^ A l c h ym ie .
ADHÉRENCE, ADHÉSION. On entend communément
par ces expreflions la propriété qu’ont
certains corps de s’attacher à d’autres corps, ou la
force qui les y retient attachés. Ainfi l’eau adhère au
doigt, ce qu’on appelle mouiller, le mercure adhère
à l’o r, &c. On confond affez fouvent l’adhérence &
la cohérence, & on dit en conféquence que les parties
de l’eau adhèrent entre elles; mais dans les
fciences phyfiqiïes on ne peut être trop attentif à
conferver aux termes confacrés leur fens propre,
puifque fans cela ils deviennent équivoques & ne
peuvent plus fervir à caraâérifer un être différent
de celui auquel ils ont été appliqués arbitrairement.
Les langues ne font déjà pas trop riches lorfqu’il s’agit
de rendre raifon de tous les phénomènes de la
, nature, pour laiffer une feule & même idée en pof-
; feflion de plufieurs mots.
Nous diftinguerons donc avec foin Vadhéfion qui
unit à un certain point deux corps non femblables,
de la cohéfîon qui unit entre elles les parties d’un
Corps homogène ou devenu homogène par l’affinité
des parties qui le compofent. Il fera encore avantageux
de diftinguer dans quelques occafions l’adhérence
même de l’âdhéfion, en confidérant Vadhérence
comme la faculté qu’il importe fbiivent de connoître
& d’eftimer avant qu’elle ait produit fon effet ; en
confidérant Vadhéfon comme la force qui oppofe actuellement
une certaine réfiftance à la défiiriion ;
cohérence & cohéfion feront tout aufli fufceptibles de
recevoir des acceptions limitées, & il en réfultera
néceffairement plus de clarté dans le difcoùrs.
L ’adhéfion a lieu des corps folides aux corps fo-
lides, des folides aux fluides , & même aum des
fluides aux fluides. L’expérience très - ’ancienne des
deux marbres polis fournit un exemple du premier
cas, & le Doâeur Defagulliers a ©bfervé que deux
globes de cryftal, dans un contaâ d’un 10e de pouce
de diamètre, adhéraient avec une force de 19 onces.
La fufpenfton de l’eau au deffus de fon niveau dans
les tuyaux capillaires, ou entre deux verres plans,
A D H
eft l’effet d’utîe adhéfton du fécond genre. MM. de
la Grange & Cigna ayant pofé fur l’eau un verre
plan enduit d’une couche d’huile, ont reconnu qu’il
falloit un poids conftdérable pour féparer ce verre de
l’eau ( Journ. phyf introd. tom. IL p. 472. ) ; voilà bien
l’adhéfion des deux fluides.
§. I. De la caufe de Vadhéfon*
Les Phyftciens n’ont pas toujours été d’accord fur
la caufe de l’adhéfion. Jacques Bernoulli, dans fa dif-
fertation publiée en 1682 fur la pefanteur de l’air,
enfeignoit encore que la réfiftance que les deux marbres
polis oppofoient à leur féparation, n’étoit due
qu’à la preflîon de l’athmofphère ; & il fondoit cette
explication fur tin fait qu’il n’avoit probablement pas
vérifié lub-même, qui étoit que ces deux marbres ;
fe féparoient aifément dans le vuide.
Le Doâeur Brook Taylor ayant obfervé, en 1713 ,
l’afcenfton de l’eau entre deux verres plans, fit quelques
expériences fur la force d’adhéfion des furfaces,
qui le mirent dans le cas de conclure que cette force
pouvoit être déterminée par le poids qu’il falloit ajouter
pour les féparer.
Cependant en 1772 les deux Savans que!j’ai précédemment
cités, MM. de la Grange & Cigna, partant
de c e principe trop légèrement adopté par les
Phyftciens , qu’il y a répulftdn. entre l’eau & les
corps huileux, imaginèrent que fi l’huile & le fuif
adhéraient à l’eau, cette adhéfton ne pouvoit venir
que d’une caufe étrangère à l’attraâion, & s’étant
aflurés de la vérité de cette adhéfton, ils en conclurent
qu’elle étoit produite par la preffion de l’air ,
& que la méthode du Doâeur Taylor n’étoit pas
fondée.
Ce fut là ce qui m’engagea à faire les expériences
que je répétai le 12 Février 1773 en préfence de
l ’Académie de Dijon ( Journ. phyf tom. I. pag. 172.
