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peu d’attention à l’influence de la températufô fut1,,
les affinités ; en rapprochant quelques-unes des ob-
fervations les plus importantes fur ce fujet, je parviendrai
peut-être à réfoudre là difficulté.propofée
par M. Monge , en même temps qu’elles ïne fervi-
ront à développer les conféqiiencës de cette V Ie.
loi des affinités. .
Le foufre ne commence guère à donner des. vapeurs
acides, que quand il eft échauffé à 190 degrés
du thermomètre de Réaumur ; il n’y a inflammation
complète qu’à environ 240. 3e n’ai pas befoin
de dire que, dans les deux cas, le foufre eft
fuppofé en contaéi avec l’air.
Le phofphore éprouve une combuflion lente, vi-y
fible pourtant dans l’obfcurité, à 15 degrés de chaleur
; il s’enflamme fubitement à 40.
Le gas nitreux s’unit au principe acidifiant, c’eft-
à-dire, qu’il brûle à toute température connue, ou
du moins fort au deffous du terme de la congel-
lation.
Le charbon, au contraire , exige une très - haute
température ; à en juger par les charbons qui s’allument
fpontanément à côté des fourneaux, & fans
toucher à aucun corps enflammé, j’imagine qu’elle
doit être au-delà de 150 degrés.
Mais le combuftible & le principe acidifiant, bafe
de l’air-, font-ils prefentés l’un à l’autre'dans un état
différent de compofition , les affinités paroiffent
changées, & on n’a plus befoin d’unë température
auffi élevée pour obtenir les mêmes féfultats.
Pour le foufre, la combuflion s’opère à l’àide d’une
chaleur fort inférieure dans l’acide nitreux concen-:
tré ; elle s’opère à la température moyenne dans i; l’acide muriatique déphlogiftiqué , & quand je foufrè
efl préfenté en état d’hépar, foit à l’air foif au
gas nitreux.
Pour le phofphore, il s’allume fort au deffous du
point de la congellation, quand il eft mis en état de
gas phofphorique par fon union avec le gas inflammable
; & ce qui prouve bien que la chaleur ne
fait rien non plus fans l’affinité, c’eft que l’on peut
fondre le phofphore dans le gas nitreux, par lé
moyen de la lentille, fans qu’il s’enflamme.
Pour le charbon, il s’unit au principe acidifiant,
fans le concours d’une grande chaleur, dans les
diftillations de matières végétales, dans les opérations
pour former les éthers. Que l’on ajoute du
charbon à la chaux noire de manganèfe, fur laquelle
on diftille de l’acide muriatique, une portion
de ce charbon, fera acidifiée ; on aura le même ré-
fultat fi oh met du charbon en poudre dans l’acide
muriatique déphlogiftiqué ; il fera plus complet &
plus prompt fi on a fait fondre auparavant le charbon
avec la potaffe cauftique. On fait préfentement
ifau moyen de plufieurs cohobations, le charbon
écompole l’acide nitreux à la diftillation. Enfin,
fuivant l’expérience de M. Prouft, que j’ai plufieurs
fois, jrépétée dans les cours de l’Académie de Dijon,
le charbon en poudre , fèché dans un creufet bien
fermé, & refroidi jufqu’à 12 degrés Çt au deffous,
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eft enflammé fur le champ par l’acide nitreux cotte
centré, à la même température.
Pou,r le radical de l'acide nittéux, l’expérience de
M. Cavendish' nous a appris qu’il ne fuffifoit pas de
l’allumer une fois par l’étincelle éleétrique, & qu’il
ne foutenoit pas de lui-même fa combuflion avec
l’air vital ; ce qui vient probablement de ce que le
produit acide retient trop de la matière de la chaleur
, & qu’il ne s’en dégage pas en affez grande
quantité pour entretenir la température néceffaire
à cette combinaifon direéte ; au refte , la nitrification
journalière ne nous permet pas de douter que
la nature ne l’opère par d’autres moyens que nous
ne connoiffoHS pas encore , ou l’état different de
compofition des corps, & le concours des affinités
difpenfent d’une température auffi élevée.
Enfin , le gas inflammable lui-même s’unit inftan-
tanément à l’air vital, fans accumulation de chaleur
, lorfqu’on mêle l’acide muriatique déphlogifti-
qué à l’eau chargée de gas hépatique, puifque le
foufre fe précipite; Ce qui n’a lieu , comme l’a très-
bien fait voir M. Berthollet, qu’autant que le gas
inflammable de l’hépar paffe dans une autre combinaifon.
