
L e calce.
L a magnéfie..
L e barote.
L ’alumine.
L e fer.
La manganèfe*'
A la vérité quelques-unes de ces fubftances n’y
exiftent qu’en très-petite quantité , telles que l’ammoniac
, l’alumine, le barote & la manganèfe ( nous
verrons que les deux dernières fe rencontrent dans
tous les débris de végétaux); mais leur préfence
n’altère pas moins la pureté, ne produit pas moins
des affinités qui doivent être comptées dans la
fomme des avions réciproques.
S’il étoit vrai, comme l’ont cru les anciens chy-
miftes, que les acides enflent toujours plus d’affinité
avec les alkalis qu’avec les terres , que l’acide
plus fort enlevât toujours à l’acide plus foible la
bafe alkaline , il fuffiroit, pour fe débarrafler de
toutes ces matières étrangères, de porter dans les
leflives ce qui manque de potaffe pour achever
la faturation des acides vitriolique & nitreux ; on
auroit tout le nitre , & même fans perte d’alkali,
puifque le peu d’acide vitriolique. qui s’y trouve-
roit auroit pris d’avance fa part de cette bafe. Mais
le? décompofitions par double affinité [fuivent une
marche toute différente , au point que l’acide vitriolique
lui-même laifle aller la bafe alkaline à
l ’acide du nitre. calcaire. Voici la manière dont on
procède pour retirer le nitre de ce chaos.
Fendant l’ébullition, une partie de la matière
favonneufe s’élève en écume que l’on a foin de fé-
parer, & qui emporte avec elle une portion de
terre aflez confidérable, fur-tout de la magnéfie,
qui eft plus légère , & qui n’étoit tenue en diffolu-
tion que par l’eau.
L e fel commun ou muriate de foude , qui a la
propriété de fe cryftallifer par l’évaporation, fe
précipite au fond de la chaudière en forme de petits
cryftaux cubiques ; on le retire fucceffivement
avec de grandes cuillers ou dans un panier que
l ’on tient fufpendu au milieu de la chaudière ; c’eft
ce que les ouvriers appellent le grain,
Quand la liqueur eft aflez concentrée ( ce qu’on
juge en en prenant dans une petite cuiller, que
l ’on met au frais, & qui doit airbout de quelques
înftans donner des cryftaux), on vuide la chaudière
en tranfvafant la liqueur dans de grands vaifleaux
que l ’on met refroidir. Le nitre qui fe cryftallife
par refroidiffement, s’attache en aiguilles aux parois
d£ ces vaifleaux ; on verfe la liqueur dans
d’autres vaifleaux & on détache les cryftaux, que
l ’on fait égoutter dans un panier.
La liqueur tient encore du nitre 7 on la fait de
nouveau évaporer & refroidir pour obtenir les derniers
cryftaux qu’elle peut fournir par ce procédé.
Il refte enfin une liqueur incryftallifable,à laquelle
on a donné le nom d’eau-mère, comme à’ toutes
les eaux dont on a retiré les fels qui peuvent être
recueillis fous forme folide ( Voye^ EAÜ - MÈRE J.
Cette liqueur , que les anciens falpêtriers jettoient
comme inutile, tient encore une grande quantité
d '‘acide nitreux tout formé, qui ne demande qu’une
bafe alkaline pour donner du nitre parfait ; ôn la-
recueille donc avec foin préfentement pour la dé-
compofer ; mais la manière dé la traiter n’eft pas
à beaucoup près auffi avantageufe que l’on peu t le
defirer , ni même foumife à des principes aflez furs.
C’eft ce qui a fait dire à MM. les Régifleurs, dans
l’inftruéHon qu’ils ont publiée par ordre du roi en
1 7 7 7 , qu’il fer oit important de trouver un moyen de
fépurer dans Veau-mere le falpêtre à bafe terreufe du
fe l marin à bafe calcaire ypuifqu’on éviteroit partie
de la dépenfe qu’on efl obligé de faire en potaffe pour
changer la bafe de ces deux fels , dont l’un , abfolu-
ment inutile , efl même nuiflble dans les "travaux du
falpêtre.
