
616 A G A bornons à faire remarquer que l’ufage de cet Agaric
doit être borné à l’extérieur, qu’il forait très-dangereux
de le donner intérieurement en fubftance, il
fe bourfouffleroit probablement dans l’eftomac, &
donnerait lieu à des accidens graves. L’infufionou
la décoâion feroit au moins inutile, fi elle n’étoit
pas nuifible.
Pour conferver l’Agaric fpongieux, il ne fuffit pas
de l’enfermer dans du papier ou dans une boîte, il
ferait bientôt mangé des infeéles, & feroit réduit en
petits morceaux fans confiftance & fans vertus ; il
faut le mettre dans un bocal de verre bien bouché,
le tenir dans un endroit fec ; peut-être même pour
en écarter plus fûrement les infe&es, il conviendrait
de mettre dans le bocal un morceau de camphre,
ou un papier enduit d’huile de thérébentine.
§ . I I I . AGARIC m in é r a l . Moelle de pierre. On a donné ce nom à une fubftance calcaire, blanche,
légère, friable, qui fe trouve dans les carrières,
quelquefois pelotonnée en forme de fungus, d’autrefois
en poudre très-fine. Le Codex de Paris indique cette
fubftance fous le nom d’Agaric minéral, & la placé
au nombre dés fubftances fimples officinales. Ettmul-
ler en recdmmandoit l’ufage pour arrêter- les hémorragies
des plaies. Fred. Hoffman l’indique à la dofe d’un
fcrupule à deux comme un remède pour augmenter
le lait des Nourrices; mais cette terre purement calcaire
ne diffère pas de la craie en poudre, & c’eft
tout au plus un ahforbant, Voye^ ce mot.
On a; auffi donné le. nom d’Agaric du Sureau,
Agaric de Juda, à un fungus qui naît fur le tronc
des vieux fureaux. On le connoît le plus ordinairement
fous le nom d’Oreille de Judas, Voye^ ce
mot,.
A G A T E . ( Pharm. ) L’Agate nommée par les
Grecs 3c les Latins Achates , parce que , difent les
Ecrivains, on la trouva la première fois en Sicile
près le fleuve Achates * eft une pierre filiceufe, demi-
trahfparente, fouvent teinte de différentes couleurs |
& de différentes nuances.
On a attribué à cette pierre beaucoup de vertus
médicinales. Les uns prît dit qu’elle étoit cordiale,
alexitère, fortifiante, antifpafmodique.; d’autres ont
ajouté qu’elle étoit bonne contre les morfures des
Scorpions, des Araignées , qu’elle guériffoit la dou-r
leur de tête , les fluxions fur les y e u x , les hydrapi-
fies; quelques-uns fe font bornés à la considérer comme
propre à arrêter les évacuations trop abondantes.
D ’après tant de propriétés attribuées à l’A gate, on
en a fait différentes préparations pharmaceutiques.
Aetius ( Tetrabl. I V , ferm. I I I , ) décrit un emplâtre
d’Agate qu’il dit 'excellent, pour déterminer
promptement la Suppuration dans les tumeurs froides,
indolentes, efficace dans les écrouelles, & contre les
morfures des Scorpions & des Vipères. Çet emplâtre
fi vanté par Aetius doit être fait avec colophône
quarante-huit gros, cire 3c réfine .de pin , de chacune
huit onces, huile trois onces : : ces fubftances
A G E
étant liquéfiées, on y ajourait Agate préparée cinq
onces.
La préparation indiquée par Aetius confifte à choi-
fir des Agates couleur de peau de lion, à les foire
rougir au milieu des charbons, & lorfqu’elles font
refroidies, on les pile 3c on les réduit en poudre
très-fine.
On a auffi recommandé l’ufoge intérieur de l’Agate
; mais cette pierre filiceufe étant infoluble par
les fucs digeftifs, ne peut agir fur l’eftomac & les
inteftins que comme un irritant méchantque, & quelque
bien porphirifée que puiffe être l’Agate, on doit
en redouter les effets. Ces confidérations n’ont point
échappé aux Médecins attentifs, elles ont fait abandonner
depuis long-temps toutes les préparations de
l’Agate ; elle eft cependant encore indiquée dans
quelques Pharmacopées modernes au nombre des
fubftances officinales ; niais affurément le meilleur
ufage que l’on puiffe en foire en Pharmacie, eft de
l’employer pour foire des mortiers ; ils font aufli
inattaquables 3c moins fragiles que ceux de verre.
