de la même année en ces termes : « La fragilité
s» du fer froid eft due à l’alliage d’un autre métal«.,
ï) qui fe diffout dans les acides, qui fe laiffe précipiter
avec beaucoup d’eau en une poudre blan-
»> che. Cette poudre fe réduit en un régule qui l
»> s’unit au fer avec une extrême facilité, & le
» rend fragile à froid ; il eft précipité en noir par
s> la teinture des galles en bleu par l’alkali phlo-
v giftiqué ; j’ai peur que nous ne trouvions encore
ti ici un nouveau métal ».
L’illuftre profeffeur d’Upfal a fait grand nombre
d'autres expériences fur le fidérotète, quife trouvent
, foit dans la differtation dont je viens de
parler, foit dans des mémoires particuliers fur
les acides métalliques, fur les attrapions élePives
& fur l’alliage du fer & de l’étain. Il a trouvé fa
pefanteur fpécifique de 6,700, il lui donne à-peu-
près les mêmes caraPères que M. Meyer, il le
croit cependant aufli fuftble que le cuivre ; il lui
affigne une couleur plus blanche à l’extérieur & :
moins de dureté que le cobalt.
On voit qu’il l’a tiré du fer caftant à froid d'Hu-
faby , dont la mine en grains & morceaux irréguliers,
de couleur de terre d’ombre, fe tire des lacs •
d'Aefnen 8c de Sahl, & qui eft fi chargée de matière
extraPive, que fa diflolution dans l’acide 1
Variolique eft d’un roux obfcur, même après avoir
été filtrée par un double papier. Cette mine noircie
par la calcination, devient un peu fenfible à
l'aimant, & perd près d’un quart de fon poids.
M. Bergman dit aufli qu’il fe trouve , quoique
plus rarement daus les mines dures & pierreufes,
des veines de montagne, comme à Sjuftjerneb.erg,
paroifle de Graenge en Dalécarlie.
Il conclut de fes eflais , qu’un quintal de fer
çrud d’Hufaby peut tenir de dix à feize livres de
fidérotète, que s’il y en avoir un tiers, il feroit ,
çaflant comme du verre,
La propriété de fa chaux de rougir l’infufion
de tournefol, 8c fur-tout de fedifloudre dans 1500 ;
parties d’eau bouillante , le conduifirent naturellement
à lui donner place parmi les acides métalliques.
Lès obfervations de ces deux grands Chymiftes
arrivés féparément à la même conclufion /étoient
bien capables de décider les favans ; aufli ce nouveau
demi-métal fut-il admis par M. Hielm qui
le retira lui-même d’un fer de Ruflie, par MM,
Rinman, Kinvan, Lêonhardi, & c. &C. Le dernier
qui n’avoit connu que le mémoire de M.
Meyer , defiroit feulement que l’on fît de non- ■
véltçs expériences, pour vérifier fl ce ne feroit pas-
pn mélange de manganèfe & de fer.
Cependant M. Klaproth ayant fait refiéxion que
1er fer fe précipitoit fpontanément en blanc de l’acide
phofphorique, commença à foupçonner la
préfence de cet acide dans le nouveau demi-métal ;
S ne crut pas devoir s’attacher 4 eu çjierçher la
preuve par l'analyfe, parce que le fer paroît avoîft
une plus grande affinité avec cet acide que toutes
les fubftances que l’on peut employer, parce que
cette combinaison réfifte à l’acide vitriolique , &
même que dans l’opération du phofphore, il ne fe
forme que de la partie qui e ft, pour ainfi dire,
furfaturée de phlogiflique; il dirigea fes expériences
par la fynthèfe.