Il faut ajouter à cette première eonfidération r
que fi le muriate de potafle eft extrêmement em-
barraffant , en ce qu’il fe cryftallife auffi par refroidiffement
, & même le plus fouvent après le
nitre dont il charge les cryftaux dont il rend par
conféquent la purification plus difficile ; le muriate
de foude ou fel commun , qui fe trouve toujours fl
abondamment dans les leflives , qui ne fe fépare
jamais que très - imparfaitement par la première
cryftallifation, ne préfente pas moins de difficultés
en ce qu’il ne fe laifle point décompofer comme
le premier par le nitre calcaire.
Voilà donc deux problèmes à réfoudre ; l’un *
pour trouver le jufte point d’économie de la potafle
à employer dans le travail des eaux - mères
du nitre ; l’autre, pour fe débarrafler fans perte ,
ou même, s’il eft poffibled’une manière avanta-
geufe des muriates alkalins les lumières actuelles
de la Chymie me paroiffent fournir des réponfes
fatisfaifantes à ces deux queftions.
I. Dans le mémoire que f ai préfenté à l'académie
de Dijon, & qui a été imprimé dans fon recueil
( ann. 1782 , deuxièmefémeflre ) , je fuis parti
de ce principe, que pour éviter d’une part la perte
de la potafle , d’autre part la formation du muriate
de potafle , il fuffifoit de dofer exactement l ’àlkali
de manière qu’il y en eût aflez pour la faturation
de l’acide propre dû falpêtre, & qu’il n’y en eut
que pour lui ; parce qu’alors il n’y auroit que les
ni très terreux décompofés, l’acide muriatique restant
en état de fel terreux incryftallifable r mêhîe
celui qui auroit la magnéfie pour bafe, parce que
l ’expérience avoit prouvé que le muriate magné-
fien , quoique cryftallifable par lui-même , ne fe
cryftallifoit pas quand il étoit uni à d’autres fqls
terreux.
Mais pour parvenir à déterminer la quantité de
potafle néceffaire à la faturation de Yacide nitreux,
il faut pouvoir juger d’avance la quantité de cet
acide contenu dans une eau-mère ,. il faut trouver
des moyens Amples & peu difpendieux pour cette
opération préliminaire : la méthode que j ai pro-
pofée me parôît Elle eft fondéere mfupr lilr’a fcfeins'iCtéo ndde it1i oancisd. e muri#a tis
que avec le plomb telle que ce métal tenu en
diflolution par Yacide nitreux, rencontrant 1 acide
mlubulreia qtiuqi utee , psr’éecni peitme.p Oarne p&eu tf odromnce , upna rfceel mpeouy efno -,
f=édep alr’eearu l-am pelrues, ogura ndd’eu npea rptioer tdioen l ’adcei dcee mtteu rliiaqtuiqeuuer
dpeofrttiinoéne aàv elc’ euflnai a; lk&al if i voéng éftaalt qqreu ealpcorènsq ucee l,a enc edtéte
ffaelrqvui aàn t lad fea tucreatttieo nq udaen tité d’alkali celle qui% aura Y acide, nitreux porté dans
la liqueur par la diffoiution .de plomb, & qui doit
être déterminée par le poids de la diflolution ni-
treufe de plomb que l’on a employée., ce qui
rmefêtmerea aalpkraèlsi ncéectetfef airfeo uà fltara féattiuorna tifoenra colma pdloeftete ddue
Y&a cdidaen sn ittoreuutxe eaxuitfrtean t dans une quantité d’eau-mère quantité de pareille eau-mère,
en proportion, foit du poids, foit du volume.
