
d’affinité que l’on obferve entre les acides & les
bafes ; il ne nous faut ici rien de plus, & ces valeurs
placées dans un emblème à 'la manière de
M. Bergman, démontrent fur-le*champ qu’il doit
y avoir décompofition.
Dicompojîfion du vitriol de potajfe par le nitre
calcaire,
Nitre.
/ Potaffe 7 acide nitreux \
1 8 -
^ acide
V vitriolique 6
V = i T
Vitriol]
de f
potaffe. j
4 ] = I2
calce
I
\
/ Nitre
■ calcaire.
Vitriol calcaire. \
Puifque 6 -f- 7 = 13 , fomme des forces divel*
lentes, ou qui confpirent pour produire d’autres
fels que ceux qu’on a portés dans le mélangé , eft
plus forte que 8 + 4 = **1 fomme des forces quief
centes , ou qui tendent à maintenir les combinations
aéruelles, on ne• doit plus être étonné de voir
qu’il y ait échange de bafes entre les deux acides.
Décompofition du vitriol de foude par le muriate
magncjîen.
Vitriol magnéfien.
/ Acide 1
1 vitriolique 80 magnéfie j * •
/ *65 . -+* 7 i]= 2 3 0 *K Muriate
i foude 158 acide (f magné-
1 fien.
1 = 2 3 8
muriatique 1
Sel commun.
Les forces divellentes exprimées dans ce fécond
cas par les nombres de M. Kirwan , furpaffant
encore les forces quiefcentes , il doit y avoir, &
il y a en effet décompofition.
On tenoit ci-devant pour indubitable que l’acide
vitriolique avoit une plus grande affinité avec les
alkalis qu’avec les métaux; on regardoit comme
des phénomènes dépendans de l’affinité fimple les
précipitations des métaux les uns par les autres :
un examen plus approfondi a bien changé ces opinions
, & jufqu’à la diffolution direâe d’un métal
par un acide, eft confidérée aujourd’hui par quelj
que-uns des plus grands Chymiffes comme IVffe*
d’une affinité double, ce qui peut s’entendre pref-
I que également, foit qu’on ne mette en jeu que le
! phlogidique feul, ou l’air vital feul, foit qu’on les
fuppofe agiffans fimultanément pour la converfion
des métaux en chaux & réciproquement. Mon
intention n’eft pas de répéter ici ce que j’en ai dit
ailleurs, mais il m’a paru convenable de rappeller
en peu de mots ces théories nouvelles avant que
de recueillir les faits qui doivent compléter le
fyftême des affinités du premier acide minéral.
Lorfqu’on ajoute de l’alkali à la diffolution d’un
métal par l’acide vitriolique , il y a un précipité
métallique, & cela vient, fuivant M. Kirwan, de
ce que l’alkali reprend l’excès d’acide néceffaire à
la diffolution métallique. M. Bàyen a fait voir que
le vitriol de plomb ne pouvoit être privé, même
par les alkalis fixes cauftiquei, que de la moitié
de fon acide, & qu’ils ne décompofoient de même
qu’à moitié le vitriol mercuriel. fJoum.pkyf tom.
V I , pag. 4P>)
Par la voie sèche, les obfervations qui établit
fent la décompofition du vitriol de potaffe par
les métaux font encore plus multipliées. J’ai déjà
cité la belle expérience de M. Monnet, quia fait
un véritable hépar en traitant au creufet ce fel
avec l’antimoine (en régule) : M. de Wafferberg
a annoncé que la même ehofe avoit lieu avec le
zinc; mais M. de Fourcroy a donné un travail
plus fuivi fur cette matière , & il réfulte de fes
expériences, i ° . que l’or, la platine, M argent, le
mercure, le cuivre 9 le plomb & le bifmuth traités
au creufet avec le vitriol de potaffe ne lui font
éprouver aucune altération. Il obferve avec raifon
que c’eft probablement la volatilité du mercure qui
met obftaCle à la décompofition.
2°. Que Vétain , le fer , Xantimoine & le fine
décompofent très*bien ce f e l , à la feule chaleur
que peuvent fupporter les cornues de verre lut-
tées ; qu’il ne faut guères plus d’une demi - partie
de métal ; qu’il fe forme dans ces opérations de
vrais hépars métalliques, & que les métaux paffent
à l’état de chaux.
30. Que l’arfcnic & le cobalt en décompofent une
très-petite partie, & que peut-être la décompofition
n’a lieu avec le cobalt, que parce qu’il tient un peu
d’arfenic.
Ces décompofitions font dues évidemment à une
double affinité ; & c’eft parce qu’elle eft néceffaire
qu’elles ne réuffiffent pas avec tous les métaux,
La quatrième fubftance fera, fuivant lespartifansdu
fyftême an tiphlogiftique, l’air vital repris à l’acide par
le métal; M. de Fourcroy préfère de dire avec l’illuf-
tre Macquer, que le métal ne prend l’air vital à l’acide
qu’en lui cedant fon phlogiftique (mem. de Chy-
■ mie, 6*c. p. 262 ). Cette théorie, qui s’accorde beaucoup
mieux avec l’énfemble des faits, a l’avantage
de préft nter ici pour quatrième agent le réfultat
de deux puiffances au lieu d’une , qui fouvent
fer oit
feroit infuffifante pour expliquer la variété des
effets.
Ain f i , lorfqu’on jette du fer dans la diffolution
de vitriol de cuivre il fe forme du vitriol martial,
& le cuivre eft précipité en état de métal, parce
qiie le fer lui cède le principe métallifant, & lui
prend en même-temps le principe acidifiant qui le
conftitue en état de chaux , ce qui eft effentiel à
la diffolution. Le fine décompofe , par la même
raifon, le vitriol de mars; mais M. Kirwan penfe
que l’échange ne commence que quand le fer fe
précipite fpontanément par déphlogiftication.
