
fera pas furpris que dans ce dernief ccmpofé il ait
laj forme pyriteufe, tandis qu’il relie dans 1 état falin
avec le plomb , qui eft 'de fa nature plus réductible,
lorfqu’on fera attention que celui-ci n a pas été
examiné après avoir fubi, comme l’autre , l’aCtion
du feu de fulion avec des réduétifs. Il y a donc
lieu de croire, comme l ’a annoncé M. Proull,
qu’on le trouvera uni à plufieurs autres fubftances
terreufes 8c métalliques, mais non pas comme mine-
ralifatéur à la- manière-du foufre, à moins qu il n ait
éprouvé l’aélion du feu , parce qu’il n’y a pas encore
d’exemple que le phofphore fe forme , comme le
foufre, par la voie humide. Si là matière des tur-
quoifes n’eft pas Amplement une terre offeufe teinte
par la chaux de cuivre, c’eft un fel phofphorique
. cuivreux qui a pu fe former avec l’acide rendu
libre par les eaux qui ont paffé fur des pyrites en
. décompofition.
L ’acide phofphorique fe rencontre dans le règne
végétal. Albinus, Hoffman & Pott en avoientfait
mention ; le célèbre Margraff voulut s’en convaincre
par fes propres expériences r il traita à la diftilla-
t-ion les femences de roquette, dè moutarde , de
creffon de jardin & de froment ; le rélidu fec de ees
diftillations fut pulvérifé & rediftillé- æ un feu plus
fort dans une cornue de verre lutée.: toutes ces
graines lui donnèrent un beau phofphore.M. Meyer
. de Stetin a annoncé dernièrement, dans les annales
chymiques de M. Crell, ann,. ijèqfpart. 6 y que
la partie verte- réfneufe des feuilles des plantes con-
tenoit de Yacide phofphorique-, 8c que c ’étoit à la
préfence de^cet acide qu’il falloit attribuer la couleur.
-vferte fixe qu’elles prenoient pendant leur di-
.. geftion dans les vaiffeaux de cuivre. Ce Chymifte
a retiré de cette fubftanee .réfineufe verte, brûlée
& fondue fur le charbon, un petit grain métallique
, caffant, de couleur grife , qui lui a paru du
cuivre uni à Y acide phofphorique, 8c qu’il a en effet
imité en fondant fur le charbon un mélange A'acide
phofphorique 8c de cuivre précipité du vitriol par
l ’alkali volatil. M. Pilatre de Rozier a donné, dans
le journal de phyfique du mois de novembre 178a,
. un mémoire ou il rappelle l’opinion de M. Rouelle
l ’aîné, que l’acide de tout corps muqueux étoit
analogue à. Y acide phofphorique , 8c où il affureque
la dïftillâtion du pyrophdre fournit, par once, de
cinq à fix grains de phofphore. Voye^ PïTROPHORE.
"Enfin Y acide- phofphorique exifté abondamment
dans beaucoup de matières animales : nous avons vu
qu’on le retiroit en quantité de l’urine, des os,
des cornes , &•€.' Il exifte probablement dans1 le$
liqueurs.,, mais bien Purement dans les chairs animales.’
M. Maret ayant fait calciner, puis digérer
dans l’acide vitrioliaue, douze livres de chair de
boeuf, a obtenu près de trois gros de verre phofphorique
transparent, en fondant- au-creufet le fendu
de l’évaporation à ficeité. M. -Crell l’a retiré
du fuif de b oeuf, de lagraiffe humaine ; M. Hankwitz,
des excrémçns des ;animaux ; MM. Leidenfroft,
Heafch& Andrea , du vieux fromage; M. Fontana,
des vertèbres du thon & des os des poiffons ; M.'
le marquis de Bullion, de la tête d’un efturgeoir;
M. Berniard, des coquilles d’oeuf. ( Chym. de Af,
Succow , §. 570 , 383. Joum. p hyf tom. X V I 9 pag*.
'P> 373 r X IX , pag.298.)- ,
\Jacide phofphorique fe forme-t-ir egalement dan9
les trois règnes de la nature l N’appartientril originairement
qu’aux corps organifés ? Sa production
eft-elle exclusivement propre à l’organifation ani-
male 1 Nous n’avons pas de preuves directes pour
décider abfolument ces queftions ; cependant il eft
affez probable qu’il n’exifte dans le règne minerai-,
& peut-être auffi daiss les végétaux, que parce qu’il
y eft journellement porté avec .les autres débris des
-corps qui ont eu vie ; qu’il ne s’y conferve de
manière à reproduire, toujours fes earaélères dif-
tinélifs qu’à raifon de fa fixité , o u , pour mieux
dire , de cette indèftruétibilité qui en eft le principe..
