
le moyen le plus fimple, qui n’exîgeoït"pâ$ âutaflt
«le travail, ni un degré de feu aum fort.
M. Crell a répété ces opérations plus en grand
pour déterminer exa&ement les dofes ; & ,. après
plufteurs tatonnemens, dont je fupprime le détail,
il a reconnu que fur dix livres de fa von de graiffe
préparé, comme on l’a vu -, en confiftance de gélée
épaiffe, il falloit ajouter peu-à-peu 22 onces d’alun ,
précédemment diffous dans l’eau ; qu’aprés avoir
filtré & évaporé la liqueur , on obtenoît à-peu-
près 21 onces de fe l, dont partie étoit du vitriol de
potaffe, partie du fébate de potaffe & un peu d’alun
non décompofé. -
On prend les trois quarts de ce réfidu falin, on
verfe defiïis 4 § onces d’acide vitrioliqne concentré
du commerce, qui s’échauffe & répand quelques vapeurs
, on diftille , on augmente le feu par degrés,
Sc on obtient un peu plus de y onces d’un acide
jaune , fumant : c’eft l’acide fébacé.
Çet acide eft communément affez pur ; il eft bon
cependant de s’affurer s’il ne contient pas un peu
d’acide vitriolique. Pour cela, on en verfe dans la
diffolution d’acète de plomb ; fi le précipité qu’il y
bccaftonne, n’eft pas entièrement foluble dans le
vinaigre, c’eft une preuve qu’il s’eft formé du vitriol
de plomb, & que l'acide fébacé recéloit une portion
d’acide vitriolique. M. Crell avoit d’abord efTayé
la folubilité du précipité à la manière de M. Retzius,
par l’acide nitreux ; mais j’ai déjà averti plufieurs
fois que cette épreuve n’étoit pas fidèle : M. Çrell
s’en eft afliiré en mêlant à deffein quelques gouttes
d’acide vitriolique , qui n’ont pas empêché que le
précipité ne fût abfolument diffous , lorfqu’il eut
ajouté une fuffifante quantité d’acide nitreux ; ce
qui n’arrive pas avec le vinaigre.
Le plus fur eft de rediftiller Y acide fébacé fur une
portion du même fe l; c’eft pour cela que M. Crell
recommande d’en réferver un quart, parce qu’il
y laiffe, non-feulement tous les fels étrangers qui
pourroient s’être élevés avec lu i, mais encore fa
couleur rouffe. Le produit de cette rectification eft
un acide clair comme de l’eau , cependant encore
fumant & d’une odeur très-pénétrante.
Cet acide eft démontré depuis plufieurs années
dans les cours publics de l’académie de Dijon par
M. Maret ; & les procédés indiqués par M. Crell,
ont conftamment réufïï , ( Voye% Nouvelles de la
République des Lettres de M. de la Blancherie , ann.
1782, 7z®. 17. ) Au lieu de faire paffer le fuif à
l ’état de favon par l’alkali, on le décompofé le
plus fouvent par la chaux v ive de la manière
iuivante.
On fait fondre le fuif dans un poêlon de fer ; on
y jette de la chaux vive pulvérifée, & on remue
continuellement dans les commencemens ; fur la
f in , on donne un feu affez fort » en obfervant
d ’élever les vaifleaux pour n’être pas expofé aux
vapeurs. Lorfque le tout eft refroidi, on s’apper-
çoit que le fuif n’a plus la même folidité , on le
fait bouillir èn grande eau ; on filtre cette leflïve ;
& on en obtient par l’évaporation un fel brun très-
âcre , qui eft du fébate calcaire. Ce fel fe difiout
très-bien dans l’eau ; mais il feroit trop long &
même difficile de le purifier complettement par
des cryftallifations répétées ; on y parvient plus
aifément en l’expofant à une chaleur capable de
rôtir l’huile qui le noircit, après cela une feule
diffolution le purifie fuffifamment ; il laifTe fon
huile fur le filtre en état de charbon, & il n’y a
plus qu’à évaporer.
Comme il vaut mieux mettre plus de chaux qu’il
n’eft néceffaire pour la faturation, afin de multiplier
les points de contaél, & de rendre la décompcfi-
tion du fuif plus complette, la diffolution tient
ordinairement un peu de chaux-vive ; on l’en
débarraffe aifément en y ajoutant de l’eau chargée
d'acide méphitique qui ne décompofé pas le fébate
calcaire.
