
l’accompagne toujours dans les autres procédés,
je veux dire de l ’acide ourétique , qui ne donne point
de phofphore avec les matière^ phlogiftiques, &
que M. Bergman propofe de regarder lui-même
comme une efpèce de foufre ou compofé phlogif-
tique qui mafque fes propriétés ; mais on peut, a
un certain point, féparer cette fubftance du vrai
phofphate ammoniacal,parce que les cryftaux qu elle
donne fe diftinguent par leur efflorelcence, & fe
réfol vent en pouffière à l’air libre. -Voyeç A cide
OURÉTIQUE.
En rejeftant dans l’acide vitriolique la mat-iere
qui eft reftée fur le filtre , il eft facile de la dé-
compofer à fon tour pour l’opération du phofphore ;
il n’y a donc rien de perdu dans cë procédé, puisqu’on
n’emploie pas même autant d’alkali volatil
qu’on eft obligé d’en ajouter dans les évaporations
de l ’urine pour donner une bafe à Yaçide phofpho-
rique,
Enfin cette facilité de fe procurer auffi économiquement
le phofphate ammoniaeal , nous offre
un nouveau moyen d’avoir plus abondamment &
à moindre prix 1 * acide phofphorique libre & affez
pur , finon pour des expériences délicates, du moins
pour d’autres ufages, il faudra feulement avoir attention
de ne le pouffer au feu, comme M. Wiegleb ,
qu’au tant qu’il eft nécefTaire pour en dégager la bafe
alkaline volatile , fans le porter à l’étar de yferre
infol uble.
IX. Le réfidu de l’opération du phofphore tiré
des os a été peu examiné, & il mérite de l’être
pour déterminer la quantité d’acide ourétique qu'il
contient, & au’on n’a encore eflimée que par la disproportion
du produit en phofphore avec la quantité
de verre phofphorique’qu’on à employée, ce
qui peut être tiès-fujet à erreur. La partie faline
de ces réfidus eft foluble dans Veau bouillante,
quand on a mis affez de charbon pour s’oppofer à
une vitrification entière fur les parois de la cornue ,
& fur-tout quand le verre phofphorique a été bien
dépouillé de félénite & de phofphate calcaire ; s’il
y refte une certaine quantité de ces fels terreux ,
on ne trouve dans le réfidu que des globules de
verre laiteux qui éludent abfolumentl’aélion de l'eau
bouillante : j’en ai vu de cette efpèce qui, projettés
dans le nitre ou l’alkali fixe pur en fufion, n’ont
pas été attaqués, & fur lefquels l’acide vitriolique
lui-même n’avoit point d’aélion fenfible ; c étoitun
mélange de félénite & de phofphate calcaire ou
terre offeufe complettement vitrifiés avec la fubftance
ourétique ; cela peut dépendre en partie de
la violence du feu employé dans l’opération du
phofphore.
M. Nicolas eft le feu l, que je fâche , qui ait donné
quelque attention à l’état de la pouffière de charbon
qui refte dans la cornue : elle n’avoit plus (ditril)
la propriété dé brûler avec flamme , comme la poudre
de charbon ordinaire , ce qui prouve la décompofition
du charbon par /’acide phofphorique qui le réduit
prefque à l ’état terreux, U eft bien plus vraifemblabi# ,
que c’éft l’aélion du feu long-temps continue a un
degré très-fort qui l’a fait paffer à l’état de plombagine
; c’eft un phénomène qu’il importe de vérifier.
Voye£ Plom b ag in e .