Si cet acide fe retrouve encore fans alteration
dans des matières offeufes enfouies depuis très-
long-temps dans la terre , comme M*. Berniard s en
eft affuré dans fon analyfe de quelques oflemens
qu’il s’étoit procurés de la montagne aux os de Gai-
lenrenth , dans le Margraviat de Bareith ( Joum.
-phyf. tom.XVIypag.,373. )• H âffez évident que
les agens de décompofition les plus puiffans , les
diffolvans minéraux les plus énergiques , ne peuvent
même, à l’aide du temps , réfoudre fon principe
radical à fes élémens-, &-fe bornent à lui enr-
lever fa bafe dans quelques circonflances. J ’avoue
que cette hypothèfe 11’a jufqu’à préfent d’autre fondement
que la quantité A*acide- phofphorique que
recèlent toutes les matières animales , la quantité
que les animaux vivans fourniffent tous les jours
dans leurs excrémens , 8c le peu de proportion qui
fe trouveentre ce produit des lecretions habituelles-,.
8c la quantité A'acide phofphorique que 1 on pounok
fuppofer préexiftant dans les divers alimens ; cependant
cette confidération me paroît fuffifante » du
moins en attendant qu’on,ait recueilli des obier-
vations plus décifives. En admettant ce fait comme
très-probable,,on ne peut ferefufer à cette réflexion,
qui peut avoir des confequenees importantes : que
la nature travaillant fans ceffeà augmenter la maffe
d’uné fubftanee- animalifee, qui, une fois formée ,
ne fe détruit plus, ni par la voie humide, ni parla
voie fèche, il doit en réfulter des effets dont
‘ la nuance infenfible- nous dérobé l.es. progrès:, mais
dont la fucceffion continue ne peut manquer a la
fin de produire des changmena- fenflbles dans les-
opérations des trois règnes*
II». U"acide phofphorique eft compofe,. comme
tous les autres acides , d’un radical ou bafe acidi-
, fiable particulière, & de l’air vital, principe acidi-
fiant.commun ;on a déjà pu en recueillir les preuves,
dans les procédés que j ’ai indiques pour faire paffer
le phofphore à l’état d’acide*' Mi Schéele.ayant
: enfermé un morceau de phofphore dans une phiole
de la capacité de fapt onces d’eau, remplie d air
L y ita l, & ayant échauffé, par le moyen d une ehanfielïe,
la place où étoit le phofphore , 1 air extérieur
preffa fi fort lé bouchon , qu’il fût oblige de
l ’enfoncer fous l ’eau , & l’eau remplit prefqu entièrement
la phiole. Une autre fois le même Chÿ-
înifte a obfervé que neuf grains de phofphore placés
dans un vaiffeau de verre fcelle hermétiquement
*, de la capacité de trente onces d’eau, a voient
diminué l’air commun pendant la combuftion d un
volume de neuf onces. C’eft une circonftance bien
digne d’attention, comme le dit M. Kirwan, que
l ’air eft beaucoup plus diminué par le phofphore
que par tout autre combuftible; mais je ne penfe
pas que cette différence puiffe être attribuée à la
plus grande chaleur qu’il produit, puifque cette
chaleur -eft. elle-même l’effet de la plus grande diminution
ou décompofition de l’air vital ; elle ne
peut provenir de la rapidité feule de l’affinité ou
delà maffe de chaleur rendue libre, dans un temps
plus court, puifqu’en des temps inégaux l’effet pro-
greflif de la diminution de l’air devroit.être le même
avec d’autres combuftibles ; c’eft pourquoi j’aime
mieux croire , avec M. Schéele, que la raifon qui
fait que f absorption eft ici plus confidérable, c’eft
que la combuftion n’eft pas arrêtée , comme dans
lés autres expériences analogues, par les vapeurs
qui fe dilatent par la chaleur, 8c qui environnent
la flamme.
| Suivant les expériences de M. Lavoifier, confirmées
par celles qu’il a répétées avec M. de la
Place, quarante-cinq grains de phofphoreabforbent
en brûlant 65,62 grains d’air vital, & dans la formation
de T acide phofphorique une partie de phofphore
fe combine avec i f d’air vital. Ces favans
Académiciens ont obfervé que la chaleur dégagée
par l’air vital, lorfqu’il étoit abforbé par le phofphore
, étoit à-peu-près deux 8c un tiers plus grande
que lorfqu’il étoit changé en- air fixe ou acide méphitique
( Acad, des Sc. ann. 1780 , pag. 399.). Ce
phénomène ( qui ne doit pas être confondu avec
Celui dont je viens de parler, puifque l’on fuppofe
ici des quantités égales d’air déesmpofé ) me paroît
dépendre uniquement de la propriété de l’acide
méphitique de retenir 8c de fixer une plus grande
quantité de chaleur que Y acide phofphorique.
