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teint , au molns'par des approximations fetisfaifarttes,
on piiiffe en tirer des expreflions numériques des
rapports d’affinité. v *
On ne peut qu’applaudir à l’idee très - heureule
du célèbre Académicien de Londres, d’avoir iàifila-
cide muriatique dans Ton état gafeux pour en former
enfuitemn acide liquide , dont il connomoit d a-
vance la portion d’eau qui le mettoit en liqueur. Je
ne fais cependant fi l’on peut affirmer que le gas
acide muriatique eft abfolument privé d eau , je
conçois que i’on peut le regarder comme fe c , ce qui
eft fort différent : une matière eft fèche quand elle
ne mouille, pas, quand elle ne laiffe fur les corps
auxquels l’eau eft fufceptible d’adhérer , aucune- de
fes; parties fous'la forme, ou, feulement avec 1 ap- •
parence d’tm fluide aqueux.' Mais, peut-on conclure,
de là qu’une telle matière n’admet aucune portion
d’eau dans fa çompofition ? non fans doute ; car 1 eau
de cryftallifation des fols ne mouille pas davantage,
& la glace, qui n’eft que de l’eau, devient fèche-
à une certaine température. Le gas acide muriatique,
de même que le gas acide fulfureux, eft abforbé
comme l’on fait, très- facilement dans, l’eau , fans
donner aucun indice/de dècompofition , fans mettre
en liberté une quantité fenfible de chaleur : ces çir-
conftances fepiblent: indiquer que c eft -plutôt une fur-
çompofition avec l’eau qu’une première çompofition. -
Enfin, nous ne femmes pas encore affe? avances
pour prononcer qu’il n’y a pas une portion d eau
effentielle à l’état falin acide ; & dans ce cas , l’acide
muriatique, gafeux n’en feroit !pas. plus| exempt que
le aas, acide méphitique, que- le gas acide fulfureux,
que l’acide vitriolique fumant, do/it les cryftaux demeurent
fecs tant qu’ils ne touchent rien qui puiffe
leur fournir de l’eau. . . 'ni
A la vérité, il pourroit être indiffèrent-a;lhypo-
thèfe de ,M. Kirvvan- que :l’eau fut une des parties
conftituantes effentieîles .du -gas acide muriatique ,
puifqu’iî n’en feroit pas moins pour cçla 1-açide prive,
de toute eau furabondante, L’acide réduit à fa ; fubi--
tance Dropre , en un mot Y acide réel ; cependant, il
y auroit bien plus de. faifon de craindre que cet'
état gafeux de l’acide muriatique, ne fût pas rigoureusement
confiant, qu’il ne fut pas un indice plus
fur de fa concentration au dernier degré: que l’état
de vapeurs que prennent les deux autres acides minéraux
; & puifque ceux-ci 11e jouiffent pas de la
même propriété ;• puifqu’on ne peut les amener1 au
même point, il eft encore permis de douter s’i l y ,
a feulement néceflité que leur maxinum de puiflance
fo trouve dans les limites indiquées par des effets
dont ils ne font pas fufceptibles. •
Cette première bafe manquant, l’Auteur a cherché
à y Suppléer > en établiiTant, par des expériences^
que les trois acides minéraux ont une égale affinité
avec les deux alkalis fixes, & que les quantités gu ils
exigent de ces alkalis pour leur faturation , . eft proportionnelle
à la quantité d’acide réel qui s’y trouve.
Mais je ne ‘puis regarder comme, déciîives celles de
cps expériences, qui ne prouvent la première propo-
A F F
fitiort qu’en fuppofant ia fécondé * 8c la fécondé *
qu’en tenant la première pour démontrée : o r , il faut
convenir que c’eft le plus grand nombre qui eft
affefte de cette corrélation hypothétique. M. Kirwan
s’eft bien attendu que les Chymiftes fe rendroierit
d’autant plus difficiles fur les preuves dire&es du
premier fait, qu’ils favoient que l’acide vitriolique
décompofoit le nitre & le muriate de potaffe, &
qu’ainfi il devoit commencer par concilier ce phénomène
avec l’égalité d’affinité de îa potaffe avec
•les trois acides.^Pour cela, il obferve que les acides
nitreux & muriatique décomposent aufli le vitriol I
de potaffe j que dès-lors ces decompofitions réci-
•proques ne peuvent dépendre que d’une affinité
‘double ;■ que la matière de la chaleur eft le qna-J
trième corps qui produit ce concours ;. que le fel j
-neutre îi’eft pas décompofé par fimple diffolution dans |
un -acide . différent ; que la dècompofition du nitre
ne commence que quand l’acide nitreux fe "convertit
en gas ; que des trois , acides ont une différente ca- |
pacité pour contenir la matière de la chaleur ; enfin,
que l’acide vitriolique en contenant plus, ©u ! du .moins,
en abandonnant une plus , grande quantité que les-l
deux autres , ilorfqu’jl s’unit aux alkalis-, j il.doitarri-
iver quand on le met en contaéf avec le nitre ou :
le muriàtèy que fa chaleur paffe à -l’autre acide,lequel
acquérant .par-là un dêg.re de rarefaéfion.-fcon-,
fidérable , eft chaffé de. fa bafe. alkaline , quoiqu’il |
l’attire, en effet auffi puiffamment, A l’appui de cette
explication , M. Kirwa-n .rapporté; quelques effais, comparés
fur cette différente çapâçité.. dé; elia-leur cles;
trois acides, d’où il, réfulte que, - quand . on verfe ,
en une. feule fois j fur une pareille; quantité -ffemêm.e.
