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papier gris fèçhé Amplement à l’air am b ia n t&
l ’ayant retirée au bout de deux heures, elle s’eft
trouvée n’avoir acquis aucune augmentation fenfible.
Le gas a été allumé immédiatement apr-és par l’étincelle
éle&rique ; la diminution-a été de 6,45 pouces
cubes ; pendant le refroidiffement, il s’eft condenfé
fur les parois intérieures du cylindre, une vapeur
aquetife très- fenfible ; une lame de papier gris exactement
pefée a été introduite , comme la première
fois, à travers le mercure; & quoiqu’elle n’eût pu
être portée fur toute la furface, quoique la preflion
du mercure par lequel elle tut rëpaffée , lui eût enlevé
néceffairement un peu de l’humidité qu’elle avoit
prife, elle pefa 3 ,2 grains de plus qu’auparavant.
J’ai effayé de reprendre l’eau ainfi formée par là
plaque de tôle chargée d’alkali, & j’ai reconnu qu’elle
'nettoyoit plus vite & bien plus complètement les
parois du cylindre ; mais pour peu qu’il s’y attache
de mercure, ou que le frottement en détache de fel,
il y a encore plus d’incertitude dans la comparaifon
des poids. Une autre fois j’ai retourné Teudiomètre
pour y introduire la plaque de fe r , fans la foire
paffer par le mercure , & l’ayant refermé immédiatement
par la vis de fon robinet, je l’ai laiffé 24
heures dans cette fituation : l’accroiffement de poids
n’a pas été tout-à-fait aufli grand qu’avec le papier
gris, ce qui ne m’a pas étonné , puiiqu’il y manquoit
la portion que la maffe de mercure retenoit aux parois
inférieures. Dans une troifième expérience, j’ai
laiffé rentrer l’air ambiant dans l’eudiomètre pour en
expulfer tout le mercure avant que d’y placer le
fel calciné , il y a pris dans l’efpace de huit heures
une augmentation de 4 ,5 grains, fur laquelle il fout
à la vérité déduire la portion d’eau que le fel a dû
recevoir de l’air rentré, & que j’ai eftimé à 0 ,0 6 ,
fuivant la table hygrométrique ( Voyeç ci - devant
page 695'). On n’auroitpas befoin ae cette évaluation
en conftruifont| jy^iomètre de manière que l’explo-
iiôn faite & là vapeur condenfée , on pût l’ouvrir un
inftant par le haut pour y dépofer la tôle chargée
d’alkali, le robinet du bas étant alors fermé.
Au refte, ft le grand nombre de faits que nous verrons
fe concilier parfaitement avec cette obfervation de
la compofition de l’eau , laiffoit encore defirer pour une
conviâion plus entière, la correfpondance tout-à-fait
rigoureufe du poids des gas détruits & de l’eau produite
, je ne doute nullement que l’on ne l’obtînt
exempte de tout accident, à l’abri de tout foupçon,
en répétant un peu en grand avec l’air vital l’expérience
que je -n’ai pu faire qu’en petit, & dont
voici le procédé.
On remplit de mercure bien fec le flacon A
43 ) P0rtant hphon, & contenantj par exemple,
100 pouces cubiques y ‘■l’ayant retourné fur la table
de la cuve hydrargiro-pneumatique, on y fait paffer
, par le moyen du globe à comprimer, le gas
hydrogène le plus pur que l’on peut fe procurer, en
quantité fuffifante pour déplacer tout le mercure. On
y introduit alors une lame de fer chargée de potaffë
bien calcinée que l’on y laiffe fëjourner au moins deux
A I R
\ ou trois jours. Pendant toute cette opération, Ig
! fiphon b, dont on a coupé la courbure inférieure,
| doit être bien bouché avec du lut gras recouvert de
1 vefiie , & on doit avoir l’attention de le remplir éga-
j lement de gas pur, ce dont on vient facilement à
; bout en inclinant le flacon alternativement en diffé-
j rens fens.
On prépare d’autre côté un grand récipient D terminé
par une virole maftiquée dans laquelle eft un
; excitateur éle&rique difpofé pour porter l’étincelle
! dans la ligne perpendiculaire & au deffous de l’aju-
!iage du robinet. Ce récipient ayant été rempli d’air
i vital à la cuve hydro - pneumatique , on le transporte
fur fon obturateur à la cuve à mercure ; là
! on commence par effuyer fes bords à plùfieurs re-
' prifes avec du papier gris, on y introduit enfuite de
j l’alkali calciné fur une large lame de fer. Nous avons
I vu que de cette manière on parvenoit à deffècher
complètement & le gas & les parois même du vaiff-
| feau, fur-tout fi l’on a foin de renouveîler les fels
j abforbans dont la puiffance décroît à mefure qu’ils
s’humeélent.
