
parties de cryftaux de tartre, avec une partie de
limaille de fer ; la diffolution filtrée & évâporé'e a
lailfé un fel métallique déliqüefcent qu’il a décom-
pofé par l’acide vitriolique à la diftillation , & dont
il a obtenu , par ce moyen, une liqueur qui avoit
l ’odeur d’acide muriatique, qui a formé avec l’al-
kali végétai une efpèce de muriate de potaffe,
avec la foude un fel approchant du fel commun ;
la diffolution de ces fels a précipité le mercure de
l ’acide nitreux, & ce précipité a donné , par la
fublimation , un fel mercuriel bien cryftallifé.
2°. Ayant diftillé une livre de cryflaux de tartre
bien purs, & féparé avec foin toutes les parties hui-
leufes , il en reélifia le produit par une fécondé dif-
tillation, & trouva dans le récipient une liqueur
citrine furnagée par quelques gouttes d’huile claire,
& ayant à fon fond une groffe bulle ou fphère
d'huile plus fombré & plus pefante, qu’il regarda
comme approchant de l’état bitumineux à caufe
de fon union avec une portion d’acide ; il combina
la liqueur acide avec la potafle ; cette combinaison
lui donna un fel moins bien cryftallifé que celui qu’il
avoit obtenu des cryflaux de tartre avec le fer ; il le
traita de même avec l’acide vitriolique, le produit
de l’opération lui parut avoir des rapports encore
plus marqués avec l’acide muriatique : il forma avec
la foude un fel qui reffembloit beaucoup plus au fel
commun , ce-fel diffous dans l’eau diftillée précipita
très-bien la diffolution mercurielle, & le précipité
donna un fublimé fort approchant du muriate mer-
CQriel^dpux ; enfin , mêlé à deux parties d’acide
nitreux, il attaqua l’or comme l’eau régale. {Journ.
PhyfJtom. I I I , pag. 274.
Les Chymilles, fe font empreffés de répéter des
expériences qui paroiffoiënt aufli concluantes ; mais
il s’en faut beaucoup que les réfultats aient confirmé
la conféquence que M. Monnet en avoit tirée. M.
Berthollet affure que les nombreufes combinaifons
qu’il avoit faites avec l’acide du tartre lui avoient
offert des fels bien différens de ceux qui étoient
formés de l’acide muriatique. ( Journ. Phyf. t. V i l ,
p. 143 ).Xes auteurs des élémens de chymie de l’académie
de Dijon, trouvèrent que l’acide provenant
de la diflillation du tartre martial avec l’acide vitriolique
avoit une odeur peu différente de celle de
Vacide fulfureux ; que cet acide ne donnoit avec les
-alkalis que des feis irréguliers, confervant une faveur
très-empyreumatique ; que les précipités qu’il
occafionnoit dans les diffolutions d’argent & de mercure,
ne fe montroient pas comme de vrais muriates
d’argent & de mercure , & que le dernier qui avoit
en effet donné un fublimé s’étoit enfuite laiffé dé-
compoferpar l’acide vitrioliqûe. Le célèbre Fontana
tenta inutilement de faire réufïir l’expérience de la
diffolution de l’or dans le mélange de cet acide avec
l ’acide nitreux , & reprit confiance dans les expériences
qui lui avoient conftamment démontré que
Xacide tartareux étoit d’une nature tout-à-fait différente
de l’acide muriatique. ( Journ. Ph y f tom.
X I I j pag, 17 6 ).'MM. Spielman & Corvinus obfervèrent
aufli que l’argent précipité par cet acide
ne fe foridoit pas au feu comme le muriate d’argent;
que le fublimé mercuriel traité à la diftillation
avec l’antimoine ( en régule ) ne donnoit
pas un atome de muriate antimonial, & ils en tirèrent
la même conféquence. M. Schéele, ce Chy-
mifte fi habile à démafquer jufqu’aux plus petites
molécules étrangères dans les fubftances qu’il ana-
ly fe , fut le feul qui trouva véritablement d'e
l’acide muriatique dans le tartre , mais il n’adopta
pas pour cela le fyftême de l’identité de l’acide dit
tartre avec cet acide. M. Bergman, qui l’avôit engagé
à répéter les expériences de M. Monnet,
rapporte dans fes notes für les leçons de Chymie
de Scheffer ( §, 29 ), qu’il découvrit que l’alkali du
tartre contient prefque toujours un peu d’acide
muriatique, 8c que fi on fature plufieurs fois l’acide
du tartre diftillé, avec de nouvel alkali, &
qu’on le dégage enfuite par l’acide vitriolique, la
quantité d’acide muriatique devient de plus en
plus confidérable : ce qui prouve ( ajoute M.
