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queur chaude ou froide fur quelques fubftancés dbnt
on veut extraire un . principe médicamenteux : cette
opération eft inftantanée ; ainfi, elle diffère de l’in-
ftifion qui indique toujours un temps plus ou moins
long. L ’affufion eft le plus ordinairement fuivie de
Finfufion ; mais quelquefois elle fuffit feule, 8c elle
convient quand U. s’agit uniquement .d’extraire un
principe médicamenteux facilement foluble,peu adhérent
ou fugace, ou bien quand il fuffit d’avoir Une
liqueur légèrement chargée du principe médicamenteux.
Ainfi, pour corriger la faveur 8c l’odeur dé-
fagréable d’une potion purgative , on la verfe chaude
fur du cerfeuil, ou du fenouil frais 8c haché. Cette
fimple affufion fuffit pour entraîner la partie aromatique
des plantes. D’autres fois on prépare des boif-
fbns par fimple affufion de la manière fuivante. Dans
un entonnoir garni d’un filtre, on met quelques
pincées de menthe, deméliffe ou de quelque autre
plante aromatique, on y verfe demi-livre d’eau
chaude , & on recouvre l’entonnoir avec un difque
de verre; la liqueur qui fe filtre fur-le-champ formé
une boiflon légère, agréable & chargée de la partie
odorante des plantes.
On fait également une affufion de vin fur de
l’abfmthe , de petit-lait fur le crèffôn, le cochlea-
ria pilés, ou fur queîqü’autre plante anti-fcorbu-
tique«, dont le principe eft volatil 8t facilement
folubie.
A F R A G A R . Rouille des métaux en général &
particulièrement la rouille ou chaux de cuivre.
A F R O B. C ’eft une des dénominations que les
Alchymiftes donnent au plomb ; corpus intmundum,
difent Rularidus & Johnfton.
AGALLOCHUM. ( Pharm. ) Bols réfineux, aromatique
, pelant, d’une faveur agréable , balfamique,
légèrement amère , ainfi nommé par Diofcoride, dé~-
figné enfuite par Aétius & Aéfuarius fous le nom
de Xil-Aioès-, par lés Arabes fous celui d'Agalagen,
Agdlugi, & plus ordinairement connu dans le Commerce
& les Pharmacies fous le nom de bo is d ’A -
LOÈs. Voy. ce mot.
A G A R veut dire chaux, fuivant Johnfton.
A G A R IC . ( Pharm. ) On connoît en Pharmacie,
fous le nom d’Agaric, trois fubftancés très-différentes
par leurs propriétés, l’ufage 8t les préparations qu’on
doit en faire.
§ . I. L ’A g a r ic ou A g a r ic b l an c , A yapixlv
ides Grecs, eft un fiingus qui croît fur le tronc des
vieux Mélèzes qui ceffent de fournir-de ia_théré-.
bentine. Les anciens Ecrivains étoient fort incertains
fur la nature de cette fubftance; tous reconnoiffoient
bien qu’elle appartenoit au règne végétal ; mais les
lins la regardoient conime une eXcrefcence acciden-
tçlle, formée par l’extraya^on dés fucs- sêvêux de-
A G A
l’arbré , d’aiitrès comme une forte de fruit, quelques*
uns comme une racine. Aujourd’hui les Botaniftes
rangent l ’Agaric dans la claffe des , plantes cryptogames,
Linné l’a décrit, fous le nom de B oie tus
Laricis , le Bolet du Mélèze.
Les Pharmacologiftes difent que l’Agaric eft ainfi
nommé, parce qu’au rapport de Diofcoride on le
tiroit d’un caiiton de la Sarmatie , nommé Agarie
ou Agrie. Quoi qu’il en foit, on trouve l’Agariç
dans tous les endroits où le Mélèze croît abondamment.
On eftime fur-tout celui qui vient du Levant
, de la Tartarie, de la Sibérie ; mais celui qui
eft le plus ordinairement dans le Commerce vient
principalement de la Sicile, des Alpes, du Dauphiné
; on ie trouve en maffes arrondies depuis le
volume d’un oeuf jufqu’à celui du poing, 8c même
plus. On doit choifir pour l’ufage pharmaceutique
celui qui eft blanc , . léger, fpongieux, friable, fa-?
, cile à caffer, fans odeur défàgréable 8c d’un tiffu
uniforme. On doit rejeter comme mauvais celui qui
eft dur, ligneux, fibreux, pefant, compaéf, carié,
d’une couleur grife , brune ou noirâtre.
