
Ï7<î A F F dre apparence que leur nature Toit plus oppofée à
celle de la bafe; pourquoi , dans le sb afes , la fu-
périorité appartient, tantôt aux alkalis, tantôt aux
terres ; pourquoi les métaux ne s’uniffent aux acides
qu’après qu’ils fe font approchés eux-mêmes, de l’état
d’acide par une première compofition ; comment il
fe peut, enfin, que quelques liibftançes métalliques
foient tantôt de nature oppofée aux acides, pour
leur fervir de bafe, & tantôt de nature oppofée
aux alkalis, pour les neutralifer. Difons plus, cette
généralité eft inconciliable avec quelques-unes des
plus importantes découvertes de notre temps ; fui-
yant lefquelles, nous verrons que l’acide , nitreux &
l’alkali volatil, les acides & les chaux métalliques ,
Peau & l’alcohol ont un de leurs principes communs.
Il eft prouvé par un grand nombre d’obfervations
que, lorfque deux ou plufieurs corps s’unifient par
affinité a leur température change dans l’infiant de
leur union ; mais fi cet effet n’eft pas confiant &
îîécefîaire, la multiplicité des exemples ,ne fuffit pas
pour établir une loi. On fait que pendant la diffolu-
tion du méphite de foude par l’acide nitreux, il y
a chaleur on froid produits, fuivant la concentra-
tion de l’acide ; il peut donc y avoir un point où la
quantité de chaleur dégagée correfponde exactement
à la quantité de chaleur abforbée ; & la loi qui an-
nonceroit abfolument un changement de température
, fe trouverait fauffe dans ce^cas, ainfi que
dans beaucoup d’autres dont la pofîibilité n’eft pas
moins évidente.
Tous les corps ne s’attirent pas àVec une même
force, tous n’ont pas une égale affinité ; s’il en étoit
autrement, il n’y aurait plus ni décompofition, ni
combinaifon nouvelle ; la nature feroit morte, o u ,
fi l’on v eut, dans un repos abfolu. Cqtte vérité tient
donc auffi eflèntiellement à l’ordre phyfique , qu’il
eft effentiel que la denfité d’une fubftance foit en
proportion de la quantité de matière contenue dans
un efpace donné -; mais il ne fuffit pas qu’une pro-
pofition foit vraie pour en former une règle de méthode
; celle-ci ne ferviroit qu’à faire croire qu’il
eft impofiible que deux corps aient précifément.la
même tendance à s’unir à un troifième, ou que
deux corps aient entr’eux le même degré d’affinité
que deux autres corps auffi entr’eux. O r , ces généralités
ainfi converties en propofitions affirmatives,
pourroient fe trouver tout auffi fauffes que celle
qui affirraeroit que deux corps ne peuvent avoir la
même denfité, ou toute autre propriété commune
an même degré.
Quant à la manière de mefùrer cette force d’affinité
que manifeftent les différens corps, c’eft là
véritablement ce que l’on doit attendre de la mé-
A F F thode, & je Croîrois avoir fait la chofe la' plus im*
portante aux progrès de la Chymie, fi j’étois parvenu
à donner fur ce fujet une règle fûre ; mais j’ai
formé la réfoiiition de ne rien hafarder, autant qu’il
me feroit poffible , & l’on verra dans la SeClion fui,
vante qu’il offre plutôt matière à difcuffions, que
dés prmcipes pour afîèoir une loi générale.
T r o i s i è m e S e c t i o n .
De Ici manière de conjîdèrer les affinités pour en défera
miner la puiffance.
J’ai déjà obfervé que la Table d’affinités de Geoffroy
, ainfi que toutes celles qui ont été conftruites
après lu i, fur le même plan, indiquoit feulement le
rang dans lequel les fitbfiânces dévoient être placées
à raifort de leur plus ou moins grande affinité avec
un autre corps, & non des rapports déterminés que
l’on pût taire entrer dans tous les. calculs où l’on a
befoùi d’évaluer, au moins comparativement, ces
forces. C’eft en ce fens que le célèbre Kirwan a dit,
avec grande raifon, que nos Tables d’affinités mériteraient
plutôt d’être appellées Tables des précipitations $
car il eft évident qu’elles n’expriment en effet 4en
autre chofè, .finon que la fubftance placée au premier
rang , dans chaque colonne, précipite la fubftance
qui eft placée en fécond ordre, & ainfi fuc-
ceffivement.