Bergman) combien on devroit être en garde pour
ne pas fe laiffer furprendre par ces transmutations.
S’il pouvoit, après cela, refter quelqut doute,
il îeroit bientôt levé, en confidérant avec M. Fon-,
tana que cet acide empyreumatique faturé d’alkali,
8c expofé au fe u , fe réfout totalement en gas
méphitique Sc inflammable : ce n’eft pas-là le caractère
de l’acide muriatique.
Mais s’il eft facile de prouver que cet acide
n’eft formé d’aucun des acides minéraux, fine l’eft
pas également de déterminer fa nature : c’eft un
acide végétal de fon genre , qui eft compofé ,
comme tous les autres, de l’air vital acidifiant qui
fe manifefte bien fenfiblement dans fa décompo-
fitionpar le feu, quoique converti en acide ga-
feux, 8c d’une bafe acidifiable qui conftitue fon
càraétère particulier. Ces principes exiftans, foit
dans le moût exprimé -, foit dans le moût déjà altéré
par la fermentation ou l’ébullition, on pour-
roit penfer que c’eft l’acide propre du tartre ,
tel qu’il fe trouve dans les cryftaux de tartre, ou
qu’on l’en dégage en le féparant de l’alkali ; cependant
on a déjà pu remarquer qu’il étoit en effet
très- différent ; on en jugera encore mieux quand
nous aurons donné les oaraCtères du véritable acide
tartareux libre & de l’acidule tartareux. Il fuffit
d’obferver ici que l’acide empyreumatique eft
incryftallifable , qu’il forme avec le calce un fel
foluble, qu’il ne décompofe pas le muriate calcaire
: en voilà bien affez pour ceux qui penfent
avec nous qu’une feule propriété différente bien
vérifiée conftitue un corps différent.
Ces différences ne peuvent venir que de l’altération
que l’acide tartareux éprouve par la feule
aftion du feu, puifque le produit de la diftillation
eft le même avec ou fans intermède. On a donc
ici une preuve bien frappante de ce que nous
t avôns dit plufieurs fois, que la chaleur changeoit
les produits , 8c même une occafion de conjecturer
avec plus de fondement qu’elle les change
en fe combinant avec un des principes du compofé
; car elle eft dans ce cas la feule matière
qui puiffe mettre en jeu de nouvelles affinités.
Si le feu ne faifoit que féparer les parties compo-
fantes, fuivant l’Ordre de leur volatilité, elles fe
reçombineroient à la fin dans le récipient ; s’il
n’y avoit d’autre caufe que la difîipation d’une
portion de gas, il n’y auroit aufli qu’une portion
de la fubftance primitive altérée, o u , fi toute Ja
jnaffe partageoit cette perte , elle feroit difpofée
à reprendre facilement , par affinité fimple, le
principe que le feu lui auroit enlevé.
Nous avons vu que cet acide , en s’unifiant
aux bafes terreufes et alkalines, formoit des fels
qu’on n’avoit pu jufqu’à préfent rapporter à d’autres
fels connus : nous les diftinguerons fous le
titre de tartres empyreumatiques , toujours avec
î’expreflion de la bafe. Voÿe^ T a r t r e É m p y r e u -
MATIQUE CALCAIRE , &C.
Je n’ai pas affez d’obfervations potfï^donner ici la
table des affinités de l’acide empyreumatique du
tartre 5.; mais en attendant qu’elles aient été déterminées
, je crois qu’on rirque peu de fe tromper
en plaçant les bafes dans le même ordre qui
eft indiqué pour l’acide firupeux, qui eft aufli un
acide altéré par Paélion de la chaleur , & qui ,
quoique l’acide propre des fucs fitcrés peut très-
bien différer de celui qui exifte avant qu’ils n’aient
éprouvé l’aélion du feu , comme l’acide tartareux
dégagé par la voie humide diffère de celui qu’on
‘obtient parla diftillation.
L’acide lignique a encore, tant de propriétés communes
avec, l’acide tartareux empyreumatique ,
qu’il ne nous manque peut-être que des redifica-
tiohs plus exades pour n’en faire qu’un ieu l &
même acide. Voye{ A c id e v é g é t a l A cid e
s ir u p e u x , A c id e l ig n iq u e .
