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pour les métaux ne font pas non plus abfolument
d’accord avec les obfervàtions lès plus familières ;
car on fait que l’acide nitreux attaque avec bien plus ;
de rapidité l’étain & l’antimoine que le plomb, quoique
ion affinité avec le dernier foit démontrée plu?
forte par la voie direâe de là précipitation. Enfin ,
il eft manifefte que l’acide vitriolique qui agit fi lentement,
fi difficilement, fur l’argent, le mercure &
le plomb, a cependant plus d’affinité avec ces mé- j
taux que l’acide nitreux, puifqu’il les lui enlève ;
il n’y a donc aucune conclufion à tirer d’un acide
à l’autre pour le degré d’affinité avec les diverfes
fubftances métalliques.
A ces objeâions déjà propofées par le célèbre
Kirwan ( Tranf. philof. 1783 , part. 1 9p. 37 ) on peut
ajouter que les difiblutions métalliques que l’Auteur
a choifies , font peu fufceptibles de fervir à la com-
paraifon de la durée de l’aâion d’un diffolvant fimple
fur diverfes bafes, puifque Bergman a prouvé que
les métaux ne s’uniffoient aux acides qu’après qu’ils
avoient été mis en état de chaux ; que cet état dépende
de la perte du phlogiftique, pu qu’il foit dû
à une première compofition avec la bafe <^e > l’air
Vital-, l’étiologie dans laquelle ‘ori ne tient aucun
compte de ce premier effet, n’en‘ eft pas moins, incomplète.
Cet argument devient bien plus preffant.à
mefure qu’on fe rapproche des dernières découvertes,
fuivant lefquelles l’eau ajoutée à un diffolvant acide,
loin d’êtA une condition auffi indifférente'à l’affinité
que M. M^enzel le fuppofe, donne lieu à de nouveaux
produits par les affinités de fes parties conf-
tituantes. Voy. V article E A U .
Ce feroit quelque chôfe fans doute que d’avoir en
nombre déterminés les rapports d’affinité de plufieurs
bafes avec un même diffolvant ; mais on a moins
de regrèt que le principe d’où M. Wenzel les déduit
ne foit pas fondé, lorfqu’on voit que ces nombres
ne pourroient être tranfportés dans les fymboles des
affinités par concours, qui eft le cas où ces expref-
fions font le plus utiles, lorfqu’elles repréfentent dès
valeurs que l’on puiffe fuppofer abfolues ; o u , ce
qui eft la même chofe, qui foient établies fur des
proportions qui aient une bafe correfpondante pour
tous les diffolvans. Cette réflexion fourniroit, s’il en
étoit befoin , une nouvelle preuve contre la méthode
dont il s’agit ; car on ne peut appeller mefure d’une
puiffance celle qui ne peut fe comparer qu’avec elle-
même. Je ne puis m’empêcher de témoigner ffton
étonnement de ce qu’un Auteur , qui explique d’ailleurs
fi clairement les doubles affinités, & comment
les combinaifons réfoltent dans ce cas de l’excès aé
deux des quatre forces qui concourent, a pu conclure
( §. 40 ) de la décompofition du cinnabre par
le muriate d’argent,que l’acide muriatique s’unifloit
plus volontiers avec le mercure qu’avec l’argent,
& fuppofer qu’âlors la fomme des deux plus grandes
tendances à Vunion Vemporte fur la fomnte, des deux
plus petites ; cette propofition ne s’accorde pas avec
ce que nous avons vu précédemment j & où j’ai eu
l’attention de faire remarquer au contraire que,dans
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ces fortes de combinaifons, la plus grande force d'affinité
étoit toujoursvaincue,lorfque,réunie à l’autre force
d’affinité confpirant avec elle, elle ne produifoit qu’une
fomme inférieure à la fomme des deux forces oppofées.
II. La plus ou moins grande réfiftance à la Réparation
des deux corps,paroit avoir, avec la force
qui les unit, une correfpondance bien plus intime,
bien plus néceffaire, & mériter ainfi la préférence
fur tout autre moyen pour en déterminer la mefure.
Mais avons-nous des moyens d’eftimer cette
réfiftance? Voilà une queftion qui doit être réfolue
en premier ordre ; & à un examen férieux, on re-
connoît bientôt que les uns font peu dignes de con-
! fiance, que les autres rentrent abfolument dans le
fyftême des obfervàtions d’après lefquelles ont
été conftruites les tables de précipitations ou d’at-
traâions éleâives, & que par conféquent ce principe
n’eft pas plus heureux pour fonder une méthode
générale de l’évaluation des affinités.