11 fera indifpenfablé, d’avoir encore en provïfion
1 de l’air, vital également deffèché dans deux ou trois
| récipiens, de la forme la plus commode pour pouvoir
i être couchés dans la rigole de la cuve à mercure-,
1. lorfqu’ii faudra les tranfvafer.
| Tout étant ainfi difpofé, les gas portés à la fè-
f chereffe extrême, & les fels abforbans retirés, on-
| bouche le flacon, tandis qu’il eft encore feus le mercure,
en y enfonçant le bout du robinet de verre
G qui doit être parfaitement ajuftè à l’êmeri. Le flacon
remis dans fa fituation naturelle eft établi fur
lin gradin foüde élevé à côté de la cuve à mercure.
ô n place au deffus le grand entonnoir qui a
été également ufé à l’émeri pour entrer dans la partie
fupérieure du robinet, & on remplit cet en-
tônnoir de mercure.
11 ne s’agit plus que de réunir le bout du fiphorr
b au robinet F du grand récipient : pour évitërje
mélange de l’air commun, on le dêlute en le tenant
fous le mercure ; & en le fermant avec le doigt ou avec
une bande de vefiie non ficelée, on le plonge tout
de fuite dans l’orifice du robinet F qui a été rempli
auparavant de mercure, ou l’on peut après-cela
le maftiquer à fon aife.
Que l’on ouvre maintenant les deux robinets, 8t
qu’on tire au meme inftant l’étincelle , on conçoit
qu’elle allumera le gas qui ,.chaffé du flacon par le
mercure, s’échappera par l’ajutage ; il continuera de
brûler en portant en bas le dard de fe flamme."La
dilatation occafionnée par la chaleur feroit d’abord
for tir un peu d’air par le bas du récipient, fi l’on
n’avoit eu' la précaution d’y élever le mercure au
deffus du niveau de la cu v e , en aipifant un peu
d’air; mais bië motte"diminution compenfe & au-delà
l’effet de la dilatation, on eft même obligé de refournir
fous le récipient de l’air que j’ai recommandé
de tenir pour cela en réferve,, foit pour empêcher
le mercure de s’élever jufqu’à la flamme, foit pou.v
A I R Suppléer à la quantité de mercure qu’il faudrait pour
remplir la capacité de ce grand récipient, à fuppo-
fer encore qu’il fût en état d’en fupporter le poids.
Cette dernière confidération ne permettant pas de
charger l’entonnoir de toute la quantité de mercure
néeeffaire pour expulfer tout le gas du flacon, laquelle
feroit de près de 5 5 livres, on doit être très-
attentif à en refournir à mefure qu’il s’écoule.
Quand tout le gas hydrogène aura été brûlé, ce
qu’on eft libre de faire à plufieurs reprifes, en fermant
à propos les robinets & rallumant chaque fois
par l’étincelle éle&rique, on déterminera facilement
le poids des fluides aériformes détruits , par la fouf?
traâion de ce qui en reftera dans le récipient; on recueillera
avec foin l’eau qui fe fera dépofée à la fur-
face du mercure par le refroidiffement ; & fon poids
qui ne fera pas moins de 44 grains pour les 100
pouces cubes d’hydrogène, repréfentera pour - lors,
fans déchet, tout ce que les gas détruits pouvoient
contenir de matière douée de p.efenteur fenfible,
fans qu’il y ait lieu à aucune circonftance capable
d’infirmer la conclufion que cette eau eft véritablement
le produit de la combinaifon de toute la matière
pefente des deux gas qui ont difparu.
E x p é r i e n c e X L .
En voyant l’alcohol ou efprit-de-vin très-re&ifié
s’enflammer f i . facilement & brûler fans fuie, les
anciens Chymiftes avoient déjà été portés à le con-
fidérer comme le combuftible le plus Ample , il im-
portoit d’examiner quelle étoit fon aâion fur l’air,
fi elle ne feroit pas analogue au moins en partie à
celle du gas hydrogène , & fur-tout quel feroit le
produit de fa combuftion : l’expérience fiiivante ré-
îout ces. queftions.
