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dinaire : voilà donc encore les deux principes dé
l’eau portés dans de nouvelles combinailons. Scheele
en a donné deux autres exemples; il a traité- à la
cornue de la potaffe 8c du zinc , il a eu du pas
-hydrogène 8c de l’oxide de zinc; il a traité une
autre fois de même de la potaffe & du charbon, il
a encore obtenu du gas hydrogène pur, l’acide carbonique
ayant été retenu par la potaffe qu’il trouva
en effet non cauftique ( Traité du Feu, §. <;<$). On
ne peut douter qu’il n’y ait eu de l’eau portée par
l’alkali; car, fans cela , où le zinc 8c le charbon au-
roient-ils pris Poxigène en vaiffeaux clos ? Cela eft
même affez indiqué par fon procédé, puifqn’il donne
le choix d’un alkali rendu, cauffique par le feu ou
par la chaux.
La défunion des principes de l’eau 8c fa régénération
ont lieu dans bien d’autres circonffances ; la
première eff manifefte, par exemple, dans la diflo-
îution nitrique de l’étain ; la fécondé dans la difti'l-
lation du nitrate ammoniacal : je reviendrai dans un
in liant fur ces deux expériences, en raffemblant les
faits d’analyfe de l’acide nitrique.
Je. cherche vainement ce que l’on pourroit op-
pofer de fpécieux à cet enchaînement de preuves.
Il y a un fait fur lequel on a paru faire grand fond
dans ces derniers temps, c’eft que le gas hydrogène
s’altère à la longue fur l’eau; quand cela ferait, eft-ce
donc par un fait fmgulier, qui ne trouve d’explication
fatisfàifante dans aucun fyftême connu, qu’on détruit
tant d’expériences décifives? Mais ce fait, après
tout y fi peu probable, a-t-il été bien obfervé? Je
fai dit précédemment (page 672); j’ai été quelquefois
étonné de voir que du gas hydrogène que j’avois
recueilli des diffolutions métalliques & enfermé fur
Peau, fuivant. mon ulage, dans une bouteille ren-
verfée fur fon bouchon, avoit perdu, au bout de
quelque mois, toute fon inflammabilité, & étoit di-’
minué par le gas nitreux, comme de l’air commun
de médiocre qualité. Cependant je me fuis bien gardé
d’en tirer aucune eonféquencé avant que d’avoir ob-
ièrvé cette altération fur un gas préparé à deffein, &
avec les précautions-convenables pour écarter toutes
les caufes étrangères. J’ai donc pris du gas hydrogène
très-pur obtenu par la diffolutiondu zinc dans l’acide
fùlfurique délayé ; j’ai eu L’attention de choifir la
dernière portion & la plus exempte par conféquent
du mélange de l’air des vaiffeaux, je rl’ai reçu fur
de l’eau diflillée ; j’en ai enfermé 19,24 pouces cubes
dans une bouteille de verre blanc de la capacité de
5.2.y91- pouces cubes, & qui contenoit ainfl 33 ,67-
pouces cubes de même eau. diflillée : cette bouteille
a été bien bouchée avec du liège 8c placée fur un
gradin percé pour recevoir fon goulot. J’ai enfermé
un pareil- volume du même gas, toujours fur l’eau
diflillée , dans une femblable bouteille, mais qui
portoit bouchon de verre nie à l’émeri ; ce bouchon.
a "été affujetti par une coëffe de veflïe ficelée aiï
deffous du goulot renverfé, & la bouteille placée à
côté de l’autre, également le bouchon en bas. Ce
n’eff qu’après fept mois entiers que je me fuis déterminé
à vérifier l’état du gas en préfence de MM. de
Virly & du Vernois qui fe trouvoient dans mon laboratoire
; avant l’ouverture, le niveau de l’eau ré-
pondoit parfaitement aux bandes de papier qui avaient
été collées en dehors pour marquer le volume du
gas; à l’ouverture du flacon à bouchon de cryflal-
clans la cuve hydropneumatique, il y rentra fubi-
tement une couche d’eau qui fut évaluée à 1 ,8 pouce
cube; nous n’obfervâmes rien de femblable en ouvrant
la bouteille, dans laquelle le niveau ne changea
pas; le gas de l’un & de l’autre vaiffeau, éprouvé'
à l’eudiomètre de M. Volta, foit avec l’air vital, foit
avec de bon air commun , donna précifément le même
degré d’abfor.ption que le jour qu’il avoit été renfermé
Sc dont les étiquettes portoient la note.-
Quelque répugnance que j’aie à m’écarter du plan;
d’une Ample expofition des faits 8c de leurs confé-r
quences, 8c à m’occuper dés objedions qui ne pour-
roient être traitées que dans la forme polémique., il
en eft une cependant que l’intérêt de la vérité ne
me permet pas d’omettre entièrement.
