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^i s’élève en. vapeurs. A inefure que cette chaleur,.
flHhîs tenoit en état de gàs, fè diflipe, il fe coh-
dënie tous forme de liqueur , parce qu’il a encore,
là quantité de chaleur héceflaire à fa fluidité fa-
line : un degré de refroidiffement de plus, il eft
converti en cryftaux folides.
La propriété fumante qui cara&érife cet acide
s’explique bien naturellement dans ce fyftême, par
1 avidité avec laquelle il reprend un principe dont
on n’eft: parvenu à le féparer qu’avec tant de peine..
Je pourrois dire que la caufe immédiate en eft
démontrée par mes expériences; car , puifqu’il
relie de l’air capable d’entretenir la combuftion
dans les vaiflèaux où il a celTé de fumer, il s’enfuit
rigoureufement que ce n’eft pas l’air lui-même
qui exerce aucune affinité fur cet acide , & qui lui
enlève Ion état cryftallin: dès-lors ce ne peut être
que 1 eau qui eft toujours, en diffolution dans Pair ,.
& cette obfervation peut nous faire juger , en
paffant, de la quantité qu’il doit en contenir. On
lait qu’à l’inftant- du contaél de l’eau avec l’acide ,.
il le dégage toujours une grande quantité de chale
u r , 1 effet doit être d’autant plus intenfe, que
1 union eft plus rapide , ou pour mieux dire plus
inftantanée. O n ne peut donc être étonné que la.
chaleur devienne affez puiffante pour mettre en
vapeurs, l’acide même , à mefure qu’il eft diffous ;
c eft lui qui forme la fumée, ou vapeur vifible,
quelquefois affez pefante pour, s'écouler Comme de
*eaû, au fortir d’un flacon qui ne tient de ces
cryftaux qu’au tiers de fa hauteur, ainfi que je
1 ai vu fous la cloche dè Pappareil au mercure..
Il eft poffible que la fixité momentanée que l’à-
cide acquiert par fon adhérence à la chaux de fer
ne foit pas la.: feule circonftance qui concoure ait
fucces de 1 opération qu’il, faille encore que la cal-:
cination du vitriol de mars dépouille ce fel d’une
portion de. phlogiftique , qui feroit monter trop
alternent l’acide ; que cette calcination porte en
même - temps a la chaumde fer un excès d’air vir
te l, qui devient à fon tour néceffaire pour aider
1 acide réduit à l’état de ficcité à s’élever, lorfqu’il
fera lui-même chaffé par la. violence du feu. Tout
cela eft affez vraisemblable, & fe concilie très-
bien avec 1 explication que j’ai donnée du phénomène
; on ne coneevroit même pas autrement d’où
Viendroit cette prodigieufe quantité d’air vital qui
le dégagé pendant l’opération , que l’on peut éva.-
luer fans erreur à plus de 1200 pouces cubiques-
pour 28 onces de vitriol calciné, & qui furpaffe !
par conféquent de beaucoup celle qui eft naturellement
unie au fer dans fon état de diffolution vi-
tnohque. Si l’air vital , ff abondant dans la chaux-
tle manganèfe , n’a rîçn produit dans la première
expérience, la raifort en eft évidente : l’acide, ne
le trouvoit pas. réduit d’avance à. l’état de ficcité.,
J avouerai que lorfque je vis d’un côté cette
grande quantité d’air v ita l, de l’autre côté,l’acide
en cryftaux folides, je fils un. moment flatté de |
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Fefpérance de tenir féparément la bafe acidifiabfo
: pure , ouprefque p u r e & le principe acidifiant •
j je ne: tardai pas à être défabufé par l’expé-
! fience. Dans cette fuppofition, les cryftaux que
Ie confidérois comme le radical vitriolique, de-
; voient porter leur a&ion fur l’air refpirable, &
réduire l’air,commun à la portion d’air nuifible ou
phlogiftiqué ; rien de tout cela n’eft arrivé : il eft,
donc démontré que dans eette opération l’acide
| n’avûit rien perdu de fon principe acidifiant, qu’il
en étoit forti avec toute la quantité d’air vital qui
peut entrer dans fa compofition, en un mot que
Vacide vitriolique fumant ejl un - fe l acide parfait,
cryfiallifé par' abflra&ion de toute eau fira,bondanu. *
Quelque fatisfaifante que paroiffé cette conclu,
fion , je ne dois pas diffimuler qu’elle ne peut fer»
vir à rendre raifon de l’un des faits obfervés par
