
peut rien fur le foufre que dans l’a&e de la coni-
buftion , & il décompofe très-facilement l’acide
vitriolique phlogiftiqué; l’air commun eft diminué
& rendu nuifible par cet acide ; bien plus, l’air
vital décompofe le gas hépatique, & en précipite
du foufre; ce n’eft donc pas fur le foufre, mais fur
la fubftance qui lui fert de lien qu’il porte fon a&ion.
On demandera peut-être pourquoi l’on ne voit pas
aufli fe dépofer du foufre, lors de la décompofition
de l’acide vitriolique^ phlogiftiqué, comme dans
celle du gas hépatique : je réponds qu’il ne feroit pas
étonnant que cet effet nous eût échappé, cette de-
compofition ne s’étant faite jufqu’ici que fur de
petites quantités, & le plus fouvent fur cet acide en
vapeurs, & hors des flacons ; que le foufre peut y
être réellement moins abondant que dans le gas
hépatique ; que dans ce dernier, le phénomène eft
même fi peu fenfible, que l’on a été long-temps à le
foupçonner, plus long-temps à trouver les moyens
de le rendre manifefte, & qu’on n’auroit pas penfé
à les chercher fi on n’eût été averti de la poffibilité
par les incruftations fulfureufes des eaux d’Aix-la-
Chapelle ( Bergman, Edit. Fr. tom. i , p. 243); en
un mot, que l’on peut efpérer de protraire aufli un
peu de précipité de foufre dans notre acide, par le
moyen de l’acide nitreux , ou de l’acide muriatique
déphlogifliqué, porté à jufle dofedans une quantité
confidérable. En attendant l’événement de cette
tentative intéreffantc , il ne faut pas perdre de vue
l ’obfervation de M. Prieftley, que lorfqu’on enferme
notre acide, ou, ce qui eft la même chofe, de
l ’eau imprégnée de gas acide vitriolique fulfureux,
dans des tubes fcellés hermétiquement, & qu’on
les expofe long-temps à la chaleur, l’air qui y eft
renfermé eft diminué & rendu nuifible, & qu’il fe
dépofe du vrai foufre. ( Continuation, &c. Edit. fr.
tom. 1 , pag. i f i & 133. ) M. Bergman demande à ce
fujet s’il n’y auroit pas décompofition de la chaleur;
il me paroît affez évident qu’elle nè fait qu’aider
ici l’aétion de l’air fur le phlogiftiqué.
Il ne refte, après cela, que bien peu d’incertitude
fur la préfence du foufre tout'formé dans l’acide
fulfureux ; mais, qu’il y exifte ou non , il eft fuf-
-fifamment prouvé que le phlogiftiqué eft partie
effentielle de cet acide, ou plutôt du gas qui le
conftitue par fon abforption dans l’eau.
III. Il me refte à indiquer les propriétés de l’acide
vitriolique phlogiftiqué , c’eft-à-dire , celles qui lui
appartiennent comme te l, & féparé de l’acide vitriolique
ordinaire , avec lequel il eft fouvent mêlé.
Cet acide eft très-volatil ; il a une odeur^fulfu-
reufe , piquante & même fuffocante ; il s altéré
jk promptement à l’air , & l ’air lui même expofe à
l’a&ion de fes vapeurs devient nuifible, en perdant
la partie refpirable.
Suivant M. Prieftley 9 il abforbe plus que fon
volume de gas nitreux, (ans le fecours de l’agitation*
Le même phyficiena obfervé non-feulementqu’3
étoit fufceptible de la congélation par le froid ;
mais ce qui eft plus remarquable, qu’il fe gèle fans
laifter aller fon gas volatil, à la différence d e l’eau
faturée de gas acide méphitique., qui le rejette,
lorfqu’elle paffe à l’état de glace. L’acide fulfureux,
expofé dans un vaiffeau ouvert à une température
de 6,6 degrés au-deffous de zéro, fe gela tout
de fuite jufqu’au fond, fon odeur continuant d’être
extrêmement piquante ; & quand la glace fut fondue
, l’eau étoit encore très,- fortement imprégnée.
