
pefant à raifon de ce qu’il eft plus comprimé, fon
poids peut augmenter dans une proportion bien plus
confidérable, à caufe des émanations dont il eft
chargé. C ’eft ainfi que les Commiffaires de l’Académie
de Dijon ont reconnu qu’un pied cube d’air pris
à la furfoce du fo l, dans l’intérieur d’une tour, fur-
paffoit de 131 ,5 5 grains le pied cube d’air pris à
une hauteur perpendiculaire de 1 20 pieds, quoiqu’il
n’y eût que 1 ,1 5 ligne d’abaiffement dans le baromètre
, & que la différence de température ne fut
que 2 ,7 5 degrés ; ce rapport confirmé par le calcul
de l’air déplacé par des poids & des cordes de
différens volumes, leur fit connoître la vraie caufe
du changement apparent depefanteur du même corps
grave à des points plus ou moins élevés ( Journ. phyf.
T. V , p. 314).
Dans les profondeurs de la terre, le poids de l’air
augmente encore plus fenfiblement par l’effet de la
preflion ; les Phyficiens çnt calculé qu’à 43528
toifes , qui ne font que la 74e. partie du rayon
du globe terreftre, il péferoit au moins autant que
l’or.
L’air étant, comme je l’ai d it , dans un état de
diffolution habituelle par le calorique, & expanfible
comme lu i, fon volume éprouve encore de grandes
variations par l’augmentation ou la diminution de la
chaleur.
J’ai indiqué la règle d’après laquelle , depuis que
la Chymie eft devenue une fcience exaCte, on a
commencé à réduire ces volumes variables au vo-„
lume qu’auroit la même maffe à un degré donné ,
vers la température moyenne; mais les expériences
de M. du Vernois, dont j’ai préfenté les réfultats,
annoncent de nouvelles recherches à foirèT pour mettre
plus de précifion dans cette eftimation , & même
une progremon de dilatation de l’air à mefure qu’il
reçoit plus de chaleur, progreflion dont il devient
bien important de déterminer la lo i , fi Ton veut
établir quelque correfpondance entre ces accroiffemens
de volume & la marche de nos thermomètres. Pour
concourir à ces vues , j’ai établi un infiniment d’ob-
fervation, que j’appelle dioflatimètre ; ii eft compofé
d’un long tube de Verre terminé par une boule de
fept pouces cubes de capacité ; le tube porte des
divifions en demi-centièmes de pouce cube, & fon
extrémité plonge dans une petite cuvette remplie de
mercure ; à côté du tube fe trouve placée une réglette
divifée en pouces & lignes, que je nomme
flotteur, parce qu’elle eft fufpendue par des contrepoids.
qui la tiennent conftamment au niveau du
mercure; enfin la"planche fur laquelle le tube eft fixé
perpendiculairement, & qui eft ifolée pour laiffer
la boulé en conta# de toute part avec l’air ambiant,
reçoit aufli un thermomètre à mercure bien gradué.
On conçoit qu’en prenant, pour chaque degré du
thermomètre, i°. le volume apparent de la maffe
d’air ainfi renfermée, 20. la hauteur du Baromètre au
temps de l’obfervation, 30. la hauteur de la colonne
de décharge dans le tube ( c e que l’on peut faire
très-facilement & avec beaucoup de précifion ait'
moyen du flotteur), on aura par la fuite tous les
élémens néceffaires pour déterminer, de la manière
la plus sûre, les changemens de volume de cet air
correfpondans à chaque degré du thermomètre dans
les limites des variations de notre température.
L air a-t-il une couleur propre ? Cette queftion a
été fort agitée parmi les Phyficiens; tous conviennent
qu’il eft abfolument invifible, que, quoiqu’il occupe
tous les efpaces, il préfente à l’oeil l’idée du vuide,
de manière qu’il n’y a aucune différence fenfible entre
un^ récipient qui en eft rempli, & celui dont on l’a
tiré par la pompe pneumatique. D’après cela, plu-
fieurs croient qu’il n’a par lui-même aucune couleur,
& qu’il réfrange la lumière fans la réfléchir ; d’autres
penfent que fes grandes maffes font bleues : c’étoit
l’opinion de Mariotte qui admettoit dans l’air une
légère nuance bleue ou la faculté de réfléchir le rayon
bleu; Fabri, W o lf & Mufchenbrock attribuent au
contraire cette couleur au mélange de lumière &
d’ombre ; c’eft-à-dire qu’ils fuppofent que le noir de
la haute région de l’air ou des objets éloignés prend
une nuance bleue en traverfaiat une maffe d’air tranf-
parent. 11 eft certain que le ciel paroît bleu &. d’autant
plus foncé qu’on le voit d’un lieu plus élevé ;
c’eft ce qui a été bien confirmé en dernier lieu par
les obfervations de M. de Sauffure fur le Mont-Blanc.