On doit fe garder néanmoins de conclure de là
qu’il faille abandonner cette méthode, ce feroit une
grande erreur. Les premiers Chymiftes n’ont pu
avoir d’autre bouflble pour découvrir les affinités ;
dans des recherches auffi obfcures, ç’eft beaucoup
que.de conftater des inégalités en plus.& en moins,
même fans déterminer exactement les différences ;
l’obfervation d’un corps déplacé par un autre ,. devient
la preuve d’une affinité viâoriçufe ; de deux
corps préfentés libres à un troifième, l’un eft adopté
, l’autre exclus ; voilà la preuve indubitable d’une
affinité d’éle&ion. Je doute que nous parvenions à
trouver nous-mêmes une méthode plus fûre, ou du
moins qui nous difpenfe d’en vérifier l’exa&itude
par ces deux réfultats décififs. Mais enfin, tous les
Chymiftes paroiffent s’accorder à penfer qu’il eft
temps de confidérer les affinités fous un point de
vue plus étendu ; Bergman lui-même a fenti qu’il
falloir tenter d’aller plus avant ( i ) , que les affinités
doubles, ou par concours, exigeoient des expref-
fions plus comparables. Examinons donc ce qui a été
propofé pour y parvenir.
En tournant leurs efforts vers le même but, les
plus célèbres Chymiftes ont pris des routes bien
( i) Cujuflibet accnratior menfura numeris exprimenda adhuc dejîderatur , quee tamen hulc doçtrina magnant adfundcret lucem. Ce
font fes termes_( Dijfert. X X X I I I , § . i ) ; & il cite en note mes expériences fur les adhéfions , celles de M.. Achard,
& les vues ingénieufes de M. Kirwan. En 1784, MM. Gadolin & Maconius foufinre.nt , dans l’Univerfité d’Ab o, une
thèfe où l’on trouve cette pofitiçm : Tum demîim pleno cùm Jucceffu in atïrdcTtonibus elccUvis corporum Jîabiliendis defudatur,
càm Inventa fuspii mithodus gejieralis eafdem mathimanù, hoc eji, in ratio ne numeri ad numcrum defeniendi,
opp ofées,
A F F •cppofèes. Les uns , conjtne M. H^en^el, Ont COnfi-
déré le temps ou la durée des diffolptions, pour
mefurer la puiffance diffoivante ; d’autres penfent,
avec M. de Fourcroy, que c’eft moins la facilité de
l ’union que la réfiftance à la féparation qui annonce
l’intenfité de cette puiffance ; fuivant Macquer, l’affinité
des corps ,en général eft • en raifon' ..compofée
■ delà facilité c^/ec . laquelle i ls s ’uniffent,x &. de la
force d’adhérence .avec (laquelle ils relient unis, ; - eiï-
.fin M. K i r w a n a; eftimé l’affinité des acides.,a^ecies
bafeS par , les différentes quantités qu’ils, em exigeoient
pour l,eur faturation. Cette diyerfité d’opinions , annonce
toute la difficulté de-la matière. Je , ne , ferai
.pas mention, .ipi dp la, corréQpoudançe. que .'j^fi .qhfery
yée entraj; :iés: • fo^çesj d’aji]içÇou;-ideS furfaçes , |O e s
affinités ipompofition ; rpn .-a a ffàÿçicl<jî
adhésion , que -j’étois d’accord avec,, M.,
011e cette méthode ne ppuvoit être, .apphqnéç. à tous
les {cas, i n?ais ‘que cela ff’empêchqiï pas,..dujéntrè^des
mains’ induftrieufes " elle ; ne. fu t , dans} bçafjçoup de
.ciçcbnftances.un moyen de plusf, & 'ùniifioyjeif,utile
pou,r -jqbf.enir des appréciations,, poyr, .cpn^nnpr ,
quelquefois même pour,. corrigéJr' dpscjréfultat^ ^jiq^s |fur d’autres principes, sh i ‘ ir‘; '
I. Çe n’pft pas affez ,.,-dit M., iX^efizel., ,çle.
fi i ’union d’un -diffolyaut rçômiim^jeft; plusi
plus grande avec une. fubftançe qu’^yec une autre ;
il importe encore de fayoirrde combien. Pour, trouver
ces-;différences,, il commence par -établir que là{dif-
pofitiqk; des^ç.qrps- à l’irni,on ne peut {varier ,^u!à rai-
fou des. parties de, la figure des parties çonfiltùâhtès ;
il regarde cette figure comme un fimplé inftrument ;
il lm appVique l,e ^principe ftatiqué que l’aftion ‘ d’un
poids donné eft:d’autant plus lente, que la fbrce eft
plus petite en comparaifon de la mafïe ; Sc confidé-
rant les corps à diffoudre comme des maffes , & leur
diffolvant commun comme une fofce qui’ agit plus
pu mbins, promptement fur. les uns" que fiir les. au^
très , il en conclut que , plus le .diffolyànt ^siinit
promptement avec un co rp sp lu s fe degra d’affinîte
doit être éleyé ; c’eft-à-dire, que Y,affinité dès cprps
avec un "djjJ.oLvant commun, ejî en raifon iriyeffe du
tempsjiéceffaire à leur diffolution ( Lehre von der Wer -
fchandfchaft &c. §. 26).
