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La preuve de ce que je viens de dire fe tire
de la poffibilité de reâîfier l’huile fétide, de lui
enlever prefque toute odeur empireumatique, &
de l’obtenir beaucoup moins colorée. Quelques
auteurs confeillent pour cela de la/rediftillèr fur
du fable ou fur des terres bolaires , ou fur des os
calcinés au blanc, mais on peut fe pafler dé ces
intermèdes & en la diflillant feule à un feu doux ,
ou en y ajoutant feulement un peu d’eau , & ar~
. rétant la diflillation à temps, on a cette huile anfii
pure que par tout autre procédé. Il refle au fond
de la cornue une maffe noire vifqueufe , qui n’eft
autre choie que cette huile mife à l’état charbonneux
dans la première diflillation. Il n’eft pasbe-
foin d’avertir que dans toutes ces re&ifications on
doit avoir l’attention déporter les-matières jufques
dans, le ventre de la cornue,, comme pour l’huile
animale de Pippei»
L'alkali volatil encore un produit de l’anal y fe
du tartre par le feu. Boerhaave n’en fait pas- mention
y & quelques auteurs , même les plus modernes
, ont fuivi fon exemple ; mais il paroît que
c’efl plutôt parce qu’ils ne l’ont point apperçu,
que dans le deffein- de révoquer en doute les
obfervations qui confiaient fon exiftence. Lemery
l’a vu attaché aux parois du récipient fous forme
c o n c r è t e & confeille de je fublimer dans un
chapiteau aveugle placé fur un marras à. long
col pour l’avoir plus pur^Stahl dit également en
avoir obtenu, fans intermède, en augmentant le
feu. lorfque l’huile fétide étoit paffée. Suivant lum
ck er, on en recueille en plus- grande quantité en
ajoutant dans la cornue deux parties d’alkali fixe ;
M. Wiegleb a vu des traces de cet alkali volatil
lorfqu’il a traité à-, la diflillation un mélange de
chaux éteinte avec les cryftaux de tartre ; M. de
Eourcroy remarque auffi. que l ’alkali volatil étant-
en partie combiné avec l’efprit acide, on ne l’obtient
féparé & pur qu’en, rediflillant les dernières
portions du flegme.avec, addition d’alkali fixe. Mais
perfonne n.’en a parlé plus en. détail qpe le célèbre
Bucquef. «On peut (dit-il) en diflillant avec,
s y beaucoup, de précautions, retirer, de l’alkali vo-
»■ latil concret, fur-tout fi on fait la diflillation d’une
» grande quantité de matière, & fi on a l’atten-
» tion de mettre une allonge entre la cornue & le
y> ballon.....Quoique, le produit de lacrême détartré
» contienne une allez grande quantité d’alkali vo-
». latil, ce fel n’eft pas apparent,parce, qu’il efl.
». mafqué par l’acide , ce qui fe. voit à. la couleur.
»> rouge, que la: liqueur diftillée communique au
»; firop de violettes % & à l’effervefcence vive
» qu’elle fait avec les alkalis & les terres abfor-
». bantes.Pour obtenir l’alkali volatil de la crème-
»' de: tartre, il faut changer- de. récipient à. temps,,,
©u , ce qui efl plus commode, encore, redi fier le. j
produit de Ja.diflillation. On commence par ver- !
