
49* A F F tières qu’il faut détruire ou fcorifier pour obtenir
le fin. ■ . . . . .
Pour me conformer à l’ufage, je ne traiterai ici
que des procédés que l’on emploie pour retirer le
fin , c’eft-à-dire, l’or & l’argent purgés d’autres métaux
, mais non encore purs, puifqti’ils peuvent être
& font le plus ordinairement mêlés l’un à l’autre,
& que leur féparation exige une autre opération qui
porte le nom de déport ; on voit par-la que , fous la.
dénomination de fin , on devroit comprendre tous
les métaux parfaits, fixes au feu, & par confequent
la platine qui réfifte comme l’or & l’argent au travail
de l’affinage ; niais fa rareté eft caufe que Ton
ne s’en eft pas encore occupé dans cette opération;
je n’en parlerai donc que relativement à l’obftacle
qu’elle apporteroit à la féparation des deux métaux
précieux que l’on a uniquement en vue, me réfer-
yant de donner à l’article Platine, de même que
pour toutes les autres fubfiances métalliques , les
différentes méthodes de les purifier. Commençons
par jeter un coup d’oeil fur ce que les anciens ont
connu de l’art de l’affinage.
§ . I. De la manière dont les anciens ont pratiqué Vaffinage
, & des progrès de nos connoijfances dans cet
art.
L ’or & l’argent ayant la propriété de réfifter à la
calcination par le feu avec le concours de l’a ir , il
eft très-vraifemblable que cette obfervation, qui n’a
pu échapper aux premiers qui ont traité .ces métaux,
les a conduits à tenter leur purification pp- cette méthode
; mais il eft également certain qu’ils n’ont pas
tardé à s’appercevoir qu’elle laifloit néceffairement
une portion des métaux calcinables , qui fe trouvoient
à l’abri du'conta# de l’air par le métal noble qui les
çouvroit, & qu’ainfi elle ne donnoit qu’un affinage
très-imparfait. Ils.ont donc dû chercher d’autres procédés
pour rendre cette calcination complette. .
Il nous refte bien peu de lumières fur les progrès
des anciens dans cette partie de la Métallurgie ; cependant
il ne faut pas croire avec M. Macquer qu’ils
n’aient connu que l’affinage par le feu. M. Leonhardi
remarque très-bien que l’on trouve, dans les Ouvrages
qu’ils ont laiffés, des preuves qu’ils4ont employé des
moyens plus appropriés. Suivant T ite -L iv e (lib.
X X X I I ) , fous le Confulat de L. Lentulus & de
P. Vilius, c’eft-à-dire 199 ans avant J. C. les Carthaginois
ayant apporté pour la première fois a Rome
le tribut qui leur étoit impofé, les Quefteurs le re-
fufèrent, parce que l’argent n’étoit pas fin ; ils le
firent éprouver, il y eut un quart de déchet qu’ils
furent obligés de fuppléer par un emprunt : Quia pro-
bum non effet ( argentum ) Quafiores renuntiaverant,
experientibufque pars quarta décolla erat ; pecurûâ Romce
mutuâ fumptâ intertrimentum argenti fuppleverunt.
Diodore de Sicile, Strabon & Pline parlent également
de la purification de l’or & de l’argent, en
les traitant dans des creufets avec des fels , des terres
ghunineufes ou Yitrioliques, ou autres mélanges ; le
AF F dernier dit, à la vérité, que le feu eft l’épreuve de
l’or ( lib. X X X I I I , fetf. 19) > parce qu’il eft le feul
des métaux qui n’y perde rien ,' rerurn uni nihil in
igné dépérit ; maig il ajoute, quelques lignes plus bas:
ut purgetur, cum plumbo coqui, expreffions remarquables
& qui indiquent de la manière la moins
équivoque le travail de' la coupellation.
La pierre de touche étoit auffi en ufage du temps
de Pline ; il affure pofitivement dans la fe#ion 43
du même livre , que ceux qui- étoient exercés à s’en
fervir, déterminoient tout de fuite , & fans erreur,
ce qu’un alliage métallique contenoit d’o r , d’argent
& de cuivre.
Il indique pour l’argent un procédé d’effai (ƒ<$„
4 4 ) , qui confiftoit à en mettre un fragment fur
une lame de fer rouge ; s’il y confervoit fa couleur
blanche, il étoit jugé fin, & d’autant moins qu’il prenoit
une nuance plus approchant du noir.
