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. s’y cryftallifa reffembloit au vitriol de potaffe,
cependant avec des différences encore plus marquées
que le fel polychrefte de glafer.
4°. Il effaya en vain de diffoudre un peu de
cet acide glacial dans les acides nitreux & muriatique
déphogiftiqués ; ces fluides furent prefqu’en-
tiérement difperfés avec un bruit confidérable.
5°. L ’acide- vitriolique refté' dans là cornue
(no. i ) avoit perdu de fa pefanteur fpéçifique ,
elle n’étoit plus que de 1,9105 ; M. Dollfufz fit
digérer cet acide ( qu’il crut devoir nommer en
cet état déphlogiftiqué) pendant 12 heures avec le
vingtième de fon poids de foufre ; il en fit pafler
enfuite une moitié à la diftillation, la liqueur du
récipient ne fe trouva pas plus fumante que celle
de la cornue ; le foufre fe trouva fondu en une
mafle, & n’avoit rien'perdu ni de fon poids, ni
de fes propriétés ; pendant la faturation de l’acide
avec l’alkali, il n’y eut pas la moindre trace d’odeur
hépatique. L’acide vitriolique anglois digéré
de même fur le foufre ne devint pas plus'fumant.
6 ° . M. Dollfufz diftilla deux onces de cet acide
déphlogiftiqué fur 48 grains de pouflxère de charbon
, il avoit adapté au bec de la cornue un flacon
pour avoir la facilité de le bouçher tout de
fuite; dès que la cornue fut échauffée, le récipient
fe remplit de vapeurs qui percèrent à travers
le lut & qui étoient fulfureufes. Lorfqu’il eut
fait pafler environ une demi-once de la liqueur, il
enleva le flacon & le boucha promptement ;
deux heures après, les vapeurs étant condenfées,
il l’ouvrit & trouva un acide foible, &ns couleur
, d’une forte odeur fulfureufe, mais nullement
fumant. La digeftioa ne réuffit pas mieux que la
diftillation, foit avec l’acide de Saxe déphlogiftiqué,
foit avec l’acide vitriolique anglois.
7®. I l mit dans une cornue tubulée 3 onces
d’acide de Saxe déphlogiftiqué, & ayant adapté
su bec de la cornue un flacon pour fervir de reci-
pient, il y ajouta peu-à-peu un demi - gros d’huile
cflentielle de thérébemine ; le mélangé s’échauffa 1
confidérablement, le récipient fe remplit de vapeurs,
la liqueur s’éleva à une douce chaleur;
U en pafla, eh fix heures, à r peu -près ±once:
le flacon fut pour lors féparé & bien bouché;
il fut ouvert deux heures après, & il s’y trouva
un acide jaunâtre, d’une odeur fulfureufe, beaucoup
plus piquante que dans les précédentes opérations
j mais qui n’étoit pas plus fumant.
8°. Les mêmes acides furent mis en digeftion avec
de la fciure de bois dans un vaifleau bouché ; ils
prirent une couleur noire foncée, mais fans devenir
fumans.
90. Le karabé en fubftance, ainfi que fon huile
furent diffous par ces acides en affez grande quantité
, mais toujours fans leur communiquer la pro-
griétê fumante, * -
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io ° . Enfin, lin charbon ardent fut Introduit dans
un flacon contenant 4 onces décide vitriolique
de Saxe déphlogifliqué , & le flacon bouché fur-le-
champ ; il refta près d’une heure rempli de fumée;
lorfqu’elle eut entièrement difparu, le flacon fut
ouvert, l’acide avoit une très-forte odeur fulfiï-
reufe, mais il n’étoit, pa$ fumant.
Ces expériences ( dit M. Dollfufz) prouvent
évidemment que l’açide vitriolique glacial fumant
, volatil, eft un fçl exclusivement propre
à l’acide retiré du v itriol, puifque quand il eft
une fois déphlogifliqué ( c ’eft-à dire fans doute ,
privé de la fubftance particulière qu’y porte le
vitriol ) , il eft impoflible de lui rendre cette propriété.
