
la chryfocolle de fonder l’o r , il n’a fait Éuè CO- 1
pier, prefque dans les mêmes termes, la recette I
qu’il a trouvée dans ce philofophe. Ce qu’il ajoute
que l’on faifoit auflr une chryfocolle avec de l’a-
ïun foflile & du fel ammoniac , n’a pas plus de rapport
au vrai borax.
Ce qu’on trouve fur le borax, dans les écrits de
Bcccher & de S thaï, n’eft plus équivoque & s’appli*
que très-bien à la fubftance dont il eft ici queftion ;
il eft même à remarquer que le dernier ( fpecirnen
beccherianutn , part, i , fe$. i & 2 , ) annonce très-
clairement le borax ou baurach des arabes, comme
un fel pierreux, foflile, naturel, venant des Indes
orientales, & que l’on rafinoit à Venife, en employant
principalement à cette opération de l’alkali
très-caumque.
Voilà à peu près tout ce que l’on a fu pendant
long-temps de l’origine du borax ; quant à fa com-
poiition, Beccher le regardoit comme un fel formé
d’une terre vitrifiable , fubtile, unie à un acide ;
Sthal révoqua en doute l’exigence d’un acide dans
le borax, lorfqu’il eut appris qu’on le rafinoit par
l’addition de l’alkali, & fur-tout lorfqu’il eut ob-
fervé que les alkalis n’en précipitoient rien. Il
afliire même avoir formé dans fa jeuneffe un vrai
borax, en préparant un fafran d’antimoine par l’alkali
, & que le fel dont il fe couvrit à la longue
étoit du borax efflorefcent, qui en avpit la fiîveur,
quoiqu’un peu moins urineufe, qui cryftallifa en
rhombes comme le borax, bouillonna comme lui
fur la chandelle, & coula en un verre très-pur dans
le creufet. Il n’eft pas befoin d’avertir que ces
preuves ne feroient pas aujourd’hui jugées luffifan-
te s , & que je ne rapporte cette opinion que parce
l’elle tient à l’hiftoire de cette partie de la
hymie.
En 1702 Homberg retira d'un mélange de vitriol
dç fer calciné & de borax un fel qu’il nomma fe l
jecfatif, ou fe l yQlqtil narcotique de vitriol ; parce
qu’il çroyoit ep effet que ç’étqit un produit du vitriol
; mais Lémery le fils découvrit, pep de temps
après, qu’on pouvoit retirer le même fel dp borax,
non feulement par l’acide vitriolique p u r , mais en?
core par les acides nitreux & muriatique ; ces Chy-
miftes n’avpient opéré que par dimllatiop, ou
plutôt par fiiblimation, Geoffroi obtint le fel féda-
t if par cryftallifation, il démontra de plus la pré?
fence de la foude dans le borax ; enfin Baron par?
vint à dèeompofer le borax même par les acides
végétaux, &• fe fervit de ces expériences, non
feulement pour prouver l’identité de fa bafe avec
l’alkali minéral, mais encore pour en conclure que .
l ’acide dégagé dans ces opérations étoif toup formé
dans le borax,
Le premier point n’a pas été révoqué en doute
depuis; il n’en pas été de même du fécond, puif-
qu’iî y a encore des Chymiftes qui foutiennent que
l’acide concret que l’on retire du borax eft com-
pofé en partie des acides employés à le dégager :
r examinerai les raifons fur lefquelles jls fondent
dette opinion *, mais je dois recueillir auparavant
les connoiffances que l’on a acquifes dans ces derniers
temps fur le pounxa, tinkal ou borax natif,
foit pour déterminer autant qu’il eft poflible l’origine
de ce fe l, foit parce qu’elles peuvent fervir
à la réfolution de ce problème.
é M- Grill a publié en 1773 , dans les mémoires
de la fociété de Stockolm , que fuivant les lettres
de fon correfpondant Vit-Kuo, il paroiffoit que le
pounxa fe trouvoit au Thibet ; que pour le retirer
il falloit creufer en terre de la profondeur
de deux aunes ; que l’on jugeoit'au goût de la terre
la quantité qu’elle en donneront ; qu’il y en
avoit de trois fortes ; favoir : i ° . Vhouipoun, gros
comme des grains de manne : 2°. Le mypoun ,
gros comme de petites fèves blanches : 30. Le pin-
poun, ou pounxa en cryftaux tranfparens de la
groffeur d’une noix. B ajouta, d’après la même rela
tion, qu’en général on ne l’obtenoit pas par art,
ni par la coétion de la terre ; que pour le raffiner ,
on le jettoit dans l’eau bouillante, où on l’agitoit
avec une fpatule de bois, jufqu’à ce qu’il fut entièrement
diffous , & qu’enfuite on le laiffoit ré-
froidir dans un autre vaiffeau dont on jettoit toute
l’eau qui furnageoit comme pour le falpètre.