Çe Phyficien avoit préparé fur du papier feize nuances
de bleu, en commençant par le bleu de Roi & dégradant
fucceflivement; le ciel, vu de la cime, lui
j parut répondre entre les numéros 1 & 2% c’eft-à-
| dire de la plus haute intenfité; vu dans le . même
temps du Prieuré de Chamouni, il paroiffoit répondre
| entre la 5e. &. la 6e. nuance, & à Genève à la 7e. D’autre
part, l’expérience a foïtvoir que la fumée devenoit
bleuâtre lorfqu’elle étoit très-éclairée, que les corps
noirs recouverts d’une légère couche de blanc pa-
roiffent bleus ; ce qui prouve qu’un mélange de lumière
& de noir peut affeCter l’oeil de la même manière
que le rayon bleu. Mais , s’il étoit vrai que
la couleur bleue de l’air dépendît réellement du mélange
de la lumière avec l’ombre, il arriveroit que
la couleur de ce fluide feroit aufli variable que les
proportions du mélange, parce qu’il eft évident.que
toute couleur, provenant d’un mélange de lumière
& d’ombre doit changer en une autre couleur, fi
Ja maffe de la lumière change, ou fi la quantité
d’ombre augmente; or la couleur de l’air eft toujours
bleue : cette confidération très-bien développée-par
M. Eberhard, & qu’il a appuyée de plufieurs expériences
dans fa differtation fur la couleur de l’a ir ,
me détermine à adopter comme la plus probable
l’opinion de ce Savant, que l’air a la propriété de
caufer une plus grande réfraCtion aux rayons bleus
qu’aux autres rayons, qu’il a naturellement une légère
couleur bleue, & qu’il doit l’offrir à nos yeux
toutes les fois qu’ils ne font pas diftraits de cette
impreflion par des couleurs plus vives ( Journ. phyfl
Mars 1772 ),
A 1 R
- On place communément l’air au nombre des fubf-
tances infipides & inodores ; il eft vrai que- lorfqu’il
eft feul ou pur, il ne produit aucune1 fenfation qui
indique la préfence d’un corps pourvu de faveur ou
d’odeur. Mais il eft très-poflible, comme le dit le
célèbre Macquer, que ce foit l’habitude qui nous
rende ces fenfations moins diftinCtes; une. fenfation
continue ou fans intervalle fe confond avec notre
manière d’être , & telle feroit néceffairement celle
que feroit fur nous un fluide dans lequel nous fom-
mes plongés depuis Je premier inftant de notre exif-
tence, & d’où nous ne pouvons fortir fans perdre
bientôt le principe de la vie. M. de Fourcroy attribue
à l’air une forte de faveur qui devient fenfible
& même douloureufe. quand ce fluide touche
les nerfs décpuyerts par les plaies, & qui oblige de
garantir de fon conta# les bleffures des animaux &
des végétaux, pour en hâter la cicatrifation. Cette
remarque eft d’autant plus jufte , que , quand on
voudroit rapporter immédiatement l’effet au fimple
defsèchement produit par l’air & à la . crifpation qui
i’accornpagne, ce feroit toujours avouer implicitement*
une.aCtion pareille à, celle de la faveur , qui n’eft aufli,
en dernière analyfe, que le réfultat de l’affinité de
Ja fubftance fayoureufeavec quelque principe du corps
crganifé.;
* L’air reçoit facilement le mouvement de vibration
qui conftitue le .fon ; e’eft le milieu qui le tranf-
met le plus ordinairement. Le,fon ne fe propage pas
dans le vuide ; il s’affoiblit dans un air rare ; fon
jntenfité augmente dans un air condenfé. M. de Sauffure
3 obfervé que fur. la cime du Mont-Blanc, un
coup de piftolet ne faifoit pas plus de bruit qu’un
petit pétard de la Chine n’én fait dans une chambre
( Relation, &c. p. 28 ).. Suivant les expériences d’Haux-
b é e , on entend le fon ..une fois plus loin dans un
air dont la denfité eft double, on l’entend trois
fois plus loin dans un.air dont la denfité eft tripler
d’où il fuit que le , fon augmente comme le quarré
de la denfité çle l’air , ou, dans les termes de M. Za-
notfi, comme, le produit de fa denfité par fon ref-
fort ; ce qui n’eft pas différent, l’élafticité de ce fluide
augmentant en même raifon que fa denfité. Cependant
les obfervations de M. Perolle annoncent que
fi le gas oxigène eft réellement plus favorable que
l’air à la propagation du fon , le gas acide carbonique
Feft beaucoup moins (Acad, de Turin, ann. 1787).