Ce principe ( continue cet Auteur ) fe trouve
d’accord avec l ’expérience. ‘Que, l’on forme de petits
cylindres tout fémblables , de, cuivre , d’argent , dé
plomb & d’autres métaux très-purs ; qu’âpres les
avoir exaélement pefés & pris note de leurs poids,
on les enduife .de fiicçin où de quelque autre 'vernis,
folide, de manière qù’il ne reftè à découvert que
l’un des bouts fur lequel puiffe agir le diffolvant
( le mercure peut être mis. dans la même condition,
én le yerfiint dans un cylindre creux.de foufre fondu)
; que l’oh mette tous cçs cylindres dans des
yaiffeaux pareils, avec parties égales du difféivàrît
cqmmun , les vaiffeaux. placés dans un plus'grand
Vaiffeau rempli d’eau pour les entretenir à la même'
température ; que l’on examine, une heure après a
■ Chymie, Tome TK
AF jf y 7 7 les réfujtat? on trouvera, en pefant ce qui r.efte de
chaque cylindre dépouillé de ion vernis, que les
quantités diffoütes répondent aux degrés d’affinité
• de ces métaux avec le diffolvant commun. Ainfi y
en procédant avec toute l’attention néceffaire pour
que le diffolvant de même force agiffe à un degré
égal de chaleur .,. & pendant un temps égal, fur des
furfeqes égalps , il ft.a facile de calculer combien
dureraitdans, les mêmes ■ arconfiances , la diflblu-
i tion complète .jàe .çhaqqe. cylindre , fi l’on cmployoit
: la. quantité de. diffolvant n.eçeffaire ; & les différences
de durée des diffolutions exprimeront en nom-
: bres détermines les différences des degrés d’affinités.
. jLes^Chymiftes. un peu exercés jugeront aifément
■ toute^ .les, difficultés que préfenterqit une fuite d’ex-
périenceà^qrdonnpes fur'ce plan * ce n’eft pas cependant
ce' qùi a empêché,. de lps entreprendre ,
parce qu’on fait que; Iç fruit' ferait , encore - au deflùs
du travail., & qu’on ne peut raifonnablement s’attendre
à ( foulever, en cette partie , le voile de la
nature fans rencontrer, de grands ohftacles ; mais le
. jyftêifie èe M..WenzeI, quoique préfenté avec beau-
!
î coup,.de ffagaefié n^a pas tparu établi fur une bafe
affez poliHe,: quelques jr.éffex-ions fuffiront pour jufti-
‘fait .yô^r (précqdcmmenî .( §.. i.i ) que l’affinité
il’étoit, ré^|eni;ênt, qu’un effet de l’attraélion modifié
.pâr_; divefie^ ^irçbnMh.cèi,V;8ç en particulier par la
figuré des .parties, .cqnffituaote.s ,des corffs^, ‘niais je
n’ai eu garde d’en conclure , avec M. "Wérizel, que
de .la feiile .yarlétéîdé'.ffeure .des. éléinens du corps
à* diffoudre 01V p'ut déduire. lré.^plieation des diffo-
lutions par ,unp fjmpje apptication des ,k>ix de la
Sta,tique, ou, !en'coiîjpkrant les, maffes & les vîteffes
de; ces élémeijs.; je. croîs avoir prouvé , au contraire,,
qu’en fe bornanf à confidéref l'influence de la figure
dans lies affinités., c’eff-à-direV' én fuppofant les den-
fitçs égales, ce n’etpit ni la figure des parties du
diffolyan;, ni là figure des-parties du corps' à dif-
foùdrè qui determinoit-, à ùne diftance‘donnée,
l’interifité de là puiffance attraélive , mais le. rapport
dé: figure des parties de l’un avec les parties de
l’autre de' cés corps, où la latitude de leur difpofi-
tion au contaâ.' Cette vérité évidente réfifte à l’h y -
ppthèfe de M. Wenzel, dans laquelle lé diffolvant
commun eft. confidéré comme une force donnée qui
ne ,changé pas, & qui n’agit .plus ou moins promp-
tjjj^jgnt fur lés hafes, que parce que le mouvement
fui¥|a raifon des maffes.
d J’bbferyerai, en fécond lieu, que fon expérience
liPft nullement çîéçifive., même pour l’acide nitreux,
qu’il prend pour exemple d’un diffolvant commun
des métaux ; puifqu’il eft certain que cet acide à un
degré déterminé de concentration , n’agit pas également
fur toutes lés fubftances métalliques ; auffi re-
^cOmmande-t-ïl d’employer cet acide délayé dans certains
cas, & non délayé dans d’autres, fauf à tenir
‘compte de eès différences dans le calcul. D ’autre
part, ce Chÿinifte n’a fournis ni lès terres, ni les
alkalis à la meaje expérience comparée. Ses réfultats
D d d d