A G E N T . On fe fort généralement en Phyfiquc
de cette expreffion pour dêfigner un principe que l’on
confidère comme étant par fon aftion la caufe de
quelque effet ; l’Agent eft donc proprement le fujet
de cette caufe, & dans ce fens il n’y a point de
phénomène dont on ne puiffe dire qu’Ü dépend de
tel Agent. Il ÿ a dans la nature, dit Newton, des
Agens capables d’unir les particules des corps par
les plus fortes attrapions, & c’eft à la Philofophie
expérimentale à découvrir ces Agens. Opt. liv. III,
queft. qt.
Tous les Agens ne font pas connus fans doute;
& c’eft de là que l’on part ordinairement pour s’au-
torifer à en créer d’imaginaires ; car c’eft à là faveur
de ce mot que le charlatanifme fait recevoir
tant de chimères, & parvient même à leur donner
quelques momens d’exiftence dans l’opinion de gens
crédules, 3c qui, manquant de courage Ou de facultés
pour acquérir la fcjence par l’étude, embraf-
fent d’autant plus avidement celle qu’on leur pré-
fente comme une forte de révélation.
Les anciens Chymiftes affePoient le nom. d’Agent
à certains corps dont les effets étoient plus rapides
ou plus violens,tels que les acides, les cauftiques,
les corrofifs, &c. mais on a reconnu que la diftinc-
tion des fiibftances en aPives & paffives n’avoit
aucun fondement ( voyes^ ACTION ) ; on tient aujourd’hui
que toute matière eft un Agent chy-
inique, parce qu’il n’y en a point qui n’ait fos affinités
, qui ne foit fufceptibfo de combinaifon, & que
toute combinaifon procède d’une aPion réciproque*'
Lors donc qu’on emploie ce mot Agent, ce n’elt
plus que pour indiquer, fans défignation fpeciale,
une matière quelconque qui ait l’affinité néceffaire
pour remplir l’objet que l’on fe propofo ; ou quand
on donne à une matière connue la qualité d’Agen t
dans l’explication d’une opération , on n’entend^ dire
autre chofo finon qu’elle exerce une des affinités les
' . 1 ' , • • ' & plus
A G G bîift pùîffafltesqu’elle décide l’aPion par la condition
de la fluidité ou autre circonftance fomblable,
éc toujours fans exclure l’aPion réciproque des autres
corps. Vôye[ a f f in it é & d is so lu t io n .
AGGLUTINANS, AGGLUTINATIFS. (Pharm.)
On trouve très-fréquemment dans les Ouvrages de
Médecine, de Chirurgie & de Pharmacie le mot
Agglutinans ; il y eft toujours employé pour dêfigner
un genre de remèdes, mais fouvent il eft employé
dans des fens différens , & cette variété de fignifi-
cations attachées 4 un mot a répandu beaucoup
d’obfcurité fur l’objet qu’on vouloit exprimer.
i°. Paul d’E gine, lib. V I I , défigne fous le nom
d’Agglutinans , Aàacollemata , des remèdes d’une nature
vifqueufe & collante, qui, dans les affePions
des y e u x , s’appliquent aux tempes & fur le front.
J. Gorris, qui a traduit l’expreflion de Paul par le
mot Agglutinamenta, dit que ces remèdes font com-
pofés de fubftances qui ont la faculté de coller,
de refferrer , de raffraîchir & de deffécher : telles
font la fleur de la forine, la manne, la terre de fa-
mos , la mirrhe, l’acacia & l’opium incorporés avec
un blanc d’oeiif. Ce genre de topique indiqué par
Paul d’Egine pour remédier aux fluxions fur les yeux,
a été auffi employé au traitement des plaies récentes,
même des ulcères 3c de quelques autres affePions
locales, dans l’intention de prévenir la fluxion &
de fortifier la partie ; par la fuite on a connu plus
particulièrement ces fortes de remèdes topiques fous
le nom de dèfenfifs, parce qu’on leur attribuoit la
propriété de défendre la partie & de la prémunir contre
l’affluence des humeurs.
2°. Les anciens Ecrivains entendent le plus ordinairement
fous le nom d’Agglutinans ou Collétiques
des remèdes qu’ils crayoient propres à fovorifer l’agglutination
ou collement des parties récemment di-
vifées. Ils les appliquoient fur les plaies, ils en con-
feilloi'ent également l’ufoge intérieur pour épaiffir les
liqueurs & faciliter la foudure des vaiffeaux ouverts.