Je trouve enfin un paflàge du même Auteur, qui
ne permet guère de douter que les Romains aient
pratiqué une forte d’affinage par l’amalgame, du moins
pour retirer l’or de divers ouvrages où il avoit été
employé ; c’eft dans la fe#ion 23 , où il dit, en parlant
du mercure : Ornnia et innatant proeter. aurum ,
id unum ad fe trahit, ideo & optimè purgatcoteras
ejus fardes exfpuens crebro jatfatu fiélilibus- in vafis.
Vers le milieu du X V I e. fiècle, George Agricola
publia une defcription très-détaillée des travaux métallurgiques
, d’après ce qu’il avoit vu pratiquer en
Allemagne ; ce qu’il dit dè la féparation de l’o r ,
de l’argent & du cuivre par le foufre, .par le plomb,
par l’antimoine crud ou mine d’antimoine, ainfi que
de l’effai des minérais fous la moufle dans des coupelles
( catitli cinerei) , prouve bien que ces procédés
étoient déjà très - anciens, quoique jufques - là ils
n’euflènt été confèrvês que par là tradition des ouvriers.
Peu de temps après, en 1569 , il parut à Madrid
un ouvrage de Bernard Perez de Vargas , contenant
quelques fecrets fur la connoiffance des minéraux,
où il eft auffi queftion de la purification des métaux
fins ; mais c’eft dans le traité d'Alonfe Barba , Cure
de Potofij que l’on trouve à ce fujet les détails les
plus Curieux > il enfeigne très-clairement la manière
d’affiner pour la fonte & pour l’effai avec la litfiarge
& le plomb, fiir la cendrée , jufqu’à l’éclair qu’il
nomme damafcos ; il s’étend particulièrement fur la
méthode de bénéficier les métaux par le mercure,
que l’on commença à mettre en ufage au Potoii en
1 <74 , pour féparer Vargent des minerais moulus en
farine ; il décrit les manipulations pour mettre l’argent
en pinas ou en pignes il recommande un procédé
de fbn invention pour bénéficier les minérais
par la coâion, c’eft-à-dire, en les fàifant bouillir avec
de l’eau, dans des vaifïeaux de cuivre dont le fond
étoit couvert de mercure ; en un mot, il trace dans
les termes les moins équivoques (Jiv. V. chap..f) les
principes de la féparation de l’argent & du cuivre
par l’opération que nous nommons liquation. •
En fe rapprochant davantage de notre temps, on
A F F «•cuve les ouvrages de Homberg, de Schmdler, de
Henekel.feSchluucr, de Cramer, de LeMs, de Hejr
l „ T de Pinus , de M. TilletH &c. qui font remplis
d’obfervations exa#es & de vues ingenieufes pour
nerfeftionner l’affinage, principalement dans le tra-
vail en grand ; cependant nous verrons qu il relte
encore à appliquer à leurs procédés quelques principes
qu’ils n’ont pas connus, quelques-unes de ces
vérités que la Chymie des gas nous a rwelees , &
qui font deftinées à compléter ou a redreffer la théorie
des opérations les plus familières. x
En terminant ce coup d’oeil hiftorique du progrès
de nos connoiffances dans l’art de féparer les métaux
fins, je ne dois pas omettre le procédé découvert
nouvellement par le célèbre de Born, pour retirer
avec plus d’économie, par le mercure, le fin
des minérais chargés de cuivre. Voye^ A m a l g am e .
g.. IL De ! objet & des procédés de Vaffinage.
On fe propofe, comme je l’ai dit , dans cette
opération, de féparer le fin ou les métaux fixes parfaits
, des métaux imparfaits ; l’affinage fuppofe donc
un mélange d’un ou de plufieurs métaux fins avec
d’autres matières métalliques ; que ce mélangé loit
natif ou fait par l’a r t, que l’on cherche a produire
cette féparation fur de grandes maffes , comme dans
les fonderies, ou fur de très-petits fragmens, comme
pour Vejfai, il n’ùnporte, le but eft le meme, oc
les procédés ne varient que relativement a la qualité
des métaux alliés, à leur multiplicité, a leurs
proportions. Tout confifte donc a choifir les moyens
qui conviennent dans les diverfes circonftances, pour-
obtenir, avec moins de perte & à moins de fiais ,
l’affinage le plus complet ; c’eft par l’examen attentif
de ce qui fe paffe dans ces opérations, que Ion
peut y parvenir.
