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verture une bâfre de fer pour fupporter le rablede i
fer avec lequel on retire ces fcories. Cet outil eft c
fait d\in fer plat d’environ i pied de long fur 5 I
pouces de large & 6 lignes d’épaiffeur, foudé à l’ex- c
trêmité d’une grande barre d’un pouce en quarré. c
Lorfqu’il eft rouge & qu’il fe plie , on le retire pour 1
le redreffer ; pendant ce temps, on jette de la nou- t
veïle charbônnaille, '& avec un femblable outil on 1
enlève les fcories reliantes. On referme, après cela, f
l’ouverture avec la même brique, & on laluteavec *
de l’argille. Le Raffineur paffe enfuite derrière la 1
tuyère & fait fauter la peiotte d’argille dont il a ;
été parlé : pour-lors le vent des foufflets frap- I <
pant fur le bain de cuivre , 1 agite 6c k accéléré 1
la fcorification des parties étrangères , qui, par le ]
mouvement du bain-, fe prèfentent fucceffivement J
au contaél de l’air. Depuis cet inftant, te Raffineur 1
doit vifiter fouvent la tuyère, pour en ôter , avec ;
une baguette de bois, les morceaux de cuivre qui ;
s’y attachent quelquefois ; fi ce métal y eft trop adhe- 1
ren t, il fe fert d’une baguette de fer ; il prend en-
fuite des effais pour connoître à quel point fe trouve :
le cuivre ; pour cet effet, il emploie un fer arrondi ..
& poli aux deux extrémités, on le nomme fer d’effai;
il le paffe par la tuyère, le plonge dans le cuivre
& l’en retire promptement pour l’éteindre dans un
baquet d’eau. Quoiqu’il foit difficile de donner,
des règles certaines'pour connoître le degré de pureté
du cuivre , on peut cependant dire en général
qu’il donne par gradation les marques fuivantes : peu
de temps après que l’on a décrafié le cuivre pour la
première fois , l’effai que l’on prend eft u n i, a une
couleur pâle en dehors, mêlée de taches noires , fa
fraélure eft d’un rouge cendré ; on le détache de
la baguette en la frappant fur un marteau. Un fécond
effai fe prend un quart d’heure après, celui-
ci devient un peu raboteux à fa furface, les Ouvriers
le nominent râpe ; ces efîais fe prennent de
temps en temps. Le cuivre devient de plus en plus
raboteux & acquiert une plus belle couleur ; l’on y
apperçoit intérieurement des taches couleur de laiton,
& il devient plus, mince. A la rdpe fuccèdent
de petites élévations, mais qui font toutes percées,
de forte que l’effai eft encore raboteux au toucher,Lorfque ces élévations deviennent plus confidérables,
quoique toujours percées, on décraffe, pour la fécondé
& dernière fois, de la manière décrite. Alors
le cuivre approche de fa perfection, . ce que 1 on
reeonnoît à fa belle couleur,.aux trous des élévations
qui fe ferment en partie, & a ce que 1 effai -
devient plus doux au toucher ; il s’y forme auffi à
l’extrémité-un ou: deux petits crochets , & l’on , y
apperçoit des taches d’un rouge fanguin fort unies ,
c’eft le point de perfection du cuivre: qu’il ne faut
pas paffer. 11 faut, fuivant la nature .du cuivre,
depuis une heure jufqu’à'deux , pour qu’il ait acquis
ce degré, c’eft-à-dire, à compter du moment qu’il
a été déctaffé la première fois. C ’eft a cet mitant
que l’on doit faire la percée 3 un moment auparavant
on commence à dégager )e paffage, en; ôtant ayec
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un ringard l’argiHe que l’on a mife derrière la brique
dans le trou de la percée, afin qu’auffi-tôt que le
Raffineur a reconnu le vrai point du raffinage du
cuivre, on puiffe le faire couler dans les baffins
de réception. On met à Cet effet, dans le trou de •
la percée, une barre de fer rond d’un pouce de
diamètre, pointue à une de fes extrémités , dont
l’autre eft garnie' d’un bouton de fe r , fur lequel on
frappe jufqü’à ce que l’on préfume qu’elle a été affez
avant pour faire fauter la brique. Alors on prend
la fourche, figure 6 de la planche VIH-, on la paffe
au bouton de la barre de percée, un Ouvrier tient
cette fourche verticalement, tandis qu’un autre frappe
horifontalement deffus, de cettè manière on. retire
les fers de percée, ,&«le cuivre coule dans chaque
