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l’acide nitreux ne donnât point d’accide faccharin ,
puifque celui-ci le forme, comme je le ferai voir
ailleurs de la combinaifon de l’air acidifiant du
nitre avec un principe qui paroît appartenir à
toutes les huiles; cependant M. Bergman allure
qu'il n’a pu réuffir dans cette opération , ni même
priver l’acide tartareux de fa portion huileufe au
point qu’il ne noircit plus au feu. Il eft probable
que ce grand chimifte. n’a pas employé une quantité
fufiifante d’acide nitreux pour décompofer
toute l’huile de l’acide tartareux, & qu’il a été
trompé par le charbon que donnoit la portion de
cet acide qui n’avoit reçu aucune altération. M.
Hcrmftadt ayant traité à la difiillation 480 grains
de cryflaux d’acide tartareux, avec quatre fois autant
d’acide nitreux, dont la pefanteur fpécifique
était 1,465 & reverfé fur le réfidu encore 960
grains de même acide nitreux, il obtint par la
cryüallifation 42 grains de cryflaux prifmatiques,
qui avoient abfolument toutes les propriétés de l’acide
faccharin. Une autrefois, il fit palier en deux distillations
fur 560 grains d’acide tartareux concret fix
fois autant d’acide nitreux, & il eut 560 grains
d’acide faccharin cryftallifé Crell, neuefi , ent-
deckung -part. I X ,. page 19 . Je ne parle pas des
expériences dans lefquelles M. Hermlladt a fait
entrer des mucilages, comme devant fervir à augmenter
l’a&ion de l’acide nitreux fur l’acide du
tartre, puifque l’on fait maintenant que la gomme
& les autres fubftances analogues fourniflenr d-’elles-
tnêmes la bafe acidifiable de l’acide faccharin. Je
me fuis déjà expliqué fur les conféquences qu’il
tire de ces expériences pour la converfion des
acides acéteux, tartareux & faccharin, l’un en
l’autre.
Vacide tartareux fe diffout dans l’eau plus facilement
& en bien plus grande quantité que le tartre,
on peut en juger par la pefanteur fpécifique de
la diffolution employée parhl. Bergman à fes effais
fur l’antimoine, elle étoit à l’eau diftillée : r 1230 r
1000. Comme fes cryflaux tiennent à quantité
égale bien plus d’huile que le tartre , qui n’eft que
le même acide en partie neutralifé par l’alkali, on
voit jufqu’à quel point s’égaroient ceux qui avoient
jugé fur de prétendues analogies, que c’étoit la
partie huileufe abondante dans le tartre qui caufoit
fon indiffoinbilife ; ce n’efl pas non plus la bafe
alkaline qui communique cette propriété, indépendamment
de ce qu’elle ne l’a point elle-même
ïorfqu’elle efl feule, on en a la preuve en ce que
le tartre de poraffe ou acide tartareux faturé d’al-
kali végétal eft lui-même très-foluble.. Mais fi dans
une diffolution de ce fe l, on ajoute un peu du
même acide par excès , il fe précipite fur-le-champ
du vrai tartre régénéré, c’e f t - à - d i r e , qu’il fe
ferme un fel imparfaitement faturé d’alkali &
infoluble. D’où il fuit que cette propriété n’appartient
réellement ni à l’acide feul, ni à l’alkali, ni
à ces deux fubftances dans l’état de faturation
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complette, mais uniquement' à cet état de fatu-
ration imparfaite. Cet exemple où toutes les vrai-
femblances fe trouvent démenties par le fait, doit
fervir à nous mettre en garde contre le penchant
qui nous entraîne à vouloir borner les forces de la
nature aux feuls effets qui nous font familiers :
ici la portion neutralifée s’engage comme bafe avec
l’acide excédent, il réfulte un autre fel qui a d’autres
propriétés.