« Il n’eft pas inutile de favoir, dit Mi Lieutaud,
» qu’on peut donner à la racine de Bryone un afped
» d’Agaric , & que cette fraude n’eft pas rare dans
» Je Commerce ; mais , comme le remarque fort
bien M. Baumé , cette fubftirution eft trop groffière
pour que les gens de l’Art piaffent y être trompés.
En effet, outre les caraâères extérieurs que nous
avons indiqués pour reconnoître l’Agaric , cette fubf-
tance a une faveur particulière qui la fait aifément
diftinguer.
Lorfqu’on met à la bouche un morceau d’Agaric,
on y trouve d’abord une faveur douce, mais bientôt
on, y reconnoît une amertume affez marquée 8c un
•goût nauféeux ; 8c fi oh continue à mâcher de l’Agaric
, on éprouve à la gorge une forte de chaleur
qui oblige de cracher foirvent ; effets qui indiquent
manifeftement une aéiion ftimulante. fur les organes.
L’analyfe, s’il en étoit befoin, ferviroit auffi à
fiiire reconnoître l7Agaric, & à le diftinguer de toute
autre fubftance. L’infufion de Jalcohol ;tire de l’Agaric
une grande-quantité d’une réfine âcre 8c nau-
féeufe, l’infufion aquéufe rie fe charge que d’une
petite quantité de parties extraélives. Voy, ALCOHOL
8c EXTRAIT.
L’ufage de l’Agaric eft fort ancien dans la Médecine.
Les premiers Grecs le recommandent beaucoup,
fur-tout dans les maladies, de. la tête, l’épilcp-
fie , l’afthme, la fciatique, enfin , dans toutes les
maladies qu’ils croyoient dépendre de l’abondance de
la pituite, ils l’employoient auffi comme alexitère, &
;c’eft à ce titre que Galien confeille d’en faire prendre
un gros délayé dans du vin , contre les morfüres des
animaux venimeux ; il en recommandoit auffi l’ufage
topique dans ce cas. Avicenne regardoit l’Agaric
pris :à> petite dofe comme un très-^on incifif ; cependant,
le plus grand nombre des Médecins Arabes
l’employoit comme purgatif & évacuant des humeurs
férqpfes & pitujteufes ; c’eft d’après ces différente^
A G k
propriétés attribuée^ à l’Agaric, qu’on- l’a faît entrer
dans quelques cornpoSitions officinales alexitêres, &
dans un plus grand' nombre d’autres cornpofitions
officinales purgatives. Aujourd’hui il eft peu ufité
dans les cômpofitipns. cliniquescependant, .quelques
Praticiens le prefcrivent encore à la dofe d’un on
deux gros dans les infufiôns ou décoélions purgatives;
mais ori ne l’emploie pas, 8c on ne doit jainais remployer
feul à:titre de purgatif, ni en décoéfion , ni
fous, forme de bol, oc encore moins en pondre,
i°. Comme il contient beaucoup de réfine, les décodions
feraient fort infidelles & la dofe du remède
fort incertaine ;. 2°. fi on le prefçrivoit à titre de
purgatif 8c fous forme, de b o l, il faudrait le. donne?
au moins à la dpfe d’un gros 8ç demi ou deux gros,
ce qui ferait uiie maffe aflez confidérable ;. mais outre
le défàgrément du volume., comme la réfine pft acre
& peu foluble dans l’eftomae., elle adhère à fes parais,
excite, toujours des naufées , fouvent; des douleurs
très-vives 8c la fuperpurgation ; : 30. fi on le donne
en poudre, il s’arrête dans,la. gorge , y excite une
chaleur infupportable, qui, dit M. Yenel, va1 quelquefois
jufqu’à l'inflammation; & à des naufées. Ces
inconvéniens ont fait penfor. aux Anciens que l’A garic
a voit befoin de quelques corredifs, & c’eft
dans ces vues qu’on a imaginé la préparation connue
en Pharmacie fous le nom de T rochisques d’A garic.
Voy, ce mot.
La pulvérifation de l’Agaric exige ■ quelques précautions
que nous indiquerons à l’article Troçhifques,
nous ferons feulement rémarquer ici que ceux qui
pilent ou tamifent une .certaine quantité. d’Agaric fans
avoir l’attention d’éviter la pouffière fine que le mouvement
en dégage, éprouvent despicotémens au nèz,
aux yeux , à la gorge, fouvent des éternuemens,
un larmoiement, quelquefois de la toux, de l’op-
preflîon, un fentimen.t de chaleur qui dure plufieurs
heures; nous rapportons ici ces faits, pour faire fentir
quel eft l’effet ftimulant de l’Agaric, & combien l’u-
fage de ce remède mérite l’attention du. Médecin.