potaffe,, dès poids égaux, de chacunj des -aci/des. vi- .-
triplique-, nitreux ,& muriatique, contenant exafte-,
ment la même' quantité d’acide réel, les., quantités
de chaleur produite, mefurées par lé Thermomètre
de Farenhèit, ' font : : 1 3 8 : 1 2,0' : 00., _ * /
Cette 'explication ne peut être adïnife que dans la |
fuppofition qu’il' y a eXa&ement décbmpdfition réciproque
du nitre par l’acide vitriolique, 8c du vitriol
de potaffe par l’acide nitreux ; o r , cette réciprocité |
n’exifte pas , puifque l’acîde vitriolique décompole
complètement le nitre, & que , fiiivant l’obforvation
de Bergman, l’acide nitreux ne prend jamais qu’une
portion de la bafe au vitriol de potaffe, & ne fait
ainfi que le irieftre en état de fel avec excès d’acide;
je n’ajouterai rien à ce que j’ai, dit à. ce fujet
dans la première Seéfion de ce paragraphe, oh l’on
peut voir ( page.$62 ) le fymbole de "cette operation |
réduite à lès vraies circonftances & ramenée à les
vrais principes. ' _
Je ne dois pas laiffer ignorer que M. Kirwan ne pre- |
tend pas lui-même que la dècompofition du vitriol de
;potaffe par l’acide nitreux foit jamais complète. 1
avoue au contraire que fes expériences s’accorde11 |
fur ce -point, avec celles de Bergman , puifqu’ayan*
mis 6 0 grains de vitriol de potaffe dans un mélangé
de 10 0 grains d’eau avec 6 0 grains d’acide nitreux,
à 1 , 3 5 5 defpécifique (qui.tenoitconféquemment.au-
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tant d’acide réel que les 60 grains de vîtrlol ) » il
trouva au bout de huit jours , le fel entièrement
diflous, fans aucun figne de dècompofition ; & qu’il
n obtint pas de nitre par Vévaporation de la liqueur.
Pour donner la folution de cette nouvelle difficulté
, M. Kirwan indique d’autres proportions, au
moyen défquelles il a obtenu une dècompofition,même
fans le fecours du feu , parce que l’acide nitreux qu’il
avoit porté dans le mélange en bien plus grande dofe,
pouvoit, quoiqu’ayant réellement moins de chaleur
fpécifique que l’acide vitriolique, lui en abandonner,
dans ce cas, une fuffifante quantité pour le dégager.
J’oppoforai à Cette diftinéfion deux réflexions : la
première, que l’on ne voit pas comment la chaleur
de la portion d’acide nitreux qui ne doit pas entrer
darfs la nouvelle combinaifon , peut être rendue libre
& contribuer à la dècompofition. La fécondé porte
fur les procédés même des deux expériences ; dans
l’une, M. Kirwan juge la non-décompofition par l’é vaporation
de la liqueur ; dans l’autre, par la feuli
aftion du mélange fur l’antimoine : il eft évident que
les deux moyens dévoient être également appliqués •
à l’une & à l’autre , & que fans cette précaution,
dont l’Auteur ne parle pas, les deux réfultats ne
peuvent être comparés pour tirer des conféquences
de leurs ^différences.