Loriqu’on parle des moyens de rompre une com-
hinaifon chymique, on conçoit qu’il ne peut être
queftion que de moyens chymiques ; tous les autres
feroient impuiffans, puifque c’eft la condition de
toutes diffolutions que leurs plus petites parties intégrantes
fe retrouvent encore dans le même état de
compofition. Quelques rirconftances néanmoins fem-
bient fàvorifer une diftinâion entre les divers moyens
chymiques , en ce que les uns laiflent des traçes
bien manifeftes d’une union nouvelle, déterminée
par l’affinité d’un autre corps, comme quand un
acide cède fa bafe à un acide plus puiffant ; tandis
que" l’aâion des autres paroît fe réduire à Réparer
les corps qui étoient combinés : on place _ ordinairement
dans cette dernière clafle la Réparation de f eau
& de l’acide, de l’eàu & de l’alcohol, de l’eau &
des fels, occafionnée par la congélation, de même
que toutes les décomppfitions qui s’opèrent par la
feule application dé la chaleur: C ’eft dans ces décompositions,
dont lés exemples font très-communs,
que M. de Fouïtroy a choifi celui qu’il a foit fervir
à établir cette propofition, que Vaffinité fe ’mefure
plus par la difficulté quon a à féparer un compofé en
fes principes, que par la vivacité de leur union. « L’a-
» eide nitreux ( dit-il ) s’unit avec violence au mer-
» cure ? dont il fe Répare facilement par l’aâion du
» feu;tandis que l’acide marin, qui femble fie pas
» 'êfré fufceptible de fe combiner avec cette fubftance
j? métallique, forme avec elle un fel qui fe volatilife
. « en entier par l’aâion du fe u , & dont la chaleur
» ne peut féparer les principes. » (Leçons de Chyme
, &c. édit, de 1782, tom. / , pag. 29 ).
Quand ces moyens feroient fûrs, ils aùroient tou*
jours l’inconvénient de ne pouvoir être appliqués à
toutes les combinaifons ; car ils fiippofent que l’un
des deux corps combinés a , dans un bien plus haut
degré que l’autre , la propriété de prendre la forme
concrète par le froid , & dé fe volatilifer par la.
chaleur: o r , nous favons par l’expérience qu’il y
a une infinité de fubftances qui ne diffèrent pas affeî
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fenfiblement à cet égard, pour qu’on puiffe efpèrer d’obtenir
par ces feuls moyens une féparation complète.
Mais dans les cas auxquels cette méthode éft le
plus applicable, fera-t-elle du moins,utile & fûre?
Je ne propoferai pas d’en juger uniquement par
l’exemple qu’en a donné M. de Fcurcroy, parce que
la facilité avec laquelle l’acide nitreux fe décompofe
au feu, & cède une partie de fon air vital aux métaux
avec lefquels il eft uni, établit entre lui &
l’acide muriatique une différence effentielle & qui
pourroit fuffire à l’explication des deux réfultats contraires:,
je ne doute pas que ce favant Chymifte
n’en ait foit lui-même la réflexion, & que ce ne
foit là ce qui l’a engagé à omettre cet exemple dans
la fécondé édition de fon Ouvrage.
Je conviendrai donc qu’il eft nombre de cas où
la chaleur & le froid peuvent opérer la féparation
de deux corps d’une manière plus direâe , & fans
qu’aucun des deux éprouve de décompofition ; ce
font fans doute ceux que MM. Lavoifier & de la
Place ont eu en vue dans le Mémoire qu’ils ont
donné, en 1783, fur la chaleur; & comme ils y
ont en même temps annoncé la poflibilité de géné-
ralifer cette méthode, je ne puis mieux faire que
de rapporter ic i, dans leurs propres exprefiions,l’opinion
de ces deux illuftres Accadémiciens fur la
queftion qui nous occupe.