M. Prieftley a remarqué qu’en employant des vaiffeaux
de cuivre au lieu de vaiffeaux de v erre, pour
la combuflion du gas hydrogène avec Pair vital, le:
réfidu. liquide contenoit fènfiblement plus d’acide nitrique
(Expériences communiquées à la Société royale
le 7 Février iy88 j,', & M. Keir a confirmé cette;
obfervation par l’examen de l’eau produite dans ces>
opérations (Journ. phyf. t. 34, p. 146 & 216). Ces-
Savans fe font bornés à annoncer ces réfultats 8c les-
réfiexions qu’ils leur ont infpirées avec la candeur
qui caraftérife leurs écrits ( 1 ) ; mais d’autres clé-
ferifeurs plus ardens du phlogiftiqué n’ont pas tarde
à en multiplier les conféquences l’un d’eux a cru y-
voir la confirmation de jes premiers appercus, il ens
a tiré line explication qui lui .femble détruire les ré?
fultats. de la grande expérience du Collège royal fur-
la compofition de l’eau (Journ. phyf. t. 34 *p. 228 &■
317 ) ; je ne dois pas laiffer fobfifter des- doutes-
qu’il m’eft aufli facile de diffiper.
On a vu par ce que j’ai dit ( page 734 ) d;e Pexpé-
rience du Collège royal, que 20223 grains de gas?
confommés avoient.lai ffé 20195 grains d’éàu, dans-
laquelle il s’étoit trouvé une quantité d’acide nitrique
capable de fournir avec la potaffe 8 0 ,7 grains de-
nijre cryftallifé, ce qui indiquoit 26,63 grains d'acide
libre. On objeéle que fi l’opération eût été. faite dans-
des vaiffeaux de cuivre, la quantité d’acide nitrique.-
eût été environ treize fois plus confidérable , c’éft-
à-dire, qu’elle, auroit pu donner 1073 grams de cry£
taux de nitre ; qu’ainfl il eff prouvé que dans l ’çfe»
M- Keir avoue ingénuement que les partifans du phlogiftïquen’bnt pas , comme leurs Àdverfaires marcher Io.us_un feul étendard, de n’avoir qu’une feule opinion. ,, . que fauvent ils s’entre-ehoquent eux,- ml’êamvae§n:t,a, gpea rcdee?? qji.üs ont cutterentes. maniérés, de voir „ &c* - •
A I R pèrience de M. le Fevre de Gineau l’acide nitreux
s’eff décom pofé à mefure qu’il s’eff formé, 8c qu’il a
produit la grande quantité d’air phlogiftiqué qu’il a obtenu
; en un mot, que Peau n’eff plus que celle que les
gas ont dépofée. Je paffe ici fur Pinvraifemblance' révoltante
que 20223 grains de gas puiffent tenir 20193
grains d’eau , & qu’il n’y eut. dans ces gas que 30
grains ou un 674e. d’autre fubftance ; car je. n’imagine
pas que l’on puiffe révoquer en doute que les gas
qui ont été recueillis‘ dans la même forme de gas
n’aient remporté une portion d’eau au moins égale à
, celle dont ils n’a voient pu être dépouillés avant l’opération.
J’admettrai encore que les 2831 grains de
gas non confooemés dans l’opération étoient entièrement
du gas azoté, quoiqu’il ait été conftaté qu’il y
avoit 0^24 de gas acide carbonique & d’air vital.
Je me borne à demander compte des matériaux des
3 27 grains d’acide nitreux que Pon prétend avoir été
brûlé (1 ); de telle nature que. Pon veuille les fup-
pofer, il faut bien les retrouver quelque part : fe-
roit-ce dans la portion qui eft recueillie en état de
fluide aériforme ? cela n’eff pas propofable; car le
poids de cette portion ayant été retranché une fois
des ingrvédiens ou des matières premières de l’opération,
il feroit contre le Bon fens de le faire. fervir
en même temps à repréfenter le-poids du produit,
ou dés débris de ce produit de nouveau réfous en
fes élémens, ou même d’une partie quelconque de
ces élémens. Hors de là cependant que refte-t-il ?
de Peau. On eft donc toujours ramené à l’aveu de
ce fait important ; qu’il ne r,efte enfin que de Peau
■ au lieu de la fubftance grave des fluides aériformes
•qui ont difparu, que cette fubftance ait ou non paffé
par l’état intermédiaire d’acide nitrique.
Ainfl cet argument contre la compofition de Peau,
annoncé fl pompeufement, n’e ft, pour trancher le
rnot, qu’un double emploi manifefte dont il fuflit de
purger le compte pour rétablir la preuve dans toute
fa force. Je m’en tiendrai à cet exemple qui fera
affez çonnoître jufqu’où peut égarer la prévention , fl
elle ne fe redreffe pas d’elle - même par un calcul
aufli Ample.
