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'd’autant plus rem^tqùable, que l’on Tait d'à 11 leurs qtié
iïdo grains de plidfphdre'prénhent environ 290 pou-
çesàibes d^air, ail lieu que îôo grains de foufre
n’en prennent que 86'; mais il n’eft pas ici queftion
cle la 1 chaleur produite par. des quantités égales de
ces çonibuftibl'es -.cette comparaifon ne porte que
<iir la quantité de ehalëur ^produite. par l’âbfôrption
d’yn 'pareil vOluiYiè d’air‘ dans l’une 8c l’autre des
comfiûftiÔns ” & ndUs1 verrons dans la fuite:que quoi-
qu’en, général la chaleur rendue fenfible.foit proportionnelle;
à 'là quantité d’ air abforbé, delà ne doit
s’entendre que relativement aux combuftiblesde même
nature, ' & dont les réfidus de combuftion font ab-
folument 'femfclables.
r On ne doit donc pas être étonné qu’une même quan-
tlfè de foûfréddnnéapoins de chafêur quand elle eft
convertie eir,gas fulfureux que quand elle eft coriver
tiedn acide ; indépendamment de Ce qu’il ÿ refte
du foiifre qùi n’eft pas véritablement brûlé, il eft
tres-probable que .lé' produit gafcux retient une portion
de calorique qui le maintient en cet état. La
preuve, de la préfence du foufre non brûlé réfulte
d’imé obfervâtion .importante de M. Lubbock ; ce
Çhymifte ayant mêle de-nouvel air au gas“ fulfureux ,
dans un récipient oh 11' avoit placé' un thermomètre,
le vit monter fenfiblëment & obtint de cette maniéré
la preuve la moins équivoque d’une nouvelle
combuftion. '
' Il ne fe manifefte point de chaleur pendant la com-
binaifon de l’air avec les Sulfures, -parce qu’elle s’opère
:ttop : lentement ; cependant l’ingénieux Schéele a
'trouvé le moyen de la diftinguer ait thermomètre -j
%n formant une pâte d’une forte foliition de fulfure
de pbtafle avec de la craie ( Traité du Feu, §. ƒ/-
'S4-Y Pour; ce qui eft du mélange de foufre & de
fer, les progrès-font d’abord peu fenfibles, mais fur
"krfih'ils peuvent porter jufqu’à l’inflammation, fila
'iîiâiüre eft en’ quantité un peu confidérable , comme
:le prouVe l’expérience connue en Phyfique -jfoiis la
'ïiofft de- FoTcan; artificiel. Quand ;ce- mélangé n’a pas
'îë.coûtâéï de l’air, M. Crawford remarque très-bien
aûe la chàlUir ^qui fe dégage eft alors fournie par
'fèau (On ànimal Hecit, èdit._ de 1788, page' 424.).
V'augmentation de'ppïdstdu combuftible fe démon-
tre d’une^anièrenon équivoque par les expériences
XX & X X I , fur-tout par la dernière j qui-, étant faite
fuV le mercure , iie pétmet pas de foupçonner que le
-pbrds.,: acquis fôit l’effet- de la déliquefcence du ful-
•fure; & de 1-afyiditê avec laquelle il s’empare de l’èau :
r j’ai ébfervé la* iriême-chofe fors même que fai placé
fous.le récipient, en même temps que le-fulfure,
une lamé de fe r chargée'de potafle calcinée à là manière
dé M. de Sauftiire ; l’augmentation de -poids
’du'fiflfufe fût alors un peu moindre-, ainfi que jè
■ rn’ÿ utois. âttêndû, parce qu’à raifon de fon affinité
' fojfé¥iëu?è_, la potafle avoit attiré le peu d’eau tenue
en diflblûtïônf danS l’àir & qui n’avoit pu ainfi1-' fe
fixèr dans lé-fülfure ; mais celui-ci n’avoit pas moins
ùn excès* dé-poids dans une proportion très-’app'ro-
c&éa du poids de l’air abforbé, M. Lubbock a cher-
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ché à eft î met* Cette augmentation mêitiéàprèsla CôttP
buftioii rapide du foufre fous la dbçhé, comme dans
l’expériencê XIX { nous1 dirons bientôt- pourquoi il
ne réuffit qu’en employant de l’airméilleur que l’air
commun ) ; il trouva que 8 grains de-foufre a voient
lai fie fur les parois du récipient des gouttes condén-
fées, qui , recueillies^ dans l’eau pure , avoierft augmenté
fon poids de 26 grains;, d’où il Conclut que 8
grains de foufre en brûlant 'prènnent'i8-grains d’âir :
cette eftimation eft trop forte, parce que l’Auteur n’a
pas tenu compte de la diminutibi? de volume que l’eau
éprouve dans ce mélange, de forte que celle qu’il a cru
devoir ajouter pour remplir.la même fiole étoit Véritablement
un poids étranger ; mais d’après fes données,
cette erreur fe corrige facilement, & le phénomène
dé l’augmentation eft encore afiez fënfible. Il a été
obfetvé dans différens procédés, par M. Berthollet,
comme je le dirai à l’article acide fulfùriqùe, & j’ai
tiré;dé fes expériences la proportion de cette augmentation
dans lé rapport d’environ 47 d’air pour
100 de foufre.
