
<i 6 A F F pitre I V , ou je donnerai Je détail du double procédé
de la liquation & du reffiiage qu’on peut faire
dans un feul fourneau ; il s’agit maintenant de décrire
celui de la liquation qui s’opère dans le petit
fourneau ordinaire.
■ Pre mi è r e S e c t i o n .
Préparation du fourneau
Lorsqu’on e ft dans le cas de fa ire la liq u a t io n , on
e n d u it le s plaqu és de fe r fo n d u q u i fo rm en t 1 aii e
d u f o y e r , a v e c de l’argille d é la y é e dans 1 ƒ au ; il
e ft m êm e b on de je te r u n p e u de po u ffie re 'de charb
o n d e bo is fu r c e t en d u it en c o r e to u t f r a i s , afin
q u ’e lle s’y ren de ad hé rente ; c e t e n d u it con ferV e le s
pla qu es de fe r . . • N
On arrange enfuite fix pièces de liquation fur les
plaques de fer- (voyeç la Planche,IV & fon expli-
vatïôn ) , en obfervant que ces, pièces foient à des
diftances égales les unes des autres ; ce qui peut fe
faire très-facilement, en plaçant chaque pièce, vis-
à-vis des petits murs de féparation des foupiraux.
. -Comme ces pièces font difficiles a remuer Sc a
porter fur le fourneau, on a une grande tenaille
fufpendue à une chaîne, au moyen de laquelle les
deux hommes qui conduiferit cette opération , placent
fucceffivement les fix pièces dans les endroits qu’elles
doivent occuper. Afin de tenir ces pièces dans une
poûtion verticale, & d’empêcher quelles ne s appuient
les unes contre les autres, on doit mettre
entre elles des petits bouts de bûches.
Les fix pièces étant bien rangées, on ferme le
devant du fourneau avec fa porte de fer lutée, &
on remplit le fourneau de charbon , de manière que
l’entre-deux des pièces , & tous les autres efpaces,
en foient exactement garnis jufqu’à la hauteur des
murs du fourneau.
“Comme il peut arriver que quelques gros charbons
fe mettent en travers entre les pièces, 8c qu’ils empêchent
les autres de fe bien ranger, ce^ qui occa-
fionneroit des Vuides préjudiciables à l’opération , je
çonfeille de remplir exactement les entre-deux des
pièces avant de placer la porte ou paroi^antérieure,
& enfuite de finir de remplir le fourneau avec du
■ çharbon. On met un peu de charbon, dans la voie
ou canal où le plomb doit couler ;on en remplit auffi
le baffin de réception.
Se c o n d e Se c t i o n .
Fonte daté de Liquation,
, Comme il eft indifpenfable de chauffer le baffin
de réception avant que le plomb s’y rende, oncommence
par mettre le feu aux charbons dont ce baffin
eft rempli, enfuite on allume ceux de la voie, enfin
on met des charbons allumés fur ceux contenus
dans le fourneau , en obfervant d’en répandre fur
toute .fa longueur , afin que le feu ne gagne pas, plus
A F F vite dans fine partie que dans l’autre ; les charbons
s’allument fucceffivement du haut en bas, & bientôt
le plomb;commence à couler dans la voie, d’où
il fe rend dans le baffin de réception, à caufe de
la pente donnée au fol de cette voie. On piiife ce
plomb du baffin avec une- cuillier de fer, enduite
d’un peu de lut 8ç chauffée, & on le verfe dans des
lingotières, également chauffées.
Si on s’apperçoit, lorfque les charbons font diminués
dans le fourneau, que la chaleur ne foit pas
ajfez forte dans certains endroits, 8c que les pièces
: ne s’affiliant pas également, on doit y en ajouter
d’autres ; mais fi au contraire la chaleur. étoit trop
forte 8c capable de faire couler du cuivre avec le
plomb ,, ce qu’on reconnoît par de petites parties de
cuivre qui fe détachent des pièces de liquation &
qui tombent, dans la v o ie , alors on bouche tous les
foupiraux & on met une' ou deux bûches de bois
vert dans la voie , dont la flamme 8c la fumée,
chargées d’humidité,. ralentiffent la chaleur 8c empêchent
la fufion du cuivre.
