
crits , puîfqu’elles font : : 472 : 528 : 7 1 0 , & que
l ’on retrouve à-peu-près la même gradation dans
leurs difpofitions à paffer à l'état réfineux.
Mais j’avoue qu’il refte toujours une difficulté ;
c ’eft de favôir pourquoi cette altération fubfifte
après la réparation de l’acide. 11 ne fuffit pas de
dire que cet état'réfulte d’une modification particulière
, la Chymie exaéle ne reçoit plus de telles
explications , qui, fi elles ne font tout-à-fait vuides
de fens , fupp'ôfent au moins , contre'toute vrai-■
femblance, que les affinités^peuvent changer, les
matières reliant les. mêmes. 11 faut donc que l’huile
ait acquis ou perdu, dans ces opérations, quelque
autre fubflance , dont la préfence ou la privation
l'empêché acluellemenc d’exercer l’affinité
qu’elle a voit précédemment pour prendre & pour
retenir la même' dofede calorifique. Seroit-ce une
portion de Yacide muriatique lui-même qui lui fe-
roit unie comme l’alkali dans le fàvon ? Si cela étoit,
ïl femble que l’on devroit auffi reftituer à l’huile
fa première fluidité , en lui enlevant cet acide par
les alkaîis : or , nous avons vu que l’huile de thé—
rébentine traitée feulement avec l’acide muriatique
fumant, ordinaire , & féparée par l’aîkali, étoit déjà
plus épaille , quoique furnageant encore la liqueur
en forme de globules.
C ’eft ce qui me porte à penfer que- l’acide agit
•plutôt par fon principe acidifiant ; qu’il ne fait
que procurer inftantanément , à la faveur de la
diflolution , le même effet que le temps produit fur
les huiles qui s’approchent en vieilliffant de l’état
réfineux ; que c’efi à 1 aéïion bien connue de ce
principe acidifiant furie phlogiftique que font dues
les vapeurs qui s’élèvent dans le mélange , & la décoloration
qui fuccède à çètté effervefceia'ce* ; enfin
que fi Yacide muriatique ne parôrt pas aVoirfubi aucun
changement ,- cela vient de la facilité avec laquelle
fa bafe acidifiable reprend d'ans Fair ambiant le
principe acidifiant qui s’en eft féparé au moment
de fa eombinaîfon avec l’huile. Au réfie, je ne
donne pas cette théorie comme démontrée, je la
propofe comme probable, & parée quelle peut
fervir à diriger des expériences utiles à la folutioA
de ce problème.
L ’effet que produit Yacide muriatique fur les
fubffances végétales tient néceffairement à la même
caufe.
§ . De l’atfion de cet acide fur les miafmes putrides.
La propriété que nous avons annoncée de \ acide
muriatique , de prendre la forme gafeufe auffi tôt
qu’on le dégage de fes combinaifons , & fans perdre
fon caractère acide , fans que fon énergie fo-it feulement
diminuée, rend fon ufage précieux pour
définfeéler une maffe d’air chargée de vapeurs
putrides.
Au mois de mars 1775,, l’églife cathédrale de
Dijon fe trouvoit infeélée par des exhumations',
au point que Ton fut obligé de transférer les offices •
dans une autre églife ; on avoit déjà fait unér
confommation très-confidérable, à différentes r«~
prifes, d’aromates, de vinaigre, de nitre , pour
effayer de détruire l’odeur cadavéreufe, & toujours
fans fuccès , lorfque le chapitre me fit demander
fi je ne connoiffois pas de moyen plus efficace.
Je fis réflexion que l’odeur putride ne pouvoit être
’ composée. que de l’alkali volatil qui le dégage en
abondance dans la putréfaction , & de 1 huile animale
acre dont il étoit fouillé, & qui affeétoic
particuliérement l’organe- de l’odorat. Cette huile
étant par elle-même allez pefante , je confidérai
l’alkali volatil comme un oifeau dont les ailes'
trempées dans la liqueur ichoreule élevoient juf-
qu’à nous cette matière fixe , & qu’il n’étoit question
que d’arrêter fon vol pour rendre l’huile fétide
à fon inertie. L ’acide vitriolique ,. dégagé ou
plutôt formé par la combuftion du fouffre , auroic
rempli , à un certain point , cet objet 5 mais il
• s'élève peu , il retombe dès qu’il a perdu, là chaleur
, dès qu’il a faifi la vapeur humide dont il
' s’empare avec beaucoup d’avidité , & il falloit porter
l’agent neutralifanc dans toutes les parties d’un
tiis-vafie vaiffeau , - je propdfai Yacide muriatique.