1 elle fut ma première idée ; & cette méthode
d’eflai ayant été appliquée à un travail de près
'de’ mille livres d’eau-mère, le fuccès fut auffi complet
que l ’on pouvoit le defirer ; on parvint a
remplir les trois grands objets de cette opération :
tout Yacide nitreux fut faturé , & il ne fe forma
point de muriate de potafle ; enfin on n’employa
pas plus d’alkali qu’il n’en falloir pour obtenir tout
le nitre que l’eau-mère pouvoit donner ; on trouva,
par le calcul, qu’il y avoit eu épargne réelle d’un
quart du total > ou de cent vingt livres de védafje
fur la quantité qu’on auroit confommée pour décompofer
tous les féls de l’eau-mère, comme on le
pratiquoit ordinairement, & comme on étoit obligé
de le faire, dès qu’on n’avoit aucune manière de
* connoître le terme auquel on devoir s arrêter.^
Cependant il y avoit dans cet effai des manipulations
qui paroiffoient un peu délicates pour être
confiées à des ouvriers : j’ai trouvé le moyen de
les réduire & dé les fimplifier , en établiffant une
fois pour toutes le rapport de la quantité de plomb
portée dans, l’eau-mère, jufqu’à ce qu’il ceffe d’y
©ccafionner un précipité , avec la quantité d’acide
muriatique. Je me fuis fervi pour cela du travail
de M. Wenzel , favant Chymifte allemand , quia
donné une application particulière à déterminer ;
avec exaélitude les proportions dè toutes les diffo-
lutions dans tous les acides. Il réfulte de fes expériences,
que le même acide muriatique qui exige
pour fa faturation 440^ parties de potaffe pure
prend 640 parties de plomb fe e rapport, en négligeant
la fraction, peut fe réduire à l’expreffion plus
fimple de 1 1 : 16 , & il n’y a plus de calculs em-
barraffans.
La feule condition effentielle eft donc préfentement
de connoître la quantité de plomb qu’il'faut
porter dans l’eau-mère d’épreuve , & o n y parvient
' fkeilement, en faifant diffoudre dans de Yacide nir
freux pur une quantité donnée de ce métal, &
prenant, avant & après l’opération, le poids de la
diflolution. Peu importe que cette diflolution foie
faturée ou avec un léger excès d’acide ; on eft
même quelquefois obligé d’en ajouter pour reprendre
la terre métallique qui eft fujette à fe précipiter
fpontanément après un certain temps ; mai*
cet acide furabondant n’empêche pas l’aélion dut
plomb fur l’acide muriatique de l’eau-mère.
Pour achever de faire connoître les principes de
cette méthode, & .diriger en même temps la pratique
de ceux qui voudraient en recueillir les avantages
, il fuffira de rapporter ici le réfumé de toutes
les opérations progreffives, tel que je l’ai placé à
la fuite de mon mémoire fur ce fujet. Là longueur
de cette inftruélion effraiera peut-être ceux qui
la jugeront à vue d’oeil ; en la lifant, on recon-
noîtra bientôt que les trois quarts des chofes
quelle renferme font plus longues à apprendre qu’à
exécuter.
Suite des opérations pour l’ejfai des eaux-mères du
nitre.
i° . Les eaux-mères ayant été réunies & mêlées
quelques jours auparavant dans une même cuve,
on en prendra deux fois la même mefure dans une
phioled’une capacité donnée, comme detroispouces
cubiques, & on vérifiera encore par le poids l’égalité
de ces mefüres.
a°. On fera diffoudre, dans une livre d’eau ,
quatre onces de la potaffe deftinée à la faturation
de l’eau-mère ; cette diflolution filtrée, on fera note
de fon poids. v
30. L ’une des mefuresd’eau-mèrë, que j’appelle
mefure <£ épreuve des deux acides'9 fera vérfée dans
un grand verre, & étendue de quatre parties d’eau ;
on y plongera deux lances de papier, l’une teinte
par le fernambouc , l’autre par le curcuma, après
quoi on ÿ ajoutera peu à peu de la leffive alkaline
du n*. 2 , jufqu’à ce que les papiers colorés mar-
quént que l’on a atteint le point de faturation.
Lorfqu’on fera un peu exercé dans cette pratique
, on n’aura pas befoin de faire paffer au rouge
la teinture de curcuma , on s’arrêtera à la première
nuance violacée que prendra le fernambouc ; 8c
dans ce cas, l’excédent du point de faturation fera
un infiniment petit.
Il eft indifpenfable de délayer l’eau-mère, fans
quoi la décompofition ne fe feroit qu en partie , &
il réfulteroit de fon mélange avec la liqueur alkaline
une maffe prefque folide ; c eft ce qu on nomme Miracle chymique. w ce mot.
4<\ On pefera le reftant de la diflolution de potafle,
qui fera connoître la quantité employée; 8c
en déduifant de cetté quantité f pour 1 eau de
diflolution , ôn aura le poids exaét de la quantité
de cet alkali néceffaire à la faturation complette
des deux acides de cette eau - mère : première bafe
qu’il falloit acquérir.
5*. jU féconde mefure d’eau-mère, que j’appelle