L’air eft mis par MM. Franklin & Aepinus au
nombre des fubftances électriques par elles-mêmes,
ou comme on les nomme idio-életfriques, s’éleCtri-
fant par frottement & livrant difficilement paffage
à la matière éleCtrique ; mais pour cela, il faut qu’il
foit fec ; lorfqu’il eft humide, il participe à cet égard
de la nature de l’eau , & devient d’autant plus conducteur,
qu’il en eft plus chargé.
Quelques Phyficiens avoient cru remarquer que
J’éleCtricité ne fe tranfmettoit pas dans le vuide ;
d’autre part, il étoit bien conftaté que dans les yaif-
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féaux dont l’air avoit été,tiré par la pompe pneumatique,
les effluves devenoient plus fenfibles. Oncon-
noît fur-tout cette expérience de M. de Parcieux,
fi favorable à la théorie de l’illuftre Franklin, dans
laquelle une bouteille de Leyde placée fous le ré-*
cipient donne des jets lumineux de la panfe au
crochet & du crochet à la panfe, fuivant qu’elle a
été chargée à l’extérieur ou à l’intérieur ( Di&. de
M. Brijfon 91. 1 , p. 737 ). La contradiction que pré*
fentoient ces deux obfervations , avoit en quelque
forte partagé lés Phyficiens fur la queftion de favoir
fi le fluide éleCtrique étoit tranfmiflible dans un vuide
parfait ; elle a été de nouveau examinée par M. Morgan
( Tranf. philof. 1787, p. 272 ) ; je donnerai ici
une notice des curieux réfulats de fes expériences
comme tenant effentiellement à la connoiffance des
propriétés de l’air.
M. Morgan a pris un tube de verre fermé d’un
bout, d’environ 15 pouces de longueur, il l’a retourné
plein de mercure dans une capfule dont le
fond étoit également couvert de mercure. Cette capfule
a été placée dans un vaiffeau de métal recevant
un couvercle à travers lequel paffoit le tube
& qui communiquoit à ime machine pneumatique.
Le mercure étant defcendu dans-le tube par la
fuccion de l’air du vaiffeau , il a approché le bout
fcellé (qui étoit garni de feuilles d’étain de la longueur
de cinq pouces) du coriduCteur d’une machine
éleClrique , & il ne lui a pas été poflible ni
de produire le moindre rayon lumineux ni de charger
l’appareil; ce qui prouve que le ' vuide parfait
n’eft pas conducteur d’éleCtricité. Mais pour le fuc-
çès de cette expérience , il faut que le mercure ait
été tenu en ébullition : fans cela, le tube devient
lumineux ; s’il n’y refte que très - peu d’air , cette
lumière eft d’un beau verd ; s’il en rentre par quelque
accident une quantité un peu plus confidérable,
cette lumière eft violette ou pourpre, comme dans
le vuide ordinaire des récipiens de la machine pneumatique
; avec encore plus d’a ir, la lumière paffe
au bleu& à l’indigo; ces nuances paroiffent corref-
pgndre au degré de raréfaCtion de l’a ir , & la dernière
eft le ligne du maximum de cette puiffance
conductrice, puifque fi le milieu acquiert encore
plus de denfité, il ceffe abfolument d’être conducteur.
Ces phénomènes, dit M. Morgan, femblent prouver
non-feulement que l’air raréfié eft plus conducteur
que l’air condenfé, mais encore qu’il y a une
limite au-delà de laquelle la raréfaCtion de l’air diminue
fon pouvoir conducteur au lieu de l’augmenter.
De ce que l’air athmofphérique fec , dans fon
état de condenfation ordinaire, n’eft pas bon conducteur
d’éleCtricité, il fout fe garder de conclure
q u e , même dans un temps fans nuages, il foit abfolument
dépourvu de ce fluide fubtil;on peut facilement
le reconnoître au moyen de l’éleCtromètre
très-fenfible de M. de Sauffure. Les obfervations de
ce Savant fur le Mont-Blanc & fur le Col-du-Géant
lui ont prouvé que l’éleCtricité du temps ferein étoit
D d d d d ij