Ayant fait diflbudre 4 onces de vitriol de fer
(préparé avec l’acide p ur ), il y ajouta une once
d’acide phofphorique retiré du phofphorepar com-
buftion lente ; le mélange fe troubla, 8c il s’y
forma un précipité léger d’un bleu clair. Après
l’avpir féparé par le filtre, il vérfa dans la liqueur
un peu de diflolution de potaffe qui y occaflonna
un nouveau précipité d’un blanc jaunâtre ; il fît
rediflbudre ce précipité, ainfi que le premier tirant
au bleu, dans l’acide vitriolique délayé ; la
diflolution filtrée étoit d’un jaune brun , il s’en précipita
une terre blanche, foit-par l’eau pure ajoutée
en quantité, foit par le moyen d’un peu d’al-,
kali*
Cette terre a donné au creufet un culot métallique
, elle s’eft diffoute dans les acides, en a été
précipitée par Peau ; enfun mot, elle s’eft comportée
dans tous les eflais abfolument comme la chaux
du demi-métal de MM. Meyer & Bergman, &
le mémoire qui en contient le détail eft terminé
par cette addition importante: « Ayant voulu
» communiquer cet écrit à mon ami M. Meyer ,
h il me dit fur - le - champ qu’en travaillant à un
» nouvel examen plus approfondi du fidérotète ,
» il s’étoit convaincu qu’il tenoit de l’acide phof-
» phorique , 8c qu’aiufi il de voit être rayé de la
U claffe des métaux ».
Ces expériences deM. Klaproth ont été répétées
au dernier.cours de l’académie de Dijon; on a
fait fondre dans un creufet brafqué le phofphate
martial, qui fe précipite fpontanément dans fes
diflblutions , avec deux parties de mon flux ré-
du&if; on a obtenu un culot métallique fur lequel
l’aimant n’avoit prefque point d’aélion’, qui s’eft
brifé facilement, qui ne s’eft diflous que très-difficilement
dans l’acide vitriolique, quia donné un
précipité blanc lorsqu’on a étendu la diflolution ,
& par l’addition de l’alkali.
Ceux qui fe font fait un fyftème de décrier ces
hommes célèbres dont ils ne peuvent fuivre la
marche trop rapide, ne manqueront pas de dire
à cette oçcafion : voilà donc à quoi fe réduit cette
pompeufe découverte d’un neuvième demi-métal ;
Les gens râifonnables diront: voilà de‘ vrais progrès
1 En "effet, fi MM. Meyer 8c Bergman n’euG
fenrpas porté'dans l’analyfe du fer cette fagacité
qui leur a acquis une fi haute réputation, ils n’y
auroient trouvé que ce que- l’ancienne école y
admettoit ; mais ils font parvenus à en féparer
une terre blanche qui n’étoit pas même foupçon-
n é e , çe fin le premier pas vers \a découverte ;
çettç
éctte terre leur donna nn régule qui avoit des propriétés
diftinaes des autres fubftances métalliques;
ils le regardèrent comme un métal particulier, ex ne
pou voient en porter un autre jugement. En remaniant
cette matière, ils ont reconnu que cetoit de
l ’acide phofphorique qui mafquoit 8c alteroit a
terre ferrugineufe : ce dernier travail achevé la
découverte, en complette les preuves , en etend
déjà les conféquences 8c les applications aux objets
les plus importans.
ï °. On ne favoit pas ce que devenoit l’acide
phofphorique après la deftruaion de tant d’animaux;
voilà une preuve qu’il peut fe retrouver
dans le règne minéral.
On avoir bien reconnu que ce qu’on appelloit
bleu de Prufe natif différoit fenfiblement du bleu
de Pruffe artificiel, mais fa nature reftoit inconnue;,
M. Klaproth ne pouvoit manquer d’être
frappé de fa reffemblance avec le fer précipité par
l’acide phofphorique.
J’ai décrit dans les mémoires de l’académie de
Dijon ( premier fémejlre de 1783, pu-ge 80 ) une
mine de fer micacée artificielle, produite par un
mélange accidentel d’acide phofphorique & de
i;erre ferrugineufe : il y a donc lieu de croire que
cet a'cide exifte dans Teifenman naturel ; on a présentement
à la main les moyens de s’en affurer.
2.°, Jufau’à préfent on avoit tenu pour principe
qu’un métal ne pouvoit s’unir qu’à une fubftance
métallique , également en état de régule parfait ;
C’eft là précifément ce qui a trompé M. Bergman,
6n fe tiendra déformais en garde contre ce principe
, puifqu’il eft bien démontré que le fer en état
de pyrite phofphorique peut s’unir au fer 8c
même à d’autres métaux, fuivant les expériences
de M. Meyer.