Le phénomène de la reproduâion d’un vrai
tartre dans ces circonftances, met le fceau à la
démonftration de l’exiftence de l’alkali tout formé
dan s ce fe l, on a déformais fur ce point toutes
les preuves d’analyfe & de fynthèfe que l’on pou-
voit defirer r l’acide tartareux libre eft bien le mêmè
qui exiftoit dans le tartre crud, puifqu’il fuffit de
l y porter à même dofe pour le régénérer; cet
acide expofé au feu ne donne pas un atome d’alkali
, l’alkali n’eft donc pas le produit de fa coin-
buftion : l’alkali que l’on fait entrer dans la com»
pofition de ce tartre artificiel y eft tout aufli mafqué
que dans le tartre naturel ; en rompant par quelque
moyen que ce foit l’union de ces principes , le
chymifte retrouve précifémentl’alkali qu’il y avoit
mis; en appliquant les mêmes moyens au tartre
naturel, il découvre celui que la nature .y avoit
placé; lapréfence de l’alkali tout formé eft donc
tout aufti évidente dans l ’un que dans l’autre.
'L'acide tartareux a une faveur très-piquante;;
il altère en rouge l’infufion de tournefol, le firop-
de violettes, & même à un certain point le papier
à fucre.
11 attaque avec effervefcence les mêphites terreux
& alkalins & forme avec les terres des fels
peu folubles, avec les alkalis des fels cryftallifables
non déliquefcens. Voye^ T a r t r e 'c a l c a ir e v
TARTRE d e SOUDE, &c. &c. Il diffout très-facilement
l’alumine, la diftolution eft claire, même
avec excès d’acide, & laifte par l’évaporation une
maffe gomméufe.
Il forme avec l’alkali volatil cauftique un fe!
qui, fuivant l’obfervation de M. Retzius devient
prefque aufti peu foluble que le tartre, lorfqu’iî
y a excès d’acide. Voye^ T a r t r e a m m o n ia c a l »
Cet acide n’attaque ni Yor, ni la platine, ni
l’argent en maffe, mais il s’unit facilement à leurs
chaux ; il éteint le mercure que l’on broyé avec
lui, & produit une efpèce d’éthiops ou de poudre
noire; il fe combine très bien avec fa chaux par
la digeftion. Voyes' T a r t r e d ’a r g e n t , t a r t r e
MERCURIEL, &C. &C.
Il n’a que très-peu d’aPion fur le cuivre en état
de métal, il prend avec fa chaux une couleur verte»
Il n’agit pas direPement fur le plomb ni fur l’étain
à moins qu’ils n’aient été privés d’une portion der
leur phlogiftique. Digéré fur le minium , il lui
enlève fa couleur* Il diffout le fer avec une lente
a c 1
effervefcenee. Voye{T a r t r e de CUIVRE, t a r t r e
DE PLOMB , &C. . 1
Il ne touche prefque pas à l’antimoine (en régulçj
même à l’aide de la chaleur; il n’a qu’une foible
aPion fur quelques-unes'de fes chaux, mais il
s’unit facilement au verre d’antimoine & à la
poudre d-algaroth ; le \inc eft de tous les demi-
métaux celui qu’il attaque le pins vivement; il
n’agit pas mieux fur le bïjrnuth que fur le plomb,
un peu plus fur le cobalt & l’arfénïc ; il ne touche
prefque pas au nickel ; fon aPion n’a pas été ef-
fayée fur la manganèfe, on fait feulement qu’a
l’aide de la chaleur, il forme avec fa chaux noire
une diffolution limpide, & qu’il, en dégage l’air
vital au moyen du phlogiftique qu’il lui fournit de
fa propre fubftance, ( Schéele , Edit Fr. tom. n ,
pAge y j ). Il faut voir fur les propriétés de ces
combinaifons ,les articles T a r t r e a m m o n ia c a l ,
TARTRE DE ZINC , &C. &C.
M. Bergman dans la première édition de fa
table des affinités, avoit placé le barote avant le
calce, & les alkalis fixes avant le calce .& la mag-
néfie, dans la colonne de l’acide tartareux, voici
l’ordre dans lequel fa nouvelle table indique toutes
les bafes.
