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le cheveu de l'hygromètre, de M. de Saufture ; ce
cheveu efl-il dans une athmofphère très-humide ? il
lui prend une partie de l’eau qu’elle recèle jufqu’à
ce que l’attra&ion qu’il exerce foie en équilibre avec
l’affinité qui l’unit à l’air ambiant, & qui eft d’autant
plus puiffance, qu’il lui en relie une moindre
quantité. Alors la fubfiance animale prend un accroïf-
fement fenfibie dans toutes les dimenftons, & l’application
continuée de ce liquide à grande dofe lui
feroit fubir une vraie macération au bout d’un temps
plus ou moins lo n g , fuivant que la fermeté de fon
tiflii oppoleroit plus ou moins dè réiiftance. Cette
fubfiance fe trouve-t-elle au contraire environnée
de corps fées ou qui attirent l’eau plus fortement?
elle en eft dépouillée à fon tour , & aufli - tôt fes
molécules rendues au pouvoir- attraelif qui les enchaîne
les unes aux autres fe rapprochent du centre
de cette a&ion elle efl reftituée à l’état de concrétion
dans la même proportion qu’elle en avoit été
éloignée.
Ainfi cette mobilité, cette expanfibilité qui conf-
tituent les principaux caraélères du fluide athmofphé-
rique & de tous les corps qui ont ces propriétés
communes avec lu i, ne dépendent que de leur diflo-
lutiori aékiëlle par le calorique ; cette forme efl le
réfultat immédiat de la combinaifon, & la proportion
du diflolvant une fois déterminée, cette forme , de
même que tous les autres effets naturels, ne peut
plus varier que par l’a&ion d’une nouvelle puiffance:
de là vient le rapport confiant du volume de ces
fluides ou de l’efpace qu’ils occupent, avec la pref-
fibn qu’ils éprouvent, ou les poids dont'ils font chargés.
C ’eft ce que M. Lavoïïier a expofé très-clairement
dans fon Mémoire fur la coin bina-fon de la
matière du feu avec les fluides' évaporables ( Acad,
roy. des Sc. ann. 1777, p. 420), o h , après avoir
montré que l’éther déchargé de la preffion de l’arh-
mofphère fous le récipient de l'a machine pneumatique
, entre en ébullition, fe transforme en fluide
élaflique & foutient le mercure dans le baromètre à
10 pouces pendant l’hiver, à 25 pouces en é té , il
conclut d’une fuite d’expériences femblables fur di-
verfes liqueurS «que la transformation des fluides en
.» fluides aériformes efl fotunife à deux loix dont
» l’effet eff oppofé : d’une part, lé degré de chaleur
» auquel ils font expofés tend à les vapôrifer; de
» l’autré, la preffion de l’athmofph'ère met obflacle
» à leur vaporifation : de forte qu’ils font ou dans
» l’état d’élaflicitéou dans celui de liquidité, fuivant
» que l’une des deux forces l’emporte fur l’autre (1).»
» Des recherches plus approfondies fur la nature
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I » des fluides aériformes (dit ailleurs cet illuffre Aca-
! ” démicièn) ont fait connoître que c'étoit à la ma-
- » tière de la chaleur, qui entroit dans leur çom-
, ” pofition , qu’ils dévoient leur état élaflique ; que
|» toutes ces fùbffances volatiles, foit fluides, foit
, » concrètes,, étaient fufceptibles .de fe vapôrifer,'de
j » fe transformer en des efpèces -d’a ir, à un certain
I ” degré de chaleur j que, le baromètre , par exemple,
» étant a 28 pouces, c’eft-à-dire à fa hauteur moyen-
” ne, l’eau prenoit l’état aériforme à une chaleur
» de 80 degrés, l’efprit de vm à 6 6 , l’éther à 3,2, &c.
» que ces fluides ainfi devenus élaftiques & aéri-
” formes pouvoient être contenus fous des cloches
! » -ou r.écipiensde verre, être tranfvafés de l’un dans
| » l’autre & fe prêter à toutes les expériences que
1 » l’on peut fa-irefur l’air vital, l’air inflammable, &c.
» Sc fur tous les fluides élaftiques permanens.