Nous terminerons ce paragraphe en obfervant que
l’Agaric, lorfqu’il eft à l’abri de. la pouffière, de
l’humidité & des infedês , peut fe. conferver plufieurs
années fans que fes propriétés foient fenfiblement
altérées. Jacq. Sylvius dit qu’il peut fe conferver
cinq ans.
, §• II. L’A gARIC DE .chêne , Boletus-, igniarius, :
■ Linn. dk un fùsgus qui croît nonnfeulement fur le
tronc des vieux chênes ; mais encore fur celui de beau- i
coup d’autres arbres , tels que l’amandier, le noyer,
le bouleau, le hêtre, &c.-Pour l’ufagé quel’oii en fait,
tous ces fungus font également bons lorfqu’ils font
mois , fpongieux & bien préparés ; auffi il nous paraît
plus convenable de défigner cette efpèce d’Agaric,
lous le nom d’Agaric. fpongieux, ou Amadouvier : dénomination
qui a été employée par quelques Ecri^
Vains, parce que depuis très-long-temps ces Agarics
fervent a la préparation de i’amadou.
fCe n’eft que depuis 1750 que l’Agariç fpongieux
eft connu dans la matière médicale & préparé dans
les Pharmacies. M. Brofïàrd, Chirurgien François,
le propofa comme un topique propre à arrêter fû-
rernent & facilement Jes hémorragies des plus gros
vaiffeaux ; des épreuves multipliées après des opérations
de. l’anevrjfme & des amputations de membres,
en ayant confirmé l’efficacité , méritèrent à l’Auteur
une recbmperife du Gouvernement ; depuis ce temps
l’Agaric;fpongieux a été généralement employé finon
comme un fpécifique, au moins-comme un moyen
avantageux dans .plufieurs cas d’hémorragies.
Végétant fur le tronc des vieux arbres, l'Agaric
eft compofé de deux fubftancés très-différentes ; Pune
blanche., dure, lignèufe, en fait l’écorce ; l’autre
intérieure eft Jaunâtre, molle, flexible , pliante comme
îfj Peau* doit, cueillir ces- fungus au mois
d’Août ou de Septembre ; & lorfqu’ils font fecs, la
i préparation confifte à détacher foit avec un couteau,
I foit avec une fcie, l’écorce dure & ligneufe ; oii
f confetve que la fubftance molle, fi elle eft fort
épaiffe , on ia partage avec'un couteau en lames de
j tr°is ou quatre lignes« d’épaiffeur, puis on la bat
avec un marteau fur un billot de bois , & de temps
| en temps; on la frotte entre les mains1, & on cohti-
I nue à la battre, à la frotter jufqu’à ce qu’elle ait
| acquis une foupleffe, une mplleflè fpongieufe, &
qu’elle fe déchire avec facilité.
Quelques Pharmaciens ont cru inutile de commencer
par enlever l’écorce de l’Agaric, penfant
que l’écorce fe brifant fous lé marteau , s-eh fépare-
roit en poudre ; mais nous Croyons , avec le favant
Traduâeur de la Pharmacopée de Londres , qu’il
vaut mieux'détacher cette« écorce avec un couteau.
On a confeillè auffi d’emplôye? un marteau de fer,
mais on fe fert également d’un marteau de bois, 8c
le point eflentiel confifte à donner à l’Agaric la mol-
leffe, la foupleffe la plus grande.
L Agaric, a été mis, par le plus grand nombre
des Pharmacologiftes , dans là claffe des médicamens
ftyptiques 8c aftringens ; mais il n’eft ni l’u n , ni *
l’autre. Les Chirurgiens qui ont eu occafion de s’en
fervir , ont obfervé depuis long-temps que fes effets
font purement méchaniques. G ’eft un corps fpongieux
qui adhère facilement aux parties fur lesquelles 011
l’applique , qui fe moulant-exactement à la forme des
parties, permet une compreffion égale ; auffi tous le*
corps fpôngieux produiront-ils le même effet, 8c M.
Baumé remarque fort bien que « les Chirurgiens qui
” ont fait des effais fur différentes matières pour arrê-
f| ter le fang , ont remarqué que là raclure de cha-
» peau 8c la laine cardée au point d’être prefque
« réduites en pouffière , produisent les mêmes effets
” qne le fungus de chêne ; mais cette dernière fubf-
« tance eft préférée à caufe de la commodité de fe
« la procurer. » Voyeç les mots éponge , LYCG-<
PERDON.
L’efficacité de l’Agaric fpongieux dépend beaucoup
de fa préparation ^ 8c encore plus de la manière dont
il eft applique, dont il eft fbutenu ; ces détails appartiennent
au Dictionnaire de Chirurgie, nous nous