M. Berthollet, qui a fiiivi & confirmé l’opinion de
Bergman par une fuite d’expériences faites avec foin ,
a propofé, dans le Mémoire qu’il a lu à l’Académie
des Sciences le 19 Avril 1785 ., d’autres obfervations
non moins importantes fur les preuves de M. Kirwan;
je ne puis mieux faire que de les réfumer ici.
i°. On eft d’accord que la dilatabilité d’un acide
par la chaleur peut entrer pour beaucoup dans la dé-
compofition d’un iel par un autre acide, la Chymie
en fournit grand nombre d’exemples ; mais c’eft
toujours dans les opérations auxquelles on emploie
Je feu des fourneaux, pour accumuler la matière de ;
la chaleur,, & non quand il n’y a qu’une fbible chaleur
produite par le mélange même, à la température
ordinaire ; c’eft alors une fi petite partie des
forces, qu’elle peut être négligée. '
2°* M. Kirwan ( dit M. Berthollet ) eftime la
chaleur fpécifique des trois acides minéraux par la
chaleur qui s’en dégage lorfqu’onles mêle, en quantité
égale d’acide réel, avec pareille quantité de diffolution
alkaline ; o r , cette obfervation ne détermine
pas la chaleur fpécifique , elle prouveroit plutôt que
l’alkali a plus d’affinité avec l’acide vitriolique qu’avec
l’acide nitreux , fuivant la penfée de M, Monge,
que plus les corps fe. combinent intimement, plus
us expriment du principe de la chaleur.
3 • M. Kirwan ne fait point état de la force avec
laquelle l’alkali tend à fe combiner avec un excès ]i
..................... A F F j8 <
d acide vitriolique, qui eft cependant réelle 8c bien
prouvée. Ce que M. Berthollet appelle ici affinité
de l’alkali avec l’excès d’acide, eft ce que j’ai cru
devoir nommer affinité du fel neutre lui-même avec
un exces de fon acide, ou du compofé avec l’excès
d un de fes principes, dont on a vu plus haut un
grand nombre de preuves, qui s’appuient mutuellement
& mettent ce point de théorie hors de doute*
4°. M. Kirwan ne tient pas plus compte du changement
qu’éprouve l’acide muriatique, lorfqu’il fe
furcharge d’air vital » changement rendu fenfible par
la produéfion de l’acide muriatique déphlogiftiqué,
& qui explique bien plus naturellement la décompo-
fition des fols nitreux par l’acide muriatique.
ç°. La maniéré de M, Kirwan de juger les dé-
compofitions par des réa&ifs, l’obligeoit à faire entrer
dans le calcul des forces l’affinité des fubftances
qu’il employoit dans ce deffein, puîfqü’elle concou-
roit néceflairement avec l’acide libre à rompre l’union
de l’acide vitriolique avec la bafe alkaline ; il
l’a totalement négligée.
De ce premier examen des principes du fyftême,
fi l’on paffe à ce qui concerne plus particulièrement'
les proportions de l’acide réel, la çompofition des
fols & les applications de ces données aux affinités
par concours, on découvre bien d’autres motifs de
doute 8c d’incertitude*
Par rapport à la quantité d’acide réel, M. Kirwait
l’a calculée dans la fuppofition que l’accroiffement de
denfité des mélanges d’eau & d’acide vient uniquement
de la perte de chaleur qu’éprouve Tacide., &
on verra à l’article acide vitriolique, §. 1F , que c’eft
l’eau elle-même qui fouffre la plus grande partie de
cette perte (1 ) , qu’elle doit diminuer de volume en
proportion , & conféquemment qu’il faut ôter à la
denfité de l’acide toute celle que l’eau acquiert dans
cette union.
Une obfervation à laquelle je ne fâche pas qu’on
ait penfé jüfqu’à ce jour , me femble faite pour confirmer
cette conféquence, 8c pour vérifier en même
temps ce que j’ai dit plus haut, qu’il pouvoit y avoir
une portion d’eau effentielle à l’état falin acide : cette
obfervation a pour objet le rapport de pefanteur fpécifique
de l’acide vitriolique concret fumant.
La propriété de cet acide d’attirer très-puiffàm-
ment l’eau de l’air athmofphérique, de s’élever furie
champ en fumée avec elle, par ia chaleur qui
s’en dégage ( voy. a c id e v it r io l iq u e f u m a n t ) ,
ne permettant pas de le foumettre aux procédés
hydroftatiques ordinaires , voici comment j’y ai fup-
piéé pour rendre cette expérience auffi exa&e qu’il
étoit poffible.
Cet acide avoit été tranfvafé du récipient dans
un flacon, pendant qu’il étoit encore fluide, avec
<l»â d esT "* 3 Pl*hcatton du volume qui contient cet article, M . Kirwan m’a écrit avec cette franchife qui n’appartient
Jï‘r maint 7»° ° ,,e fuPérieur » approuvoit ma conclufion fur la pefanteur fpécifique des acides, qu’i l étoit
non totalement ^i l l'eau elle'meme iu>lt càndcnf i e > ^ 9UC la chaleur qui fe dégageoit des mélanges yctioit principalement,
Chymie. Tome I. E e e ç