On jugera, fans doute, que M. Dollfufz porte loin
les conféquences de fes expériences ; elles prouvent
affez bien que l’acide fumant eft différent de celui
que nous appelions phlogiftiqué ; que les vapeurs-
qui lui communiquent fi facilement l’odeur liilfu-
reufe ne peuvent le rendre fumant, même en le
fuppofant au plus haut degré de concentration ;
& que l’acide dont on a retiré la portion d’acide
fumant plus volatile ne manifefte plus cette propriété,
de quelque manière qu’on le traite avec
les matières phlogiftiques. Ce font autant de vérités
qu’il importoit d’acquérir; mais il n’en réfulte
pas nèceffairement que l’on ne puiffe obtenir de
l ’acide glacial fumant'par d’autres procédés & fans
employer l’acide tiré du vitriol, n i, à plus forte
raifon, que l’acide fumant foit un fel propre à l’a-
çide tiré du vitriol.
D ’autre part, M. Dollfufz rfa iqtçrrogé l’expérience
que dans dçs vues conformes à fa pure
doélrine de Stabl, fans faire état de l’air vital
acidifiant qui fuffit à M. Lavoifier pour expliquer
tant de phénomènes analogues , qui, fuivant nous,
concourt à leur produélion tout aufli effentielieT-
ment que le phlogiftiqué; il m’a paru intéreflant
de chercher de nouvelles lumières par cette noi;-
velle route, avant que d’adopter aucune conclu-
fion. Voici les réfultats de quelques effais entrepris
dans ce deffein.
I. J ai mis dans une cornue de verre 3 onces
de chaux noire de manganèfe de Romanech,
en Bourgogne, bien pujverifée & ' 5 fonces d’acide
vitriolique blanc concentré a 1,840 de pefanteur
fpéçifique; j’ai adapté au bec de fa cornue
un ballon portant fiphon pneumatique (Jîgt é des
appareils pour les gas ) , & j’ai dtfïille 311 fourneau
de réverbère jufqu’à faire pafler quatre onces
dans le récipient. Dès que la cornue a été échauffée,
j’ai fenti diftinéiement une odeur fort reflemblant
à celle de l’acide muriatique déphlogifljc^ié, qui
f<5rtoit par le bec du fiphon que je n’avois* pas
encore engagé fous la cloche. Les premières gouttes
de la liqueur étoient très-épaifles, comme Jmi-
leufes, ne s’étendant ni dans le co l, ni
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dans le fond du ballon : les gouttes qui fuccédè-
rent-jufqu’à la fin étoient beaucoup puis fluides.
Je recueillis , pendant l’opération, environ 20Ô
pouces cubiques d’air vital très-pur, fans compter
ce qui s’étoit perdu pendant la fubftitution des
récipiens*
Dès que les vaifleaux furent un peu refroidis,
je tranïvafai la liqueur du récipient dans un flacon;
elle étoit blanche, & avoit toujours l’odeur
femblable à celle de l’acide muriatique déphlogiftiqué
, quoique beaucoup plus foible que celle
qu’exhale ce dernier acide, lorfqu’il eft fous forme
concrète.
Environ 12 heures après, je remarquai que la
liqueur du flacon avoit dépofé fur les parois &
au fondj des milliers de très-petites bulles; je
foulevai le bouchon, & j’apperçus diftinftement
une légère fumée qui en fortoit ; au furplus l’o deur
étoit la même.
.Cette fumée & cette odeur fe manifeftèrent
en.cofe très - fenfiblement le 3e. jour, lorfque je
verfai l’acide dans un cylindre de verre pour en
prendre la pefanteur fpéçifique, qui ne fe trouva
plus que de 1,728.
Je trouvai dans la cornue une mafle folide, d’un
beau verd, à l’exception d’un cercle tout-à-fait
blanc > qui étoit un peu plus élevé fur les parois.
Leau diflillée froide, verfée fur cette mafle , la
rendit fur-ie-champ d’un brun foncé : la liquâur
pafla claire par le filtre; mais pendant l’évaporation
il s’y fit un dépôt abondant de matière jaune.
La liqueur ayant été de nouveau filtrée, donna,
par d ’évaporation fpontanée, de très-beaux cryf-
Jaux non colorés.