M. Engeftroem a donné, dans le même volume,
des obfervations & des expériences fur ces diver-
fes efpèces de pounxa, dont voici les principaux
réfùltats.
Tous ces cryftaux font mêlés de plus ou moins
de terre, qui eft la terre naturelle du pounxa.
Les cryftaux de mypoun & àlhouypoun étoient
effleuris à la furface, prefqu’entièrement'blancs, &
tranfparens dans les caffures récentes ; mais le pin-
poun étoit recouvert en plufieurs endroits d’un peu
de terre*
La forme de ces cryftaux eft rarement bien prononcée
; ceux de mypoun les plus parfaits font des
prifmes terminés p ir deux pointes obtufes, quelques
uns font quadrilatères, d’autres ont un nombre
de cotés indéterminé. Dans le pïnpoun, il ne fe trouva
que trois cryftaux dont le prifme fut marqué,
il gvoit fix ou huit côtés,
Les cryftaux dans leur fra&ure reffçmbloient du
borax raffiné, mais ceux du pïnpaun préfentpient
plufieurs cavités remplies de terre,
i Ces trois e'pèces ayant été diffoutes dans l’eau,
j il eft refté fur le filtre beaucoup de terre, qui n’é?
toit autre chofè que du borax provenait f ans doute
de l’efflorefeenee ides cryftaux.
La diffolution du pïnpoun avoit un goût alkalin ;
elle donna, à la chaleur de la digeftion, des cryftaux
purs & tranfparens, comme ceux de mypoun ;
ayec l’acide vitriolique, elle donna de Y acide bora-
cm concrèt & du vitriol de fonde ; elle changea en
verd le fyrop violât; elle fit effervefcence avec les
acides, & précipita les métaux qui y étoient diffous
; les cryftaux coulèrent aifement au feu du
chalumeau en globules tran parens ; ils ne formèrent
point d’hépaf avec le foufre ; toutes propriétés
' ' * q u i ,
(jui, comme le remarque M. Engeftroem, appar-
tiennent au vrai borax. . , .
§ Le mypoun & l'houypounfc comportèrent de la
même manière. : • „ . , .
La terre propre ou naturelle du pounxa étoit
•d’un gris blanc tirant au jaune , en forme de poudre
fine, & avoit la même faveur que le borax.
Expofée au feu, elle fumoit, & répandoif une
forte odeur empyreumatique , & devenoit un peu
. noire : diffoüte dans l’eau , elle a laiffé beaucoup
de terre fur le filtre ; la diffolution a -donné beaucoup
de cryftaux de borax. La terre reftee fur ie
filtre , après avoir été bien édulcorée , n’avoit aucune
faveur ; elle s’eft diffpute avec effervefcence
dans l’acide nitreux, elle en a ete précipitée par
l ’acide vitriolique. Cette terre, expofée au feu du
chalumeau , s’eft un peu durcie, puis a coule fans
addition ; avec le borax , elle s’eft fondue avec un
peu de bouillonnement; le refte s’eft diffous affez
lentement comme la terre ; d’où M. Engeftroem
conclut que cette terre eft .une marne melee de
borax & de phlogiftique, & qu’elle tient plus de
borax que la terre de la Chine, quoiqu’elle foit
moins riche que les cryftaux de pounxa.
Ce favant Suédois a encore examiné deux boraxs
bruts qui lui avoient été donnés fous le nom de
Tinkal: le premier venoiWe Hollande, il étoit
•dans une terre femblable à la terre naturelle de
pounxa , & qui n?en différoit que parce qu’elle étoit
mêlée de toutes fortes de pierres, de fable & de
-racines d’herbes, ce qui pourroit faire préfumer
que le pounxa fe trouve en divers lieux & plus
ou moins piir.