§. Y » De la purification du phofphore,
De quelque manière qu’on ait procédé pour obtenir
le phofphore , foit de l’urine , foit des <5s , il a
befoin d’être purifié, fur-tout celui qu'on retire de
l’ urine , qui eft toujours noirci & mêlé de plus de
matières étrangères. On le re&ifioit anciennement
dans une petite cornue de verre, à laquelle on ajuf-
toit, comme pour la diftillation , un récipient à moitié
plein d’eau ; cette opération réuffit en effet a
une doucç chaleur, parce que le'phofphore- une
fois formé eft très-volatil; cependant quelques précautions
que l’on prenne , il fe détruit toujours une
partie du phofphore , & on a reconnu qu il fumfoit
de ramollir dans l’eau chaude le produit de la première
diftillation pour en féparer les impuretés <3&
; le mouler tout de fuite 5 voici le procédé. Après
avoir fait tomber dans l’eau du. récipient tout ce
qui s’étoit attaché à fa partie fupérieure &. au col
de la cornue, on verfe tout dans une grande terrine
, on fait entrer dans un matras le phofphore
qui fe tient à la furface dé l ’eau, ainfi que celui
qui tombe au fond; on couvre ce matras, qui doit
être à moitié plein d’eau , avec du papier, & oa
le tient pendant quelques heures dans 1 eau chaude,
un peu au-deffous'du degré de l’ébullition. L e
phofphore étant liquéfié &. réuni en une feule maffe,
on le jette dans une terrine remplie d’eàu , en
• pbfervant de plonger le col du matras ou de la bouteille
dans l’eau avant de verfer le phofphore , ou
encore mieux , d’acheyer de remplir auparavant la
bouteille d’èau chaude ; fans cette précaution, le
phofphore potirroit s’enflammer Sc occafionner un
accident , s’il y en avoit une certaine quantité,
Lorfque le phofphore eft figé , ce qui ne tarde pas,
on le coupe en morceaux longs & déliés pour le
faire entrer dans des tubes de yerre remplis d’eau ,
bouchés à l'une de leurs extrémités par un liège ;
ces tubes doivent être un peu coniques, pour qu’on
puiffe les dépouiller facilement. Les tubes ainfi
remplis de phofphore font placés au bain-marie
dans une curcubite de verre , où on fait chauffer
l’eau prefque jufqu’à ébullition pendant quatre à
cinq heures. Dans cette opération , le phofphore
fe liquéfie & fe moule dans les tubes ; comme il
eft plus pefant que les matières hétérogènes avec
lefquelles il eft mêlé , il s’en fépare infenfiblement ,
il s’élève au-deffus upe matière rouge , qui eft du
phofphore à moitié décompofé par la combuflion ;
le phofphore pur, tranfparent, prefque-fans couleur
, occupe la partie inférieure, Quand les tubes
font réfroidis-, on en fait fortir le phofphore qui a
pris la forme de petits cylindres.
M. Nicolas-, de qui j’ai emprunté une partie de
cetre manipulation, dit que les hétérogénéités tjuj
fe trouvent dans le phofphore, & qui lui donnent
une couleur rouge font dues à une portion de fer
réduite en état de chaux, par la combuftion inévitable
d’un peu de phofphore pendant fa diftillation ,
& qu’il s’en eft affuré , en faifant enflammer du
phofphore coloré dans un creufet avec un peu d’alkali
pour faturer Yacide phofphorique, faifant enfuite
brûler de l’huile fur le réfidu , & y portant enfin
le barreau aimanté qui en à attiré une partie. Je
ne veux pas nier qu’il puiffe fe trouver accidentellement
quelques parcelles de fer dans le phofphore
; mais pour que ce métal pût être regardé
comme la vraie caufe de la couleur rouge, il fau-
droit que ce fût en effet la couleur propre de fes
combinaifons, foit avec le phofphore même, comme
dans le fydérôt'ete , qui eft une pyrite phofphorique
martiale , foit avec l’acide, comme le phofphate
martial, & c e fi ce que l’on n’obferve pas. Au contraire
, il pû aifé de s affure r que le phofphore peut
e»re converti prefque en totalité en cette matière
•rouge opaque, lorfqu’on le brûle rapidement, &
fans donner à l’air le temps de Je décompofer. Le
phofphore qui a été akérépar Je feu Q dit M. Sage)
eft pulvérulent, il ne peut plus fe fondre , il n’eft
que très-peu lumineux dans l’obfcurité; on le fépare
âifément par la fufion au bain-marie, parce
qu il eft plus léger, &, quand on a entretenu cette
liquéfaction pendant une heure, on obtient un
P -ofphore d un blanc citrin, tranfparent ,.qui confèrve
cette tranfparence, fi on le garde dans les tubes
où il a été moulé, en obfervant d’en fermer les
extrémités avec des bouchons de liège. Mém, de
l ’Acad. roy. des Sciences , ann. 1780.
