diminua, & bientôt on put^-approclier le malade
fans être frappé par la foetidité , elle n’étoit fen-
fible qu’alors que l’ulcère étoit découvert.
Un fungus fe détacha ;~le pus s’amélioroit de
jour en jour , l’ulcère n’avoit plus de foetidité au
.bout d’un mois ; mais ce calme ne fut pas de longue
durée; les douleurs revinrent; la fanie recommença
à couler : on fufpendit l’ufage du gas acide méphitique
; on y fubftitua celui du quinquina : le mal fit
des progrès , & le malade , féduit par des promeffes
illufoires, quitta l’hôpital.
Il eft évident quel ' acide méphitique avoit produit
fur ce malade un effet fatisfaifant. Peut-être qu’en
revenant au même moyen avec des alternative^ &
en variant la méthode, en lui affociant Pufage. interne
de cet acide diffôus dans de l’eau & quelques
autres remèdes à celui-ci, on auroit obtenu la gué-
rifon complété.
L ’art n’étoit pas encore affez éclairé à cette
époque fur l’aClion de ce remède, pour en tirer tout
le parti qu’on avoit lieu d’en attendre. Une remarque
faite par M. Enaux mérite d’être citée , parce
qu’elle peut fervi.r à perfectionner la méthode à
fuivre.
11 s’apperçut que fi le gas étoit employé peu
de temps après fon dégagement, & tandis que la
veffie étoit encore chaude. L ’impreflion du jet étoit
douloureufe : il fe réforma, & obferva que cetteim-
preffion étoit moins vive. Cette obferva don le
guida dans le traitement du fécond -malade, dont
nous avons promis l’hiftoire , 8c a probablement
contribué à fa gué ri fon.
C ’étoit une fille âgée de quarante ans : il lui étoit
venu , deux.ans auparavant > une tumeur dans la
paume de la main , d’abord péu confidérable , mais
dont le volume augmenta rapidement. Un chirurgien
crut y fentir un fluide épanché : il l’ouvrit,
& il n’en fortit qu’une matière fanguinolénte ; les
bords de la-plaie devinrent quelques jours après
durs & calleux. L ’inutilité d’un traitement, déjà
très-long , détermina la malade à fe confier à une
femme qui lui appliqua un emplâtredont l’effet ,
difoit-eile, étoit de ronger les chairs. Celui qu’il
produifit fut d’agrandir l’ulcère , d’augmenter la
callofité de fes bords : lafupurarion étoit ichoreufe;
la malade éprouvôit des douleurs lancinantes & un
fentiment de .chaleur fi vive , qu’il lui fembloi;
qu’on lui brûloit. la partie malade ; fon ulcère ré-
pandoit l’odeur foetide particulière aux cancers. Ce
fut en cet état qu’elle fut admife a 1 hôpital,. où
M. Enaux commença à. la traiter»
On ne pouvoit méconiioître un ulcère chancreux.
Le premier remède qu’employa le chirurgien fut
le quinquina en poudre dont il couvrit l’ulcère, &
les panfemens furent faits deux fois chaque jour ;
mais comme 'les'accidens reftoient toujours les
mêmes , M. Enaux eut-recours, le cinquième jour
du traitement , au gas acide méphitique, 8c s’en
fervit de la même- manière que pou* le premier
malade.
Dès le fécond jour de l’ufage de ce g,as, Podeur
ceffa de manière à frapper d’étonnement les reli-
gieufes hofpitalières prévenues contre ce remède.
Les douleurs diminuèrent & progreffivement cef-
fèrent. L ’ulcère au bout d’environ un mois , avoir
changé de. cara-Clère , 8c pris celui d’un ulcère ordinaire.
La cicatrice fut retardée, pafce qu’il y avoit
eu une déperdition confidérable de la peau , parce
qu’il s’éleva de petits tubercules fupurans fur le côté
de la main qui foutient le petit doigt, & furie poignet;
parce que lescirconftances ayant fait prépofer
un autre chirurgien au traitement de la malade , la
méthode fut changée ; mais la guérifon a été complette
, & l ’ulcère étant réellement chancreux , if
eft démontré que le gas acide méphitique a contribué
à guérir une maladie contre laquelle l.es remèdes
connus échouoient ordinairement : qu’ainfi ce gas
eft une reffburce précieufe dans une maladie regardée
jüfqu’à préfent comme incurable.
