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uti degré plus fort, il fe brûle comme tous les acides
végétaux.
Il fe conferve dans les flacons, fans altération ,
& même fans fournir aucune partie huileufe , lorf-
qu’il a été fuffifàmment re&ifié ; le fond paroît feulement
teint d’un léger dépôt..
Idacide lignique diffère abfolument de l’acide gaî-
lique, puilqu’il ne précipite pas en noir les diffo-
lutions martialès ; mais on eft encore en droit dei
demander fi tous les bois donnent réellement 4e
même acide, & le. célèbre Fontana, en me marquant
fon approbation de la nouvelle nomenclature
, m’écrivoit > au commencement de cette année
1783, qu’une analyfe exaéïe du règne végétal
me forceroit peut-être à diflinguer ce que j’appelle
acide lignique en acide gayacin, acide rhodien , acide.
néphrétique, &c. &ç.. Dans les principes de l’ancienne
chymie qui. paroiffoit redouter l’a multiplication
des acides,, on n’auroit pas héfité de répondre
que les acides de tous les bois décompofés par le feu,
êc. amenés à un- degré égal, dç pureté dévoient être
identiques; i l paroît que M„ Buquet n’èn faifoit
aucun dou^e.,...lors même qu’il comparpit l’ànalyfe
duchêne avec.çelle du gayac , c’èft-à-dire celle d’un
bois non réfmeux, avec celle d’un bois très-réfi-
puifqii’il a ajouté que l’èfprit. acide recueilli
dans ces operations appartenoit en partie à \la. rna-
tie/é fxtra&ive.y & en partie à. la réjîne. C e que. j’ai
dit dû principe acidifiant commun ÇFoye^ Acide)
ne- nous permet plus de conclure cette identité'
par théorie; car il eft- très-poftîble que l’air principe
acidifiant prenne differentes bafés dans les i
différens bois : ces. acides ne- feront plus, d'ès-lors
les mêmes., &. fe feront reconnoître par quelques
propriétés effentieljes à. leur compofition, il faudra.
bien leur afîigner aufli des noms- différens , &
je fuis prêt à adopter la diftin&ion de M. Fontana,
dès gufîl y aura des. preuves de cette-différence
mais ne eonnoiflànt jufqu’à préfent aucune'obfer-
vation.quipuiffe la faire préfûmer , trouvant d’aile
leurs dans le travail de M; Goettling une preuve.
duv contraire, puifqu’il a. employé indifféremment,
le buis &. lé bouleau pour en retirer l’àcide , j’ai
cru devoir- confèrver la dénomination, commune
d’acide lignique , pour ne pas m’expofer au reproche
d’avoir fous-divilé même les acides femblables..
Idacide lignique diffout très-bien les alkalis, les
terres & les. métaux, il forme avec ces bafes dès
fels nouveaux auxquels je donne le nom générique
dz lignâtes» (Foye^ Lignite de potasse,
DE soude , &c. ) M. Goettling n’ayant travaille
fus cet acide que pour le-difpofer à la combinai-
foa éthérée , a. laifle beaucoup à faire-pour déterminer
les propriétés de fes fels & l’ordfe de fes
affinités. M. Eloy'Bourfier de Clervaux , qui-fuivit
Fan née dernière les ;cours de l’àcadémie avec beaucoup
d’application , m’a remis la note de-quelques
efTais^quil a faits fur cet acide, & qui me fervi-\
«ont- ici, à. indiquer fes. principales affinités..
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Les terres calcaire & barotique ne cèdent pas
cet acide aux alkalis fixes cauftiques.
Il paroît qu’il préfère le calce au barote , car fi on
verfe de l’eau de chaux dans la diffolution de lignite
barotique jufqu’à faire rougir le papier teint par le
• curcuma , 8c qu’on filtre le lendemain la liqueur
pour en féparer la terre qui a été précipitée &
celle qui- s’eff raffembléè en pellicule à la furface
-cette liqueur ne décompofe plus le vitriol de foude ,
quoiqu’elle tienne encore affez de terre pour donner
un précipité par l’affùfion de la potaffe mé-
phitifée.
L’ammoniac cauftique ne décompofe pas lé lignite-
nragnéfien.
L’avion .de Yacidè lignique fur les fùbftances métalliques
& fur l’àlumine peut être comparée à:
celie de l’acide acéteux , ôc paroît fùivre le même'
ordre.
