
les uns des autres, qui ne peuvent être amenés que '
par décoinpofition à l’état d’acide tartareux , & par
plus grande décoinpofition encore à l’état d’acide
faccharin. Cette queftion intéreffe également la
Chymie , les arts & la médecine qui eft le premier
des arts. Il y a grande apparence que dans la plupart
des végétaux ce l’ont en effet des acides aduel-
lement différens ; plnfieurs- des obfervations que
j ’ai rapportées tendent à établir ce fyftême, & le
Do&eur Monro n’héfite pas de l’adopter ; mais tous
les Chymiftes ne conviendront pas que la bafe fur
laquelle il établit fes preuves foit bien folide ,. & il
reconnoît lui-même que la figure des cryftaux des
fels formés du même acide végétal a fouvent varié
trèsffenfiblement par des circonftances dont il eft,
impoftible de fe rendre maître dans de femblables
opérations.
II. La clafle des acides végétaux produits par nouvelle
décompofition de quelques - uns de leurs
principes , nous offre beaucoup moins de variété
que ceux qui y exiftent avant leur altération.
i ° . On ne forme des vinaigres qu’avec les fruits
qui font fufceptibles. de la fermentation vineufe ;
suffi, tous les vinaigres ne diffèrent-ils que par ce
qu’ils retiennent plus ou moins abondamment une
partie extraâive qui ne leur eft point effentielle.
M. Monro a trouvé que le fel formé de jus de
pomme aigri, faturé de foude, reflembloit tellement
à l’acète de foude, qu’on pouvoir en conclure
que cet acide approchoit du vinaigre.
Il faut rapporter ici tous les vinaigres qui fe préparent
avec différens fruits, Veau fûre des amidon-
niers , & l’acide que donne le froment, ou encore
mieux le feigle écrafé & mis en fermentation avec
de l’eau chaude à la chaleur de l’étuve, ainfi qu’on
le pratique en Suède pour l’ufage des manufactures
de fer étamé. ( Rinman, Hijloire du fe r , §. 1 5.) j
. a°. Il n’y a pas plus de variété par rapport à
l’acide faccharin ; de quelque matière qu’on le tire,
( Si il y en a grand nombre d’efpèces différentes,
qui peuvent fervir à fa préparation ) , il ne reçoit
qu’un principe fimple , dernier produit dune apa^
ly fe qui a brifé tous les liens , difperfé tous les élé-
mens du compofé végétal ; ce principe fe combinant
avec l’air acidifiant, ne peut produire qu’un acide
de même nature.
Il ne faut cependant pas conclure de là que toutes
les fois que l’on décompofe une fubftance végétale
par le moyen de l’acide nitreux , il en réfui te toujours
néceffaireuient de l’acide faccharin. L’aéfjon
de l’acrde nitreux fe borne ici comme dans la dé*
compofition des métaux, à trouver une bafe aeidi-
fiable , à la réduire à fon état le plus fimple , à lui
enlever le principe inflammable dont lacombinaifon-
lui donnoit d’autres propriétés, & à lui laiffer en
échange fon air acidifiant ; il eft donc poffible qu’il
trouve auffi dans les végétaux des bafes acidifiables
4$ereQtes de celle qui çonftitue l’acide facçhar
r in, Si pour lors il produira avec elles des acide$
différens. Ce que j’ai dit de l’aélion de l’acide nitreux
fur les huiles , fur l’état réfmeux où il les met, &
la quantité d’air vital qui s’y fixe & qui fe mani-
fefte par l’augmentation de poids ( Voye\ A c id e
n i t r e u x , §. VII.)., femble annoncer qu’en fuivant
ceS expériences , en pourra réellement former des
acides qui, par le caraélère particulier de leurs bafes
acidifiables, nous feront connoîtreles vraies caufes
des propriétés" qui diftinguent ces compofés dans
leur état naturel. Le nouvel acide que M. Kofegar-
ten a retiré du camphre par le même procédé nous
en fournit déjà un exemple ; cet acide n’étant pas
encore affez connu pour faire la matière d’un article
particulier, je dois du moins annoncer ici les
principales expériences qui établiffent fon exiftence
Si fes caractères diftinctirs.
