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•grand , & -120 livres ou 1440 onces lui ont fourni
trois onces de cet acide concret, & deux onces
idu même fel moins pur.
Ce n’eft pas »feulement l’eau du lac Cherchiajo
.qui contient l’acide du borax, le même Chymifte
ayant fait évaporer 17280 grains de l’eau du lac
'.de Caflel-Nuovo, en retira 120 .grains de cet acide,
i& 32 grains de félénite ; & il préfume en confé-
quençe que l’on en trouveroit dans les eaux de
jpltilieurs autres lacs, tels que ceux de Lajfo, de
Monte Çerbeloni, & c ., i&c.
Cette obfervation importante nous conduira fans
doute à la découverte de la vraie nature de Y acide
boracin & de fon origine ; elle nous met déjà fur
la voie de con;e£turer que par-tout où l’on rencontre
cette fubftance , elle eft comme ici le produit
de l’aftion des feux fouterrains , & que fi on
extrait réellement le borax tout formé dans les
Indes, tandis que fon acide fe préfente à nud dans
les eaux des lacs tofcans, cette différence ne dépend
que de la qualité des terreins, dont l’un fournit
à la compofition unebafè qui ne fe rencontre pas dans
l’autre. En un mot, nous n’avons plus à nous plaindre
que ce fel n’exifte que dans un feul endroit du
globe , ce qui, fuivant l’expreflion de Sthal, auroit
été très-dur à croire.
Après avoir donné l’hiftoire de Yacide boracin,
ou plurôt des matières qui le fourniffent, avec
toute l’étendue qu’elle m’a paru mériter, il eff temps
d’indiquer les procédés par lefquels on l’obtient pur
& féparé de toute bafe.
On retire l’acide du borax par fublimation & par
cryftallîfation.
Pour le retirer par fublimation, on fait diffou-
dre dans l’eau trois livres de vitriol de fer calciné
au rouge ou colcotar, & deux onces de borax :
on filtre la liqueur, on la fait évaporer jufqu’à
pellicule, & on la diftille enfiiite dans une cucurbite
de verre garnie de fon chapiteau lutté avec une
bande de papier collée ; une partie de Yacide bora- \
cin paffe avec l’eau dans le récipient; mais une
autre partie s’attache aux parois du chapiteau , en
forme de lames minces & argentines. Quand -le
réfidu eff fec, on délute avec précaution J.e chapiteau
, on fait tomber le fol fublimé avec une
barbe de plume, on reverfe dans la cucurbite la
liqueur de récipient, pour la diffiller de nouveau;
on réitère enfin cette opération, jufqu’à ce que
le mélange cefle de fournir de l’acide fublimé
eoncrèt.
Pour retirer Yacide boracin par cryffallifation,
on fait diflbudre le borax dans l’eau bouillante,
on filtre la liqueur toute chaude , & on y verfe
à plufieurs reprifes de l’acide vitriolique jufqu’à
paner le point de fatiuçation , il s’y forme, pendant
le rèfroidiffement, de petites lames blanches,
brillantes, c’eft Yacide boracin cryffaliifé ; on le lave j
dans l’eau froide, on le fait égoutter fur le papier I
gris, & après cela, il ne diffère de celui qui eff J
a c 1
fublimé , qu’en ce qu’il eff un peu moins léger;
Le tradu&eur de M. Spielman amire que l’on doit
retirer en cryffaux plus de moitié du poids du bora*
; mais il faut pour cela employer le borax
connu dans le commerce fous le nom de borax
de la Chine, qui.eff plus riche, ou pour mieux
dire , qui n’a pas été chargé lors de la purification ,
de la quantité de foude qu’y ajoutent les Hollan-
. dois.
M. Baumé a fait voir qu’en diftillant la diflblu-
-tion de Yacide boracin cryftallifé, comme on difficile
le mélange de colcotar & de borax, on pouvoir
fe procurer .en peu de temps beaucoup de c et
acide fublimé , parce qu’il s’élevoit plus facilement
lorfqu’il étoit feul , & non embarraffé dans d’autres
matières. Mais ce procédé de rétification ne
laiffe pas que d’être encore pénible & difpendieux;
les cucurbites de verre ou de grais font très-fujettes
à caflèr fur la fin de la diftillation à ficcité, qui
exige une chaleur affez confidérable, & il feroit
imprudent de fubffituer d’autres vaiffeaux, à moins
que ce ne fut une cucurbite d’argent de coupelle.