Je préparai - un bain de cendres dans une chaudière
de fer , fur un grand réchautJe plaçai fur
ce bain une .grande cloche de verre en forme de
capfule • je mis dans cette capfule ffix livres de
fel commun , plutôt un peu humide que defféehé;
je verfai fur le fel deux livres d’acide vitriolique ,
concentré au degré du commerce, & je, me retirai
promptement. A peine étois-je à quatre pas,
la colonne de vapeurs touchoit la vpûte * deux,
heures apres elles fe faifoient fentir à travers le
trou de la ferrure de la porte la plus éloignée.
Lès^portes ayant été tenues fermées pendant environ
douze heures , on les ouvrit toutes pour établir
des courans d’air & -balayer ainfi celui qui
pouvoit être encore chargé d’acide ;mais il n’y avoit
plus aucune trace d’odeur putride. ( Journ, phyf. tcm.
I ,p a g .4} 6.) . 5
L ’année luivante on fit une fécondé epreuve
du même procédé dans les prifons de la même
ville , & qui eut un fuccès encore plus marqué.
Trente-un prifonniers étoient morts en moins de-
trois moisde la maladie peflilentielle appellée fièvre
de prifons : on avoit inutilement effayé de détruire
Fodeur cadavéreufe par le feu , en brûlant de la
paille fous la voûte des cachots , elle étoit infup-
portable j douze heures après F opération , on pouvoir
y coucher fans danger & même fans répugnance;
de ce moment l’épidémie ceffaentièrement. ([Journ.
phyf. tom. I I I , pag. 73..) L ’ eflimable auteur de
cette colleclion a été induit en erreur , îorfqu’il 3
dit que ce procédé fer voit à purifier Y air méphitique
, ou plutôt il n a employé cette expreflion que
dans le fens trop vague qu’on a voulu lui donner
pendant quelque temps pour indiquer tout air nui-
fible.: Je ne fais cette obfervation que parce qu’on
a publié en effet quelques ouvrages fur le méphi*
tïfme dont les auteurs ne paroiffoient pas fentir que
les miafmes alkalefcens n’ont aucun rapport avec
la vraie mofette ou gas acide méphitique, & que .
les premiers principes ne permettoient pas d efpérer
que l’on pût combattre avec fuccès un acide par
un acide.
Les favans qui fe font occupés des moyens de
purifier lés lieux infectés à la fuite des épidémies
& des épizooties , & qui tous ont recommandé ce
procédé, en ont mieux faifi la théorie, & Font
rendue à la vraie deftination, La mention qu’en
ont fait en dernier lieu MM. les Commiflaires de
Facadémie royale des fciences de Pans, dans leur
rapport fur les prifons , m’eft trop honorable pour
la paffer fous filence, & c’eft mettre un nouveau
prix à un confeil falutaire que d’y ajouter des témoignages
capables de décider à le luivre je ne
puis donc mieux terminer cet article, qu’en rapportant
leurs expreffions.
« Une autre précaution , que nous croyons de-
y voir recommander, & gui contribuera plus qu’au-
y cune autre à la falubrité des prifons , eff de les
y définfeéter une fois par an par la méthode em-
y ployée avec fuccès par M. de Morveau ; elle
y conlifte à dégager dans les lieux qu’on fe pro-
y pofe de purifier une grande quantité d’acide
y marin dans l’état de vapeur........... ». Après la
defeription du procédé, MM. les Commiffaires ajoutent
: <x L ’acide vitriolique , par fon aétion fur le
j> fel marin , en dégage l’acide , & ce dernier s’é-
s> lève fous la forme de vapeurs blanches qui fe
y répandent dans toute la chambre, & en neutra-
« lilent les miafmes putrides : lorfque ces vapeurs
y font paffées, on ouvre la chambre, on la laiffe
y deux ou trois jours fans être habitée, afin que I
» la légère odeur de fel marin qui pourroity refter
» fe diffipe entièrement ; après quoi elle eft par-
» faitement faine & peut être habitée fans danger y.
( Mém. de Vacadèm. îoy. des ficienc. ann. jy 8o , pag.