Ce fel, traité à la diftillation avec l’acide vitrio-
liqwe, donne, fon acide de la même manière que le
fébate de potaffe.
§. III. De la nature des propriétés & des affinités de
l ’acide fébacé.
I. Cet acide exifte tout formé dans le fuif, & même
en affez grande quantité, puifque 2. livres de fuifen
ont fourni à M. Crell 7 onces 2 fcrupules. Nous v e nons
de voir qu’il lui étoit enlevé direâement par
les alfealis & les terres, même par la voie humide,
ou du moins à une chaleur trop foible , pour qu’on
puiffe le regarder comme le produit du feu ; cette
obfervation eft fi concluante , qu’elle medifpenfe
d’en rapporter d’autres preuves. Il fe réfout en gas
par le feu ; il eft donc compofé comme tous les
acides d’air vital , principe acidifiant, & d’une
bafe acidifiable. Il paroît que cet air fe convertit
en acide méphitique par l’abondance du phlcgifti-
que, lors même que l’on traite le fuif avec l’acide
nitreux. M. Prieftley afliire que dans cette opération
on obtient très-peu d’air, parce que l’eau remonte
dans le matras après chaque jet d’a ir , & que cet
air précipite l’eau de chaux. ( Exp. &c. tom. I l
pag. _i66>)
. Cet acide eft de fon genre, & ne peut être confondu
avec aucun autre des acides connus ; M.
Crell n’a pas diftimulé qu’il préfentoit beaucoup
de rapports avec l ’acide muriatique, & fur - tout
en ce qu’il formoit avec la potaffe un fel capable
de fe fondre au feu fans fe décompofer, qu’il agif-
foit puiffamment fur l’or lorfqu’il étoit mêlé avec
l’âcide nitreux, qu’il précipitoit la diffolution ni-
treufe d’argent, qu’il formoit un fublimé avec le
mercure» que la diffolution de ce fublimé n’étoit
plus troublée par le fel commun, & que l’eau pure
en féparoit l’antimoine. Je me fuis déjà expliqué
bien des fois fur les conféquences à tirer dé pareils
faits ; l ’obftination avec laquelle quelques foi»
tlîfaïls Chymiftes rejettent les nouveaux acides J
m’oblige d’appliquer encore ici la même méthode
logique. Si dans ces opérations il fe formoit ùn
fel qui fût un vrai muriate,qui en eût toutes les
propriétés, qui donnât du véritable acide muriatique
par fa décompofition , on ne devroit pas hé-
fiter de dire que le fuif tient de l’acide muriatique ,
ou du moins fon radical, & que s’il fe montre
différent dans quelques circonftances, c’eft qu’alors
il eft dans un état de compofition que l’on peut
faire ceffer en lui rendait fa fimplicité primitive.
Mais s’il n’y a aucun de ces fels qui foit un muriate
parfait, fi ce n’eft qu’une apparence de phénomènes
femblables, fans que les produits foient
identiques ; fi l’acide dont il s’agit manifefte quelques
propriétés différentes , foit avant, foit après
c[u il eft entre dans ces combinaifons ; s’il s’en
éloigné par une feule propriété bien avérée &
bien confiante, il faut dire que ce n’eft pas le
même corps, mais au contraire, une fubftance
propre de fon genre. Ce n’eft pas là une affaire de
lyftême % mais de raifonnement.
f iiacé a - t 'U réellement des propriétés
dimnctes de celles de l’acide muriatique ? Ce n’eft
pas ici le lieu de rapporter toutes les preuves
qu en fournit l’excellent mémoire de M . Crell, je
me borne aux fuivantes, qui paroîtront encore affez
nombreufes & affez décifives : Yacide fébacé donne
avec la foude des cryftaux en aiguilles, avec le
calce un fel cryftallifable , avec le fer un fel non
deltquefcent; il attaque le mercure coulant, il le
Pr" *p d e rie fa diffolution muriatique corroftve
11 rtommun , & retient fa bafe à
la diftillation ; enfin , le fébate calcaire ne décom-
pofe pas l’alun. Ce font autant de phénomènes
oppofes a ceux que produit l’acide muriatique
dans les memes circonftances , & qui écartent ab-
iolutaent tout foupçon d’identité.