u L’équilibre entre la chaleur qui tênd à écarter ,
v les molécules des corps, & leurs affinités réci-
»> proques qui tendent à les réunir, peut fournir un
» moyen très-précis de comparer entr’elles ces affi-
» futés ; fi l’on mêle, par exemple, à une tempéra-
» ture quelconque au deflous de zéro , un acide avec
» de la glace , il la fondra jufqu’à ce qu’il foit affez
» affoibli pour que fa force attraâive fur les molé-
1» cules de glace , foit égale à la force qui fait adhé-
» rer ces molécules les unes aux autres, & qui eft
» d’autant plus grande que le froid eft plus confi-
>» dérable; ainfi, le degré de concentration auquel
» l’acide ceffera de difîbudre la glace, fera d’autant
v plus fort, que la température du mélange fera plus
» abaiffée au deflous de zéro, & l’on pourra rappor-
3) ter aux degrés du Thermomètre les affinités de
3» l’acide avec l’eau, fuivant fes divers degrés de con-
» centration. Il fuit de là réciproquement que, fi l’on
33 expofe un acide affoibli à un degré de froid fu-
» périeur à celui dans lequel il ceffe de diffoudre
” la glace , les molécules d’eau ayant alors plus d’af-
» finité entr’elles qu’avec lu i, elles doivent s’en fé-
f parer & former de la glace, jufqu’à ce qu’il ait
” acquis le degré de concentration correfpondant à
» cètte température. En comparant ainfi les différens
» acides , 011 aura, par une fuite d’expériences faites
« a diverfes températures , leurs affinités refpeâives
” avec l’eau ; & fi l’on confidère de la même ma-
** nière toutes le$ autres difiblutions, on pourra me-
” forer avec précifion les forces d’affinité des corps
>» les uns avec les autres ; mais cette théorie ne peut
» être développée en auffi peu de mots, & nous en
* forons l’objet d’un.Mémoire particulier. 3#
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L’intérêt de la fcience.ine, fait defirer que nous
puiffions bientôt jouir de ce nouveau fruit des travaux
réunis de ces deux grands Phyficiens ; jufques-
là , perfonne n’a le droit de prononcer fur un fyftême
dont ils fe font réfervés de fournir les preuves ;
mais j e ne puis me difpenfer de propofer, du moins
par forme de doutes, & d’après nos connoiffances
aâuclles, mon fentiment fur les avantages que l’on
peut tirer de ces opérations.
Lorfqu’on expofe à l’aâion du feu un compofé de
dèux fubftances, ou, ce qui eft la même chofe, lorf-
qu’on accumule autour de lui une certaine quantité
de la matière de la chaleur, il peut fe préfenter
différens cas.
Premier cas. Les deux principes du compofé peuvent
avoir l’un & l’autre fi peu d’affinité avec cette
matière, qu’ils confervent leur fixité au degré de
feu le plus violent de nos fournaux ; c’eft ce qui'
arrive à l’alliage d’or & d’argent. Ce compofé eft
très-certainement dans un état de plus grande raré-
faâion , & par conféquent de moindre affinité ( je
dis de moindre affinité & non de moindre aggréga-
tion, parce que l’aggrégation des molécules de chacune
des parties compofantes fur elles-mêmes, a été
détruite par l’aâe de la diflblution, & qu’il ne doit
plus être queftion de cette force tant que la com-
binaifon fubfifte) ; cependant cette affinité, quoiqu’af*
foiblie par l’écartement que la chaleur occafionne
entre les molécules intégrantes du compofé,fe trouve
encore furpaffer l’excès d’affinité que l’un des principes
peut avoir plus que l’autre avec la matière de
la chaleur, & ces deux corps perfiftent dans le même
état dé fixité & de combinaifon.
Second.cas. Les principes du compofé peuvent avoir
tous les deux, & à un degré pareil ou très-peu différent
, une tendance plus marquée à s’unir ayec la
matière de la chaleur ; ils s’élèvent pour lors, mais
toujours dans l’état de combinaifon ; c’eft une vraie
diflblution du compofé lui-même par la matière de
la chaleur ; & quelque foible qu’on fuppofe l’affinité
de ces principes entr’e u x , quelque raréfaâion qu’on
leur fane fubir, il n’y a point de raifon pour qu’ils
fe féparent : la force aggrégative des molécules
de l’un déçroiflant comme celle des molécules de
l’autre. L’air commun peut ici fervir d’exemple, on
n’a pas foupçonné jufqu’à préfent une bien grande
affinité entre l’air vital & le gas non relpirable qui
le compofent ; cependant, on ne connoît aucune
température qui puiffe en opérer la féparation.
Troifieme cas. Les deux principes du compofé
peuvent fe trouver dans une condition fort différente,
relativement à leur difpofition à s’unir avec
la matière de la chaleur ; ce cas, qui paroît être le
plus fréquent, donne lieu à des phénomènes fort
variables, que j’effaierai néanmoins de rapporter aux
trois fous-divifions fuivantes.
i°. Ou T un des principes a une très-forte affinité
ayec la matière de la chaleur, tandis que l’autre
n’en a qu’une très-foible ; alors la féparation s’opère
facilement, quoique les deux principes aient entre
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