Il n’y a point d’incertitude fur la nature des pro-
doits de la • combuftion du foufre : quand elle eft
complette , c’eftclé l’acide fulfiiriqué;' quand il refte
du foufre non brûlé, l’acide fulftiriqué en retient
une portion, c’eft Ce qui conftitue le gas fulfureux
& l’acide fulfureux. Le célèbre Prieftlèy, dans le
.temps de fes premiers travaux fur l’air, étoit étonné
que cette combuftion ne précipitât pas la partie fixe
de Vair, & il ne concevoir pas pourquoi, fans troubler
l’eau de chaux y elle raltéroit'au point qu’elle
ne blanchiftbit plus-par la refpiration (part, n feS2.
n ) . Aujourd’hui cela s’explique facilement, puifque
l’eau de chaux eft tout fi triplement' décbmpofée par
Facidé-minéral. On fait d’ailleurs que cette combuftion
ne laiflè jamais d’acide carbonique , lorfque les
matières font pures ; MM. Lubbock & Gren ont employé
les moyens les plus propres à le découvrir,
& ils n’en ont pas ap perçu la moindre trace ni dans
la vapeur condenfée, n'r • dans-lé réfidu ga'feux. Une
feule de nos expériences nous a donné des marques
de la préfence de ce gas acide , c’eft l’expérience
XX V , mais 011 formerait bien inutilement des con-
jeétures fur fa produétion dans l’opération, puifqu’il
y a en même temps de l’oxide de plomb ; j’ai déjà
remarqué qu’il en-étoit rarement exempt; on peut
aifément s’en convaincre en le dégageant par un acide
quelconque.
Dans là plupart de ces combuftions vives ou lentes
du foufre y il y a diminution aflez marquée du volume
de l’a ir , dans quelquës-unes cependant elle a
été peu fenfible ou du moins dans-une proportion
bien inférieure-à la quantité que le^-autres combuf-
tibles nous font juger fufceptible cle la même com-
binaifon. M. Lubbock a très-bien décrit ce : phéno1-
mène.,1 & il en a préparé l’explication en annonçant
que rintrockiéfion:- de nouvel air. fous-.le récipient
faifoit repa’roître lés vapeurs & bCcâfibnnoit pour-
fors une diminution confidérable.- L’odeur qu’exhale
l ’air dans lequel on a ainfi allumé le foufre foffit
pour
A I R
pour attrtoncer qu’il n’eft plus le même & qu’il a
fubi quelque altération. Eft-ce du gas acide fulfii-
reux qui s’y eft formé ? l’analogie de l’odeur ne permet
pas d’en douter, & même la diminution de cet
air avec le gas nitreux, que nous avons obfervee dans
l’expérience XIX, en fournit une nouvelle preuve ;
car il eft. bien certain que ce n eft pas comme air
commun qu’il a agi cette , fois fur le gas nitreux, puif-
qu’il eft incapable de fervir à aucune combuftion,
mais bien comme gas acide fulfureux qui a réellement
la propriété de décompofer le/gas nitreux, ainfi que
nous le dirons ailleurs d’après les expériences de
M. Prieftley.
Cependant le gas acide fulfureux eft très-promptement
abforbé par l’eau., & l’air dans lequel on a allumé
le foufre conferve prefque. la totalité de fon
volume fur l’eau ; d’autre part, le gas acide fulfureux
eft également abforbé par le charbon , & l’expérience
XXI nous a appris que le charbon ajouté
rendoit feulement la diminution beaucoup plus manifefte
, fans néanmoins la rendre complette , c’eft-à-
dire correfpondante à; la quantité que l’air commun
peut fournir à la combuftion : on étoit donc en droit
de demander fi , à l’aide de la chaleur, le foufre
pouvoit prendre la forme gafeufe dans un état dif-
tinft du gas acide fulfureux ; l’expérience XXV me
paroît donner la folution dire&e de cette difficulté,
car l’air déjà diminué ou le gas azote, dans lequel la
combuftion s’eft faite à la faveur de l’oxide de plomb,
n’a pu par lui-même changer de volume quand il a
été ramené à la même température; l’augmentation
de volume obfervée n’a pu venir conféquemment
que du gas fulfureux formé d’une portion de foufre
& de l’oxigène que le plomb lui a cédé ; & le gas
acide s’étant uni au gas azote par un degré quelconque
d’affinité , fon abforption par l’eau a été empêchée
oq du moins confidérablgment retardée.