Il s’unit très-bien à LK5NIQUJE. l’ëfprit-dë-vin;’ Voye^Ether
Acide marin-. Voye^ Acide muriatique.
Acide marin fumant. Fo^ Acide muriatiqAue
DÉPHLOGISTIQUÉ. cide méphitique. C ’eft fur-tout à l’ôecafion*
de cet- acide que nous fofnnres bien forcés d’avouer
que la nature fe joue de*nos méthodesvoilà un 1
.'gas qui a certainement les caraâères d’un acide,
quelques chaux métalliques paroiffent déjà fe rapprocher
de la même nature, & il ne manque peut-
être-à l’air vital que dèux ou trois propriétés les-
moins effeiîtiellfes pour entrer aufii dans cette claffe.
Conclurons-nous dë-là qu’il faut tout confondre 8c
abandonner ces dift'inéiions ? le Chymifte- raifon-
nable fe- contentera dé dire qu’il: faut s’accoutumer
à ne- lés pas confidérèr eomme des êtres de là
nature,.à ne les apprécier, en un m ot, que ce
qu’elles valent ; mais ce fera pour lui une. raifon de
plus de fuivre conftamment le fil-du fyftême qui/
relie nos connoiffances, de le rechercher avec application
, lorfque de nouveaux phénomènes pa*
roiffent en interrompre la chaîne, puifqu’il n’eft pas
donné à l’homme cfembraffer là nature fans le fe-'
cours d’une méthode.
Ces réfléxions & les principes que j’établis à-
l’article Dénomination m’ont déterminé à préférer
l’expreflion d’acide méphitique , pour indiquer-
ce fluide élaftique qui eft Y air fixe de M .Prieftley,
l’acide- aérien dé -M; Bergman ,. Vefprit de la craie
ouyacidè crayeux de Buquet , le gas méphitique de
M. Macquer, l’acide gafeux dé quelques antres,»
& c : , &c. Toutes ces dénominations ‘ s’entendent
fans doute, mais il en-faut une quidévienne générale;
voici lès raifons qui m’ont paru les plus-
capables de décider l’unanimité f- i° . Air fixe eft
impropre-, ce fluide n’eft' aéhiellement ni air, ni.
fixe ; M. Black avoit lui-même déclaré qu’il ne -
différoit dé lui donner une dénomination plus appropriée
que jufqu’àr ce qu’il? fut plus inftruit de fa:
nature & de fes- propriétés ; 20. Gas eft déjà approprié
à, tous, les-fluides- aériformes- ^ il convient.
a c i
de te laiffer à cette deftination ; 30. 'Aadt aérien
nous prend une épithète d’un ufage frequent , oC
on verra bientôt que ce nom feroit trop ugnifica-
tif ; 4®. Efprit de la craie, de même oxacide crayeux,
n’indique qu’une des fùbftances qui fournit abondamment
notre principe , & ces mots fe preteroient
difficilement à former ^des dérivés fiiivant les 1 e-
gles de la nomenclature analogique ; 5°* Enfin,
acide méphitique fe renferme plus exaftement dans
l’idée d’un caraâère propre & effentiel ; les com-
pofés de ce genre feront des méphites ou des corps
tnéphitifés ; les autres gas qui tuent les animaux
peuvent être appelles Amplement gas nuîfibles ; ne
formant pas de claffe de compofés à la manière des
acides, une épithète fuffit pour les qualifier ; iis ;
n’ont pas befoin de noms particuliers, fufceptibles
d’indiquer divers états par leurs modes-& leurs
terminaifons ; en un mot, cette expreffion devient
très-exa&e par fon oppofition avec celle d'air
vital.
La connoiffance de \acide méphitique ayant produit
dans la chymie une révolution aufli marquée
que la découverte du phlogiffique de Stahl, je
m’attacherai i ° . à en fixer l’époque comme fai-
fant une. partie effentielle de l’hiftoire de cette
fcience.
1?. J’indiquerai les matières qui le fourniffent,
les procédés pour l’obtenir.
30. J’examinerai fa nature & fon origine.
4q. Enfin, je ferai connoître fes propriétés & fes
affinités.
§. î. Prçcis hifiorique de fa découverte.
ïdacide méphitique n’eft réellement connu que depuis
quelques années , & l’on a peine à concevoir
comment il a pu échapper fi long-temps à l’obfer-
vation des phyficiens, lorfqu’on confidère combien
il eft répandu dans la nature , les prodiges qu’il y
opère continuellement, & le grand rôle qu’il joue
dans une multitude de phénomènes qui fe répètent
tous les jours fous nos yeux.