Sous une très-grande cloche de veVrë remplie d’air
commun renverfée fur du mercure, on introduit une
lampe à efprit-de-vin dont on a pris le poids exa<ft
8c dont on allume la mèche foit par le moyen d’iine
lentille, foit avec un fer rouge à l’aide d’un très-
petit fragment de phofphore : on voit bientôt le
mercure s’élever dans la cloche, & annoncer par
fon élévation, malgré la chaleur, un diminution rapide
& confidérable de l’air ; après la combuftion il
fe dépofe fur les parois & à la furface du mercure
une quantité de gouttes d’eau; fi l’on tranfvafe le
gas. réfidii pour en foire l’examen , on reconnoîts qu’il
eft compofé d’une portion de gas acide carbonique
qui eft abforbé par l’eau de chaux, de gas azote &
d’une très-petite quantité d’air commun qui a échappé
à l’a&ion du combuftible. Le phénomène le plus remarquable
, c ’eft que l’eau recueillie avec foin fur-
paffe toujours & le plus fouvent de près d’un huitième
le déchet de poids de la lampe, ou la quantité
d’efprit-de-vln çonfumée pendant l’opération.
C ’eft à M. Lavoifier que l’on, doit cette belle expérience
dont il communiqua les premiers réfui tats
dans un Mémoire lu à la fêance publique de l’Académie
de la St. Martin 1783. Elle prouve i°. qu’in-
A I R 723
dépendaminent du carbone qui îa'ffe un produit
d’acide carbonique, l’alcohol eft formé en grande
partie d’hydrogène; 20. que cet hydrogène s’unife
font à l’air conftitue de l’eau.
Cette méthode de brûler l’alcohol ne donne qu’un
affez foible produit, même avec un très-grand récipient
, parce que la flamme ne peut fubfifter bien
long-temps dans un air qui n’eft bientôt qu’un mélange
de gas acide carbonique, de très - peu d’air
commun oc de cette partie de l’air qui ne fert pas
à la combuftion & qui devient la partie dominantè ;
mais ce procédé eft le plus Ample, 6c il a de plus
l’avantage que tout fe paffant en vaiffeaux clos &
clos par le mercure, c’eft-à-dire à fec , il démontre
rigoureufement la produâion de l’eau , fans laiffer
d’incertitude fur celle qui aurait pu être entraînée
dans la circulation de l’air ; attendu que le poids total
des matières eft déterminé , & qu’on ne peut re-
’ trouver que dans le nouveau compofé ce qui a dlf-
; paru des premiers ingrédiens.
Au refte, quand le fait capital eft conftaté par ce
premier effai, on peut augmenter à volonté la quantité
du produit en employant l’appareil imaginé par
M. Meufnier, dont je vais donner la defcription d’après
M. Lavoifier
E x p é r i e n c e X L I .
On établit fur un petit trépied une lampe à mèche
circulaire & canal d’airage intérieur, fuivant les
principes de M. Argand; un peu au deffous du niveau
de l’extrémité fupérieure de la mèche eft fuf*
pendue une cheminée de verre circulaire, à la manière
de M. Lauge ; cette cheminée eft prolongée
par un long tuyau de fer blanc, qui paffe lui-même
dans un autre tuyau d’un plus grand diamètre, &
qui porte les vapeurs dans un ferpentin, dont le développement
eft de 15 à 18 pieds^de longueur. Ce
ferpentin eft difpofé comme à l’ordinaire dans un
tonneau rempli d’eau , & il verfe par fon extrémité
inférieure dans un grand matras ( Mém. de VAcad.
roy. des Sc. ann. 1784, page $93 ). Un coup d’oeil
fur la figure 44 des appareils pour les gas fera comprendre
facilement tous les détails de cette conf-
tru&ion.
La lampe étant remplie d’alcohol & exactement
pefée, on allume la mèche qui doit être tenue courte,
& on place tout de fuite la cheminée de verre. Pour
que les vapeurs ne fe condenfent pas dans le tuyau
perpendiculaire, il fout qu’il conferve fa chaleur ;
c’eft pour cela qu’il eft revêtu d’une enveloppe dont
l’intervalle eft rempli de feble. Il fout au contraire
que ces vapeurs arrivées au ferpentin s’y condenfent;
on refroidit dans cette vue l’eau qui l’environne en
y jetant des morceaux de glace ; mais on fe contente
de l’entretenir à la température de l’athmof-
phère, afin que le fluide aériforme emporte, en for-
tant de l’appareil, une portion d’eau à peu près égale
à celle qu’il tenoit en diffolution lorfqu’il y eft entré.
Quand l’opération eft bien conduite , 16 once!
Y Y Y Y. ‘1