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quelque corps enflammé, foit en faifant paffer l’étincelle
éleârique dans le jet de ce gas au moyen d’une
bouteille de Leyde ou de l’éle&rophore deM. Volta;
la flamme continue tant qu’il refte du gas dans le
globe & que l’on tient les deux robinets fùpérieurs
ouverts.
On doit avoir attention de refournir de l’eau dans
le vaiffeau fupérieur, non-feulement pour entretenir
une égale preflion, mais encore parce que l’eau venant
à manquer, l’air commun s’introduiroit dans le
globe & occaflonneroit une explofion dangereufe. En
général les expériences fur ce gas exigent beaucoup
de prudence. Cet inftrument fert très-bien à tranf-
yafer au mercure des gas reçus à l’eau fans y porter
de l’humidité ; il fuffit pour cela d’enlever l’appareil
éie&rique & d’adapter au robinet g , en place, de
l ’ajutage, un fiphon de verre courbé à la manière
ordinaire pour s’enfoncer dans la cuve hydrargiro-
pneumatique. Il arrive quelquefois que l’entonnoir
étant plein d’eau & les robinets ouverts, l’air ou
les gas renfermés dans le globe refufent de fortir par
le fiphon ; c’eft que la petite colonne de mercure au
deflus du bec du fiphon fait équilibre à la force
comprimante de l’eau : on le fait ceffer en élevant
le fiphon ou en abaiffant le niveau de la cuve.
E x p é r i e n c e X X X I I .
On remplit une bouteille d’air commun & de gas
hydrogène, obfervant qu’il y ait environ les deux
tiers d’air commun ; on retourne la bouteille en tenant
le doigt fur fon orifice, & on lui préfente un
corps enflammé ; on ne voit plus defcendre.la flamme
par degrés dans la bouteille; l’inflammation eft totale
& inftantanée, ou plutôt c’eft une véritable explofion
avec bruit femblable à celui d’un coup de
pjftolet.
Ces phénomènes annoncent déjà une aéfion bien
marquée de ce gas fur l’air ; mais ce n’eft pas affez
de la.juger, il faut encore la mefurer , en déterminer
lès effets; ce qui ne peut fe faire qu’en opérant
en vaiflèaux clos : les expériences qui fuivent en ex-
pofent les procédés.
E x p é r i e n c e X X X I I I .
On met dans un petit matras ou dans une fiole à
médecine les matières que j’ai indiquées pour produire
le gas hydrogène; on ferme ce matras avec
un bouchon portant fiphon courbé de manière
qu’étant fufpendu au bord de la cuve pneumatique
par fa courbure fupérieure, fa courbure inférieure
foit à environ deux pouces au deffous du niveau de
l’eau, & fon extrémité à 4 ou 5 pouces au deflus.
Quand la plus grande partie de l’air du vaiffeau a
été expulfée par le gas, on préfente une bougie allumée
à l’extrémité du fiphon, & fur-le-champ on
le couvre d’une grande cloche de verre rèmplie d’air
commun , en enfonçant cette cloche un peu au def- 1
fous du niveau de l’eau : la flamme fubfifte tant qu’il j
refte de l’air capable de l’entretenir; cette combustion
eft accompagnée d’une très-forte chaleur ; au
lieu d’une augmentation de volume par la produ&ion
du gas hydrogène, on trouve l’air commun diminué
d’un peu plus d’un cinquième ; & ce qui refte de
fluide aériformë n’eft plus qu’un gas nuifible aux
animaux & éteignant la chandelle, mêlé feulement
d’une très-petite quantité d’air qui a échappé à l’aâion
du combuftible.
Ce procédé bien fimple, que l’on doit à M. Warl~
tire, rend déjà plus fenfibles quelques-uns des principaux
phénomènes de cette combuftion ; je ne m’arrêterai
pas à obferver qu’on l’exécuteroit encore plus
commodément avec le globe à comprimer précédemment
décrit, & qu’il donneroit la facilité de mefurer
en même temps la quantité de gas qui auroit fervià
entretenir la flamme jufqu’au'moment de fon extinction
fpontanée : je viens tout de fuite aux expériences
dans lefquelles on a fu réunir toutes les conditions
néceffaires pour diftinguer tous les effets.
E x p é r i e n c e X X X I V .