Le camphre eft une fubftance concrète, d’une
odeur forte, très-volatile, très-inflammable , que
l’on -retire par fublimation d’une efpèce de laurier
qui croît à la Chine Si au Japon. J’expoferai fes
propriétés plus en détail, lorfque je traiterai des
huiles effentielles.ayec lefquelles il a la plus grande
analogie. *
Le procédé pour obtenir l’acide du camphre eft
le même que celui que l’on emploie pour retirer
l'acide faccharin, & dont on peut voir la defcrip-
tion ; mais il paroît qu’il exige des déphlogiftications
encore plus multipliées. On annonce que M. Ko-
fegarten a diftillé huit fois, fur le camphre, de l’acide
nitreux déphlogiftiqué. ( Nouv. de la Rèpubliq. des
lettres, ann. 1785, n. 42 & 44, & Journ. P h y f tom,
X X V I I , pag. 278. )
C ’eft ainfi qu’il eft parvenu à en retirer un fel
en cryftaux parallélipipèdes , qui a une faveur
amère, dont la diffolution rougit le firop violât &
rinfufion de tournefol. Les Chymiftes étoient dans
l’opinion que l’acide nitreux n’avoit point d’aétion
fur le camphre ; c’eft ce que dit précifément Legendre
qui crut avoir obtenu fa décompofition
çomplette par l’acide vitriolique concentré, parce
qu’une partie fut réduite en huile qui refta fluide ,
Si l’autre partie en charbon. ( Journ. de Médec. ann,
1.771, tom. 36, page 247. ) Les auteurs des élémens
de Chymie de l’académie de Dijon avoient diftillé
jtifqu’à fept fois la diffolution, du,camphre dans
l’acide nitreux, & ils n’avoient trouvé à la fln dans
la cornue qu’une petite quantité d’une efpèce de
bitume , mais il faut faire attention que l’acide
nitreux n’avoit pas été renouvelle dans ces diftil-
lations, Si c’eft fans doute à cette condition que tient
ladécompofitionprogreffive du camphre ayant qu’il
fe fublime par l’effet de la chaleur.
Suivant M. Kofegarten , cet acide diffère de
l’açide faccharin , én ce qu’il ne précipite pas la
terre calcaire diffoute dans l’acide '«muriatique , &
par la manière dont il fe comporte' avec plufieurs
autres bafes.
Avec la potaffe , il forme un fel qui fe cryftalfife
en héxagones réguliers.
Avec
'Avec la foude , il donne des cryftaux irréguliers.
Avec l’ammoniac, il forme, en partie, des maffes
cryftallines, en partie, des cryftaux en aiguilles Si
en prifmes.
Avec la magnéfie, il forme un fel blanc pulvérulent
qui fe rediffout dans l’eau.
Il diffout le cuivre , le fe r ., le bifmuth, le
zinc , l’arfenic & le cobalt. La diflolution de fer
donne une poudre d’un blanc jaunâtre > qui eft
infoluble.
Avec la manganèfe, il forme des cryftaux dont
les plans font parallèles , Si qui reftembleat en
quelque façon aux bafaltes. |
Si les expériences confirment la qualité propre
Si diftinâive de cet acide , il conviendra de lui
donner une dénomination moins fignificative &
d’où l’on puiffe dériver le nom de genre de ces
fe ls , fuivant nos règles de nomenclature méthodique
; je propoferai en conféquence de l’appeller
acide camphorique , & fes fels des camphorites. Cet
acide n’étant pas tout formé dans le camphre,
n’exiftant au contraire que quand il a reçu le principe
acidifiant d’une autre fubftance, il eft évident
que l’expreffion d’acide du camphre ne peut qu’induire
en erreur. Nous verrons d’ailleurs que ce
principe n’appartient pas exclufivement â une feule
efpèce ; Neuman a tiré de l’huile effentielle de thym.
lin vrai camphre , Si même en affez grande abondance
; d’autres l’ont trouvé dans les huiles de cin-
namomum, de thérébentine , de menthe, de ma fric aire,
de fa jfa fr q s&e. J. F. Cartheufer indique encore
plufieurs plantes‘dont il a été tiré en fubftance ,
ou dans lefquelles il s’annonce par le caraélère de
leur odeur. M.Dehne en a extrait de la coquelourde
( anemone pulfatilla L . ) Les Chymiftes ne négligeront
pas fans doute de vérifier ces obfervations
par le nouveau moyen que leur fournit la découverte
de M. Kofegarten, de reconnoîtreles fubf-
tances véritablement identiques avec le camphre,
S i s’ils trouvent qu’en effet quelques-unes de ces
plantes recèlent une bafe acidifiable de la même
nature, ils fendront encore plus la néceflité d’approprier
à l’acide qui en réfulte une dénomination
dont la valeur foit moins circonfcrite.