fer. dans un. entonnoir l’huile pefante, le flegme
»> M il . & . l’huile légère ;, ces matières, fe fiè ren t;
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» d’elles-mêmes , & on les fait couler dans autaflè
» de vaifleaux particuliers. On jette de l’alkali bien
» fée dans la liqueur fàline , il fé fait une vive
» eflervefcence ;. lorfqu’elle a cefle , que la far
» turation efl complétte, on diflille le mélange à
n une chaleur douce ; l’alkali' volatil • dégagé par
» Palkali fixe.,, pafle alors, parfaitement pur »,
( Règne végétal, tome I I , page J86 )„
Lemery & ceux, qui l’ont fuivi ont penfé que
ce fel volatil étoit rendu alkalin. par le feu , &
qu’il n’exiftoit pas dans la plante ; c’étoit une conséquence
du fyflême de la converfion des acides
en. alkalis par le feu dont nous avons .démontré:
Terreur. M.. de Fôurcroy paroît encore adopter
l’opinion que c’eft à-f alkali fixe qu’eft due la pro-
dudion de l’alkali volatil formé par la réadion
dit premier fur l’huile, & pour appuyer cc-tte
nypothèfe, il ajoute que Jo/z peut même augmenter
beaucoup la quantité de ce fel. volatil ,. en diflillant
Vhuïlè obtenue de la crème de tartre fur le charbon
qu'elle laïjfe dans fon analyfe à la cornue. Il efl fa-
! cile de juger par ce que j’ai rapporté de MM. Wie~
j gieb & Bucquet, que l’alkali fixe n’augmente ici le
i produit d’àlkali volatil qu’èn retenant l?acide qur
; le mafquoit.-Indépendamment de ce que les Chy-
; miftes modernes fe font rendus bien difficiles fur
; ces fortes de cojiverfions d’une fubflance en une
' a u t r e n o u s verrons que les nouvelles découvertes
fur la nature & les principes prochains de
j l ’ammoniac ou alkali volatilréfiftent abfolument*
à- cette hypothèfe. '
j II nous refle maintenant' à faire connoitre la
liqueur acide qui s’élève dans la diflillation du
j tartre : elle mérite toute notre attention , non-feulement'
par les vues qù’ellé peut fournir pour découvrir
la vraie nature dé l’acide tartareux, mais»
encore par les. propriétés qui la diftinguent & qui;
nous forcent de la. confidérer dans fon état aduel’
comme un acide de fôn genre, & dé rechercher
! auffi fes affinités-:- c’eft.ce. qui ma détermine à. la?
traiter fëparément.,
§, l i t De l'acide tartareux par diflillation, ou efpiih
■ acide empyreumatïque de tartre..
I - Lemery & Neum'an ont. retiré r i onces d’ê f-
prit acide de 48 onces de tartre.;.le premier ob~
ferve que dans ces 12, onces il y en a '4-de flegme
que l’on peut obtenir, féparément, en ehahgeant de.
récipient avant que d’augmenter le feu..M. Spiel—
man aflure qu’on n’en retire communément quels
nxième de fon poids.. On fent que ces proportions
doivent varier , fûi-vant qu’il fe diflipe plus
ou moins de vapeurs avec, le gas auquel on efl-
obligé de donner iflhe.
Cet acide n’eft pas; parfaitement'pur ; Neuman-.
confeille de le redifier ,.en le rediflillant foui à un.
feu très-doux-., o u , encore mieux, fur de l’alun cafa
ciné. Les académiciens de Dijon ont eflayé cette.-
redification dans- une cornue au feu de fable de.;
la. manière, indiquée par. M. Monnet,, pour ofeie.--
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jïir une liqueur citrine, & deux fois il y a eu explosion
qui a brifé les vaifleaux. Pour prévenir cet
accident, ils avoient eu la fécondé fois.,, la précaution
de ne remplir l.a cornue qu’au tiers , de
féparer d’avance la plus grande partie de 1 huile ,
de ne.pas lutter la jointure , & de conduire le feu
très-doucement fans placer'le reverbère ; malgré
’cela il fut impoffible^d’achever l’opération : dès
qu’une partie du flegme eut pafle dans le réci:
pient, la liqueur qui paroiflbit tranquille dans la
cornue & fans le plus léger frémiflement, prenoit
tout-à-coup un mouvement qui foulevoitles vaif-
feaux. Après, ce bouillonnement fubit & inflan-
tané, qui fe répéta plufieurs fois, la liqueur re-
devenoit calme ; mais , lorfqu’on s’y attendoit le
moins, elle fit éclater encore la cornue. Il n’avoit
encore pafle dans le récipient que quelques gouttes
de liqueur très-claire qui fe trouva cependant avoir
à un degré aflez marqué les caraélères acides.
Le phénomène de l’explofion ne pouvant être
attribué ,. dans le cas particulier,, ni à la raréfaction
du liquide , ni au défaut de condenfation des
vapeurs qui pouvoient pafler librement dans l’at-
mofphère ,'Ces académiciens ont penfé qu’on ne
pouvoit lui affigner d’autre caufe que le gas qui fe
dégage par la décompofition de l’acide , & qui,
ne pouvant s’écouler fucceffivement à travers" la
couche d’huile qui fumage, y demeure comprimé
jufqu’à ce que l’eflort de dilatation qu’il y éprouve
foit devenu capable de vaincre ces obflacles. {E li-
mens de Cliymïe, &c. Tome I I I y page yâ. \
MM. Spielman & Corvinus croient que cet acide
n’a pas befoin de reflifieatioa lorfqu’on en a féparé
l’huile par lé procédé ordinaire , e’eft-à-dire , en le
paflànt plufieurs fois à l’entonnoir; mais ayant été
témoin des phénomènes d’explofion dont je viens
de rendre compte, il m’eft impoffible de concevoir
ce que ces auteurs ajoutent que , fi l’on veut le re-
difliller, cette opération n’exige aucune manipulation
particulière & que l’on ne doit pas craindre
la rupture des vaifleaux.