L’acide vitriolique prend Xargent & le mercure a
l’acide nitreux ; à plus forte raifon la décompofi-
tion des nitres d’argent & de mercure a-1- elle lieu
avec les fels vitrioliques, puifque l’affinité de leurs
bafes avec l’acide nitreux ne peut qu’augmenter
la puiffance divellente. La diffolution nirreufe d’argent
eft précipitée même par les vitriols de, cuivre,
d’étain, de fer &c.
Il cède Xargent aux acides muriatique , fébacé
& oxalin. M. Bergman met ici un intervalle considérable
entre les acides faccharin & oxalin qu’il
a lui même prefque toujours rapprochés dans les
autres colonnes : j’ai averti une fois pour toutes,
que ces deux acides n’en formoient qu’un , dès-lors
leurs affinités ne peuvent être différentes.
Il cède le mercure aux acides oxalin , karabique ,
arfenical & phofphorique. Si on verfe de l’acide
vitriolique dans une diffolution de muriate mercuriel
corrofif, il y a précipitation ; mais M. Bergman
s’eft affuré qu’il ne faifoit que reprendre l’eau de
diffolution.
Le cuivre lui eft enlevé par les acides oxalin,
tartareux & muriatique ; mais à l’égard du dernier,
M. Bergman obferve que la moindre chaleur
, même celle du foleil , rend l ’avantage à
l’acide vitriolique.
I l prend le plomb à tous les acides.
Il laiffe aller Xétain aux acides fébacé, tartareux
& muriatique.
Il ne cède le fer qu’aux acides oxalin & tartareux
, & le reprend à tous les autres.
La diffolution vitriolique de bifmuth eft décotn-
poféepar les acides oxalin, arfenical, tartareux &
pnofphorique.
Il ne cède le nickel, Xarfenic & le cobalt qu’aux
acides oxalin & muriatique.
Il enlève le fmc à tous les acides, excepté à l’acide
oxalin.
J II abandonne Xantimoine aux acides fébacé, muriatique
& oxalin.
I II cède enfin la manganèfe aux acides oxalin
citronien * phofphorique, tartareux , fluorique &
Wuriatiquè.
A ces obfervations ? qui confirment déjà ce que
Chy mie. Tome J,
j’ai dit, que cet acide, qu’on a cru fi long-temps d’un
ordre fupérieur à tous les autres, ne manifeftoit
cependant cette puiffance , que dans les cas de
fes affinités, il faut ajouter qu’il fe laiffe enlever
les métaux par trois autres acide; qui n’annoncent
pas à beaucoup près une aâion &ffolvante aufli
énergique : ce font les acides méphitique, galliqut
& pruffique.
Suivant M. Achard, la diffolution vitriolique de
plomb eft troublée par la diffolution du mép'r.ite
de zinc; l’eau chargée d’acide méphitique veiféc
dans les diffolütions de vitriol d’étain & de vitrioL
de zinc y occafionne un peu de précipité. Voye^
A c id e m é p h it iq u e , §. VI.
Tout le monde fait que l’acide de la noix de
galle enlève le fer à l’acide vitriolique. M. Car-
theufer a obfervé qu’il décompofoit aufli le vitriol
de cuivre, & je ne doute pas que la plupart des
vitriols métalliques ne fubiuent la même décom-,
pofition. Voye£ ACIDE GALLIQUE 6* GALLITE.
L’acide pruffique feul ne touche pas aux métaux
tenus en diffolution par l’acide vitriolique; mais
les pruffites décompofent, à la faveur d’une double
affinité , tous les vitriols métalliques , excepté
la diffolution vitriolique de manganèfe : c ’eft l’acide
pruffique qui forme le bleu de Pruffe avec la
bafe du vitriol de mars. Puifque l’acide pruffique
feul ne décompofe pas le vitriol de mars , il fem-
ble que l’acide vitriolique devroit lui enlever le fer
en vertu de la même affinité qui le met en érat
de le retenir, & par confequent décompofer le
bleu de Pruffe; c ’eft néanmoins ce qui n’arrive
pas, & M. Schéele regarde cette anomalie comité
l’une des plus difficiles à expliquer. Voye^ A c id e
PRUSSIQUE.
L’acide vitriolique, ou pour mieux dire fa bafe
acidifiable, cède le phlogiftique à l’acide nitreux ;
car ce dernier décompofe le foufre, s’élève en état
de gas nitreux, & laiffe de l’acide vitriolique, ce
qui s’opère, dans le fyftême de M. Lavoifier 9
parce que le radical vitriolique a plus d’affinité
avec le principe acidifiant. On verra à l’article
acide régalin que le foufre eft également converti
en acide par l’acide muriatique déphlogiftiqué, quoique
M, Bergman ait affuré le contraire. A l’égard
du phofphore, j’ai vérifié que l’acide vitriolique
ne lui cédoit pas le principe acidifiant, comme
il arrive avec l’acide nitreux rayant mis un morceau
de phofphore dans l’acide vitriolique corn*
centré & très-pur, il a fallu donner une chaleur
de 33 degrés pour déterminer quelque adionj
alors il y 2 eu pétillement, vapeurs blanches dans
Je matras , & même quelques jets de flamme, c e
qui pouvoir faire pçnfer que l’acide vitriolique
agiffoit fur le phofphore, mais ce n’étoit dans la
vérité que la combuftion même du phofphore q u i,
s’élevant en globule fluide à là furfaçe de la liqueur,
fe trouvoit en contât avec l'air.
Ccc