baflin de réception 3 mais comme il arrive quelquefois
qu’une des percées eft ouverte plus promptement
que l’autre , on a ménage un canal horifbntal
pour communiquer aux deux baffins, & éviter le
danger qu’il y auroit fi le cuivre fe répan,doit- dans
la fonderie, dont l’humidité le feroit éclater. On
11’ôte point la charbônnaille qui a fervi. à chauffer
les baffins 3 on ne la. retire qu’avec, les fcories qui
ont fuivi le cuivre 3 on bouche, enfuite les deux'trous
de percée avec de l’argilLe pour qu’il ne çoiile pas
davantage de fcories. Lorfque la furface. du cuivre
■ , a été bien nettoyée , il s’y élève une ëfpèce de fu-
■ mée, qui n’eft autre chofe que dès parties de cuivre
, fphériques, divifées à l’infini, & que l’on nomme
par cette raifon cendrée de cuivre. Si ce métal etoit
l un peu moins raffiné, il s’en éleveroit encore une
: plus grande quantité 3 mais pour la diminuer, on en
l refroidit la furface par le vent de plufieurs petits
: foufflets , & elle fe couvre d’une petite pellicule 3
■ auffi-tôt on 1 y répand un peu .d’eau, que l’on re-
- nouvelle jufqu’à t e que.la rofette ait affez de con-
- fiftance pour être enlevée. Six hommes font occupes
; à chaque baffin pour lever les rofettes à mefure
; qu’elles font figées , & pour les porter dans une
r cuve placée à portée , où l’eau fe renouvelle conti-
- nuellement afin qu’elle .foit toujours froide , & que
t le cuivre prenne une belle couleur.; <Ges rofettes fe
, lèvent avec des fourches & barres de fer plates
.
p ar le bout. • • •
, Le fol ou baffin du fourneau peut fervir à deux
- & fouvent à trois .raffinages, comme il a été dit,
s fans autre réparation que celle d’enlever les fcories
1 qui s’arrêtent devant la percée,; & de mettre une
- nouvelle brique devant chaque petit mur. L’on ob-
i ferve, à cette occafion, que lorfqu’on fait a neuf
1 toutes les couches de brafque qui forment le baffin,
j on doit avoir attention de ne .pas battre auffi
tement les inférieures que la fupérieüre , fans quoi
t celle-ci trouvant de la , réfiftance dans la couche qui
, la fuit, ne s’y lie pas bien 3 d’où il arrive que cette
s première çouche peut s’enlever, & même la fécondé,
il pendant l’opération du raffinage, qui pour-lors Çi
t manqué 3 en ce cas, l’on fait couler le cuivre dajs
t les deux baffins de réception, & comme le fol du
c fourneau a baiffé en râifpn de la_ brafque qui s’en ei
enlevée x
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enlevée, toiit le cuivre ne pourrait pas s’écouler dans
les deux baffins de réception ordinaires, on en a
pratiqué un troifteme plus bas, marque M , dans lequel
on feit couler le furplus. .
“ L’opération qui vient d’être décrite, dure ordinairement
neuf à dix heures. On a reconnu que
chaque raffinage confommoit l’un dans l’autre quatre
cents fagots de quatre pieds & demi à cinq pieds de-
longueur, fur deux pieds de circonférence. Comme
la flamme du fagot tourmente beaucoup plus le fourneau
que ne fait celte du bois de corde,.on emploie
fort fouvent de ce dernier; l’opération n’en devient
pas plus chère, mais alors on rétrécit la chauffe,
comme on peut le voir dans le plan fuperieur ( fig.
2.) par la ligne ponétuée, lettre B. Il s’en confomme,
lorfqu’il eft refendu , au plus trois voies ou moules
, faifant enfemble 184 pieds cubes. Un Maître
Raffineur, &deux Aides, conduifent ce raffinage.
Le charbon de terre peut s’employer utilement
pour l’opération dont on vient de rendre compte^
répreuve en a été faite. Il eft vrai qu une demi-
heure après que le cuivre fut fondu, voyant qu il
n’avançoit pas autant qu’avec le bois, l’on acheva
le raffinage avec des fagots bien fecs, & l’on con-
feille d’en ufer toujours de même lorfqu’on fe fervira
de charbon de terre, parce que quand le cuivre approche
de fa perfection, il feroit. à craindre que
l’acide vitrkffique de ce combuftible ne fcôrifiât une
portion de ce métal, au lieu qu’on ne court pas les
mêmes rifquès dans le commencement de l’opération,
parce que l’acide attaque de préférence le fer & le
zinc contenus dans le cuivre noir.