VI. Si Pon a droit d’affirmer qu’un corps eft com-
pofé des élémens dans lefquels il fe réfout, il n’y a
rien à oppofer à la théorie que j’ai donnée de la
formation de l’acide nitrique par l’union de Pair vital à Paçote. Ici les moyens d’analyfe font fl multipliés j
que je ne ferai embarraffé que du choix.
On porte dans l’àcide nitrique du phofphore, du
foufre , du carbone, un métal, du fucre, &c. ces
fubftances lui enlèvent une portion d’oxigèné, & il
fe dégage du gas nitreux , avec lequel on reproduit
l’acide, en lui rendant de Pair vital ou même iiidivkluellement
Poxigène qu’il avoit cédé, après qu’oit
L’a féparé de fa nouvelle combinaifon. C ’eft en traitant
de cette manière l’acide nitrique & le mercure,
que M. Lavoifier a démontré les proportions de
gas nitreux & d’air vital qui conftituoient cet acide
(Acad. roy. des Sc. ann. 1782). Tant que Pon n’a
point connu fon vrai radical primitif, il pou voit
refter quelque incertitude fur ce qui fe paffoit dans
Pune ou l’autre de ces opérations fucceffives, parce
qu’il y avoit toujours un déficit de gas nitreux, ou ,
ce qui eft la même chofe,»de Pair vital en excès;
& qu’ainfl Pon ne pouvoit remettre en femble tous
les matériaux qu’on avoit défunis : mais oh fait pré-
fentemént que cela n’a lieu qu’autant qu’une partie
du gas nitreux eft elle-même décompofée ; on en a
la preuve & la mefure par la quantité d’azote qui
fe montre en état de gas ; cette décompofition met
en même temps une nouvelle portion d’oxigène en
liberté : il n’eft plus furprenant qu’il fe trouve de
Pair vital par furabondance.
Les principes conftituans du gas nitreux fe découvrent
plus complètement par la détonnation du nitre
avec -les métaux & fur-tout avec le charbon. M. Lavoifier
a enfermé dans un tube de cuivre un mélange
de 864,592. grains cle nitre 8c 114 ,9 4 grains de
charbon réduits en poudre très-fine ; 8c après l’avoit
allumé, il a plongé, le tube, l’ouverture renverfée,
fous un récipient rempli d’eau : le charbon s’eft con-
fumé, le nitre a été décompofé, Poxigène de fon
acide a paffé au charbon , 80 le radical de cet acide
a reparu fous la forme de gas azote, occupant un
éfpace de 161,532 pouces cubes, pefant 72 ,9 56
grains. «D’où M. Lavoifier a très-judicieufement in-
» féré, même avant la découverte de M. Cavendish,
» que l’acide nitreux contenoit environ un 5e. de fon
» poids d’air phlogiftiqué.» C ’eft le jugement qu’en
porte M. Kirwan ( Effai fur le phlogiflique, feft. 4 ) .
M. Berthollet a fait voir que lorfqu’on mêloit feulement
une partie de foufre à quatre parties de nitre,,
la décompofition de fon acide s’opéroit fans déton-
nation , 8c qu’il fe dégageoit du gas nitreux. Le
foufre y eft-il en quantité fuffifante ? le gas nitreux ,
o u c om m e le. dit encose M.. Kirwan, la bafeni-
treufe elle-même fe° décompofé, 6* alors on ne trouve
prefque. pas de gas nitreux, mais feulement de l ’air
phlogiftiqué & dû gas fulfurèux.
Lorfqu’on décompofé le nitre par la diftlllation ,
on n’obtient prefque que de Pair vital : demandera-
t-on ce que devient le radical de fon acide ? les
expériences de MM. Cavendish 8c Berthollet nous
le montrent dans le réfidu , qui eft un fel avec excès
de gas nitreux ; qui, à caufe de la préfence de ce gas
8c de fon a&ion fur Poxigène de; l’argent, précipite
ce métal, même dans une diffolution où l’acide ni-
Ço(61 )g rJaei nfsu isd ’aiccii dle’é',v aplouuatri olne sd e9 9B2e'grrgaminasn ,d eb ineintr ep lquus e fol’iobnl-e aquuroei t coebllteesn usd ed eM pMlu.s dVa/nesn, zlee l fy&ft êLmave odifeie rl ’o, bjqeuftii odno. nEnenr opireent
n4a6n4t gproauinrs .b.da’faeir , levsi tael xpériences de M. Berthollet 952 grains de nitre peuvent donner 92S pouces cubes, ou environ feul & fyivant les proportions indiquées par M. Kirwan.,lui-même , 100 grains de nitre.fourniffent au moins 32 grains d’air déphlogiftiqué. £j/ai fur le P'klog. édit, fr, pag, ioj,
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