M. Soucelièr , médecin à Nui-tz , a fait part à
l’académie de la guérifon d’un ulcère. du. meme-
genre par le même moyen. Il.s’eft vu autorifé par
le fuccès , à faire honneur , au même remède, de ls
cure d’une phtifie 8c de celle d’un mal de gorge-
gangreneux.
Des injeélions de gas acide méphitique dans leva
gin d’une malade attaquée d’un cancer à la matrice,
faites par- le confeil de M. le doCteur Du-
rande , n’ont point guéri Ja malade, mais 1 ont con-
fidérablement foulagée, & ont fenfiblement diffipé
Podeur foetide de l ’ichor qui s’écouloit par les parties
naturelles*
Nous pourrions-citer plufieurs faits de chancres
au vifage, dans la gorge , dans la bouche , 1 & fur
d’autres parties du corps qui atteftent la propriété-
calmante,, déterfive & correélive de ce. gas : mais
ceux que nous avons rapportés fuffifent pour appuyer
les affertions de 1VIM. Withering, PercivaL,
Hey , &c. pour engager à recourir à ce remède
dans les maladjes caneéreufés. il. eft. certain qu'il-
ne réuffira pas toujours; c’eft le fort-des remèdes
les mieux indiqués . & les plus efficaces. Mais fe
refufer à le tenter dans des maladies contre lesquelles
il n’y a aucun remède efficace connu , ce
feroît manquer d’humanité. D’ailleurs fon efficadfcë
dépend peut-être de quelques attentions dont l’expérience,
peut feule prouver la néceflké, M. Magellan
a guéri un ulcère chancreux à la. mamelle,
en tenant cet ulcère dans un bain continuel de gas
acide méphitique > il avoit ouvert la veffie de- manière
qu’elle embraffoit toute la mamelle, <&tque
les bords enduits d’un emplâtre agglutinatif & collés
à la peau , s’oppofoient à.l’évafion du gas qu’elle
renfermoit. ^Peut-être aurok-on eu le même fuccès
dans le premier cas que nous avons c ite, fi Ion
eût pris ou pu prendre la mêmÇ'précaution.
L ’effet de ce gas eût été peut-être plus marque,
s’il n’eût été employé que long-temps après fon
dégagement & fçn réfroidiffement, s’il eut été lavé
auparavant qu’on en fît ufage ;; peut-être falloit-il
fucceffivement donner la préférence à celui que
l ’on auroit dégagé de la potaffe mephinfee par
l’acide acéteux. On fait que l’air inflammable extraie
par la diffolution du fer dans 1 acide vitriolique,
diffère Beaucoup - de’, celùi qui eft dégagé par es :
autres-acides minéraux & végétaux, & de celui
qui s’élève des marais , &c. 0,n fait que tous les
corps précipités ou volatilifés participent des qualités
des fubttantes précipitantes : on fait que 1 acide
acéteux eft moins énergique que le vitriolique, &
qu’un principe huileux s’y trouve en combinaifon
avec i’acide. 11 eft donc poflible que le gas acide
méphitique obtenu par cet acide végétal foit affez
différent de celui que dégage le vitriolique pour
produire un effet moins irritant., Nous pourrions
même ajouter que cela eft probable : qu’ainfi la -
prudence exige qu’on varie lés moyens de fe pro^
curer le gas méphitique dont on fera ufage , & que '
tantôt on emploie celui qu’auront donné les diffo-
lutions de la craie ou de la potaffe méphitifée par
les acides minéraux ou végétaux, tantôc-çelui qu’au-
Kont, fourni la fermentation ou la calcination des
fubftances'calcaires ou ma-gnéfiennes ; qu’ainfi, pour
s’àffurer du degré de confiance que mérite le gas
acide méphitique, il faut multiplier & varier les,;
épreuves. On le peut avec d’autant plus de fécu-
rité , que les maladies contre lefquelles on doit y
avoir- recours font, ou évidemment rébelles à tous
' les remèdes connus ,• ou cèdent difficilement à ceux
pour lefquelles l’obfervation infpire le plus de
confiance.
M. Hulme a cru avoir diffous une pierre dans
la veffie , en procurant le dégagement de ce gas
dans les premières voies par la boiffon fucceffivé-
d’une diffolution alkaline & d’un acide, très-délayé.