Le calce.
Le barote.
La magnéfie.
La potaffe.
La foude.
L ’ammoniac.
L ’alumine*
s De zinc,
j De fer.
I De manganèfe.
% De cobalt*
m De nickel»
1 De plomb.
J D’étain.
Les chaux / De cuivre.
A De bifmuth,
J D’antimoine*
m D’arfenic*
§ D’argent.
ƒ De mercure,
! D’or.
\ De platine»
L’eau.
L ’efprit-de-vin.
Le phlogiftique.
Il ne peut être queftion des affinités de cet acide
par la voie féche puifqu’il fe decompofe à la chaleur
ce la diftillation.
. Q uojftue ce£ acide ait moins d’affinité avec les
alkalis fixes que les acides vitriolique, nitreux &
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muriatique »cependant , fi on verfe quelques gouttes
de cet acide dans dès diftolutiens concentrées de
vitriol de;potaffe, dé nitre, ou de muriate de po-
taftè , un voit bientôt fe précipiter du vrai tartre
régénéré; ce phénomène, qui n’a pas lieu avec
le nitre de foude, non plus qu’avec le fel commun,
ne dépend pas du degré d’affinité , mais de
la difpofition de l’acide tartareux à fe combiner par
excès avec l’alkali végétal déjà faturé, (Bergman
des attrapions élePives §. IX ).
Il enlève le calce aux acides nitreux, m uriatique,
formicin, phosphorique & acéteux.
Il cède la magnéfie aux acides fiuorique , faccharin
, phosphorique, vitriolique, nitreux & muriatique.
Il décompofe le nitre alumineux.
Il ne trouble pas la diffolution régaline de l’or,'
ni la diffoliitiôn nitreufe d’argent. Il prend le
mercure à l’acide nitreux , mais non à l’acide muriatique.
Il ne trouble pas les diffolutions nitreufe &
muriatique du cuivre ; mais , au bout d’un certain
temps, M. Pæcken a v u , au fond du mélange de
petits cryflaux verds irréguliers.
Il cede le plomb à l’acide vitriolique ; M. Paecken
dit qu’il en eft de même, par rapport à l’acide
muriatique , & critique, en conféquence, M. Retzius
d’avoir placé ce dernier acide au nombre
de ceux qui pouvoient fervir à éprouver la pureté
de l’acide taitareux en diffolvant le tartre de plomb
fans le décompofer; mais l’illiiftre Bergman donne
pour très-certain dans la dernière édition de fa
differtation fur les attrapions élePives ( § . 59 ) y
que l’acide tartareux déplace le plomb de fa combinaifon
avec l’acide muriatique, & je puis d’autant
moins en douter, que j’ai plufieurs fois démontre
aux cours de l’academie que l’acide tartareux
pur verfé dans une diffelution de muriate de plomb
la rendoit fur-le-champ laiteufe. Il eft sûr qu’il
enlève ce métal aux acides nitreux & acéteux.
Verfé dans la diffolution de vitriol de mars,
rl n’y produit d’abord aucun changement; mais,
ayant fait évaporer la moitié de la liqueur, M.Ret-
2Îus a obfervé qu’il fe formoit à la furface des-
cryftaux lamelleux, qui lavés & fechés, avoient
une faveur martiale , répandoient en biulant une-
odeur de tartre, ne fe diffolvoient que difficilement
dans FeaU, & ne donnoie.nr point de bleu
de pruffe aveeJa liqueur pruftique , à moins qu'on»
n’y ajoutât de l’acide nitreux, ( Voyc^ T ae TRE-
m art ia l ). Ï1 eft évident que i’acide tartareux'n’a
pris dans cette opération , que la chaux de fer qui-
fe fépare ordinairement du vitriol, par l’adion de--
l’air & de la chaleur.
Il laiffe aller l’antimoine aux acides fébacé,. muriatique
, faccharin, viîrriôliqae & nitreux.
Il .»’empare du blûnuth, lors même c V n le-
porte en état concret dans fa difîblution niïieufe,