Les anciens attribuoient à une vapeur peftilen-
tielle fpiritus lethalis, la fuffocation des animaux
dans les grottes du mont Saint-Orefte, du lac
Agniano, de Charon, de Narpaia (ad mephitis
tzdes') & autres cavernes ; c’efl; ainfi que Pline en
parle liv. 2, chap. 93. Ceux qui travailloient aux
mines n’avolent pas une autre idée du fluide non
refpirable qui fe raffemble dans les profondeurs.
Paracelfe & Vanhelmont avoient obfervé dans
plufieurs opérations le dégagement d’un fluide élaftique
qu’ils avoient nommé gas ; Boy le le nomma
air artificiel, il foupçonna que ce fluide pouvoit
être très-différent dp l’air de l’athmofphère ; il vé-
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rîfia ce que Vanhelmont avoit annonce, que celui
qui fe dégage des matières en fermentation eft nui-
fible aux animaux.
Le célèbre Haies admit l’air au nombre des principes
chymiques , il vit qu’il fe fixoit dans les corps,
qu’il les rendoit durs & pefans fans perdre la faculté
de redevenir élaftique ; il diftingua les ope-
tations où il eft produit & celles où il eft abforbé ;
il remarqua les propriétés différentes de ce fluide ,
comme de nuire à la refpiration & à la combtiftion,
il effaya de le dépouiller des principes qui le met-
toient en cet état ; cleft: lui qui a le premier imaginé
l’appareil des diftillations pneumatiques que la
chymie moderne regarde comme l’un de fes plus
précieux inftrumens ( r ) , il fournit a ces epreuves
prefque toutes les fùbftances connues -, mais tout
ce travail ne fervit qu’à préparer la découverte, il
n’imagina pas qu’il y eut quelque différence effentielle
entre ces fluides aériformes & l’air commun*
Ce premier pas vers une vérité aufli neuve, étoit
fans, doute bien difficile à faire ; Boerhave reçut le
gas de la craie fous un récipient purgé d’a ir , il
crut avoir feulement affranchi de fes liens celui qui
entroit dans la compofition de ce minéral, & le
*génie de ce grand homme fut arrêté par l’habitude
dè ne confidérèr dans l’air que fes' propriétés mécaniques.
( .
L’examen des eaux naturellement chargées d acide
I méphitique , d e voit, ce femble, révéler depuis
i long-temps ce fecret de la nature ; Hoffman foutint
| qu’elles ne contenoient aucun acide réel & fubftan-
' tie l, mais feulement une vapeur acide, unie à un
certain principe éthéré, qui fe difiipoit très-facilement.
Seip regardoit l’elprit minéral comme un
acide volatil fulfureux ; Springsfeld avoit entrevu
en 1748 que les fùbftances dont ces eaux étoient
chargées ne pouvoient être tenues en diffolution
que par l’air , puifqu’elles fe troubloient après l’avoir
perdu. Venel alla plus loin , il prouva, en 1750,
que les eaux acidulés de Seltz dévoient leurs propriétés
à une certaine quantité d’air ; ( qu’il ne dif-
tinguoit pas non plus de l’air atmofphérique ) il
parvint à les imiter en retenant dans l’eau celui
qui fe dégage pendant la diffolution de la foude
par l’acide muriatique ; il explique très-clairement
l’effervefcence qui l’accompagne , en la cônfidérant
comme une précipitation de l’air pendant l’union
des deux autres fùbftances. Il jugea bien de la pof-
fibilité de foumettre un jour les gas à l’analyfe ;
cependant il éerivoit encore en 1757 que leur in-^
coercibilité les fouftrairoit long-temps à nos recherches
, & il en donnoit pour preuves les tentatives
infru&ueufes de Beccher pour recueillir le
gas du vin,celles de l’abbé Nollet pour reconnoître la
nature de la mofette de la grotte du Chien.
'* (1) Voyez planche -des appareils pour les gas , fig. i & 2, les deux appareils dont il faifoit principalement ufage.
Ces figures peuvent encore fervir à l’intelligence d?un grand nombre d’expériences , & indépendamment de ce motif,
je me fexois fait une loi de \es conferver par honneur pour la mémoire de l’inventeur.
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