M. Dollfufz. En effet,, on a vu que lors de fes
diftillations de l’acide vitriolique de Saxe, la portion
fiimante.& glaciale s’étoit élevée la première,
& S voit lai fie dans la cornue un acide plus aqueux
qu’auparavant & nullement fumant: l’acide fumant
eft-il donc plus volatil que le non-fumant ? éft-if
plus volatil que 1 eau qui- le tient 'actuellement, dif-
fous ? le premier peut-il fe trouver mêlé .au fécond
fans perdre' fes propiétés caraétérifiiques ,..oii du-
moins fans les-communiquer ? Comment concevoir
enfin qu il abandonne fi. facilement une portion*
, d eau furabondante a 1 acide qui demeure ,. tandis
qu’il la reprend avec tant d’impétuofité à l’air
qui le touche ? Quand on s’arrête à ces phénomè-
nes, on eft moins furpris-que M. Dollfufz ait imaginé
des les attribuer â l’exiftence d’un fel particulier ;
ils font tellement éloignés de tout ce que j’ai eu
occafion d’obferver,que jufqu’àceque j’aieréuffiàles
produire en rediftillant l’acide que j ’aurai moi-même
retiré du colcotar, je ferai tenté de croire que
mon acide fumant eft en effet différent de celui
deM. Qollfufz. Pour y parvenir , j’ai fait fervir à:
un premier effai 1 acide' glacial, qui avoit été préparé,
en 17 7 7 ,.au laboratoire de l’académie., en.
fmvant le procédé de M. Hellot,. & que, je me-
rappellois très-bien avoir v u , finon en cryftaux
dumoins en confiftanceglaciale ,. & poffédant à,
un certain p oint‘la propriété fumante ; il s’etoit
refous par le laps de temps, & parce qu’il avoit:
été foüvent débouché, en une liqueur noire,,
épaifle ;. je la i diftille-dans une cornue de verre,,
avec 1,attention de changer plufieurs. fois de récipient,,
mais^aucun des produits 11’a donné la moin*
dre apparence ni d’acide, concret., ni d’acide fumant.
Ge peu de fucces, m’a déterminé à facrifier
à une nouvelle expérience les cryftaux qui me
reftoient dans un flacon ;: je l ’ai laiffé débouché.'
pour que l’acide concret, fe réfolvant en liqueur ,,
fut exactement-- dans la même condition que celui:
de M. Dollfufz ; cette opération paroiffant devoir
être très-longue , j’imaginai de tenir le flacon ren-
verfe au • deflùs d’un vaiffeau, où j’avois mis quelques
gouttes d’eau;, chaque fois cm’il. y tombait
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•quelques cryftaux, on entendoit un frémiffement
ïrès-vidlént ; niais ce qui étoit plus remarquable ,
«toit de voir là Vapeur grifè, affez épaifle, s’écouler
continuellement par le goulot du flacpn, comme
une liqueur pefante qui tomhoit, & fe condenfoit
fi facilement dans l’eau du vaiffeau inférieur, qu’on
pouvoit s’en approcher impunément fans en être
le moindrement incommodé. Quand tout l’acide
fut ainfi rediffous, je le mis dans une cornue, &
je diftillai dans plufieurs récipiens; mais je n’eus
encore que de l’acide fluide, plus fulfureux dans
les commencemens, moins odorant fur la fin, &
pas la plus légère trace, ni de glacial, ni de fumant.
Avant que de quitter cette matière, j’ajouterai
deux courtes réflexions qui pourront fervir à gé-
néralifer les conféquences de quelques-uns des faits ;
que m’ont préfenté mes expériences.
La première', c’eft qu’il eft affez furprenant que
le foufre 6c l’air vital s’élèvent enfemble dans les
mêmes vaiffeaux, expofés en même-temps à une
très* forte chàle.ur, fans que l’air vital foit abforbé
par le foufre, & celui-ci converti en acide , comme
il eft arrivé dans l’expérience II. On favolt déjà
que la manganèfe traitée avec le foufre donnoit
un peu d’acide fulfureux ( mém de M. Schéele, édit,
fr. tome I , page 87') , Si il y a toute apparence que
dans notre opération il y a eu auffi un peu de
foufre converti en acide fulfureux , mais la quan- ]
tité en étoit à peine fenfible. Quelle eft donc la 1
condition qui a manqué pour que tout l’air vital
pût fe combiner avec le foufre, pour qu’il ne fe
dégageât d’air vital libre que lorfqu’il ne refteroit
plus de foufre ? Il ne me paroît pas facile de répondre
à ces queftions , en fuppofant, avec M.
