
<04 A F F de charbon, de îfianière cependant que le trou du
creufet fupérieur foit à découvert, & on y entretient
le feu au degré néceflaire pour tenir l’argent en fu-
fion. Quand les vaiffeaux commencent à rougir, on
préfente un charbon allumé au petit trou du creufet
üipérieur, & on le voit fur-le-champ dans un état
d’incandefcence très-vive ; c’eft l’effet de l’air vital
qui fe dégage du nitre. Si cela n’arrivoit pas, ce ferait
une preuve que la chaleur ne feroit pas fufüfante
& qu’il fàudroit augmenter le feu ; tout de meme
qu’il fàudroit le modérer, fi ce fluide aériforme
fortoit avec impétuofité & une forte de ufneinent.
L’opération efl achevée des que ce phenomene celle ;
on donne alors un coup de feu füffifant pour donner
une bonne fonte à l’argent, & on laiffe refroidir.
En caffant les creufets, on trouve ce métal en un
culot recouvert d’une fcorie alkaline verdâtre, qui
attire l’humidité de l’air. On eill quelquefois oblige
de répéter l’opération pour avoir un affinage parfait.
Que le nitre prenne feulement le phlogiftique
aux métaux, qu’il leur fourniffe feulement le principe
acidifiant, ou, ce qui nous paraît plus probable
que l’effet réfulte des affinités de ces deux
fubflances, il efl certain que le nitre ne touche
point à l’argent & qu’il calcine très-promptement
tous les métaux imparfaits ; o r , ces métaux une
fois calcinés fe féparent fpontanément de l’alliage.
11 fuffit donc de donner au mélange allez de fluidité
pour fàvorifer le contaâ & mettre en jeu ces
affinités, fans s’expofer à voir difperfer le fin par la
déflagration ; ce font toutes les conditions du procédé
que je viens de décrire, les petits globules
d’argent qui fe trouvent jufqu’à l’orifice du trou fupérieur
peuvent fidre juger de la néceflité -de l’appareil
indiqué : je ferais au furplus très-porté à
croire que cette volatilifation de l’argent eft-due en
grande partie au fel-commun qui fe trouve dans le
nitre non purifié que l’on emploie ordinairement ;
c’eft une circonftance qui mérite attention , & qui
pourra , dans la fuite, 'engager à ne fe fervir que de
nitre exempt de ce mélangé.
Le nitre efl quelquefois employé dans la feulé vue
de diminuer la proportion de l’alliage , de porter
ainfi de l’argent de bas aloi à un plus haut titre.
Suivant M. Poerner, cette méthode efl encore fort
utile dans les arts , en ce qu’elle donne à l’argent
une duélilité extraordinaire. Ce Chymifte ne doute
pas que, par le moyen du nitre, on ne parvienne à
purifier abfolument l’argent de tout métal étranger,
fo r excepté , bien mieux que par la coupelle qui
y laiffe (dit-il) quelquefois jufqu’à ( gros de cuivre
par marc. , , .
Ce que j’ai dit dans la feét-ion précédente de la
manière d’enleve,r à lfor la dernière portion d’antimoine
, établit fuffifamment la poffibilité de purifier
l’or auffi bien que l’argent par le nitre. En effet, ce
fel n’a pas plus d’aélion fur l’un que fur l’autre, &
on peut appliquer à l’or directement le procédé décrit
pour l’argent; bien entendu cependant que fi
l’or tenoit argent, ces deux métaux refteroicnj puis,
A F F ou que ce feroit, comme par la coupellation ; affi-,
nage fans départ.
Quant à la platine, qui a tant de propriétés communes
avec les métaux fins, il faut lavoir que cette
reffemblance ceffe dans le cas particulier , & qu’elle
ne fupporte pas l’aélion du nitre en fufion. De là
deux conféquences ; l’une, qu’on doit fe garder de
chercher à l’affiner par ce procédé ; l’autre, qu’il
peut fervir à purifier l’or & l’argent alliés de platine.