J’avois d’abord penfé que l’on devoit mettre au
nombre des acides non naturels, ou altérés par un
autre acide, Vacide citronien concret ou cryflallifé obtenu
en dernier lieu par M. Schéele, en faturant
d’abord cet acide avec la terre calcaire, Si le dégageant
de cette bafe par l’acide vitriolique fans,
diftillation. ( Mém.de Chym.part. 2 9pag. a02. ) Ce
n etoit ni la forme concrète , ni la nature de l’in-
terrnede qui fondoient cette conjeélure; là première
peut n’être que l’effet d’une dépuration plus
exaéle de la partie muqueufe étrangère ; il n’y a
pas de raifon de penfer que l’acide vitriolique exerce
J jï une a&ion plus deftruétive que dans la déco.m-
Çhymie. Tome I,
position du tartre calcaire, après laquelle l ’acide
tartareux fe retrouve bien fûrement tel qu’il étoit
auparavant ; mais M. Schéele a obfervé que l ’acide
citronien cryflallifé n’étoit pas converti en acide
faccharin par l’acide nitreux, ce qui arrivoit à l’acide
citronien extraélif : une différence auffi marquée
me paroiffoit annoncer quelque changement
dans la compofition effentielle ; cependant j’ai compris
que ce pouvoit être la partie gommeufe Sc
favonneufe qui fourniffoitfeul l’acide faccharin. On
verra dans la fuite de cet article ( §. de l’acide
malujien ) que cela eft beaucoup plus vraifembla-
ble; de forte que cette inconvertibilité devient
elle-même le eara&ère diftinéfif de cet acide.
30. Les acides empyreumatiques ou obtenus par
diftillation des végétaux ont dans leur odeur un
caractère commun très-fenfible. On conçoit qu ils
ne doivent pas préfenter autant de variétés que
les acides aéluels, puifqu étant le produit immédiat
d’une même opération Si d’un agent affez puiffant
pour détruire la plus grande partie du compofé végétal,
leur bafe acidifiable doit fe trouver réduite à une
fubftance plus fimple, & l’acide qui en réfulte plus
à nud , ou modifié d’une manière plus uniforme.
Cependant cette probabilité ne doit pas être érigée
en principe, le peu d’obfervarions que nous avons
fur ces acides annonce déjà qu’il peut y en avoir de
caraétères différens, Si même que l’empyreume,
qui n’eft effentiellement dû qu’à une portion d’huile
brûlée, peut exifter accidentellement dans des
acides végétaux à qui le feu n’auroit d’ailleurs fait
éprouver aucune autre altération ; le vinaigre dif-
tillé en fournit un exemple qui établit parfaitement
cette différence par comparaifon avec l’acide tartareux
par diftillation. L’acide oxalin réfifte mieux
que l’acide tartareux à la chaleur de la diftillation ,
mais on n’obtient que la portion qui étoit par excès
dans le fel oxalhf, & M. Schéele penfe même que le
peu d’acide que fournit par ce procédé l’oxalte calcaire
eft toujours un peu altéré par le feu. ( Crell,
Chemifch. annal. 178f . part. 2.)
On trouvera dans des articles féparés tout ce qui
concerne ceux de cesacides qui font les plus connus ,
tels que l’acide lignïque , l’acide tartareux par difiliation
, Si Yacide firupeux. Je ferai ici une courte
mention des autres, plutôt pour indiquer les recherches
qui relient à faire ,'que pour déterminer
leurs propriétés qui n’ont pas été fuffifamment examinées.
Le gayac, dont la diftillation fert depuis longtemps
aux Chymiftes à démontrer les produits de
l’analylè par le feu des matières végétales dures
Si inodores, fournit un acide empyreumatique ;
mais, comme le remarque M. Macquer, il s’en
faut bien qu’ils aient pouffé fa reélification (ufqu’où
elle pjçmvoit aller, ce qui fercit intéreffant. M.
Monro a effayé fa combinaifon avec la foude,
Si il a eu un fel neutre en cr y flaire longs Si étroits,