' 3°. La caufe de la fragilité des fers à froid
étant bien connue , on ne fera plus réduit à des
tâtonnemens aveugles pour en chercher le remède;
on pourra du moins juger d’avance la qualité du
fer par une analyfe plus exaéte de la mine.
Pour hâter l ’application utile de ces nouvelles
connoiflances, il eft néceffaire de donner quelques
détails fur le procédé de cette analyfe délicate,
qui fans cela pourroit bien ne pas réuflir, même
eptre des mains exercées. J’emprunterai cette
inftruélion du mémoire de l’illuftre Bergman, qui
•à expofé très-clairement toutes les çirconfiances
de l’opération.
Procédé de,M. Bergman pour retirer au fer cajjant à
froid & de fes mines} la terre blanche qui a été
prife pour y chaupc acide du s i p É r o t e t e .
Lorfqu’on veut féparer cette fubftance du fe r ,
fil faut avoir plufieurs bouteilles de pareille grandeur
, dont la capacité foit d’esviron 12 à 15 pouces
cubiques.
Çhymie, Tome A
On tfléf dans une de ces bouteilles A , 7 onces-
6 gros de fer crud que l’on veut effayer, & que
l’on a d’abord pulvérifé; on verfe defliis 6 pouces-
cubiques d’eau diftillée ou d’eau de pluie , & un-
demi-pouce cubique ( ou à -p e u -p rè s 5 gros)
d’acide vitriolique concentré. La diflolution fe fait,
d’abord avec effervefcence : lorfqu’il n’y a plus
aucun mouvement fenfible , ce qui exige environ:
quatre heures, on filtre la liqueur dans une bou-^
teille B , & on lave le fer qui refte jufqu’à ce que
les eaux de lavage, que l’on paffe aufli par le filtre y
réunies à la première liqueur filtrée, rempliffent>
entièrement la bouteille B.
Si le fer crud employé contient une portion de
la nouvelle fubftance , la diflolution qui étoit d’abord
limpide dans la bouteille B fe trouble, devient
blanche & dépofe au bout de quelque®
heures un peu de poudre blanche. Dans le même
intervalle, une autre matière en forme de pouf-
fière jaunâtre commence à teindre l’eau dans laf
partie fupérieure.
On remet, dans la bouteille A , ce qui refte de fer,
non diflous, on y ajoute, comme la première fois,
de l’eau & de l’acide dans les mêmes proportions^
on laiffe faire la diflolution, & on la filtre dans
une troifième bouteille C , que l’on achè ve de rem-,
plir avec les eaux de la vage.
On continue cette opération dans des bouteilles
pareilles,que l’on marque fucceflivêment D , E , F ,•
&c, jufq.ua ce que la diflolution ainfi étendue ne
laiffe plus rien précipiter.
M. Bergman a obfervé , en traitant ainfi le fer
crud d’Hufaby , que la cinquième diflolution ne“
donnoit au bout de 2.4 heures, dans la bouteille F ,
qu’un nuage à peine fenfible, & que la fixième
n’avoit absolument rien dépofé en quinze jours ,
quoiqu’il reftât encore beaucoup de fer dans la bouteille
A . D’où il a conclu que le fer étoit épuifè
de la matière blanche, & que celle-ci fe diffolvoit
plus facilement, piiifque l’on ne pouvoit douter
qu’elle ne fût auparavant diftribuée également
dans toute la maffe.
On peut foumettre la mine elle-même à cette
épreuve; mais comme cette efpèce èft toujours
chargée de matière extraâive, ce qui annonce
affez fon origine, il faut avoir la précaution de
l’en débarrafler, en la faifant d’abord calciner légèrement
dans un creufet, & le précipité eft plus
blanc 8t moins impur. Dans ce cas on eft quelquefois
obligé d’aider la diflolution par la chaleur de
la digeftion. Si le précipité étoit jaune, au point de
rendre l’effai équivoque, on le décideroit en faifant
évaporer deffns de l’acide nitreux à ficcité,
jufqu’à ce que la terre du fer fût rendue info-
lubie; alors l’acide vitriolique reprendroit, même
à froid, la terre blanche , qu’il laifferoit de nouveau
précipiter par l’addition de l’eau.
J’ai précédemment indiqué les propriétés quî
doivent fjire recoancntrç cette fubftance ; j’ajou-
Q<i