L ’inftrument repréfenté fig. 3g des appareils pour
r:% Sas ce qu’on nomme eudiométre de M. Volta,
j parce qu’il fert à déterminer la qualité de l’air &
L que ce Phyficien en eft l’inventeur.
A eft un cylindre de verre de 8 à 9 pouces de
hauteur, de 20 à 24 lignes de diamètre, qui doit
avoir 4 à ç lignes d’épaiffeur pour être en état de
réfifter à l’explofion du mélange d’air & de gas hydrogéné.
Ce cylindre eft folidement maftiqué des
deux bouts dans des viroles de cuivre portant robinets.
Celui du bas B fe viffe dans un pied de métal
C qui eft intérieurement creufé en entonnoir ; la clef
de ce robinet eft forée pour porter au dehors l’air
renfermé fous cet entonnoir, & le bouton à vis i
portant platine garnie de cuir gras fert à intercepter
cette communication, quand il le faut. Le robinet
fupérieur D reçoit également à vis la coupe de métal
E ; au fond de cette coupe eft une virole à écrou
dans lequel fe fixe la virole maftiquée fur le tube de
verre F terminé en boule.
G eft un petit çondu&eur éle&rique ifolé par un
fourreau de verre & par de'la cire d’Efpagne, &
formant crochet dans l’intérieur pour porter l’étincelle
de fon extrémité à la garniture de métal.
h eft une lame de métal graduée fuivant une me-
fure donnée. Le tube fupérieur F porte une femblable
échelle, fi ce n’eft que fes degrés font des
fous-divifions de mefure.
On a, pour l’ufage de cet inftrument, différentes
mefures, mais qui doivent toutes fe rapporter à un
nombre connu & proportionnel des degrés de l’échelle.
Ces mefures font formées d’un tube de verre A
fermé par un bout ( fig. 40 ) qui eft maftiqué dans
la pièce de cuivre B légèrement évafée par le bas j
cette pièce porte une codifie C dans laquelle gliffe
la lame de métal D pour ouvrir & fermer à volonté
le tube qui forme proprement la mefure, & dont
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la capacité fe trouve ainfi conftammerit déterminée.
Pour fe rendre encore plus maîtres de varier les
proportions du mélange , quelques-uns ajoutent à cet
aopareil un robinet à bulles, c’eft-à-dire , un robinet
dont la clef n’eft point percée, mais dans laquelle
on a feulement pratiqué deux cavités oppofees, parfaitement
égales entre elles, & en rapport avec quelques
fous-divifions des degrés de 1 échelle ; de forte
que chaque demi-tour de clef tranfporte du dedans
du cylindre au dehors une portion du fluide qu’il
contient, & introduit en même temps un femblable
volume du gas que l’on a fait paffer fous le pied
de l’inftrument. . - . , .
On remplit d’eau le cylindre A ; on fait fortir l’air
du pied foit en enlevant le bouton i & enfonçant en
même temps cette partie de l’inftrument un peu au
deffous du niveau de l’eau dans la cuve, foit en ouvrant
fucceflivement les deux robinets B & D , de
manière que l’air de l’entonnoir place fur la table
de la cuve s’élève d’abord dans le cylindre, & en
foit enfuite expulfé par l’eau que l’on ajoute dans la
coupe ou baflin fupérieur E.
Cela fait, & le robinet du haut étant fermé, on
fait paffer dans l’entonnoir des quantités connues de
gas hydrogène & d’air commun, par exemple, une
mefure du premier & deux du fécond, ce qui eft
facile au moyen de la mefure a. couliffe ; celle dont
je me fers eft de 1,33 pouce cube de capacité. Pour
prendre ces mefures exaéles, il faut avoir attention
i°. de ne fermer la couliffe que quand le fluide aeparavant
difliper la chaleur que la main auroit pu
communiquer à ce petit vaiffeau; 30. enfin de retourner
la mefure, la couliffe étant fermée, pour
faire fortir l’excédent.