La première de ces conféquences eft certaine ; la
platine pure, c’eft-à-diré celle qui a été précipitée
de l’eau régale par le fel ammoniac, eft entièrement
convertie en chaux par l’aélion du nitre, à l’aide
de la chaleur ; c’efl un -fait que j’ai annoncé il y
a long-temps , vérifié plufieurs fois depuis , & qui
pouvoit même biffer des doutes fur la nature particulière
de ce métal, avant que M. Lavoifier eût
découvert qu’il étoit poflible de réduire cette- chaux
( voy<i Pl a t in e ). La fécondé propofition n’eft pas
appuyée fur des expériences auffi direétes ; on ne
peut douter néanmoins que la calcination n’ait -lieu
toutes les fois qu’il y aura contaél de la platine avec
le nitre en fufion ; & les paillettes d’or que j’ai trouvées
, après avoir traité de cette manière une platine
qui n’en . laiffoit appercevoir aucune auparavant,
peuvent, à un certain point, être confidérées comme
le produit dé cette forte d’affinage. (Elément de
thymie de l’Acad. de Dijon, tom. I l , pag. i}6. )
V I I I . On a tenté enfin de purifier l’or par le
muriate mercuriel corrofif ; ce que. j’ai dit dans la fec-
tion VII de l’ufage de ce fel pour en féparer l'antimoine
,■ ne permet pas -de douter qu’il puiffe être
employé pour l’or allié d’etain , & de tout autre
métal fufoeptible de paffer à la diftillation avec l’acide
muriatique. Mais on conçoit que -cette opération ne
peut le-faire que fur de petites quantités ; telle devient
coûteufe non-feulement par le prix des' matières
, mais encore par la néceflité de les traiter à
la cornue , pour -fe mettre à l’abri des vapeurs dan-
gereufes du muriate mercuriel. Si l’or tenoit argent,
il pourrait arriver qu’une partie de ce métal noble
fût elle-même faille par l’acide & fe fublimat en
état de muriate d’argent, avant que d’éprouver une
chaleur fuffifante pour fe réduire ; car les affinités de
cet acide avec le mercure & avec l’argent ne font
pas dans un degré affez éloigné pour exclure tout
mélange, & cela occafionneroit un déchet fur le
fin.
La purification des métaux nobles peut s’opérer
fans-doute -de bien d’autres manières ; il y en a, a
vrai dire , autant^que de fubflances capables d agit
fur eux ou fur leur alliage, avec des degrés diffe-
rens d’affinité ; mais la plupart font employées dans
la docimafie humide, d’autres daiis les procédés de
départ, d’autres enfin dans des expériences de recherches
qui feront décrites à l’article de chaque
métal ; je n’ai dû comprendre ici que ce qui appartient
proprement à l’affinage.
A F F A F F IN A G E . ( Métallurgie. ) L’affinage eft l’opé-
ïation que l’on fait fur le plomb qui tient du fin, &
dans la vue de l’en féparer ; mais il y a des mines
oui avant d’être traitées à l’affinage, exigent des
opérations particulières que l’on a coutume de comprendre
fous le nom de liquation: il m’a paru convenable
d’én réunir ici la defcription pour ne pas
divifer les travaux qui fe font fur les mêmes ma-
iières.
La liquation ( eliquatio ) efl: dans les fonderies l’art
de départir l’argent d’avec le cuivre par l’intermède
du plomb. Les procédés de cette opération font les
plus importons de la Métallurgie; je crois devoir
les inférer tels que je les ai donnés en 1779 à l’A cadémie
Royale des Sciences, qui les a approuvées.
Leur defcription, quoique longue en apparence,
Amplifiera beaucoup d’autres articles de ce Diétion-
naire, pour lefquels je n’aurai plus qu’à indiquer,
par des renvois, les divifions de ce Traité, où ils
fe trouvent dans l’ordre méthodique.
Les opérations dont il s’agit vont faire la matière
de huit Chapitres, divifés en différentes Serions.
Le premier Chapitre traitera du rafraîchiffement du
cuivre avec le plomb, ou autres matières qui contiennent
ce métal.
Le fécond décrira le procédé de la liquation ou
l’art de fondre le plomb uni au cuivre fans faire
couler ce dernier.
Le troifième concernera le reffuage ou torréfaâion
des pièces de cuivre, après en avoir ,*par la liquation,
extrait la majeure partie du plomb chargé de
l’argent qui étoit contenu dans le cuivre.
Dans le quatrième je donnerai une nouvelle méthode
pour exécuter les deux derniers procédés dans
le fourneau que je propofe.