La fortie de plufieurs fragmens de cette pierre ,
la diminution des douleurs qu’éprouvoit le malade
paroiffoient faites pour le lui perfuader. Si l’ouverture
du corps de ce malade mort'd’une autre
maladie quelque temps après.cette guérifon apparente,
a prouvé que la pierre h’avoit pas été totalement
diffoùte , çft-ce un motif pour prononcer
que le gas acide méphitique foit incapable d’en opérer
la diffolution 1 Cet exemple ne doit-il pas au
contraire encourager à faire des tentatives du même
genre dans le commencement des maladies calcu-
leufes , à les varier, à chercher , comme l’a imaginé
M. de Morveàu , à opérer ce dégagement dans
la veffie même, avec les précautions relative^ à la
nature du calcul, & à la fenfibilité de l’organe dans
lequel il eft, dépofé.;
M. Achard vient tout récemment d’ouvrir une
nouvelle routé à ce gas : il l’a introduit dans le
tiffu cellulaire par l’infuflation entre cuir & chair,
8c a reconnu qu’il étoit promptement"abforbé. L ’em-
phyfeme artificiel ne feroit un mal réel que dans
Je cas où l’air incarcéré dans les loges du tiffu cellulaire
, ne pourroit en être expulfe. L ’abforption
prompte du gas acide méphitique obfervée par M.
Ashard, ne donne pas lieu de redçuter çep événement.
Ce gas eft un anti-feptique reconnu. Oa
peut donc efpérer , avec le célèbre Chymifte.de
Berlin, que fon introduélion dans le tiffu.cellulaire
fera un nouveau moyen de combattre les
maladies putrides , telles que le feorbut pouffé
au dernier degré, & les fièvres nerveufes putrides,
peut-être même de difliper les rhumatifmes chroniques,
tou jours caufés par une humeur âcre putride
, & de calmer les douleurs occasionnées par
fon acrimonie. Tout ceci eft bien conjeckiral, mais
ne nous paroît pas affez peu vraifemblable pour ne
pas mériter quelque attention.
Nous nous fommes fort étendus dans, cet article,
parce que la médecine n’a pas encore affez de
réffources efficaces dansles maladies , fur-tout dansles
malignes & les chroniques . pour que le médecin
ne cherche pas à les multiplier; parce que fi,
fuivane la réfléxion précédente de M. Macquer ,
il eft à craindre que l’enthoufiafme n’infpire trop de
I confiance pour les remèdes nouveaux; il ne le ft
pas moins que des épreuves ifoléës, inconfidérecs
faites fans-affez de précautions , n’éloignent de l’u-
fage d’un remède, dont l’emploi varié & combiné,
d-’après des vues faines & profondes , auroit pu
enrichir l’art de guérir. ACIDE MÉTALLIQUE. C’eft îe nom que l’illuftre
Bergman donne à quelques .acides q u i, ^relativement
à leur origine, méritent en effet d’être con-
fidérés. fous des rapports communs , 8c de former
par eonféquent une claffe nouvelle.
Ces acides font tirés des métaux, 8c font fufeep-
tibles de reprendre l ’état métallique complet ; ils
paffent enfin par l’état intermediaire de chaux métallique.
Voilà des caractères bien marqués , & qu’i-1
n’eft pas poflible de révoquer en douté , puifqu on
les voit fucceffivement neutralifer les alkalis , s’allier
aux'métaux, & teindre les flux vitreux.
Il n’y a encore que quatre acides métalliques bien
connus ,x qui font : l’AciDE ARSENICAL ou de 1 ar-
fenic, I’à c id e moxybdique ou de la molybdène, I’Acide sydérïtique ou du fyderotete,T I’Acide. uNGSTIQÜÉ ou de la tungftène. Voye^ ces mots.
Suivant M. Bergman', ( Opufc. tom. q , dijfert. 28.)
c’eft la.préfence ou l’abfence, du phlogiftique qui
produit tous ces changemens ; dans 1 arfénic , par
exemple, il y a une terre radicale efîentiellement
acide, qui quand elle eft pure, en manifefte tous
-les caractères ; eft-ellepourvue d une certaine quantité
de phlogiftique? les caractères acides s aixoi—
bliffent, e’eft une -chaux métallique ; eft-elle fatu-
rée de phlogiftique ? ç’eft complètement un métal.
J ’ai fait voir à l’article Acide que cette condition
unique de l ’addition ou de la fouftraCtion du phlogiftique
ne fuffifoit pas pour expliquer tous les phénomènes
, 8c que l’air vital étoit une partie conf-
tituante effentielle de tous les acides.
Ain fi nous confidérons dans larfepic une fubf-
tance primitive, fimple, un élément ehymique ,
quj n’eft par lui-même ni acide, ni métal, mais qui
eft à la fois qcidijïa&le, & fi je l ’ofe dire , métalli