Il en fut de même lorfque cet acide fut expolé au
froid fous une cloche de v erre, plongée dans le
mercure ; il fut fur-le-champ converti en glace
opaque , & l’eau verfée fur cette glace y forma
une croûte tranfparente de glace ordinaire, qui ne
montroitî aucunes traces d’effluve gafeux de 1 autre
^Q uoiq ue l’acide vitriolique fulfureux foit bien
plus foible que l’acide Vitriolique fim p le , il au n e
aâion bien plus marquée fur les couleurs. Si on
verfe une égale quantité des deux acides dans l’ira-
fufion de violettes, de tournefol,de cochenille,
ou de bois de Brefil , celle où l’on a mis l’acide
fulfureux eft bien plus altérée que l’autre : « cela
» va au point ( dit M . Macquer ) , qu il mange ,
» détruit, & fait difparoître avec le temps la plu-
» part des couleurs ; & il eft très-remarquable que
„ l’acide vitriolique fait reparoître quelques - unes
» de ces couleurs, & en particulier celles des rofes ».
Nous verrons ailleurs que l’acide muriatique dé*
phlogiftiqué a encore, dans un plus haut degre ,
cette vertu de détruire les couleurs ; & comme il
eft préfentement bien prouve que cet acide eft
réellement furchargé d’air v ital, il paroît tout fimple
d’en conclure, avec M. Berthollet, que c’eft
particuliérement dans l’air vital queréfide cette pro-
priété.fF. Aciderégalin, § //.)Cependant,voilà
le même effet produit par une fubftance qui manque
bien certainement du principe qui eft en exces dans
l’autre : eft-ce donc que le même effet réfulte de
deux caufes différentes ? Je ne veux pas nier la
poflibilité ; mais il eft tout aufli poflible, & même
plus probable qu’il tient à une feule caufe qui a
jufqu’à préfent échappé à nos recherches ; je ferois
! fort tenté de foupçonner que c’eft le principe calorifique
, ou matière de la chaleur , qui exifte en
quantité fenfible, ou pour mieux dire accumulée,
dans l’acide fulfureux comme dans l’acide muriatique
déplogiftiqué, & qui produit d’ailleurs , fous
bien d’autres formes, des phénomènes tout-à-fait
analogues. , ■ f
L’aeide vitriolique phlogiftiqué diflout les terres
& les alkalis : on a encore peu examiné fes combi-
naifons, parce que , comme le dit M, Macquer, il
eft perpétuellement: muable , & fe dénature en
grande partie dans Faifte même de la diffolution a
laquelle on veut l’appliquer : ce grand Chymifte
defiroit cependant que l’on multipliât les eflais,
malgré cette difficulté, parce q u e , dans une ma-
? tierc
tîère aufli importante, les â-peu-prèsïdnt eux mêmes
très-précieux: on aura, plus que des à-peu-près en
fuivant le procédé ingénieux de M. Schéele. Je
donnerai ailleurs la manière de préparer ceux de
de fes fels qui font connus & leurs propriétés. Voyeç Vitriol sulfureux de potasse , vitriol
sulfureux alumineux , & c . &c. Il fuffit de
remarquer ici qu’ils font très - différens des fels que
forme l’acide vitriolique avec les mêmes'bâfes, &
qu’ils ,s’en éloignent même par la forme de leurs
cryftàux : l’alun natif en filet foyeux en fQurnit un
exemple frappant, qui manifene en même - temps
fon'origine. Le célèbre Léonhardi le p-ace en effet
parmi les produits volcaniques , ainfi que d’autres
fels analogues. Le même Chymifte aflùre que le
vitriol fulfureux calcaire eft • décbmpofé par le
vinaigre.
M. Prieftley dit qu’après avoir été long - temps
dans la perfuafiôn que cet acide étoit incapable de
diffoudre aucun métal avec dégagement de gas inflammable
, il s’eft -convaincu que ce phénomène
avoir lieu comme avec l’acide ordinaire ( Tom. 4.
Edit. Fr, p. 293). M. Bergman paroît en douter,
& il faut convenir que la manière dont le célèbre
phyfieien anglois a opéré, peut faire foupçonner
la préjence d’un peu d’acide vitriolique non phlo-
. giftiqué. Le doute de M. Bergman eft fondé fur ce
.principe,que les métaux ne f^diffclvent qu’après
avoir perdu une portion de leur phlogiftiqué ; &
l’on conçoit ..aifément que Pa.çide qui en eft faturé
ne • peut exercer cette première aélion. On tireroit
la même conféquence du principe de M. Lavoifier ,
que les métaux ne,deviennent folubles qu’en recevant
d’abord une certaine portion d’air vital; car
Facide fulfureux ne peut donner .ce dont il eft Immême
fi fort appauvri. Dans notre fyftème, la
conclufion devient encore plus forte ,,puifque l’ effet
n’eft qu’un échange, & n’exifte que par le concours
des deux caufes.