Un raffinage de cinquante quintaux de cuivre noir
rend communément de quarante-cinq à quarante-fix
quintaux de cuivre-rofette, ce qui fait un déchet
de huit à neuf pour cent 3 mais ce déchet n’eft qu’ap-
pareiiç , puifque , par des effais réitérés, on a reconnu
que le déchet réel n’étoit que de quatre &
demi à cinq pour cent, attendu qu’il refte toujours
beaucoup de cuivre dans les craffes, & que l’on obtient
par une fonte dans le fourneau à manche. Enfin
il a été prouvé que le cuivre éprouvoit. environ un
pour cent de moins de déchet dans ce fourneau , que
fur le petit foyer ; on peut attribuer cette différence
à ce que l’on perfectionne dans'une feule opération
une quantité de métal qui en exige environ vingt
fur le petit foyer. On fait d’ailleurs que l’on ne
peut raffiner du cuivre fans qu’il y en ait toujours
im peu qui fe fcorifie avec les matières qui lui font
étrangères. Plus le volume eft grand, plus la quantité
qui fe fcorifie eft petite en proportion 3 d’un autre
côté, le petit foyer eft un fourneau ouvert, où l’on
s’apperçoit que le fouffiet enlève de petites parties
de cuivre qui fe répandent dans la fonderie 3 la violence
du vent en enlève auffi par la cheminée : on
en ramaffe une partie en Allemagne, en pratiquant
une petite chambre dans les-cheminées des petits
foyers à raffiner le cuivre.
Quant à la différence pour-la confommation du
bois, il eft prouvé que la dépenfe du grand four-
Chymïe, Tome I ,
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neau eft moindre des deux tiers de celle qu’exige en
charbon le raffinage fur le petit foyer.
Il réfulte de ce détail que le fourneau de réverbère
fervànt à raffiner le cuivre aux mines de Cheffy
en Lyonnois, a plus de chaleur que n’en ont ceux
d’Allemagne , & qu’il eft plus avantageux : celui de
Grunthal en Saxe confomme 438 pieds cubes de bois
de corde, & environ vingt-quatfé pieds cubes de
charbon, pour raffiner feulement quarante quintaux
de cuivre noir. A Tayoba en Hongrie, on confomme
environ deux cents vingt pieds cubes de bois de
corde pour en raffiner cinquante quintaux auffi dans
un fourneau de réverbère, auxquels on ajoute trois
à quatre quintaux de plomb, qui fe fcorifient en pure
perte 3 on fait d’ailleurs que dix livres de plomb fcorifient
environ une livre de cuivre.
C H A P I T R E V I L
De la fonte des déchets réfultans des opérations détaillées
dans les Chapitres précédens.
Lorfqu’on a paffé à la liquation beaucoup de
cuivres, & qu’on a en magafin une affez grande
quantité de craffes ou déchets , tous métalliques, on
en tire parti par la fonte dont il s’agit ici.
Cette fonte peut fe faire dans un fourneau à manche
particulier, ou dans celui qui eft deftiné au ra*
fraîchiffement, en obfervant d’en démolir la doublure
, afin de pouvoir, en la reconftruifant, donner
à l’intérieur du fourneau les dimenfions fuivantes :
deux pieds & demi de profondeur, depuis le devant
; de la chemife , jufqu’au mur mitoyen qui porte la
tuyère 3 vingt pouces de largeur contre la tuyère ,
& un pied à l’endroit de la chemife 3 la hauteur la
même que dans le cas du rafraîchiffement, ainfi que
la brafque. On fermera également l’ouverture du bas
de la chemife, avec des charbons, & on y commencera
la fonte après qu’on y aura entretenu, pendant
fept à huit heures, un petit feu de charbon,
ainfi que dans le baffin de l’avant-foyer, qui doit
être fait comme celui du rafraîchiffement. J’ai donné
plus d’épaiffeur qu’il n’étoit néceflàire à la doublure
du fourneau de rafraîchiffement ( planche IIJ. ) afin
de pouvoir y en conftruire une plus mince, dans le
cas de la fonte des déchets.
L’on a dit que tous les déchets du rafraîchiffement
, de la liquation , du reffuage, & le$, écumes
ou craffes des affinages du plomb & raffinages du
cuivre , font en partie compoiés de cuivre, de plomb
& d’un peu d’argent : c’eft pour en retirer ces métaux,
qu’on doit fondre ces déchets & en mouler
les parties métalliques en pains ou pièces de liquation
, comme dans le rafraîchiffement. On'conçoit
qu’il n’eft pas aifé , dans cette circonftance, de faire
des mélanges qui puiffent produire des pièces de liquation
, dont les proportions en cuivre, plomb &
argent, fe trouvent égales à celles des pièces qui
proviennent d’un rafraîchiffement ordinaire. Mais il
fuffira de favoir les quantités de chaque efpèce dç