421.) Acide muriatique déphlogistiqué. La
connoiffance de cet acide & de fes propriétés n’eft
pas la moins importante des nombreufes découvertes
que la Chymie moderne doit à M. Schéele.
Ce n’eft pas en travaillant fur Yacide muriatique lui-
même qu’il commença à foupçonner la poflibilité
de le décompofer, il l’appliquoit alors, comme
inftrument , à l’examen de la manganèfe ; mais un
génie exercé à interroger la nature embrafle de la
même attention tous les effets qui réfultent de fes
opérations ; un changement de couleur devient,
pour le philofophe de Kesping, un trait de lumière
qui le met fur la voie de reconnoître & de
démontrer un nouvel ordre d’affinités de l’un des
plus anciens diffolvans.
•M. Schéele ayant mis dans un matras une once d’acide
muriatique ordinaire,& une demie once de mine
noire de manganèfe pulvérifée , après une heure
de digeftion à froid , la liqueur prit une couleur
brune obfcure, pareille à celle qu’il avoit obfervée
dans toutes les diffolutions de la manganèfe parle s
acides non phlogifiiqués. Mais ayant fait chauffer le
mélange dans un v ai fléau ouvert , il y eut effervescence,
il répandit une odeur d’eau régale , la liqueur
devint blanche en moins d’un quart-d’heure ,
&. fournit une diflolution fans couleur, dont la manganèfe
fut précipitée en blanc par l’alkali ; ce qu’il
n’a voit encore obtenu qu 'avec les acides phlpgifli-
gués 9 ou en portant des matières phlogiftiqués dans
la diflolution. (Mém. de lac ad. roy. de Stockholm
ann. 1,774> P“g- P4-)
Pour. découvrir plus, fûrement ce qui fe paffeie
dans cette opération , ce célèbre Chymifte mit un
pareil mélange d’acide muriatique & de manganèfe
dans une cornue, vau bec de laquelle il lia une
veffie abfolument purgée d’air, & la fit chauffer au
bain de fable ; il y eut de même effervefeenee ,
qui ne ceffa que quand la diflolution fut fatufée:
la veffie fe trouva remplie d’un gas acide qui l’avoit
colorée en jaune, comme fi c’eût été de l ’eau forte,
qui n’avoit aucun des car ad ères de l’acide méphitique
, mais une odeur très-marquée d’eau régale
chaude.
Ce n’étoit point la chaleur qui avoir fourni Je
phlogiftique à la manganèfe, M. Schéele s’en étoit
affuré , puifqu’il avoit de même obtenu une diAblution
limpide, fans le fecours de la chaleur, &
par une fimple digeftion froide de quelques heures
à Fair libre : il jugea donc que la chaux noire de
manganèfe n’avoit pu prendre qu a Facide lui-même
le phlogiftique néeeffaire à fa diflolution parfaite,
& que le gas de la veffie étoit la portion d’acide
qui avoit fouffert cette décompofition. En effayant
le premier jugement par tous les moyens que lui
fuggéroient fes vaftes çonnoiflànces , il eft parvenu
à raffembler tous les faits néceffaires pour compléte
r cette belle théorie; je m’en fervirai pour
faire connoître les propriétés & les affinités de ce
nouvel acide, lorfque j ’aurai indiqué la manière de
l’obtenir.
On décompofe Facide muriatique en le mêlant
Amplement avec Facide nitreux, parce que ce dernier
lui prend fon phlogifiique , en vertu d’une plus
grande affinité,& il en réfulte un véritable acide muriatique
déphlogifiiqué j maisil refte uni à uneporciond’acide
nitreux qui peut influer fur les réfultats de fes
combinaifons , & ce diffolvant compofé étant connu
fous le nom d’eau régale ou Acide regalin , c’eft
f ous ce mot qu’il faut chercher ce qui regarde fa
préparation & fes diffolutions.
La mine de manganèfe en chaux noire eft le
meilleur intermède ci,e cette décompofition pour
recueillir Facide feul.
On met dans une cornue de verre une partie
de cette mine réduite en poudre f u b t i l e& deux
parties d’acide muriatique ordinaire ; on place cette
cornue au bain de fable , de manière que la liqueur
qui s’élève dans le col retombe fans cefle dans le
fond de ce vaiffeau ; on adapte au bec de cette