L ’autre efpèce de Tinkal avoit été envoyée des
Indes orientales à M. Brandt ; il étoit en cryftaux
gros & petits comme les précédens ; ils étoient
recouverts d’une matière graffe comme du favon ,
& qui avoit une forte odeur de graiffe : au premier
coup-d’oe il, dit M> Engeftroem , on feroit tenté de
foupçonner qu’ils ont été préparés artificiellement ;
il eft poflible cependant que ce foit du borax
naturel , ou feulement du borax retiré par l’évaporation
des eaux mères, après que l’on a féparé
le produit plus pur de la première cryftallifation
dans l’opération du raffinage ; il .n’y a trouvé au
furplus aucun corps, étranger , fi ce n’eft quelques
grains de poivre qui peuvent y avoir été portés par
l’emballage.
Enfin M. Engeftroem obferve que le pounxa ra-
finé des Indes orientales eft un borax excellent &
pur ; que pour le rafiner on en fait une diffolution
' très-concentrée ; que les indiens préfèrent les petits
cryftaux comme contenant moins d’eau de cryftallifation
^ il préfume que le borax brut peut être
également piir, & que c’eft celui qu’ils réfervent
pour leur ufage.
Voilà ce que j’ai trouvé de plus authentique &
de plus circonftancié fur le borax ; je ne parle pas
d.u kien des: chinois que le même académicien de
Suède a reconnu ri’êtr.e autre chofe qu’un alkali
Chymie. Tom. I.
minéral natif rendu un peu favonîieux par une
matière graffe. Je fupprime également tout ce que
Pott & Model ont écrit d’après des relations qui
leur avoient été envoyées de Trenquebar, d’Aftra-
can , &c. fur lefquelles ces fàvans Chymiftes ne
paroiflent pas eux-mêmes faire grand fond ; je paf-
ferai fous nlence, à plus forte raifon , la prétendue
découverte annoncée en 1779 de la formation d’un
borax à Paris, dans une foffe qui rèuniffoitdes eaux
de fayon croupies , & des eaux de cuifine ; mais
on a publié à Florence, la même année, une ob-
fervation qui eft faite pour intéreffer les naturaliftes
& les Chymiftes, & qui réunie à ce que je viens
d’expofer, ne permet plus de douter que l’acide du
borax ne foit une produâion de la nature.
Cette, obfervation eft de M. Hoefer, directeur
des pharmacies de Tofcane ; ce Chymifte avoit
entrepris l’examen de l’eau du lac Cherchiajo, près
Monterotondo, dans la province intérieure de Sienne.
Cette eau eft fournie par des fources qui jailliffent
fur les côtés de la montagne ; elle eft fi chaude & fi
bouillante, qu’elle brûle au feul taét, autant que
l’eau réduite au plus grand degré de chaleur ; il
sÿxhale en même temps de ces ouvertures une
fumée grife pouffée dehors avec véhémence &
avec bruit ; cette vapeur remplit l’air d’une odeur
de foufre, & forme des dépôts colorés fur les
pierres dés environs.
M. Hoefer ayant fait venir de cette eau dans
des bouteilles n’y trouva d’abord aucune faveur
particulière , elle n’étoit imprégnée d’aucun gas ,
elle avoit un coup-d’oeil -laiteux, & formoit un
fédiment de couleur cendrée ; la diffolution de.nître
mercuriel y occafionna un précipité qui paroiffoit
indiquer quelque fel vitriolique ; le pruffite de po-
taffe y démontra la préfence d’un peu de fer.
Trois livres de cette eau, ou 17280 grains (poids
médicinal de Vienne , qui eft à la livre de Paris
comme 1804: 1374) ayant été réduites par l’évaporation
à deux onces ou 960 grains , laiffèrent fur
le filtre une terre grife cendrée, indiffoluble par
les acides ; la liqueur remife à évaporer fournit
d’abord 74 grains de petits cryftaux irréguliers ,
lamelleux & luifans, dont quelques-uns avoient
la couleur de l’argent, & en continuant l’évaporation
, 36.grains du même fe l, mais moins blanc
que le premier.
M. Hoefer effaya inutilement de démafquer ce
fel par dès diffolutions & cryftallifations réitérées ;
mais en ayant repris l’examen fix mois après , &
y foupçonnant quelque matière graffe , il imagina
de l’arrofer d’efprit-de-vin très - re&ifié pour l’en
débarraffer, il vit avec admiration, au bout de
quelques heures , que fon fel étoit entièrement
diffous ; il mit le feu à l’efprit-de-vin, qui brûla
avec une flamme verte ; il reconnut, enfin que ce
fel étoit l’acide concrèt du borax natif, ou tinkal
tofean , & parvint effeétivement à le convertir en
vrai borax par l’addition de la fonde.
M. Hoefer a répété cette expérience plus en