Cet acide fait une légère impreffion fur la langue';
il a une odeur & une faveur empyreumatiques , il
n’altère pas fenfiblement le firop de violettes, mais
il rougit le papier bleu & l’infufion de tournefol;
il fait une eflervefcence très-marquée avec les
méphites alkalins : MM. Spielman & Corvinus
difent au contraire qu’il n’en fait aucune àyec les
alkalis ; mais ou leur acide étoit très-foible, ou
ils ont employé des alkalis cauftiques ; car j’ai
©bfervé plufieurs fois cette eflervefcence , & particuliérement
avec la liqueur re&ifiée qui fe trouva
dans le récipient après Texplofion de la cornue
dont j’ai parlé précédemment. Au refle ces auteurs
conviennent qu’il convertit les alkalis en fels neutres,
folubles dans. l?eau froide , & fufceptibles de
cryflallifation.
^ L’acide empyreumatïque du tartre verfé dans la
diflolution d’argpnt y occafionne un précipité gri-
fêtxe;.
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Il ne trouble pas fur-le-champ la diflolution ni-
treufe mercurielle , mais , au bout de quelques
heures, le mercure fe trouve précipité fous la forme
d’une poudre blanche.
Le fel formé de la combinaifon de cet acide avec
la potafle efl décompofé par l’acide viti iolique à
la diflillation.
Pott a remarqué que le produit de la diflillation
de l’acide vitriolique avec le tartre ( qui, au mélange
prés d’un peu d’acide fulfureux, efl précifé-
ment l’efprit empyreumàtique )• ne décompofoit pas
le muriate calcaire , & précipicoit la diflolution de-
plomb.
Voilà à-peu-prés tout ce que l’on connaît de
l’aéïion de ce diflolvant, & on conçoit qu’il feroit
bien à ,deiirer que quelque Chymifte portât fur
cet objet les mêmes recherches que fvl. Schrickei a
faites fur l’acide retiré du fi-icre par la diflillation
( Voye% A cide Sirupeux ) ; qu’on eflayât de
même ’de le purifier * foit en le rediflillant fur
l’alumine , ou autre intermède capable de retenir
fon huile furabondante , foit en le concentrant à
la gelée ,. pour déterminer enfuite fon énergie fes
affinités, & •fur-toutles rapports & les différences
de fes fels avec ceux des acides- lignique, fi.ru-.
peux ,& autres acides empyreumatiques connus ÿ
de manière à en établir l’identité ou les caractères
différentiels : en attendant, je vais propofer ce:
qui me paroît le plus fondé fur la nature de cet
acide.
II. Pott dit précifément dans la diflerta-tioit fur
l'union de l ’acide vitriolique avec le tartre, que l’acide-“
vitriolique mêlé avec deux parties de tartre iêc
en poudre , ou à parties égale?, s’échauffe un peir
par l’agitation , forme une poix artificielle ; que ce-'
mélange traité à la diflillation donne un acide du»
tartre très-aéïif & de l’acide fulfureux enfin ^que-
quand on a pris parties égales d’acide vitriolique1
& de tartre , il ne pafle point d’huile ,. -au lieu
qu’il s’en manifeffe un peu fur la fin de la-diflillation,,
lorfqu’on a employé le double dé tartre. M. Monnet
rap p o r te à l’article Tartre de l’ancienne Encyclopédie
, que Venelconfidérott l’acide obtenu dans
cette diflillation comme un acide nitreux. qui pouvoir
en. être retiré immédiatement par un procédé particulier y
dans un état pur , nud ;. ce qui étoit un des faits par
lefquels- il démontroït le nitre tout entier dans le
t-artie..
Je crois inutile de rappeller ici tous lès faits dé-^
cififs qui démentent cette opinion , qui ne peut avoir-'
été fuggérée que par la pré occupation où étoient?
encore les C h ym ifle squ ’un acide végétal ne pouvoit
être qu’une modification de 1-un des acides
minéraux : celle de M-. Monnet peut bien dériver-
auflï du même préjugé ; mais les expériences for
lefquelles il l’a f ondée méritent plus d’attention.- .
Ce Chymifte penfe que e’eft l’acide muriatique
deguifé par fa matière muqueufe & huileufe,. &■
voici les preuves qu’il' en donne :: 1^. il a= faite
| bouillir de- l’eau diftillée fur le mélange dé deuîse