”— «BSgSH utuii-uuK uc ucurs ue îouttre
il a paffe d’abord de l’air qui éteignoit la lumière
enfuite de l’air qui paroifloit un peu meilleur qui
I air, commun ; enfin de l’air vital en aufli grandi
quantité que dans la précédente expérience. L:
liqueur du récipient étoit blanc' e & laiteufe; elli
avoit une odeur fulfureufe afl'ez marquée; mai:
nullement fumante ; mife dans un flacon
elle ne s’étoit pas encore éclaircie au bout de troi:
jours, & confervoit fon odeur.
, Je trouvai le fofure fublimé en mafle d’un jauni
clair, dejnî-rranfparent, dans le col de la cornue
V p réfitlu f'ormo-t nne mafle blanchâtre; cetti
rois 1 eau ne l’a pas rendue noire, mais la liqueu:
nJtrée avoit un coup-d’oeil vineux.
■ diflillai encore 4 onces du même acide vi
ïnoliqne fur 2 gros de foufre ; il ne pafla qu’un pei
f air Commun légèrement fulfureux; il fe fublinu
une portion de .foufre dans le, col de la cornue
jarretai alors la difiillation, & je trouvai dans 1<
fcibfienj ,C‘ -e Pre% e fans couleur & d’une très
™ ®ueur fulfureufe ; la portion refiée dans U
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cornue étoit blanche; il y avoit un globule de
foufre, qui, de même qufe la portion fublimée,
paroifloit n’avoir éprouvé d’autre.changement que
celui qu’il éprouve par la fufion fans combuftion.
Je ne dois pas pafler fous filence un accident
qui changea abfolument lès réfultats, la première
fois que je procédai à cette opération, & qui eft
bien capable de faire fentir l’importation du choix
des vaifleaux peur n’être pas induit en erreur. Lorfque
l’appareil fut refroidi, je fus agréablement fur-
pris de voir dans le récipient Aine mafle blanche
concrète au fond de la liqueur ; mais aufli-tôt
qu’il fut délutté, je reconnus qu’il n’y avoit abfolument
rien de fumant, mais feulement une très-
foible odeur fulfureufe; au fond de la cornue il fe
trouva de même un peu de liqueur avec une pareille
mafle concrète, très-dure , dont la blancheur
tranchoit avec la couleur jaune du foufre qui y
étoit Amplement adhérent & non mêlé ; l’état de
la cornue m’en fit Soupçonner l’origine; toute fa
furface intérieure , jufques dans une partie du col,
étoit: convertie affez profondément en un émail
blanc qui reffembloit exaélement à la porcelaine
de Réaumur : elle avoit donc été attaquée ; en
effet,la mafle blanche concrète fe diffolvoit dans
l’eau, & avoit tous les cara&ères falins.
IV . L’opération précédente fut répétée avec
addition de 24 grains d’huile d’olive ; il pafla d’abord
de l’air commun, enfuite beaucoup de gas
fulfureux qui éteignoit la lumière, & qui étoit ab-
forbé par l’eau, en la rendant fenfiblement acide 1
le premier produit de la diftillation étoit déjà un
peu coloré, le fécond étoit brun foncé ; mais il
n’y eut aucun indice d’acide fumant, & le foufre
fe fublima de même dans le col de la cornue.
V . Avant que de prendre un parti fur ces expériences
, je voulus encore fuivre dans toutes fes
circonftances le procédé qui donne le véritable acide
vitriolique fumant, & j’ai eu à m’applaudir de cette
réfolution. Je vais décrire exa&ement l’opération
pour la commodité de ceux qui voudroient la ré-,
péter ; les réfultats font faits pour piquer la curio-,
fité , & je puis affurer qu’elle n’eft ni pénible ni
dangereufe.
J’ai pris quatre livres de vitriol de mars du commerce
, & je l’ai fait calciner dans une poêle de
fer jufqu’à ce qu’il prît la couleur rouge du colco-
tar ,* ce qu’on obtient facilement en le laiffant fu-
! mer long-temps avant de donner le grand feu , &
remuant continuellement pour empêcher le fel de
fe fondre & de fe pelotonner, & le repulvérifant
lorfque cela arrive. Son poids fe trouva réduit à
28 onces.
Cette calcination eft une condition effentielle.’
J’ai manqué une fois l’expérienceîpour n’avoir pas
fait affez calciner le vitriol ; il eft vrai que j’avois
employé du vitriol de fer provenant de mes expé-
: riances aéroftatiques ; mais il étoit en beaux cryfe