Lavoifier, que l’acide n’eft que le réfultat de l’union
direéle de l’air vital & du foufre non décom-
pofé.
La fécondé réflexion a pour objet le parti que
fon peut tirer de l’état feç cryftallin de , l’acide
vitriolique , pour dofer la compofition de fes fels,
pour déterminer la quantité d’acide réel qu’ils
contiennent, & reâifier d’une manière auffi neuve
que sûre des données encore peu certaines, &
que le célèbre Kirwan croit devoir fervir de bafes
à la vraie théorie des affinités. En rempliffant un
petit flacon de notre acide, au moment où il eft
prêt à cryftallifer par refroidiffement, on pourra
prendre fon poids abfolu, peut-être même le rapport
de ce poids au volume, & comparer enfuite
le poids des fels neutres qu’il aura produits, quand
ils auront été privés de toute eau de cryftallifa-
tion ; comme il fe retrouvera alors néceffaire-
ment dans le même état, cette méthode donnera
«tes approximations plus exa&es, & par conféquent
très-précieufes.
Acide vitriolique mixte. Quelques Chy-
teiftes ayant reconnu que l’acide vitriolique mêlé
avec l’acide nitreux, ou avec l’acide muriatique »
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manifeftoit une a&ion diffolvante, qui n’apparté-
noit à aucun de ces acides féparément, j’ai cru
devoir raffembler ici leurs obfervations-; tout ce
qui tend à augmenter l ’énergie de ces grands inf-
trumens de diffolution fait partie effentielle de
la fcience. ; & quand ces obfervations nous auront
mis fur la voie nous trouverons peut-être le
moyen d’en .géaéralifer les applications.
§•
Vacide vitriolique 'mixte nitreux fé fait en mêlant
tout Amplement de l’acide vitriolique concentré
avec de* l’acide nitreux. M. Baumé a obfervé que
lorfque le dernier étoit fumant, il perdoitauffi-tôt
beaucoup de fa couleur, & que les vapeurs qu’il
exhaloit étoient prefque blanches, de rouges qu’elles
étoient auparavant. Quand l’acide nitreux eft peu
concentré & non phlogifliqué, le mélange ne laiffe .
pas que de donner des vapeurs, & même qui ont
toujours l’odeur un peu iùlfureufe. La chaleur qui
fe manifefte vient de celle que l’ëau abandonne
pour s’unir à l’acide vitriolique ; ce qui prouve-
roit au befoin que c’eft plus l’eau que l’acide qui
laiffe aller ce principe, & que l’eau en perd plus
en s’uniffant à l’acide vitriolique, qu’en s’uninant
à l’acide nitreux.
MM.Tillet & d ’Arcet ont fait bouillir , fur des
cornets d’or de départ, une liqueur compofée
d’une partie d’acide vitriolique & de deux parties
d’acide nitreux, & ils ont obfervé que dans
ces circonftances l’acide nitreux acquiert plus de
force pour attaquer l’or à la faveur de l’ébulli-.
tion. Voye{ A c i d e n i t r e u x , g. VI;
On fait encore que les huiles gra ffés ne fe laif-
fent enflammer par l’acide nitreux qu’au moyen
de l’addition dé l’acide vitriolique:. Voye^ A c id e
n i t r e u x , g. VII.
Il y a toute apparence qu’il nefe forme pas dans
ces circonftances une nouvelle compofition acide
différente, mais feulement que l’acide vitriolique
s’emparant de l’eau de l’acide nitreux lui donne
un degré de concentration que l ’on ne peut obtenir
que de cette manière.
Si l’on met, dit M. Wenzel, un peu d’acide
variolique dans un matras , avec un morceau d’antimoine
( eifi régule ), qu’on y verfe goutte à goutte
de l’acide nitreux, jufqu’à ce qu’on voie que le demi-
métal commence à être attaqué, & que l’on place
.alors le matras au feu de fable, l’antimoine, qui
n’eft foluble dans aucun de ces acides féparément,
fe diffoudra promptement avec vive effervef-
cence. ( Lehre von der vervfàndfchaft, &c. pag. 182. )
Au refte, il y a toujours une partie du métal
qui fe précipite en poudre blanche, & la diffolu-
tion eft décompofée par l’eau.
Cet acide mixte diffout de même le zinc, le
fer, le cuivre, lebifmuth, & même l’argent, lorfqu’il
eft fuffifamment délayé, 6c à l’aide de la
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