Le cinquième Chapitre traitera de l’affinage du
plomb, à l’effet d’en obtenir l’argent dont ü s’eft
chargé dans la liquation.
Le Chapitre Jîxïème contiendra un détail abrégé du
raffinage du cuivre qui a paffé à la liquation, & de
la manière de raffiner le cuivre noir dans un fourneau
de réverbère.
U fera queftion, dans le feptième , de la fonte des
craffes ou déchets réfultans de toutes les opérations.
Enfin, dans le Chapitre huitième je parlerai de la
»lanière de raffiner l’argent affiné.
C H A P I T R E 1 1
Du Rafraîchiffement,
Les fourneaux dont on fe fert en Allemagne pour
l’opération du rafraîchiffement, font des efpèces de.
fourneaux courbes ou à manche, les uns plus grands
que les autres , fur-tout quant à ce qui concerne les.
dimenfions intérieures ; celui qu’on emploie pour cèt
ufage à la fonderie de la liquation de Grunthal en
Saxe, m’a paru le mieux remplir les vues économiques
qu’on doit toujours fe propofer en faifant des
Ptabliffemens ; ce fourneau ne confomme que peu de
Çhymie, Tome ƒ,
A F F <05 charbon, & il fond autant de matières que s’il «voit
beaucoup de capacité. 11 eft repréfenté dans la Planche
III. Métallurgie. On en trouvera l’explication à la
fuite de cet article.
Pr emi è r e S e c t i o n .
Du Fourneau de rafraîchiffement.
Le fourneau dont je donne le deffin a 23 pouces
de longueur depuis le mur mitoyen qui porte la
tuyère, jufqu’au devant de la chemife qui a 3 pouces
d’épaiffeur ; ce qui fait qu’il ne refte que 20 pouces
de longueur intérieur^, lorfque le fourneau efl fermé
par fa chemife. Sa largeur contre la tuyère efl de
13 pouces ^ , & elle n’eft que de 8 pouces \ à l’endroit
de la chemife. Sa hauteur depuis le bas de la
chemife jufqu’à fa partie fupérieure eft de 4 pieds
La brafque qui prend à partir de la lèvrç infé1-
rieure de la tuyère , va en pente égale fo terminer
au bas de la chemife où efl le trou de l’oeil ; cette
pente eft de 10 pouces \ ; ce qui facilite l’écoulement
des matières fondues dans le baflin de l’avant-
fo y é r , qui efl éloigné de la chemife de 4 pouces.
Si on ne fait que des petites pièces de liquation du
poids de 232 liv. ce baflin aura affez de capacité en
ne lui donnant qu’un pied de profondeur & 10 ponces
de largeur dans le haut, & un peu moins dans le
bas, où il doit fe terminer en calotte ou portion
fphérique.
La tuyère qui, comme il éft d it, doit être élevée
de 10 pouces § plus haut que le bas de la chemife,
eft placée prefque horizontalement ; fon inclinaifon
vers l’intérieur du fourneau ne doit pas excéder un
degré ; comme les Fondeurs n’ont pas d’inftrumens
propres à donner cette pente , ils y fuppléent en
laiflant tomber un peu d’eau dans la tuyère, qui a
la pente requife lorfque ce fluide fe détermine à
couler. Alors on la icelle dans la maçonnerie de
manière qu’elle n’excède pas le mur mitoyen.
S e c o n d e S e c t i o n .
De la Brafque.
L’on fait que la brafque fervant à la préparation
des fourneaux, eft compofée de charbon de bois pilé
& tamifé, & d’argille féchée; à quoi on ajoute, dans
certains cas, du fable ; il eft des fontes qui exigent
une brafque pefante, c’eft-à-dire , environ autant
d’argille que de charbon ; il en eft d’autres où il
faut employer de la brafque légère, compofée de
deux", trois & quatre parties de charbon fur une
d’argille. Les Allemands en cela, comme en toute
autre chofe, fuivent leur routine ou la coutume j
par exemple, dins la baffe Allemagne , la brafque
du fourneau de rafraîchiffement eft compofée de
trois parties de charbon & d’une d’argille ( voycç
Schlutter, pag. fip ) , & j’ai vu qu’à la fonderie de
liquation de Grunthal , on compofoit la brafque pour
S is s