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Il fe produit par heure environ 244 > 6 grains d’eau
ou par minute...................4 >a7.
Indépendamment de ces faits qui follicitoient continuellement
l’attention des Phyficiens, ils en ont
connu d’autres qui ne: peuvent recevoir d’explication
fotisfaifante que de cette vérité.
En 17 18 , Geoffroy le jeune eflaya de déterminer
le degré de rectification de l’efprit-de-vin par la
quantité de flegme qu’ il laifloît après fa- combnÂion ;,
on ne fera pas fâché de connoitre la manière dont
U opéra. , ^
« J’ai pefé (d i t - i l) exa&ement huit onces d’ef-
v prit-de-vin qui, ne laifloit à l’eflai ( par la com-
n buftion dans la cuiller) aucune marque de flegme ;
» je l’ai mi,s dans une lampe q u i, fermant par le
» moyen d’un robinet, ne pouvait permettre l’eva-
» poration de i’efprit ^ au bout du canal de cette
» lampe j’ai mis. une pe-tite mèche de fil d’argent,
n J’ai, pofé enfuye, fur un trépied un ballon à deux
n ouvertures ; celle d’en bas répondant au milieu
» du trépied étoit de 4 pouces, & celle d’en haut
» d’un, pouce feulement , le ventre du vaifleau n’ayant
» que 8 à 9 pouces;, dans fa plus grande largeur ,
» & la: hauteur totale étant de 18 à 2.0 pouces. J’ai
n adapté à l’ouVerture fupérieure un chapiteau garni
» de] fön récipient dont j’ai luté les jointures. Enfin
» j’ai mis le; ; feu à -la lampe & l’ai, placée fous le
» b a llo n , de. èçpn que la flamme pût répondre au
», centre de l’ouverture inférieure. Les huit onces
» d’efpr.it-de-vin ont brûlé lentement jufqu’à la fin
n. pendant l’efpaçe de trois jours tçois nuits. J’avois:
» pris la. précaution dé placer mpn vaifleau a labri
». du vent & d’y mettre une; mèche incombuftible qui-
ix. ne pût ni nuire.à la flamme ni rien fournir d’etran-
». ger >> ( Mémr.de l'Ac, rqy. des Sc. an. 1718, p. 41 ).
C e : Ghymifte parvint à recueillir , au moyen-de
çet appareil, en opérant fur dé l’efprit-de- vin à
ïépreuve de la poudre, jtifqu’à 5 onces 7 gros &
demi de flegme absolument infipide-, dépouillé de tout
principe..:, qui fe trou-volt de, meme poids que l'eau
cçmvwne t & pouvoit paffer pour de Veau élémentaire ;
éf. il jugea bien qy’il s’en étoit : encore diflipé une
pprticyCqri’il î?& pouvoit eftimer, ayant été obligé
de recevoir dans des .petits vafes féparés l’eau qui
cpulpit des parois intérieures du ballon par l’ouverture
du bas.
Quelques années après, Juncker fit mention d’une
ofifervarion à peu. près feinblable : fi l’on brûle, dit—
ilj, de l’efprit-de-vin bien redifié dans une cornue
tabulée adaptée à un très-grand récipient, bien luté,
on voit bientôt la flamme fe, réfoudre en une va-
peur qui fournit un flegme afifolument infipide.
( Confp. Chem. part.. V I y diag. 4. )
Cependant ces deux Chymifles ne penfèrent pas
à en tirer des conféquences ; Geoffroy crut même
avoir Amplement féparé l’eau qui preexiftoit dans
l’alcohol, & il faut convenir que cette obfervation
fit une impreffion plus profonde fur le génie de
Boerhaave ; à entendre, la manière dont il s’écrie:
Yalimenf du feu confumépar le feu ne lai fie donc que
de l'eau très-pure / qui ne diroit que ce grand homme
a preflenti, la découverte dont nous recherchons les
traces ? Il eut du moins la fageffe d’avouer que juf*
qu’à fon temps, on n’a voit rien propofé de fatisfai-
fant fur la combuftion (1 ). Nous avons vu comment
cette expérience eft devenue entre les mains
de l’illuftre Lavoifier une bafe des plus importantes
de la théorie des combuftions, & l’une des preuves
les moins équivoques de la compofiticRi de l’eau ( Ex-
pér. XL1- XLU).
Le célèbre Macquer voulant déterminer avec M.
Sigaut de Lafond , en 1776, fi la flamme du gas
hydrogène brûlant tranquillement à l’orifice, d’une
bouteille donneroit quelque fuie , en approcha une
foucoupe de porcelaine blanche ; il n’apperçut aucune
vapeur fuiigineufe, l’endroit de la foucoupe
touché par la flamme refta blanc. IIfe trouva (dit-il)
feulement mouillé de goutelettes affeç fenfibles d'une Ht
queur blanche y év qui ne nous a paru en effet n'être que
de l'eau pure ( DiEl. de Chym. art. gas inflammable ).