Ainfi- quand le gas acide fulfureux, produit de
quelque manière que ce foitparla combuftion, rencontre
d’autres gas avec lefquels il a quelque affinité
, tels que les gas azote & hydrogène , il s’y dif-
fout dans la forme élaftique, 8c le volume en eft
augmenté comme dans l’expérience X X V , o u , ce
qui eft la même chofe, il remplace en partie l?âir
abforbé, fi la combuftion a été opérée dans l’air
commun. Ç ’eft abfolument le même phénomène que
celui dont j’ai déjà fait mention en traitant de la
combuftion du phofphore , avec cette différence* remarquable
que le phofphore une fois allumé dans
l’aâr pur ou exempt de gas azote , y brûle tant qu’il
peut fuffire à fa combuftion ; au lieu que l’inflammation
du foufre - s’arrête d’elle-même , tandis qu’il
refte encore du foufre 8c de l’air ; cela eft fi v ra i,
que l’inflammation peut êt're renouvellée, non pas
autant de fois qu’on le juge à propos , comme Haies
l’avoit c ru , mais, jufqu’à un certain point, comme
l’a éprouvé le D r. Prieflley „ qui. avertit en. confé-r
quence qu’il ne faut pas affimiler pour l’effet fur l’air
la combuftion du foufre une fois allumé, avec celle
que l’on entretient par le foyer d’une lentille, (p/e-
Chymie. Tome ƒ.
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mière part. Je£l. II.). M. Gren, dont j’aime à citer
les obfervations à caufe de l’exa&itude qu’il met
dans fes récits, 8c parce que fes opinions ne peuvent
rendre fon témoignage fufpeâ, a également vu
que Y air déphlogifiiquê dans lequel le foufre s’étoit
éteint fur le mercure allongeoit encore la flamme
d’une chandelle, lorfqu’il eut fait abforber le gas fulfureux
par l’eau chaude ( Verfuch 22).
Toutes ces circonftahces indiquent fans doute que
la condition d’une température plus élevée, que lé
foufre exige pour fa combuftion, eft ici pour beaucoup
; mais j’avoue qu’il n’eft pas plus aifé d’expliquer
pourquoi le gas fulfureux n’agit pas aufli efficacement
fur la portion d’air pur qui refte avec lui
dans le récipient que fur l’air nouveau que l’on y
introduit : ne pourroit-on pas foupçonner que le gas
fulfureux refté adhérent à une portion du foufre qui
fe fublime avec lui au premier inftant; que ce com-
pofé a dans fon état d’aggrégation une affinité particulière
avec l’air lui-même fous fa forme élaftique;
enfin que cette affinité eft vaincue par celle du foufre
fur la bafê de l’a ir, quand celui-ci fe trouve en
quantité fuffifante pour produire une diffolution plus
étendue du gas fulfureux tenant foufre 8c affoiblir ainfi
fon aggrégation ? La principale différence du phofphore
au foufre dans cette opération fe réduiroit donc à ce
que la maffe non brûlée du premier retient à elle le
gas phofphoreux, tandis que c’eft au contraire le gas
fulfureux qui emporte avec lui une portion du foufre
qui n’a pas fouffert la combuftion. Si cette étiologie
n’eft pas rigoureufement démontrée, je ne vois
du moins aucune caufe plus probable., ni qui fe concilie
mieux avec tous les faits.
Ce que j’ai dit, à Toccafion du gas hydrogène phofo
phoreux, que la décompofition de l’eau pouvoit contribuer
à fa produélion fans le fecours d’aucun fluide
aériforme, s’applique aufli dans quelques circonstances
à la génération du gas hydrogène fulfureux,'
ce qui fera développé en fon lieu.
E x p é r i e n c e X X V I I .
Sur un fuppOrt fixé au fond d’une cuvette dont
le fond eft couvert d’eau, on place un charbon de
bois bien allumé, 8c on renverfe promptement deffus
un grand récipient de verre rempli d’air àthmofphé-
rique , de manière que l’orifice-de ce vaiffeau foit
enfoncé fous l’eau. La dilatation caufée par la chaleur
fait fortir au premier inftant quelques bulles
d’air; le charbon noircit, s’éteint en très-peu de temps;
l’eau commence à remonter dans le récipient, 8c aii
bout de quelques heures, elle occupe environ le cinquième
de la capacité totale du récipient. Cette eau
fe trouve avoir acquis la propriété de troubler furie
champ l’eau de chaux.
E x p é r i e n c e X X V I I I .
Au lieu de porter fous le récipient le charborf
S allumé ; ce qui ne permet pas de déterminer exaéle-
X x x x