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d’expériences un appareil beaucoup plus fimple &
qui; donne la facilité de les multiplier, de les varier
autant qu’il eft néceffaire.
A d ( f ig . 3 6 -de s -a p p a reils p o u r le s gvz.r).eft une de
ces petites cornues de verre qui fe trouvent communément
chez les Marchands de cryftaux, dont
le bulbe a 14 'ou 15 lignes de diamètre, & dont le
col a de-8 àî 10 pouces de-longueur. On trace avec
une lime un trait circulaire en c qui Je trouve un
peu au deffous de .:1a courbure1, quand la cornue eft
dans une fituation perpendieiilàire, l’orifice en bas.
On réunit à ce vaiffeau'un bocal B , une mefure pu
tube de verre dont la capacité réponde à une partie
connue1! de la-capacité du bulbe de la ;.cormie :juf-
qu’au trait circulaire c Ÿ enfin une ja u g e pu tube de
verre un peu long fur lequel eft collée une bande
-de papier portant des divifions en pouces cubes &
& centièmes de pouce-cube que1 Fon a foin de
recouvrir de vernis gras, pour qu’elle ne foit pas
altérée par l’eau» jSi l’on vpulpit rendre.- cette échelle
plus folide , on pourroit la graver fur le verre même,
par le moyen de F acide fluoriquq. Ces divifions s’exécutent
facilement, quand ori-eft fourni d’avance de
petites inefures'qni tiennent exactement 1 pouce
cube i ~ , |i;: ^ '■ >$£-& même -^--de pouce cube ;
ces mefûres fe -règlent : elles-mêmes par le poids de
l’eau diftilléë qu’elles contiennent, & qui doit être de
•374,1 grains :à la température de 10 -degrés.. Les
autres .fous »- divifions fe tracent an !eompas & ont
toute la jufteffe qu’on petit defirer , -quand on a
ehoift iun tube Bi'enfcylindrique. A défout-de-cornue
de-la Forme que-je viens d]indiquer , ion -la remplace
très-bien par mn ■ tube de verre que lîon foit fermer
d’un bout :'& • courber ià -'la dapipe d ’Eniafileur , de
manière que le tiers de fà longueur, à partir de l’ex-
«trémité fermée ^ repréfente à peu près un quart de
«cercle «qui auroit 3 pouces dp rayon.
Lotfqu’on veut fe fervir de cet appareil, qui n?eft
dan s le fond qû\me'efpèOe; de rioipïent-oef-nu ,'ôn le remplit
entièrement d’eau , &"bn y fait paâêr le-nombre
de mefures d’air,ou ;dega$ néceffaire pour remplir
fa capacité jufqu’au trait circulaire c ; ou, fi l’on ne
veut opérer que (fur Fàir 'commun , comme dans la
combuftion du phofpbore ,• après avoir rempli.d’eau
ce récipient, onia laiffe Goiiler jüfqu’d ce qu’elle foit
■ à la hauteur du trait, ce dont\on fe r-endfacilement
le maître en tenant négligemment le dôlgtfùr l’orifice
, & l’appliquant -exactement dès que Teau eft à;
c e point. Le récipient ainfi fermé eft alors tranfpôrté
«dans le bocal B quê Fon a' rempli d’eau aux trois
quarts ; tandis qffil y eft plongé un peu au deffous
■ de l’eau , on-y introduit un moreeàu de phofphore ,
& remettant aufli-rôt le doigt fur Torificé de fa cor-
flâue'-, on la fort -du bocal ; on la retourne pour- faire
•couler le phofphore, jufqaes^à 'l’-autré ^extrémité; én
remet la cornue dans fa première pofition;on ‘l’incline
doucement de coté.,, pour faire couler toute
l’eau dans le' côl ,'fans que le phofphore la fuiye, 8c
on la replace comme là première fois dans :Ië bocal;
O n remarquera pour-lors que -l’eau fe- tiendra ua
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peu au deffoùs du trait , )ce qui vîetlt eft -partie de
Fefpacë qu’occupe Je phofphore, en partie aufti de
ce que l’air renfermé üi’eft plus preffé que par le
poids de la colonne athmofphériqne , moins le poids
de la colonne d’eaii au deffus .de fon niveau dans le
bocal; mais .'il n’en eft pas moins certain.quela quantité
d’air 1 eft la même qu’aupara-vant.
■ Maintenant, que Ton' porte fous le bulbe de là
cornhe une petite boùgiè;allumée, le phofphore:s’enflammé’bientôt,
des vapeurs 'blanches épaiffes rem-
pliffent la partie fupérieure du vaiffeau ; l’eau baiffe
d’abord (fans Ie col de la cornue à çaufe de la chaleur;
elle remonte enfuite à caufe de la diminution
de l’air; en un mot, on apperçoit les mêmes phénomènes
que dans l’expérience précédente.