On ne peut disconvenir que cette obfervation ne
. foit un premier pas vers la découverte, d’autant plus
qu’elle avoir pour objet direâ l’examen du produit
de cette combuftion ; mais cés Savans n’en faifirent
pas les conféquences, & Macquer continua d’enfeigner
que l’eau étoit un corps fimple, que du moins les
Chymiftes n’avoient aucun moyen, de la déi-ompofet
f art. eau).
L’année fuivante, MM. Buquet Si Lavoifier firent
quelques tentatives pour découvrir la nature du produit
de cette combuftion. Le premier y cherchoit de
l’acide carbonique, le dernier y foupçonnoit de l’acide
fulfureux; ils ne réuflirent qu’à fe convaincre que
l’analogie qui fondoir leurs conje&ures étoit démentie
par des expériences décifives : c’étoit avoir beaucoup
fait que d’avoir montré la néceflité d’abandonner
des routes qui ne pou,voient qu’égarer.
M. Warltire, cité par MM. Prieftley & Caven-
dish, avoit bien remarqué que les vaifleaux fermés
dans lefquels on allumoit, par l’étincelle éleâfique,
le mélange d’air commun & de,gas hydrogène, quoi-
■ qu'auparavant très- fecs y fe, trouvoient intérieurement
couverts d’humidité après l’opération; mais il crut
voir en, même temps qu’il y avoit conftamment diminution
de poids, & cette opinion, dont l’erreur
a; été depuis généralement reconnue, ne pouvoit
(1) Sed quàm f u i pefeuffus illic o animum poflquàm videram alcohol actum per flammam fie ri vaporem............ f i quid verb
invenirem r ehqui, id demum effe aquam puriffmam l Limites ergo fc ie / itix fixo s agnofeo ! PASV LVM IGN IS , IGN E CON-
SUM/PTUM-, A QUAM. RELXNQUIT , evadit veto, ipfum adc'o tenue u t in cahos aérium dilapfum haud apparcat ultra Jenjïbus.y,
( de Alimenta ignis , exper. ? ) Il ajoute un, peu plus loin : N ih i l fa ç i liu s quàm dicere hac ( a lco h o l, o le a , & c . j , facere
mauriem. infiammabilem ; f c d extricAve id qupd, in , hisffincfiium infiammabile , e fl cquidem laborifi arduLj ntQ deprehendi hac-
tenue qui quid boni dicer et, Ibid, ad exper• /j.
manquer
A I R fctanquer de voiler à fes yeux la vérité qu’ il é toit1
fur le point de faifir.
A qui donc eft dû l’honneur de la première obfervation
de ce grand fait ? à qui appartient la première
idée de la compofition de l’eau ? J’ai recherché
avec foin tout ce qui pouvoit fervir ’à éclaircir
ces queftions, non-feulement dans les Recueils des
Académies, mais encore dans les Ouvrages périodiques
françois & étrangers ; je crois qu’on me faura
gré d’en offrir ici le réfumé.
M. Lavoifier lut à la féanCe publique de l ’Académie
du 12 Novembre 1783 un Mémoire fur la na-.
tare de l'eau & fur des expériences tqui paroiffoient prouver
qu elle étoit fufceptible de décomp'ofition & de re-
compofition. L’extrait qui en fut donné le mois fuï-
v ant, dans le Journal phyfique , annonça que M.
Cavendish avoit déjà obfervé qu’en opérant dans des
vaifleaux fecs , il fe dépofoit fur les parois une portion
cF-hùmidité fenfible ; que MM. Lavoifier &. de
la Place jugeant la vérification de ce. fait très-importante,
engagèrent plufieurs Membres de l’Académie à
afiifter à l’expérience qu’ils fe. propofoient de faire
en grand pour la conftater; que peu de temps après,
M. Monge fit adrefler à l’Académie le rèfultat d'une
combuftion femblable faite à Mezières avec un appareil
tout différent; que l’on venoit d’apprendre par une
lettre de M. Blagden , datée de Londres, que M.
Cavendish avoit dernièrement répété la même expérience
& obtenu conftamment le même rèfultat ;
'•enfin que M. Lavoifier, prévoyant la difficulté de
Jàire admettre une conféquence aufli éloignée de
toutes les idées reçues, avoit cherché à l’établir aufli
par voie de dècompofiùon, & à retrouver les parties
conftituantes de l’eau., dans l’oxidation ou calcination
du fér par Peau pure, dans le gas des diffolutions
métalliques, qu’il croyoit, avec M. de la Place,
€tre fourni par l’ eau elle-même dans la fermentation
■ vineufe & même dans la végétation, où la matière
combuftible des végétaux lui paroiflbit encore fe former
d’un des élémens de l’eau.