Ces trois mefures ainfi introduites dans le cy lindre,
on ferme le robinet du bas, on effuie le petit
condu&eur G , & on l’approche du condu&eur
d’une machine éleftrique, ou , fans déplacer l’inftru-
riient, on préfente à ce petit condu&eur le crochet
d’une bouteille de Leyde chargée : une lumière fu-
bite annonce l’inflammation dans l’intérieur du cy lindre
, il refte quelques inftans obfcurci par une légère
vapeur ; fi l’on ouvre le robinet inférieur ( l’entonnoir
toujours rempli d’eau) elle remonte à l’inftant
dans le cylindre & l’échelle annoncé une abforption
ou diminution de volume des fluides élafliques d’un peu
plus ou d’un peu moins de 0,43 du volume total,
fuivant la pureté du gas & la qualité variable de l’air
commun.
Le tube qui furmonte le cylindre eft deftiné à
donner, quand on le defire, une mefure plus précife
de cette abforption. Pour cel^ on enlève ce tube,
on le remplit d’eau, on le replace dans le petit baflin,
également rempli d’eau, en tenant le doigt fur l’orifice,
& on ouvre alors le robinet D : le gas réfidu
monte aufli-tôt dans le tube, une partie eft reçue
dans la boule F , qui eft de la capacité d’une mefure,
le furplus s’arrêtant dans la longueur du tube peut
indiquer facilement des centièmes de, mefure. La colonne
d’eau qui décharge le gas fe trouvant ici d’une
hauteur affez confidérable, on ne doit pas négliger
d’en faire la rédu&ion fuivant ce qui a été dit ( §. I l ,
n, 7 ). Si l’on pouvoit douter de la néceflité de cette
correâion, il fiiffiroit, pour s’en convaincre, d’ouvrir
le robinet inférieur, l’inftrument reftant fur la cuve,
& d’obferver le changement que cette feule circonf-
tance occaflonneroit dans l’elpace occupé par le fluide
élaftique.
Je dirai ailleurs comment on fe fert de cet inftrument
pour eftimérla qualité de l’air, il ne s’agit pré-
fentement que de conftater & de circonfcrire rigou-
reufement les vrais phénomènes de cette combuftion.
Le gas réfidu eft différent fuivant les proportions
du mélange. Si le gas hydrogène étoiten excès, le réfidu
s’enflammera de nouveau quand on y aura mêlé
de nouvel air commun , & il ne fera pas diminué dans
l’épreuve par le gas nitreux. Si c’eft au contraire l’air
commun qui fe trouve dans une proportion excédante
à celle du gas hydrogène, le réfidu ne pourra
plus être allumé avec de nouvel air, & il fera diminué
par le gas nitreux : c’eft ce qui eft arrivé dans
notre expérience , l ’air commun tenant environ 0,28
de cette portion que prennent les combuftibles. Mais ,
ce qu’il eft bien important d’obferver, c’eft que dans
tous les cas le gas réfidu ne repréfiente nullement en
poids la quantité primitive du mélange aérifiorme, de
forte qu’à s’en tenir à cet examen , il fera impof-
fible de dire ce qu’eft devenue la fubftance matérielle
fenfible qui conftituoit la portion manquant
des fluides élaftiques.
E x p é r i e n c e X X X V .
Pour juger s’il n’y auroit pas dans cette opération,
converfion des gas en acide carbonique, on remplit
le vaiffeau cylindrique de bonne eau de chaux récente
& très - limpide ; on y introduit le mélange
d’air & de gas hydrogène que l’on a eu foin de paf-
fer lui - même à l’eau de chaux, ou encore mieux
d’agiter quelques minutes avec le lait de chaux pour
le aébarraffer de tout ce qu’il pourroit tenir accidentellement
de gas acide carbonique ; on procède au
furplus comme il a été dit précédemment, & la dé-
tonnation faite, il n’y a pas la moindre trace de précipitation
de la chaux, la diffolution eft aufli limpide
& ne fe trouble pas même par l’agitation. C ’eft
un fait fur lequel il ne peut refter a incertitude,
quand on opérera avec les précautions convenables,
quand on n’emploiera que du gas hydrogène pur ,
ou du moins aufli pur que le donne la diffolution
des métaux, & que j’ai plufieurs fois vérifié, même
avec le gas dégagé pendant la diffolution du zinc dans
l’acide muriatique.
Le célèbre Prieftley ayant appuyé de fon témoignage
l’obfervation d’un réfultat contraire, lorfqu’ii
avoit employé du gas hydrogène obtenu par le dernier
acide (Continuation , &c. vol. 1111 feft, V I I I ),
j’ai tenté tous les moyens que j’ai pu imaginer pour,