Je ne parle ici que des combuflibles proprement
dits, & 'non de ceux qui font plus compofés, qui
occafiônnent les inflammations fpontanées , ni de la
poudre à canon qui s’allume par la fimple percuffion
du marteau fur l’ëhclume, ni du pyrophore qui
brûle même dans le gas nitreux ; ni même des fûbf-
tànces'métalliques qui font de vrais, combuflibles,
& qui' donnent lieu à tant de diverfes combinaifons
de là bafje de l’air', à la plus foible température :
coffime la chaux de fer qui fe fépare du vitriol de
mars par 'la feule impreffion de l’air ; le fer , qui
paffe à l’état d’éthiops dans l’eau froide ; le zinc
qui brûfo dès qu’il entre en fufion; l’antimoine,
qui décompofe l’acide nitreux à la chaleur de la di-
geftion ? là chaux d’arfènic qui prend à floid l’air
Vital au gas acide muriatique déphlogiftiqué, &c.
&ç.
. On peut ajouter que la difîoliition par l’eau, la
plus fimple des opérations de la Chymie, préfente
auffi quelquefois des phénomènes qui fuivent îhani-
feflëment la raifon'compoféè de l’affinité '& de la
température. L’eau fe deffale aux deux termes oppofés
de la congellation & de l’ébullition ; elle prend communément
plus de fel quand elle eft chaude, que
quand elle eft froide ; à une plus foible température,
elle fe charge de plus de gas acide méphitique ; &
M. Berthollet a obfervé que l’iinion du gas acide
muriatique déphlogiftiqué avec Téaii', fnivoit une
loi toute différente, puifqu’il s’en féparoit également
au deflous comme au deffus du rae. degré. Enfin, nous
avons vu précédemment que, quoique le bleu dé
Pruffe & la craie ne foient pas folübles féparément
dans l’eau en quantité fenfibles, même au degré de
l’ébullition , cette condition fuffit néanmoins pour
mettre en jeu1 leurs affinités' refpeélives.
Le ne dois pas omettre dans ce rapprochement
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deux obfervations que nous devons à M. Monge ,
gc qui nie paroiffent ici d’un grand poids ; d’une ,
qu’en abaiffant la température autour d’une bougie
allumée , on parvient à l’éteindre ; l’autre, que plus
la combinaifon des deux corps eft intime, plus ils
doivent abandonner de la matière de la chaleur qui
leur étoifr unie.
C’en eft affez, ce me femble, pour nous mettre
fur la voie de comprendre comment l’affinité-peut
devenir, ou pluspuiffante, ou plus foible, ou nulle,
fuivant les diverfes températures; & réciproquement
, comment l’effet de la température peut lui-
jnême varier à raifon des affinités doubles, ou par
concours.
Cependant, s’il reftoit quelques doutes que l’élévation
de température ne fut pas la caûfe immédiate,
ou du moins la caufe unique de l’inflammation des
deux gas & du dégagement de chaleur qui l’accompagne
, je me perftiade qu’ils feront diffipés par la
comparaifon de ce qui fe paffe dans l’expérience fui-
vante.
Que l’on prenne 4 gros d’eau & 4 gros d’acide
vitriolique (qui ait environ 1850 de pefanteur fpé-
cifique ) , l’une & l’autre à cinq ou fix degrés au
deffous de la congellation ; ces deux fubftances mifes
en contaéi n’auront réellement aucune aétion Tune
fur l’autre. On fent que je ne veux parler ici que
de l’acide congelé, & non.de l’acide concrèt, qu’on
nomme glacial fumant.
Maintenant que l’on élève féparément la température
de chacune de ces fubftances, feulement de
dix degrés, & qu’on les préfente l’une à l’autre
dans cé nouvel état, elles exerceront leurs affinités
à l’inftant du contaéi, & il y aura produélion de
chaleur fenfible d’environ 40 degrés pendant leur
combinaifon.