» L’état aériforme ou de fluide élaflique n’eft donc
» qu’une manière d’être de ces corps , & le mot d'air
» ou de gas n’eft qu’une expreftion générique qui
» caraélérife non pas une efpèce , 'mais une claffe
» de corps; & l’air de l’athmofphère n’eft: lui-même
” qu’un individu de cette claffe nombreufe » ( Mém.
de la Soc. roy. de Méd. arm. 178f , p. $69 ).
D’après ces principes, nous regarderons l’air commun
, finon comme le plus Jîrnple & le plus pur. des
gas, ainfi que l’ont penfé quelques Phyficiens, ainft
que le difoit encore le célèbre Macquer dans la
dernière édition de fon Di&ionnaire , du moins comme
un gas compofé qui, de. même .que les autres fluides
élaftiques reçoit fa forme du calorique. Mais fans
perdre de vue ces vérités abftraites, il me femble
que nous pouvons Former plufieurs claffes diftinéles
des divers fluides aériformes , ce qui nous fervira en
même temps & -à rapprocher ceux qui ont d’autres ca-
raélères communs , Sc à mettre plus cl’ordre dans les
matières que nous avons à traiter. Voici les raifons
qui m’ont fait adopter la divifton que je propofe.
Le .fluide athmofphérique eft le plus ■ univerfelle-
ment répandu dans la nature-, iL e ft préfent & agtf-
fant par-tout; il forme par fa maffe une puiffance
phyftque fous laquelle tous les autres corps reftent
comprimés, un océan dans lequel s’opèrent toutes
les deftru&ions & les réproduélions ; c’en eft affez
pour lui donner un rang féparé, pour lui conferver
le nom d'air dont il ëft en poffeflîon depuis fi longtemps,
Sc qu’il n’y a aucune rai fon de changer. S’il
n’eft pas le fluide le plus propre à entretenir la com-
buftion, il eft du moins le fluide le plus refpkable ; car,
quoique l’air que nous appelions vital» pniffe être
M M. de Sauffure vient de pub,ter quelques expériences, qui femblent annoncer que la rareté de fur 1 évaporation de 1 erber un effet aufli grand que l’on auroit pu le croire , puifqu’il fallut 11 minutesl’ a4ijr nféec opnroddesu itp opuasr evajjorer fur Roche-michel (ou lee nb aProromvèetnrec ee t(oliet mdeerfceuenred uf eà f1o8u.tpeno.a n5t àl ig2.8) plao . m1 êmlige. jq.u aMnatiitsé cde’é tflaièvra nqju iP hs’yéftiociite ne vna’a-
une plus grande quantité d’eau. ( Journ, phyf tom, 34 , pag, 177).
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refpîré fans danger & même avec une forte de fen-
flialité ; quoiqu’il foit très-probable que fon ufage pro-
duiroit des effets falutaires dans plufieurs maladies,
on n’eflf pas en droit d’en conclure qu’il feroit le
plus favorable à la vie de l’animal qui le refpire-
roit continuellement ; les médicamens les plus héroïques
font précifément ceux qui feraient le plus
flineftes comme alimens ; enfin nous ne favons pas
encore fi l’azote, qui paraît être un desélémens de
la manière animalifée, ne joue pas aufli un rôle lors
de la décompofition de l’air par la refpiration. En
confidérant fousrce point de vue l’air commun, lair
vital ne fera que fynonyme de gas oxigèiie, ainft
que nous l’avions déjà annoncé dans la méthode de
Nomenclature.