Il me fèmble que l’on peut s’aflùrer fans cela de
la pureté de Yacide boracin, fi après l’avoir lavé dans
plufieurs.eaux froides, on verfe dans la dernière
eau quelques gouttes de difiblution de muriate barotique;
lorfqu’elle n’y occafionnera aucun précipité,
on pourra conclure que la liqueur, ni par
conféquent Yacide boracin ne tiennent plus un atome
d’acide vitriolique, & pour rendre l’épreuve encore
plus spre , on peut employer de l’eau chaude pour
la dernière lotion.
Vacide boracin pur a une faveur falée fraîche ;
il altère en rouge le fyrop violât & l’infufion de
tourne!©!.
Il n’éprouve aucune altération à l’air.
Une livre d’eau diftillée n’en a diffous que 185
grains,.à la chaleur de l’ébullition,
L’efprit-de-vin le diffout plus facilement, & la
difiblution brûle avec une belle flamme verte.
Cet acide, expofé_au feu fous forme sèche , fe
réduit en verre par la violence du feu plutôt que
de fe volatïlifer ; ce qui prouve, fuivant l’obfer-
vation deM. Rouelle, qu’il ne fe fublimé qu’à la
faveur de l’eau avec laquelle il forme par confé^.
quent un compofé plus volatil.
Le verre de Y acide boracin efth\znc, tranfparent,
un peu plus pâteux que celui du borax, il n’attire
pas l'humidité de l’air , & devient feulement
un peu plus opaquéau bout de quelques jours;il
eff fbluble en entier dans l’eau : fi on laifie évar
porer à l’air libre cette difiblution, elle fournit de
.’acide concrèt, en forme de végétation, furies
parois du vaifleau, & il reffe au fond une fubftance
gommeufe tranfparentè, qui a encore toutes les
propriétés de cet acide.
J’ai déjà annoncé que l ’on dégageoit également
l’acide du borax par le moyen de l’acide nitreux,
de l ’acide muriatique , & même de l’acide acéteux 3
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cet acide ain.fi dégagé paroiffant avoir'toutes les propriétés
de celui qu’on obtient par 1 acide yitrioli-
q ue , la plupart des Chymiftes n’ont pas hefité de
conclure, avec MM. Baron & Baume, que cet
acide exiftoit tout formé dans le borax, quil ne
participoît en rien de l’intermède de decompo-
fition, qu’il n’en retenoit1 aucune partie ; en un
mot , que c’étoit un acide particulier, de Ion
genre. M. Baumé s’étoit même flatté d'avoir prouvé
cette propofition par finthèfe, c eff-a-dire, par la
Compofition artificielle de l’acide du borax, fans y
employer aucun autre acide, & en laifiantfeulement
expofé à l’air, pendant un certain temps,
dans un lieu humide un mélange d’argile grife , de
graifle & de fiente de vache récente : mais M.
wiégleb a répété cette expérience, en obfervant
toutes les conditions prefcrites ; il a abandonne de
pareils mélanges au travail de "la nature^ pendant
plus de trois ans & demi, & n’a pas pu, apres ce long
efpace de temps, y découvrir le moindre atome
Yacide boracin.
Il ne nous reffe donc toujours d’autre preuve
de l’exiftence de cet acide tout formé dans le borax
, que l’identité qu’il préfente , quelques foient
les inftrumens de décompofition , & il faut convenir
que cette preuve fera feule fuffifante tant que
le fait ’fur lequel elle s’appuie ne pourra être révoqué
en doute. C’eft ce qu’a très-bien fenti M. Cadet,
qui ayant adopté l’opinion contraire, a cherché à
établir nouvellement que le fel que l’on féparoit du
borax par divers acides , étoit compofé de ces acides
& participoit de leur nature; voici les principaux
réfultats de fes. expériences.
Cet académicien a traité à la diftillation Yacide
boracin retiré du borax par le vinaigre ; il l’a cliftillé
avec Fefprit de vitriol & avec Farfenk, & il a
obfervé que la liqueur qui paffoit dans ces opérations
a voit fenfiblement l’odeur acéteufe.