Ils rompraient au noinbre des Agglutinans toutes les
fubftances vifqueufes, telles que les -gommes adra-
gant, arabique, les graines de pfylium , de lin , les
racines de confoude, les gelées animales, la colle
de poiffon, le blanc d’oe uf, &c. Ils y ajouraient quelques
plantes légèrement aftringentes » telles que la
mille-feuille , la pimprenelle , la quinte-feuille, la
fa iiic le& e . fouvent des réfines, la thérébentine,
ou des gomines-réfinestelles que la mirrhe, l’oliban,
le fang de dragon, &c.. Mais l’agglutination ou
reunion des parties divifées par quelque caufe accidentelle
, n’eft opérée que par les fucs limphatiques
& glutineux, que les petits vaiffeaux rompus verfent
fur les lèvres de la divifion ; c’eft entièrement l’ouvrage
de la nature, & il ne paraît pas que ces ren
d e s agglutinans puiffent la fovorifer. En effet , .
pris intérieurement, l’aétion de l’eftotnac & des fucs !
digeftifs .détruit leur qualité vifqueufe ; ainfi, ils ne :
peuvent porter dans les vaiffeaux un principe glu-
*ineux, ils ne peuvent donner, à la limphe plus de-
Chymie. Tome I,
A G G 6 glutînofité. Appliqués extérieurement,> dit M. Venel,
ils nuifent plutôt qu’ils n’aident à la confolidation ;
car pour qu’une plaie fraîche fe réunifie, il fuffit
que fos lèvres fe touchent, & fi ces remèdes s’y
infinuoient , ils produiraient l’effet d’un corps étranger
qui empêcherait le contaél & par conféquent
la réunion. D ’après ces confidérations, les Praticiens
modernes ont entièrement rejeté l’idée que les Anciens
attachoient à l’ufage des remèdes vifqueux 3c
collans.
3°. Aujourd’hui on a confervé le nom d’Agglutinans
, ou Agglutinatifs, à des compofitions pharmaceutiques
qui ont la propriété de coller & d’adhérer
facilement & fortement à la peau. Les Chirurgiens
fe fervent journellement de ces compofitions dans le
traitement des plaies; ils en couvrent des bandelettes,
qu’ils collent fur les bords de la plaie , & qui, dirigées
avec a r t, foutiennent & conforvent les bords
de la plaie dans un état d’approximation néceffaire à
la réunion. Ce. genre de remède topique a été dé-
figné très-convenablement par quelques Auteurs modernes
fous le nom à'adhéjifs ou uniffans. On doit
diftinguer deux fortes de topiques adhéfifs ; les uns
font emplajliques, & principalement compofés de fubftances
réfineufes ; les autres font glutinatifs, 3c Amplement
compofés de fubftances glutineufes, unies
à quelque portion de gomme ou de réfine. Nous
indiquerons aux mots em p l ast iq u e s & g l u t in a -
t if s la compofition , l’ufage de ces remèdes, & les
attentions particulières que l’on doit apporter dans
leur préparation.
A G GR ÉG A T, AGGRÉGÉ. Les Chymiftes nomment
ainfi un affemblage de molécules homogènes,
réunies par l’aggrégation ( voye^ ce mot). Quand on
porte dans une opération une certaine quantité de
métal ou de tout autre corps folide, ou il a été
réduit d’avance en parties fubtiles, par la lime, la
pulvérifation, &c. ou on l’emploie en gros morceaux
comme il fe rencontre ; on dit dans le dernier cas
qu’il eft en majje d’Aggrégé : il importe quelquefois
d’indiquer ces différences dans la defcription des :
procédés & des phénomènes des diffolutions.
AGGRÉGATION. C ’eft l’état d’union de plu-
fieurs parties de matière , mais de parties fomblables ,
ce qui la diftingue effentiellement de la diffolution
ou combinaifon , qui eft l’union de parties de nature
différente. A in fi, quand on unit un métal à un
autre métal, ou un acide à un alkali, chacune de
ces fubftances eft proprement une des parties conf-
tïtuantes du compofé, que l’on ne peut féparer fons
détruire la compofition ; au lieu que les parties aggré—
gées peuvent être défunies fans ceffer d’être les
mêmes, ou , fi l’on veut, fans ceffer d’être entières
fous un moindre volume ; de là le nom de parties
intégrantes qu’on leur a donné.
L ’Aggrégation diffère encore de la combinaifon,
en ce qu’elle peut être rompue par ttn infiniment
méchanique, au lieu que la dernière ne cède jamais
f i i j