Le Mémoire deM. Lavoifier, qui fe trouve imprimé
dans le Recueil de l’Académie pour 1781 ,
avec quelques additions relatives à un travail fait en
xommun avec M. Meufnier, contient en effet Fex-
pofition détaillée de tous ces ohjets ; on y lit que
•ce fut'le 24 Juin 1783 que l’expérience fut faite à
Paris en préfence de plufieurs Académiciens & de
M. Blagden ( aujourd’hui Secrétaire de la Société
royale de Londres) 3 que ce dernier leur apprit que
M. Cavendish aVoit déjà effayé de brûler de l’air
inflammable dans des vaifleauxiermés , & qu’il avoit
obtenu une quantité d’eau très - fenfible ; qu’il fut
rendu compte à l’Académie', le 25 , de cette expérience,
comme établiffant {que l'eau étoit compofée,
poids pour poids, d'air inflammable & d'air vital. M.
Lavoifier y rappelle l’expérience du même genre,
enco e plus concluante y faite à Mezières, dans le même
temps, par M. Monge', & dont il n’a voit eu con-
noiffance que par la leéture qui fut faite q u e lle s
jours après à l’Académie, de la lettre que M. Monge
avoit adreffée fur ce fujet à M. Vandermonde.
M. Cavendish. communiqua à la Société royale de
Londres, le 15 Janvier 178 4 , une fuite d’expériences
importantes dont .le principal objet étoit de
déterminer la caufe .de la diminution de l’air commun
par la combuftion de l’^ir inflammable y & de
découVrir ce que devenoit l’air ainfi peftlu ou con-
denfé. Il s’attacha d’abord à faire voir qu’il n’y avoit
pas dans ces circonftan,ces production d'air fixe ou
gas acide carbonique ; il prouva que M Warltire
s’étoit trompé lprfqu’il avoit cru appercevoir une
diminution de poids ; il établit en fait que le mélange
d’air commun & d’air inflammable étant dans
de juftes proportions, le premier étoit diminué d’un
cinquième ; que le fécond difparoiffoit prefqu’en totalité,
& qu’il ne reftoit que de l’eau pure. Il annonça
très-clairement que, quand on fubftituoit l’air
vital à l’air commun en telles proportions qu’il ne
reftât que très-peu d'air phlogifliqué, on n’avoit encore
que de l’eau pure ; que fi les proportions étoient
telles au contraire qu’il reftât de l’air vital (ou de
l’air peu phlogifliqué) , l’eau étoit toujours imprégnée
d’une petite quantité d’acide, & que cet acide étoit
de l’acide- nitrique, de quelque fubftance qu’on eût
tiré l’air vital. Il conclut de fes obfervations qu’i/y
avoit les plus fortes raiforts de croire que l'air vital étoit
fimplement de l'eau privée de fon phlogifliqué, & l'air
inflammable de l'eau phlogifliquée, ou du moins du pur
phlogifliqué. Je né dois pas omettre que M. Cavendish
fit dès-lors mention d’un Mémoire de M. Watt%
lu précédemment à la Société, dans lequel il fop-
pofoit que l’eau étoit compofée d’air vital & de phlo-
giflique privé d’une partie fle fa chaleur latente
( Tranf. philo fi. vol. 74, p. 140).
L’opinion de M. Watt fur les parties conflituantes
de l'eau fe trouve dans une lettre à M. de Luc ,
datée du 26 Novembre 1783, Sc lue à la Société
royale le 29 Avril 1784. Il paroît que dès le 22
Avril 1783 , ce Savant avoit déjà adreffé une première
lettre fur ce fujet à M. Prieftley, quir étoit pour-
lors à Londres , pour la préfenter à la Société ; mais
qu’avant que M. Prieftley en eût trouvé l’occafion,
il avoit fait part à M. Watt de fes expériences fur
la converfion apparente de l’eau en air permanent ( 1 ) ,
| & que M. Watt ne pouvant en concilier les ré-
fultats-avec fa théorie, defira lui-même que fa publication
fût différée jufqu’après un nouvel examen.
Il eft dit dans une note que cette première lettre fut
montrée par M. Prieftley à plufieurs Membres de la
Société & remife au Préfident, en le prévenant du
defir de l’Auteur que la leéture en fût différée (2);
(1) Ces expériences ont été décrites & expliquées II. n. V. Voyez ci-devant page 674. ^
• f 2) Ceci fe rapporte à ce que M. de Luc a écrit dans fes Confédérations générales fu r la Météorologie y &c. (n, 682)»
Sue plufieurs Membres d.e la Société trouvoient cette théorie trop hardi^
Çhyinie. Tome I f Z z z 2