L'acide boracin, qu’il appelle nitreux, c’eft-à-dire,
retiré du borax par l’acide nitreux, n’a point troublé
les diffolutions de nitre d’argent & de nitre
mercuriel ; il a d o n n é p a r la difiblution avec l’acide
vitriolique, des vapeurs jaunes, & une liqueur
qui avoit une forte odeur nitreufe.
U acide boracin muriatique, même après avoir
été lavé dans l’efprit-de-vin , a précipité la diffolu-
rion d’argent ; il a diffous l’or lorfqu’il a été réuni
.à l’acide nitreux, & il a fait l’encre fyempathique avec
la difiblution nitreufe de cobalt.
Voilà à quoi fe réduifent les preuves direâes de
M. Cadet ; quelques réflexions , oc mêmes les aveux
que nous devons à la bonne foi de ce Chymifte ,
fuffiront pour établir qu’il n’y a jufques là aucun
réfultat décifif.
i° . L’odeur eff un figne trop équivoque , elle
peut venir de quelques parties de la liqueur qui
feront reftées adhérentes au fe l, malgré les lotions
réitérées , comme il arrive prefque toujours ; ce
figne a manqué totalement par rapport à Yacide bc~
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racin. müriatique, qui ne s’eft point fait recon-
noître à M. Cadet par l’odetir fafranée.
2°. Il n’eft pas étonnant que Yacide boracin muriatique
ait précipité là difiblution du nitre mercuriel
, c’eft une propriété de cet acide, de quelque
manière qu’il ait été retiré' du borax, & M. Cadet
ne paroît pas.s’être affùrè que ce précipité fut autre
chofe que du borax mercuriel.
3°. Il eff poflîble que l’acide nitreux, mêlé à'
Yacide boracin, attaque l’or en feuille à l’aide d’une'
forte ébullition, fans qu’il en réfulte nécefîaire-
ment que Yacide boracin fut compofé d’acide muriatique
; cette conféquence ne feroit fondée qu’autant
qu’on auroit reconnu qu’il fe feroit formé une vraie
. eau régale, qu’on atiroit décompofé par ce moyen.'
une portion entière d'acide boracin| & qu’on auroit
retrouvé après cette décompofition l'autre partie
conftituante de Yacide boracin qui auroit perdu
toutes les propriétés de ce compofé, en perdant
un principe néceflaire à fa compofition : non feulement
M. Cadet n’a point parlé de ces examens
ultérieurs ; mais il convient au contraire que fi£
difiblution d’or lui a donné par l ’évaporation des
cryffaux Yacide boracin ordinaire qui contenoient
de l’o r , & qui en ont été dépouillés par les lavages.
40. Enfin M. Cadet avoue précifément que lorfi*
qu’on fait pafler à l’état de verre les différens acides bo-
racins, les trois acides minéraux paroijfent changer
de nature & ne préfentent quun même fe l ; maispuif-
que Yacide boracin vitrifié eff après cela fiifoeptible
des mêmes combinaifons, puifqu'il conferve les
1 mêmes propriétés , les acides minéraux qui ont
fervi à le dégager ne font donc pas eflenriels à fa
compofition, ils n’y font pas du moins eflentiels,
comme te ls , & actuellement fournis aux affinités
par lefquels M. Cadet a voulu nous les faire re-
connoître. Dès-lors le travail de ce Chymifte ne
préfente d’autre conféquence, même en admettant
tous fes faits , finon que Yacide boracin ne peut être
entièrement purifié de l’acide étranger qui a fervi
à le dégager, que par un degré de feu capable de le
vitrifier.
A in fi, Yacide boracin doit demeurer au rang des
élémens chymiques, du moins jufqu’à ce que M.
Cadet ait fourni les nouvelles preuves qu’il a rè-
fervées pour un autre mémoire , foit par rapport
aux différentes propriétés de ce fe l , fuivant les
différens acides employés à le dégager, foit fur les
parties conftituantes du borax que ce Chymifte
regarde comme un compofé de foude , de la
terre vitrifiable du cuivre, d’une autre fubftance
métallique, qui mafque la première , & de l’acide
muriatique qui les a primitivement minéralifèes ; je
n’ajouterai qu’une fetile obfervation , c’eft que la
découverte de Yacide boracin libre dans les eaux du
lac Cherchiajo, près duquel on n’a remarqué ni mine
euivreu-e , ni foude native , ne laifie guères efpé-
rer que M. Cadet puifle remplir la tâche qu’il s’eft
impofée de produire artificiellement par la comhi