Il eft bon d’avertir pour les expériences fuivantes
que. la dilatation éft quelquefois affez confidérable
pour déplacer toute l’eau & pour faire fortir quelques
bulles d’air par l’orifice de la cornue, fur-tout
quand le bulbe eft un peu gros & le col étroit ou
trop court : il n’en faudroit pas davantage pour empêcher
de dofer exaélement & pour rendre dès-lors
l ’expérience inutile. On fe met facilement en garde
contre cet accident , en plaçant à Forifice de la cornue
un bouchon de liège portant un petit tube de
verre courbé, & au deffus du tube un vaiffeau cy lindrique
rempli d’éau ; en mëfurant ce qui s’échappe ,
la quantité qui refte devient connue.
E x p é r i e n c e X I V .
J’ai -allumé Me phofphore dans-un volume d’air
fermé par de l’eau -de chaux récente , au moyen de
-l’appareil précédemment décrit ; c’èft-à-dire, que la-
cornue & le bocal ne-contenoiént que de l’eau de
chaux au lieu d’eau de pluiê. L’inflammation m’a
paru fe foutenir un peu plus long-temps; les vapeurs
étoient plus denfés ; l’eau de-chaux n’a pas été troublée
pendant l’opération ; unê pàr.tie des vapeurs 1-a
traverfée en forme de floconsîjlaftcs tout dé même
que' Feau•' fimple ; ces flocons font défeendus jufqu’au
fond du bocal fans altérer-le moindrement fa limpidité
; l’a-bforption a ;été à peu près la; même , ; puisque
fur 3,104 pouces cubes, il y a eu diminution
de o , 564 ou d un peu plus de i § -pour icoo1; lorf-
qué1 j ’ai agité la cornue en mettant le doigt fur fon
èrifieè , l’eau de chaux -a blanchi de la même manière
que quand on l’agite avec -une liqueur1 contenant
-de Faéîde phofphorique, :& elle à d e ‘trfèun&'èè-
pofé le fel terreux qui s’y eft formé ; enfin quand
:j7ài' rétourné la cornue pour mefurer l’eau qu’elle
contenoit, le gas réfidu n’a point exhalé une au fil
forte odeur pliofphoreufe que dans'les' expériences
précédentes.’
E x fP É R I E N CT X V .
TSFPon rfllume le phofphore dans l’air enfermé par 1«
le nierçuré fous la cloche,1 foit avec ia-lentille, comme
dans l’expérience X I I , foit avec f a bougie, comme
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dans l’expérience X I I I , les vapeurs ne fe réfolvent
plus aufti complètement en gouttes, elles fe.dépofent
en floCons, fur-tout fi le mercure & l’air font très-
fecs; il y a également chaleur, dilatation, puis diminution
du volume d’air renfermé : cette diminution
11’eft guère plus uniforme que dans l’air renfermé par
Feau ; lors même que l’on rend, autant que poflible,
toutes chofes égales, elle varie communément de
0,18 à o,zo,, je l’ai quelquefois obtervé à 0,21 ,
c’eft-à-dire, un peu plus du - cinquième du volume
total. Il arrive fouvent que le refte du phofphore
s’enflamme fpontanément, lorfqu’on retourne les
vaiffeaux & qu’on y laiffe rentrer l’air, quoiqu’on
leur ait donné tout le. temps de fe refroidir complètement.
E x p é r i e n c e X V I .
Tout étant difpofé comme dans l’expérience précédente
, avant d’allumer Je phofphore , j’ai fait paf-
fer.fur le mercure 1 \ pouce cube d’eau diftilléë. Le
phofphore ayant été enflammé comme à l’ordinaire
& les vaiffeaux refroidis-, l’eau s’eft trouvée très-
fènfiblement acide, elle a rougi fortement les couleurs
bleues végétales ; je Fai verfée tout de fuite dans i
lin petit ballon portant fiphon recourbé qui. piongeoit
dans un flacon rempli d’eau de chaux; j’ai pouffé, la
diftillation jufqu’à ce que l’afçenfion de la liqueur du
flacon dans le fiphon m’ait obligé de l’arrêter, &
1-eau de chaux n’a pas été le moindrement troublée.
E x p é r i e n c e X V I I .