Dans des cuivres impurs ou chargés d’arfenic
de fer & autres matières étrangères , il coule ordinairement
avec le plomb une portion de ces fub-
flances, qui'; avec une petite portion du plomb qui
fe vitrifie ou fe calcine , &■ un peu de cuivre, forment
des fcories pâteufes & non coulantes , 8c qui
par conféquent s’arrêtent dans la voie & empechent
l’oeuvre de fe rendre dans le .baffin de réception ;
dans cette circonftance, le Fondeur, avec un crochet
de fe r , attire en devant du fourneau, toutes
ces fcories que nous nommerons déchets de liquation ;
on les met à part pour être fondus , ainfi que nous
le dirons au chapitre V I I .
Lorfque les. pièces font bien affaiflees & qu’il n’en
dégoutte plus de plomb , on ôte la porte de fer &
on retire les pièces, de deffus les plaques de fer , &
on les met en magafin pour , être portées au fourneau
de reffiiage, lorfqu’on en a une quantité fuf-
fifante. è
Il eft bon de prévenir qu’on ne doit fortir du
fourneau les pièces liquéfiées que lorfqu’elles font
un peu refroidies,. parce qu’elles fe briferoient, ce
qu’il faut éviter ; car dans ce cas on rie pourroit
plus 1er arranger convenablement dans le fourneau
de reffiiage; il ne faut y toucher , & même , avec
précaution, que lorfqu’elles ont acquis la couleur
rembrunie ou d’un rouge foncé. .
Il ne faut pas omettre, toutes les fois qu’on porte
le plomb du baffin de réception dans les lingotières,
d’en prendre un peu que l’on verfera dans un petit
creufet ou têt ; & de tous les petits boutons pris
de îa liquation des fix pièces, on en fera un feul
dont ori en prendra la quantité accoutumée pour en
faire l’effai, afin de s’aflurer fi ce plomb a la teneur
requife. ■ < * .
Comme on ne peut pas toujours faire cet eitai
fur-le-champ, on doit numéroter le petit lingot de
plomb réfultant de tous les petits boutons dont on
vient de parler, de manière que celui qui proviendra
A F F Êtes fix premières pièces fera marqué l , & ainfi des
aUTous les culots ou lingots de plomb, provenant
de la liquation de chaque fournée de fix pièces, feront
auffi dépofés féparément de ceux qui proviendront
des autres fournées & chaque tas-. de lingots
portera le numéro donné au petit lingot d’effai qui
en eft provenu. • ■ \ .
En obfervant cet ordre, on fera dans le cas de
favoir, par les effais, ce que ces différens plombs
doivent rendre en argent dans l’affinage en grand.
On ne doit pas s’attendre, dans l’opération de la
liquation, de retirer tout le plomb, ni meme au
reffuage, parce que , ainfi que je l’ai déjà remarque,
il s’en calcine, & qu’il én refte un peu dans le cuivre
jufqu’après l’opération du raffinage de ce métal.
- Suivant ce qui a été dit en traitant des mélanges,
fi tout le. plomb de fix petites pièces de liquation
fortoit, on en obtiendroit 1092 T1V. fi ces pièces ve-
noiént d’un rafraîchiftement fiche, 6c feulement
096 liv. de fix pièces d’un rafraîchiftement pauvre;
mais fi dans le premier cas elles rendent 950 ^ 9^° ^
de plomb, dont la teneur en argent foit de 3 onces
3 à 4 gros par quintal, & que l’on obtienne dans
le fécond environ 860 liv. d’oeuvre, tenant environ
2. onces par quintal, on pourra être aftiire que la
liquation aura été bien faite.
A F F J17 pièces dans le premier rang, on en met deux autres
fur ces trois premières & trois fur les deux dernières;
ainfi alternativement, jufques à la voûte du fourneau.
Lorfque cette première rangée de pièces eft finie,
on en fait une femblable à quelques pouces feulement
L’opération' de la- liquation de fix pièces doit être
terminée dans -Fefpace d’environ quatre heures ; de I
forte qu’en un polie de douze heures on peut en-
’liquéfier 18 ou 3 fournées de fuite, avec environ
•80 à 90 pieds cubes de çharbon faifant 12 à 13 |
quintaux, 8c quelques bûches.