I. Lorfqu’on expofe à l’a#ion du feu, avec le concours
de l’air , un alliage de métaux fins & de métaux
ùnparfaits , ces derniers fe réduifent en chaux;
les Stahliens difent qu’ils perdent le phlogiftique ou
principe métallifànt ; ceux qui ne croient pas au phlogiftique
, penfent que cet état de chaux dépend uniquement
de la combinaifon de ces métaux avec lair
vital : j’ai déjà annoncé que je regardois comme
effentiel le concours de ces deux caufes. Mais quelque
hypothèfe qu'on admette, il eft bien prouve
que l’a ir , ou une partie de l’air, fe fixe reèllement
dans les chaux métalliques & en augmente fenfi-
blement le poids ; cet effet, qui dépend d une affinité,
exige le conta#, & comme il n y a , dans le
cas particulier, de conta# qu’a la fùrfàce, comme
l’obftacle au conta# de l’air & du métal imparfait
augmente à mefùre que la proportion du métal noble
devient plus confidérable, il fuit que, par ce procédé,
on peut bien diminuer la quantité de métal
imparfait ; qu’à chaque calcination on en fait paffer
une portion à l’état de chaux ; mais qu’il feroit impof-
tible d’obtenir un affinage complet, quand la depenfe
A F F 493
du combuftible néceffaire pour ces calcinations répétées
ne fuffiroit pas pour décider a preferer une
. autre voie.
M. Macquer affure avoir vu de 1 argent allie de
cuivre expofé pendant plus de fbixante heures a un
feu de verrerie , fans qu’il fut entièrement affine. ;
Il peut cependant y avoir des cas ou cette calcination
deviendroit, à l’aide d’une manipulation appropriée
, un bon moyen d’affinage ; par exemple,
pour la platine, qui n’étant pas, à beaucoup près,
auffi fufible que l’or & l’argent, peut être tiree
du feu en état d’incandefcence., & tourmentée par
le marteau jufqu’à ce qu’elle ait prèfenté au conta#
de l’air toutes les parties calcinables dont elle .le
trouve alliée. C ’eft une vue très-ingénieufe qui m’a
été communiquée par M. Lavoifier, d apres quelques
effais qui lui ont réuffi , & qu il fe propofe de
développer. Voyeç Pl a t in e .
II. Le fécond moyen d’affiner le plus en ufage
eft la coupellation.
Pour retirer le fin par la coupellation, on ajoute
à l’alliage, fuppofé qu’il n’en porte pas lui-même
en fufmante quantité, un métal qui fe vitrifie facilement,
qui ait la propriété de fcorifier tous les métaux
imparfaits ; on met cet alliage dans un fourneau
fur un vaiffeau non couvert, qui puiffe abfbrber, du
moins en partie, les chaux métalliques vitrifiées, &
on entretient le feu jufqu’à ce qu’il ne refte que^ le
fin. Voilà en général toutes les conditions de l’opération
que nous allons reprendre en detail.
Le plomb & le bifnuth font jufqu’à préfent les feuls
métaux dont on ait fait ufage pour la coupellation.
Le plomb fe trouvant plus abondamment, étant le
plus fouvent mêlé naturellement aux matières qu’il
faut affiner , on s’en fert auffi le plus habituellement.
C’eft M. Dufay qui a le premier fait connoître, en
1727, que le bifmuth pouvoit y être employé de
même que le plomb, ce qui a été confirmé depuis
par les expériences de Pott, de Geoffroy fils, de M.
Sage & de plufieurs autres Chymift’es. Quoique ces
deux métaux paroiffent avoir à un degré à peu près
égal les propriétés vitrefcible & vitrifiante, on a
néanmoins obfervé de légères différences dans leur
manière d’agir ; j’en ferai mention après avoir décrit
la coupellation par le plomb, afin que Ion puiffe,
fuivant l’occafion, & dans des expériences délicates,
choifir celui de ces intermèdes qui fera le plus convenable.
. JM» *
Nous verrons à l’article ejfai, q u e , quand il s agit
de déterminer la valeur d’un alliage, la quantité de
métal vitrifiant doit être dans des proportions exa#es
& connues , foit pour s’affurer qu’il fuffira à la
fcorification de tous les métaux imparfaits , foit pour
déduire le fin qu’il doit lui-même laiffer dans le
bouton de coupelle ; mais lorfqu’on n’a en vue que
I l’affinage, la feule attention que l’on doive avoir eft
j qu’il y ait environ huit parties de métal vitrifiant
pour chaque partie de métaux imparfaits à fcorifier.
j La forme & la matière du vaiffeau dans lequel