Les faits s’accordent affez bien avec cette théorie:
à la réferve du zinc , qui, fuivant M, Bergman,
eft converti en poudre blanche4, non foluble dans
les acides vitriolique & muriatiquê , peu de métaux
font attaqués fenfiblement par l’acide fulfu-
réux ; il 'ne laifte fur le cuivre aucunes traces-
d’altération. Je ne ferois néanmoins pas furpris qu’à
l’aide du temps ou de la chaleur , il pût opérer un
léger changement à la fur-face de quelques métaux
imparfaits , qui , comme lé fer , ont beaucoup
■ d’affinité avec le foufre ; 8c dans ce cas léj^pfoduc-
tion d’un peu de gas inflammable n’auroit rien de
•contraire à notre hypotbèfe.
Cette hypothèfe fe vérifié dans un ordre inverfe
par la prompte diffolution , dans l’acide fulfureux,
des métaux qui fe trouvent dans un tel état de
calcination que les acides les plus puiflans refufent
toute combinaifon avec eux , jufqu’à.ce qù’on leur
ait rendu du phlogiftiqué , ou qu’on ait ajouté dans
la diffolution des matières qui puiffent en fournir.
C ’eft ainfi que notre acide diffout U'ès-facffeniÇAt Igy
Chymie. Tom. /.
chaux martiales, les fleurs de zinc & la chaux noü-e
de manganèfc. Le phlogiftiqué qui fert d’intermède
d’usion de ces chaux , étant fixé par la nature de
ces bafes, de' la même manière, & fans plus d’excès
que fl on eût fait la diffolution de leurs régules
par l’acide vitriolique .ordinaire , . les fels qui en
réfultent ne diffèrent point des vitriols métalliques ,
& ils ne font pas plus fttjets à s’altérer. Voyeç V 1-
triol martial i Vitriol de Majiganèse.
&c. &c.
M. Bergman a indiqué les affinités de cet acide
avec Les bafes dans le même ordre que'pour l’acide
vitriolique ordinaire, parla voie humide (ffioy cç Acide
vitriolique ). Il a reconnu en effet que les alkalis
fixes cauftiques & la chaux pure déplaçoient l’alkalt
volatil, & que la diffolution de vitriol fulfureux de
magnéfie étoit troublée par 1 eau de chaux J mais il
n’a pas porté plus loin fes expériences ; & il paroît
délirer qu’on vérifie de même l’ordre des autres
bafes.
Cet acide eft trop volatil pour qu’il puifle être
quëflion de fes affinités par la voie sèche.
Par rapport aux autres acides , il fe trouve dans
un rang bien éloigné de l’acide vitriolique ordinaire.
Il cède les alkalis & les terres aux acides des trois
règnes ; il n’y , a d’exception que pour \acide méphitique
& Y acide pruffique, auxquels il enlève ces
bafes.
■ M. Bergman a placé, dans les colonnes de ces
bafes, l’acide vitriolique phlogiftiqué avant Yacide
, nitreux plilogi (liquê, & c’eft bien certainement l’ordre
qu’indique l’analogie ; mais comme il ne dit pas qu’il
ait fait aucune expérience pour s’en aiïm;er,je ne ferai
que me conformer à fes principes, en recommandant
de fufpendre fon jugement jufqu’à ce que la
queftion foit décidée par l’obfervation.
On n’a point examiné l’aâiort de l’acide vitriolique
phlogiftiqué fur les huileux ; il eft probable qu’elle
eft peu,différente de celle du même acide en état
. fec ou aériforme ; on en trouvera quelques exemples
à l’article G as acide vitriolique.
Acide vitriolique (pharm.) On doit trouver
dans les pharmacies de l’acide vitriolique ordinaire
& de l’acide vitriolique phlogiftiqué ou fulfureux
volatil.
: ' . . §•
l ’acide vitriolique, deftiné pour les ufag'es de
la médecine, doit-être pur, exempt du mélange
de tout autre acide & de toutes autres fubftances
étrangères à fon effence.il doit-être limpide comme
' l’eau, & fans odeur.
Le pharmacien qui n’eft pas à portée de préparer
lui-même fon acide vitriolique par la diftillation
du yltriol martial, & qui, eft obligé de le prendre
chez les droguiftes,doit du moins connoître
Eee