Les gas proprement dits feront ceux qui retiennent
cette forme à la température de nos climats ; cette
permanence au froid eft un caraélere affez marque
pour ne pas les confondre avec ceux que le feul
refroidiffement ramène à l’état liquide ou même
concret. Dans le nombre de ces gas il y en a qui
font plus fimples , d’autres plus compôles , quelques-
uns même fufceptibles de furcompofttion : ces conft-
dérations deviennent étrangères au principe qui en
détermine la réunion ; ils font tous de même nature
èn ce fens qu’ils ont une égale' faculté à s approprier
la quantité de calorique neceffaire pour fe
maintenir dans cet état d’expanfton , ou qu’ils-font
difpofés à recevoir cette forme d’une moindre quan-
& fpécialement des gas acides, de s’abforber, de
difparoître en quelque forte, dès qu’ils viennent au
conta& de l’eau ou de quelqu’autre liquide,v pourrait
faire penfer au premier coup d’oeil qu’ils devraient
aufli être rangés dans une claffe particulière ; j’avouerai
fans peine que je n’y trouverais pas grand inconvénient
, étant d’ailleurs bien convaincu que 1 on
ne doit pas mettre beaucoup' d’importance a ces
divifions de méthode , qui, ne pouvant avoir précifément
de bafe fixe dans la nature , confervent, par
cela même , toujours quelque chofe d’arbitraire. Cependant
il eft à remarquer que cette abforption des
gas dans l’eau eft due à une affinité dire&e de l’eau avec
le fluide gafeux , qu’il exifte une pareille affinité, quoique
dans un degré plus foible, de l’air lui-meme avec
l’eau; qu’il n’y a probablement aucun gas qui ne
perde aufli la forme élaflique par affinité avec quelque
autre fubfiance; en. un mot que cette propriété
eft réellement indépendante de la facilité avec laquelle
les fluides'aériformes retiennent ou abandonnent aux
corps environnans le calorique qui les porte à cet
état d’expanfton : c’eft un motif fuffiiant de ne point
féparer ceux qui fe trouvent à cet égard dans la même
condition.
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Je comprendrai fous le nom de gas vaporeux ou
de vapeurs tous les fluides élaftiques qui fe con-
denfent & reviennent à leur forme primitive, liquide
ou concrète , par le funple refroidiffement à la
température moyenne, fans qu’ils paflent à dè nouvelles
combinailons, fans qu’il y ait en jeu aucune
affinité*capable d’en opérer la décompofition, mais
feulement en vertu de la loi qui fait tendre continuellement
la chaleur fehftble à fe mettre en équi-f
libre dans les corps environnans.
Ainft les vapeurs de l’éther , de l’efprit-clc-viiï
échauffés, l’eau & le mercure en ébullition , tous
les liquides qui montent à la diftillation, les fublimés-
falins Sc métalliques, l’or lui-même q ui, volatilifé
par la violence du feu folaire , s’élève affez pour
dorer une lame d’argent placée à quatre pouces au
defliis ( Macquer, diti, art. or ) ; toutes ces fubftan-
çesfont véritablement des fluides élaftiques, expan-
fibles,. tranfpàrens, compreffibles, en un mot des
gas qui ne diffèrent des autres gas qu’en ce que
leur durée eft fubordonnée à la perfévérance d’une
température extraordinaire Sc très-éleyée; c’eft-à-dire,
comme les fels peu folubles diffèrent de ceux qui
exigent moins d’eau pour leur diflolution , ou bien
comme le mercure diffère de nos métaux fblides.
Nous fommes donc également fondés & à les ramener
d’abord dans le fyftême général, Sc à les y claft-
fer dans un ordre qui annonce leur condition particulière.
La table fuivante préfente Fenfèmble de ces dîvi—
fions Sc des principales efpèces qui leur appartiennent
, autant qu’elles nous font connues jufqu’à ce
jour: les détails qui concernent chacun de ces gas fe
trouveront à leur article..
D I V I S I O N générale 2 &s fluidcs élaftiques ou
aériformeSo-
I . F l u i d e é l a s t i q u e r e s p i r â b l e .
Air athmofphérique' ou air commun
I L G a s PROP REMENT D IT S OU PERMANENT
( Gas-oxigène ou air vital
f Gas a^ote carboneux
Gas Ies\ Gas azote < Gas assoie phofphoreux (i]£
plus ( * L Gas a^ptt fulfureux (2.)
fimples J. ( Gas hydrogéné carBoneux
f Gas hydrogène < Gas hydrogène phofphoreux
l £ Gas hydrogène fulfureux
Gas ( Gas nitreux
oxides 1 Gas ©xide fulfureux
i*ï)) VVooyy.. cciî--ddeevvaanntt eexxgpéérr». XXXVYI„I, & remarqj.iss«.