C H A P I T R E I I I .
Du Reffuage.
Le reffiiage eft une Opération par laquelle on ex- ;
trait, autant ' qu’il eft poffible , le plomb qui eft
relié dans les pièces de liquation , après avoir été
liquéfiées , comme il eft dit au chapitre precedent.
Ces pièces, après le reffiiage,' ne doivent contenir
que très-peu de plomb ; celui qui y refte apres la
liquation" fe vitrifie pour la plus grande partie dans
le procédé que nous allons décrire.
P r e m i è r e S e c t i o n .
Lorfqu’on a aflez de pièces de cuivre dont on a
retiré, par la liquation, autant qu’il a été poffible
de plomb enrichi d’argent, on fait le reffiiage de ces
pièces dans un fourneau particulier ( voye^ planches
de Métallurgie , n°. V ) . Environ 150 pièces le remplirent
, on les y arrange de la manière fuivante.
On commence dans le fond du fourneau, en po-
fant les pièces verticalement fur les murs de fepa- :
ration des voies, de manière qu’elles portent alternativement
fur deux de ces murs, qui font au nombre
de quatre ; au moyen de quoi on peut placer trois i
de diftance de la première , qui ne doit , pas
non plus porter contre le mur du fond du fourneau
, ce qui empêcheroit la flamme d’y pafter librement.
On continue ainfi à remplir le fourneau jufqu’â fa
partie antérieure, en obfervant toujours que les e f paces
vuides foient le plus égaux qu’il eft poffible ,
afin que la flamme puifle pafter 8c que la chaleur
fe répande uniformément par-tout.
Pour faciliter l’arrangement de ces pièces, on fe
fert de petites baguettes de fer d’environ un pied de
longueur, fourchues à l’un des bouts ; celui-ci s’appuie
fur les murs "de féparation , 8c l’autre bout
contre les pièces, ce qui les tient dans une pofition
verticale", tandis que l’on arrange celles du deftùs ;
ces petites baguettes fervent fucceffivement à toutes
les rangées des pièces.,
Lorfque le fourneau eft rempli de pièces de cuivre,
on fait defcendre la porte dê fer lutée fur les ex-
' trêmités des plaques de fer fondu, qui, pour cet
effet, excédent ou forcent en dehors du fourneau.
Ceci s’exécute avec facilité au moyen d’une chaîne
qui pafîe fur une poulie, 8c qui répond à un petit
treuil ou cabeftan. La porte étant mife en place, on
la lute tout autour avec de l’argille , afin qu’il
n’y pafte ni flamme ni fumée.
S e c o n d e S e c t i o n .
Le fourneau difpofé, comme on vient de le dire
dans la première Seélion , on met dans les trois
voies environ un quintal de charbon , on y met
le feu 8c en même temps on place deux ou trois
bûches dans chaque voie pardeftus le charbon^ 8c
fur le devant de ces voies ; lorfque ces premières
bûches font brûlées, on y en ajoute d’autres ; quand
le fourneau commence à rougir, on augmente le
nombre des bûches, c’eft-à-dire , qu’on en met trois
ou quatre fur le devant des voies , 8c en même temps
on en fait entrer deux ou trois autres dans chaque
voie ; celles-ci doivent aller jufqu’à la partie pofté-
rieure defdites voies. Quand les bouts des bûches
du devant porteroient fur 1 extrémité ^de celles qui
font le plus avancées , elles n’en brûleroient que
mieux 8c elles donneroient plus de chaleur ; on laifle
brûler entièrement ce bois avant d’y en mettre
d’autre, 8c op retire les braifes qu’il laifle avec 1 ■un
rouable de fer. Après environ quinze heures d’un
feu fuivi, les fcories commencent à couler ou à
tomber dans les voies ; alors on ne doit pas négliger
, toutes les fois que le bois fera brûlé, de nettoyer
entièrement les voies avec des rouables 8c
crochets de fer , 8c d’en faire fortir avec les braifes,
les fcories qui feront mifes féparément : nous nom-.