Si l’on admet que l’eau & l’acide retenoient encore
, même en état de glace, une portion de matière
de la chaleur , fuivant le principe qu’aucun
corps n’en» eft abfolument privé, & que le froid
n’eft qu’un terme relatif; fi l’on confidère , d’autre
part, que l’eau & l’acide s’unifient ici comme corps
Amples, fans éprouver aucune décompofition , fans
qu’il réfulte de leur union autre chofe que le dégagement
d’une quantité de matière de la chaleur,
précifément comme dans la. combuflion des deux
gas , on regardera ce phénomène comme une preuve
affez direéte que, lorfqu’on ajoute à deux fubftances
de nature différente , une portion de matière avec laquelle
elles étoient déjà combinées, il peut s’enfuivre,
par le jeu de leurs propres affinités, un dégagement
de cette matière, & même en quantité beaucoup
plus cônfidérable.que celle qu’on y avoit ajoutée.
Après avoir ainli démontré combien la température
influe fur les réfultàts des. affinités, je n’ai pas
befoin d’infifter fur la néceffité de faire état déformais
dans la comparaifon de ces forces du degré de
chaleur qui peut les rendre efficaces. Perfonne
n ignore quelles lumières a déjà répandues fur la
fciencs $es cqjnJjipaifops, la dilliltâwi1 des- Modernes
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entre les affinités par la voie humide, & les affinités
par la voie sèche : il foroit plus commode , fans
doute, de s’en tenir là ; & , au lieu de fuivre une
échelle de variations, de n’avoir jamais à confidérer
que ces deux termes extrêmes ; mais nous avons vu
que la condition effentielle fe trouvoit fouvent au
deffus ou au deffous de ces limites ; & puifque la
nature ne les reconnoît pas, puifqu’elle ne conforme
pas fes opérations à nos principes abftraits, il ne-
nous refte d’autre moyen de remonter aux vraies
caufes ? ou de prévoir les effets avec quelque certitude
, que de faire entrer dans le calcul des puifo
fances tous les rapports qui les modifient. C ’eft ce
qui m’a engagé à donner’ à cettç loi de la température
, des exprefîions moins circonfcrites, & qui
puffent s’appliquer à tous les cas poffibles.
Ce font là toutes les loix d’affinité que j’ai cru
pouvoir admettre : je n’ignore pas que l’on en a
propofé d’autres, & même quelques-unes qui ne
s’accordent pas avec celles - ci ; mais après ce que
j’en ai dit dans le cours de cette Seélion, il me refte
peu de chofes à ajouter pour achever de faire con-
noître les raifons qui m’ont décidé à les fupprimer ,
ou à les changer.
L’École de Stahl a long-temps donné pour axiome
que l’affinité étoit plus forte entre les corps qui re-
celoient des principes de même nature ; d’autre
part, quelques Modernes ont avancé que jamais
l’affinité n’étoit plus forte que lorfque les corps entre
lefquels elle avoit lieu, différoient plus les uns des
autres par leur nature. Je n’ai pas befoin de faire
remarquer la ‘ contradiction qui fe trouve dans ces
deux propofitions : elles font, d’ailleurs, toutes les
deux deftituées de fondement. La première, comme
le dit Bergman, eft le plus fouvent fauffe & contraire
a l’obfervation ( DiJJert. X X X I I I , §. ty) ; il
n’en faut d’autre preuve que l’affinité d’un compofè
avec un de fes principes, qui fe trouve communément
affez foible, & qui devrait toujours être très-
forte dans ce fyftême. La fécondé ne me paraît pas
mériter plus de confiance comme loi générale : il
eft bien vrai que les combinaifons que nous eftimons
les plus parfaites font, comme le dit M. de Four-
c ro y , celles qui réfultent de l’iinion des acides avec
: les alkalis, des acides avec les terres, avec les mentaux
, des alkalis avec les huiles, de l’alcohol avec
l’eau ; mais je ne penfe pas que nous foyons. affez:
avancés pour affirmer en- même temps , & que ces;
fubftances foient précifément celles dont la nature
eft le plus oppofée, & que les corps qui fe rappro—
• chent par un plus grand nombre de propriétés communes,
ne puiffent produire des corapofttions. aufli
intimes. Il faudrait pour cela avoir déterminé 8c
• comparé d’avance les degrés d’adhérence des prin—
: cipes de ces compofés & ceux des métaux entr’eux „
1 dans l'es alliages; ceux de l’eau avec les fols neutres
ceux dès acides avec l’eau : il faudrait pouvoir expliquer
dans cette hypothèfè pourquoi les. acides, fo
. déplaçait réciproquement r fans qu’il y ait la. moicK