L’analogie de cet acide avec les acides huileux
emptreumatiques de quelques végétaux, eft éta-
bhe fur des faits plus conduans; M. Crell a retiré
Pao-c ■ -, atJ?n ,cellu beurre de cacao , il l’a
rectifie , il a effayé fes combinaifons, & il a reconnu
qu il précipitoit la diffolution d’argent, qu’il
formoit avec le calce un fel cryftallifable, non déliquescent,
avec l’alkali volatil un vrai fébate ammoniacal
concret, très-différent de celui que donne
féhV^Wrk ’ & /C' , d ° u ll a CODclu c’étoit. l'acide
Jebace. ( Chemifches journal, part. I l , page ,jy ) .
Ce Chymifte examine à cette occafion quelle
peut e trel origine de cet acide: comme il l’a trouvé
dans le blanc de baleine, cette obfervation lui
paroît d abord favorable à l’opinion qu’il a pour
radical 1 acide muriatique, mais il la rejette bientôt
fur le fondement qu’il feroit difficile de con-
d a n s 'W mmeat Ie Ë C,°-mnU!n fe décompdferoit
tffieufté ,rP r d -,Cep° ,ff? difficulté lorfqu il veut ch-e rc11h erre frloe uvper ilnac ipmeê mdee
1 acide que fournit la graiffe de boeuf dans le murîate
de potaffe qui fe rencontre dans les plantes
dont il fe nourrit. Si l’on fuppofe (dit-il) que le
principe de cet acide eft porté dans le corps animal
par les végétaux, il n’y a plus moyen d'expliquer
pourquoi il fe trouve dans le cerveau do
la baleine, qui ne vit que de poiffons marins. Ce
qui le détermine enfin à penfer que l’acide fébacé
tjre fa matière première des corps organifés de
l'un & de l’autre règne.
Je ferai voir ailleurs que la décompofition du
fel commun dans les corps organifés n’eft nullement
impoffible ; mais il ne s’agit pas ici de poffi-
bilité, & puifque nous avons abandonné ce préjugé
de l’ancienne école , que tous les acides tirent
leur origine de l’un des acides minéraux, il
fuffit que \acide fébacé ne foit pas l’acide muria-
tique , qu’il n’ait pu jufqu’à préfent être ramené
à l’état identique de ce prétendu principe primitif,
pour le déclarer acide propre de fon genre , &
l’on arrive ainft à la même conclufion que M,
C re ll, mais par une route plus direfte.
On ne peut difconvenir que la formation de
l’acide dans le cachalot femble annoncer que fi la
graiffe n’eft pas une fubftance complettement ani-
malifée, puifqu’elle ne donne point d’alkali volatil
à l’anaîyfe, on ne peut pas dire cependant
qu’elle foit purement & exclufîvement une pro-,
dnélion du règne végétal.
11. Cet acide altère fortement en ron^e les
couleurs bleues végétales.
Il prend par l’aâion du feu une couleur jaune ,
& laiffe un rèftdu qui annonce une décompofition
partielle. M. Crell le regarde en conféqitence
comme tenant le milieu entre les acides minéraux
qui réfiflent à la diftillation, & les acides
végétaux qui s’y détrnifent.
Il attaque avec effervefcence les méphites terreux
& alkalins, & forme avec leurs bafes de
nouveaux fels que je nommerai fébates, fnivant
les principes de nomenclature méthodique (voytr
SÉEATH DE PO T A SSE , SÉBATE C A L C A IR E , f f i )
Le célèbre Léoiihardi défapprouve avec raifon les
dénominations de fe l de fegner, de tartre animal
&c. que leur a donnés M. Crell. Il remarque très-
bien que la dernière devient fauffe dès qu’on retire
auffi cet acide de l’huile du cacao ; il adopte
pleinement la méthode de l’iliuftre Bergman, de
' donner aux fels neutres des noms qui 'indiquent
en même-temps les deux parties conflituantes ■
mais fetlfauir gemackcs gevachs laugenfals qu’il
propofe, eft plutôt une phrafe qu’un nom ; j’ai
déjà obfervé qu’il pouvoir devenir équivoque,
il me femble que je remplis d’une manière plus
fimple l’objet du favant profeffeur d’Upfal. Koyer
D é n om in a t io n . - *■
Les fébates terreux & alkalins o n t, ftùvanr M.
Bergman, beaucoup d’analogie avec les fels réful-
tans de runion de l’acide acéteux avec les mêmes