On eft dans 1 ufage de conferver le phofphore dans
des flacons remplis d’eau, & il eft bien certain
que l’eau devient un peu acide à la longue , que
le phofphore blanchit à fa furface ; mais il n’eft pas
encore qüeftion des propriétés de ce foufre ( Foyer
PHOSPHORE ) : j ’ai été forcé de placer ici là préparation,
puifque c ’eft une opération préliminaire
pour obtenir l’acide ; il eft temps d’indiquer la manière
de le faire paffer à cet état.
$• VI. De la manière de retirer l’acide du phofphore.
Au temps de M. Hellor, on croioit que la dé-
îiquefcence du phofphore écoir une vraie diflolution
déterminée par la ténuité des particules aqueufes
en l’état de vapeur, & pat ce que fon principe inflammable
fe diffipoit.
J annonçai en 1772. qu il y avoit une augmentation
de poids crès-fenfible dans le réfidu du phof- '
pbore après fa combuftion milantanee {digreff.aca- \
démiques, &c. ) ; mais j’etois bien éloigné de favoir I
quelle en éioit la véritable caufe ; il eft facile de j
l ’indiquer aujouid’hui y d’après les travaux des C hy- 1
miftes fur les gas.
C ’eft un principe que j ’ai déjà établi , que les I
foufres ne paffent à l’état d’acide qu’en ablorbant
& fixant une certaine quantité d’air vital principe
acidifiant; voila précifément la condition effemielle
pour obtenir l’acide du phofphore, & la caufe démontrée
de l’augmentation de poids.
.Cette condition peu s’accomplir de plufieurs mâ-
n 1er es ; il y en a trois fur-tour qui méritent'd’être
dminguées ; favoir , la déflagration, la combuflion
lente , & Yaffinité par la voie humide.
La déflagration eft une combuftion vive & rapide:
fi on met du phofphore dans un vaifïèau oà
il éprouve, foit naturellement, foir artificiellement,
une chaleur sèche d’environ vingi-quatre degrés
il s enflamme de lui-même avec une forte d’explo-
fion , le fond du vafe fe trouve couvert d’une matière
blanche flocconneufe qui pèfe plus du double
du phofphore qui attire très-promptement l’humi-
rïjré de 1 air , & qui fe réfout enfin en liqueur ;
c eft Yacide phofphorique par déflagration. On peur,
fans attendre fa déliquefcence , verfer fur ce réfidu
une certaine quantité d’eau qui la diffout très-promptement,
à la réferve d’une portion de matière jaune-
orangé, qui eft du phofphore non décompofé, Si
qui refte fur le filtre.
Cette opération a été décrite par le célèbre Mar-
graff, qui a de même obfervé une augmentation de
poids, la matière étant encore chaude 3 c’eft fur la
leffive de ce réfidu concentrée par la diftillation du
flegme qu’il fit les premiers effais de fes combinaifons.
La méthode indiquée par M. Lavoifier , & qui
lui à fervi a produire l ’acide employé dans fes expériences,
appartient encore à cette efpèce de combuftion
: elle confifte à brûler le phofphore à l ’aide
<Tun verre ardent, fous une cloche de verre plongée
dans le mercure ; il fe forme une très-grande
abondance de floccons blancs qui s attachent de
toute part aux parois de la cloche ; c ’eft l’acide
concret qui fe réfout prefque fur-Ie-champ en li~
q«eur lorfqu’il a le conta# de l’air , & il en réfui ce
un acide très-concentré & très-pefant, qui a l ’ap-
parence huileufe de 1 acide vitriolique concentré
& n’a pas plus d’pdeur. ( Mém. de l ’Acad, roy, des
Sca. nn. 1777, )
Si l’on ne veut pas avoir l’acide auffi concentré
le même Académicien indique un procédé moins
- embarraffant & plus expéditif : « C'eft de brûler le
» phofphore fous de grandes cloches de cryftal
» dans l’intérieur defquelles on a promené un peu
» d eau diftillée; lorfque les vapeurs formées par
» une première combuftion font diffipees on in-
» troduit fous la cloche une nouvelle quantité de
» phofphore qu’on fait brûler comme la première
» & on procède ainfi de fuite , pendanr nlufieur»
» jours , jufqu’à ce qu’on ait raffemblé la quantité
» d’acide phofphorique dont on a befoin »,
Si ce procédé a l’avantage de donner en pende
temps de 1 acide phofphorique, nous verrons que cet
acide tient en dillolution une quantité affez confi-
dérable de phofphore non décompofé qui altère fes
propriétés.