§ . IV . De la dêcotnpofition fpontànèë du tartre.
Avant que'de pafter à l’examen de Pactde tar-
ïareiix libre; & même avant que de conclure fur
l’anàlyfe du tartre, je dois encore parier de' la
décompofition fpontanée de ce fel dans l’eau ,
qui eft réellement une analyfe par une autre voie,
& par conféquent fort propre à nous donner de
nouvelles lumières.
M. de Machy eft le premier qui ait fait mention
de ce phénomène : perfuadé que l’alkali n’exifte
pas dans le'tartre , que celui qu’on en retire par la
calcination ou par le moyen des acides minéraux eft
®n produit de ces opérations , il en chercha la
preuve dans l’expérience fuivante.il verfa 10 onces
d’eau bouillante fur une once de cryftaux de tartre ;
la liqueur refroidie, il couvrit le bocal d’un double
papier 6c d’un parchemin , qu’il perça feulement
avec une épingle, 6c laiffa le tout en repos pendant
-trois mois. Au bout de ce temps, il trouva
la liqueur notablement diminuée & pleine d’une
mucofiré épaiffe , tenace , un peu jaunâtre , qui
occupoit le tiers du fluide. Cette mucofité enlevée
fut effayée avec les acides 8c les alkalis, elle ne
fit point d’effervefcenee 6c ne forma point de combinaifons
; la foude cauftique lui donna, à la vérité, '
la propriété favonnemfe, en la rendant en partie
foluble dans l?efprit-de-vin , de forte que quelques
1 gouttes de cette diffolution fpiritueufe verfées
dans l’eau , lui cômmuniqwoient une couleur opale;,
fa faveur étoit fade , ni alkaline, ni acide ; elle
ne eau fa aucune altération au fyrop de violettes,
ni à l’infufion de tournefol. Üne portion de cette
mucofité ayant été féchée , elle donna un parchemin
fisc , caftant & fans faveur. Une autre
portion expofée au feu exhala quelque odeur de
tartre .'brûlé , s’enflamma vers 1a- fin, 6c laiffa un
peu de terre fi légèrement alkaline, que M. de
Machy ne la reconnut que par le précipité que
fa lefiive occafionna dans une diffolution de vitriol
de magnéfie. La liqueur qui contenoit le mucilage
étoit rouffe 8c d’une faveur aigrelette ; elle fournit
par l’évaporation des cryftaux informes et peu
confiftaiis , qui n’étoient que des cryftaux de tartre
; enfin l’elpèce d’eau-mère qui refia n’étoit nul-
' lement alkaline. ( Recueil de Dijfertations , &c.
Paris r/774., pag. 60.)
Cette expérience a été répétée par MM. Spieî-
mari & Corvinus , mais avec quelques change-
meris dans là préparation, 8c leurs réfultats ont
été un peu différens. Iis ont fait diffoudre deux
onces de cryftaux de tartre dans huit livres d’eau ,
8c ils ont placé cette diffolution dans une étuve
©il la chaleur n’étoit jamais âu-deffous .de 10 degrés
, 6c- étoit fouvent portée jufqu’à 30 ; à me-
fure qü’elie fe couvroit -de mucofité ils l’enle-
voient : au bout de trois mois la plus grande partie
de l’eau étant évaporée, ils trouvèrent feulement
une moitié du tartre en cryftaux , qui, par
la couleur 8c la faveur, fe rapprochoient plus du
tartre crud que du tartre rafiné. Ces cryftaux re-
dlffous en grande eau 8c expofés comme la première
fois à la chaleur de i’é ttivp, il parut bien ,
au bout die quelques jours, des floccons fufpendus
dans le liquide ; mais ils rie fe raffemblèrent pas
en pellicule muqueüfe, 6c fembloient plutôt fe précipiter.
Le tout ay^ant été encore laiffé en repos
quelques femaines , fans qu’il y eût autre chofe
qu’une diminution de la liqueur & une augmentation
de couleur, la liqueur fut jettée fur un filtre
qui en fépara un peu de fubftance terreufe , c ’eft-
à-dire ,1a mucofité même, privée de toute humidité
; la liqueur Ce trouva tout-à-fait alkaline , 8c
j fournit, par évaporation , 3 gros d’alkali fixe
chargé de couleur brune. ( Anale lia. de Tartaro g .
X. ) Ces auteurs, qui, comme nous l’avons v u ,
n’admettent pas l’alkali tom formé dans le tartre,
concluent que celui-ci eft évidemment produit par
: la fermentation,