& 460 ) , qui prouvèrent non - feulement que l’eau
s’élevoit entre deux lames de fuif rapprochées parallèlement
à i de ligne de diftance , mais encore que la
preffion de l’air n’étoit pour rien dans ces phénomènes
, & qu’ils étoient dus tout entiers à l’attraâion ;
puifqu’un difque de glace polie de 30 lignes de diamètre,
qui, étant fufpendu au bras d’une balance &
mis en contaâ avec du mercure, foutenoit un contrepoids
de 9 gros & quelques grains, continua de
le foutenir lorfque la balance fut portée fous le récipient
de la machine pneumatique , & que le vuide
y eut été fait jufqu’à faire defeendre le mercure de
la jauge prefqu’au niveau.
- J’avois obfervé dans le même temps, que le même
difque de verre, mis en contaâ; avec de l’eau pure,
y adhérait avec une force de 258 grains, tandis
qu il n’âdhéroit à la diffolution de potaife , quoique
plus denfe, qu’avec une force de 210 grains; cette
inégalité d’effets avec des diamètres égaux & dans
wn ordre inverfe de celui que fembloient devoir établir
les denfttés refpeâives, n’étoit pas moins dé-
cuiye en faveur de la méthqde du Doâeur Taylor,
A D H 467
mais elle me fit dès-lors entrevoir la poflibilité d’appliquer
cette méthode au calcul des affinités chymiques
, par la raifon que la force d’adhéfion étant né-
ceflairement proportionnelle aux points de contaâ:,
& la fomme des points de contaâ ne pouvant varier
dans l’adhéfton d’un fluide à un fofide, à égalité
de furfaces, que par la figure même des parties conf*
tituantes , la différence des réfultats nous indique pré-
cifément une caufe analogue à celle qui produit l’affinité
, & dont il devient facile dans ces circonftan-
ces de mefùrer ou de comparer l’énergie.
Je conviendrai volontiers, avec le célèbre Kirwan ~
que cette méthode de calculer les affinités ne peut
être généralifée , mais c’eft un inconvénient attaché
a la nature même de 1a- chofe ; on ne peut contef-
ter qu’elle ne foit jufte dans les cas auxquels elle
s’applique, qu’elle ne donne alors à ces calculs une
bafe peut-être plus fûre , ou du moins plus fimple;
que fes réfultats ne puiffent fervir à aflurer & rectifier
des déterminations fondées fur d’autres principes
; en un mot qu’elle fournit jufqu’à prélent la
preuve la plus complette de ces importantes vérités :
que l’adhéfton & l’affinité dépendent d’une même
caufe, qu’elles font foumifes aux mêmes loix, &
qu’il n’y a entre elles de différence que celle qu’y
met la figure des corps qui s’attirent, fuivant qu’elle
eft difpofëe à augmenter ou diminuer le contaâ.
Il ne fera donc pas inutile de rapporter ici les
preuves de la jufteffe de cette, .méthode ; je les donnerai
telles que je l’ai ai publiées en 1777 dans les
élémens de Chymie de l’Académie de Dijon (tom-
I.pag. 63.) ; je ferai connoître enfuite le travail de M.
Achard fur ce fujet, les tables qu’il a dreffées d’après
les mêmes principes , & la formule qu’il a pro-
pofée pour en rendre l’application plus générale. Je
terminerai cet article par le précis des obfervations
de M. Dutour & du P. Béfile, tant fur mes expériences
, que fur celles de l’Académicien de Berlin-,
que ces deux Phyftciens ont répétées & variées pour
déterminer avec précifton la part que des caufes étrangères
peuvent avoir à l’effet.
§. II. Des rapports d’affinité deternùpès en nombres par.
les degrés d’adhéfion»
J’ai fait exécuter des plaques de différens métaux,'
parfaitement rondes, d’un pouce de diamètre, de
même épaifleur, bien dreflees fur le tou r, & portant,
dans lé milieu de l’une de leurs furfaces un
petit anneau pour fervir à les tenir fufp endues par
la ligne du centre de leur rnaffe & de leur figure,
j’ai eu foin de prendre ces métaux le plus purs qu’il
étoit poflible.
J’ai attaché, l’une après l’autre, toutes ces plaques
au bras d’une balance d’effai ; après les avoir
mifes en équilibre, en chargeant ou déchargeant, fuivant
qu’il étoit néceffaire , le baffin oppofé, j’ai appliqué
fucceffivement chacune de ces plaques à la fur-
face du mercure qui étoit dans une foucoupe, à
environ 2 lignes au deffous, en failànt gliffer ces pla-
N n n i j