' 11 refte à favoîf qu’elle eft la bafe que le phofphore
fournit ici à l’air acidifian t. Dans les principes
de St.ahl, conciliés avec les découvertes les plus
récentes, c’eft une fubftanee particulière de fon-
genre qui, par fon union avec le phlogiftique,
confti tue le phofphore ; M. Lavoifier croit, au contraire,
que c’eft le phofphore tout entier; ce n’eft
pas que ce favant ne convienne que la première
opinion ne puiffe fe concilier avec tous les faits,
même avec la production de Yacide phofphorique
fans combuftion, au moyen d’une double decom-
pofition du phofphore 8c de l’acide nitreux | mais
ïl ne regarde pas comme prouvé que l’acidè nitreux
fumant contienne plus de phlogiftique que le non-
fumant , ni que cet excès de phlogiftique vienne du
phofphore. Je ne diffiraulerai pas qu’il eft très-diffi-«
elle de vérifier ces d-eux faits de la manière donc
M. Lavoifier paroît l’exiger, en 11’accordant rien à
l’analogie réfultante de plufieurs effets qui concou-
rent,à établir une même caufe, quoiqu ils ne 1 indiquent
pas tous auffi néceffairement.
Par rapport à l’acide nitreux fumant, ou plutôt au
vas nitreux, que j ’ai fait voir qui le conflituoit te l,
te ne puis que renvoyer à ces articles ; & pour la
fécondé obje&ion de M. Lavoifier, je me bornerai
à quelques réflexions qui me paroiffent devoir fuffire
pour établir la préfence du phlogiftique dans 1er
phofphore , du moins jufqu’à ce que 1 on ait donné
une folution fàtisfaifante. de . ces objections dans le
fyftême contraire.
i° . Si Yacide phofphorique étoit réellement le
phofphore tout entier uni à l’air vital, qu’eft-ce donc
que le verre phofphorique dont j’ai parlé précédemment,
qui n’eft plus ni phofphore, ni acide, qui
ne peut redevenir acide qu’en paffant par 1 état de
phofphore ; 8c qui, pour devenir phofphore, a be-
foin du cootaa de quelqu’une des fubftances que
nous claffons dans les phlogiftiques î Plus cet argument
m’a paru concluant, plus j’ai apporté d’attention
à vérifier le fait fur lequel il s appuie : j ai re^-
duit à l ’état de verre Ae Yacide phofphorique, retiré
par la combuftion lente du phofphore, le même
acide traité auparavant avec 1 efprit-de-vin , ou feur
lement l’acide tel qu’on le retire des os fondu en
maffe tranfparente très-déliquefeente ; j ai porté ces
afcides à une vitrification complette par un coup de
feu fuffifant, & j ’ai toujours vu ces verres tenir
l’eau comme des vafes , en fouffrir 1 évaporation a
ficcité , fans lui communiquer en aucun temps affez
d’acidité pour produire la moindre impreflion fur le
papier teint par le tournefol. ' '
a° .E n confidérantl’étonnantè fixité de notre acide,
comment concevoir qu il la perde , quil devienne
volatil à une foible chaleur, en perdant préciféinent
un principe effentielletnent expanfible, & uniquement
par cette privation l , u -
3°. Le phofphore précipite les chaux métalliques
de leurs diffolvans en état de métal j’ai déjà dit,
d’après M. Bergman , qu’il précipitoit l’arfemc eh
noir de l’acide arfenical ; Yacide phofphorique de-:
vient phofphore quand on le fait bouilhr avec
l’efprit-de-vin, quand on le traite a la diftill^tioit
. avec quelques métaux , 8c fur-tout avec le zinc ;
fi ce ne font là que des attractions eleétives , des
affinités fimples de l ’air v ital, s il n y a pas une
quatrième fubftanee qui ajoute à la femme des affinités,
pourquoi le phofphore ne s unit-il pas a l air
acidifiant fans combuftion l Pourquoi les diflolutions
des métaux 8c de leurs chaux prefetitent-elles des
phénomènes différens ? Pourquoi 1 acide phofphorique
faturé d’avance d’air vital .peut-il révivifaer l or dans
l’eau régale, & changer l’état de la manganele tenue
en diffolution au point de détruire fa couleur précir
fément comme la pointe bleue de la flamme aa
chalümeau ? , , .r
4P. 11 fuffit, fuivant M.Wiegleb , de pulvenler
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