L’air diminué dans plufieurs de . ces opérations a
été tranfvafé pour le féparer de toute la portion
de phofphore qui n’avoit pas été brûlée, il a.été en-
fuite introduit dans le tube eudioméfrique ou cylindre
portant une échelle divifée en centièmes de mefure;
& après avoir pris le nombre des divifions
qu’il occupoit, j’y ai fait paffer une mefure connue
de nouvel air : il eft quelquefois arrivé que ce mélange
a occafionné de légères vapeurs blanches ;. lors
même qu’il n’en paroiffoit point, j’ai toujours trouvé,
au bout de quelques heures, une nouvelle diminution
, depuis 7 jufqu’à 13 & 14 degrés de l’échelle;
ç’eft-à-dire, de 4 ,4 6 pour 100 du mélange,& par
conféquent 1,63 pour 100 du gas réfidu. Ges effets
ont été plus marqués & plus uniformes lorfqu’au
lieu d’air commun j’employois l’air vital ou la portion
pure de l’air commun qui fert à la combuftion.
E x p é r i e n c e X V I I I .
Que l’ôn mette dans une petite cornue ou dans
un ballon portant fiphon recourbé environ 36 grains
de phofphore & çoo grains de potaffe liquide (dont
la denfité foit à peu près 1 ,4 3 ) ou pareille quantité
de lait de chaux ; que l ’on chauffe ces vaiffeaux par
un feu de lampe ou autrement, après avoir engagé
te fiphon fous un yécipient rempli d’eau-: on recueillera
fur fô fin un fluide aériforme qui s’enflamme.fuÂ
I R 707 bitement de», qu’il a le. contaél de Falr. J?ai fait paffer
fous un .récipient rempli d’eau 2.1 pouces cubiques
de ce gas , & j’y ai enfuite introduit par partie?
( pour éviter une expiofïon trop confidérable ) .3 pouces
cubiques d’air commun; la dernière portion n?a
produit aucune, inflammation; l’abforption, même
après le refroidiffèmént,. etoit à peine fenfible ; lç
gas réfidu tranfvafé dan? une bouteille s’eft allumé à
l’approche d’une bougie & a brûlé- comme le gas hy drogène
ordinaire, excepté, que la flamme étoit blan^
che & qu’elle a laiffe dans la bouteille une vapeur
[blanche, épaiffe; le même gas mêlé avec partie
: égale d’air commun a fortement détonné à l’approche
de la bougie allumée, & cependant a laiffé la bouteille
remplie de Vapeurs blanches & qui avoient
l’odeur de phofphore.
Une autre-foi»,j’ai fait paflêr 4 ,8 7 pouces cubes
: du même gas dans le récipient armé dé conducteurs
; èle&riques (c’eft l’eudiomètre de M. Volta dont on
trouvera bientôt ladèfcription). J’y ai. introduit peu
à peu une mefure d’air commun, contenant 1,625
pouce cube, l’inflammation a été très-vive dans, le
commencement, les. dernières portions ne fe font pas
allumées; la diminution n’étoit alors que de 0 ,135
pouce cube ou d’ un peu plus du 48e. du volume total.
J’y ai introduit de nouveau une mefure de gas
bien éprouvé , dans la vue de diminuer le reftantde
l’air ,, il ne s’eft pas enflammé. J’y ai fait paffer enfin
une mefure de nouvel air , je n’ai pas apperçu le
moindre figne de combuftion & cependant l’eau eft
remontée infenfiblement ; de manière qu’au bout d’une
demi-heure l’abforption étoit de 0,305 pouce cube
ou environ le 3 Ie. de la totalité du mélange; j ’ai approché
l’appareil d’un conduéteur éleârifé , il y a eu
inflammation comme: avec le gas hydrogène & l’air
commun,. qui a produit une nouvelle diminution de
0,54 pouce cube, ou d’un peu plus du 17e. du vo^
lume reftant.
Au lieu d’enflammer par l’étincelle éleârique le
gas réfidu d’une femblable expérience, où ni le gas
phofphoreux, ni l’air nouveau ne pouvoient ranimer
la combuftion, j’en pris une mefure que je mêlât
avec une pareille quantité de gas nitreux, le tube
fut fur-le-champ rempli de vapeurs blanches, & il
y eut diminution de, 0,23 du volume du mélange;
ce qu’on ne peut attribuer à l’aélion du gas nitreux
fur le phofphore ; car il eft certain que le phofphore
fe fublime tfans s’allumer dans ce gas. V o y e ç g a s
n it r e u x .
Remarques. J’ai cherché à raffembler dans les fept
expériences qui précèdent tous les phénomènes que
préfente la combuftion du phofphore ou fon aélion
fur l’air, comme étant celui de tous les combuftibles
qui, à raifon de fa grande inflammabilité , de la chanteur
qu’il produit & même du réfidu qu’il laiffe,
femble donner plus de prifë à l’ôbfervation pour découvrir
tes caufes de ces changemens.
Le phofphore. brûle même à la température moyenne
de noi climats ; oivfakque pour le convertir en acide,
V y y y ij