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tiers , au lieu que fuivant M.. Achard l’operation
n’exigeoit que dix femaines. ' j
Cette expérience fut répétée dans le même temps
par plufieurs autres phyficiens à Paris ; & à P ijoit,
par M, Tartelin, au laboratoire de l’académie, &
toujours fans fuccès.
Dans ces circonftances , il eft fage fans^ doute
de fufpendre fou jugement jufqu à ce que 1 auteur
qui paroît avoir obfervé plus d’une fois ce phénomène
, foit parvenu à déterminer les vraies circonstances
qui le produifent , de forte que tous les
Çhymiftes puiffent le réalifer fous leurs yeux. Cependant
je crois pouvoir présenter quelques obfer-
▼ ations à l’appui de l’étiologie qui a conduit 1 académicien
de Berlin. , .
Je ne dirai pas avec lui que les pierres precieules
étant indiffolubles , il faut abfolument que le dif-
folvant abandonne la fubftance diffoute dans 1 mitant
où la cryftallifation fe forme ; cette fuppoûtion
eft contraire aux vraies principes des diflolutions,
fuivant lefquels une portion du diffolvant , quel
qu’il foit, refte néceffairement avec le corps dif-
fous. ( Voye{ DISSOLUTION, ) Audi l’illuftre Bergman
, après avoir propofé la queftion fi le calce
entre pur ou méphitifé dans les gemmes, incline a
penfer que le calce y ejl réellement en état de facturation
par le gas méphitique , d’autant plus qu il a
trouvé dans fes analyfes une perte qu’il ne pou-
voit attribuer qu’à fa volatilifation , ( QP§f:
pag, 103 , édit. franç, Les gemmes étant indiffolu-
i>les , quand elles ont une fois paffé à l’état concret
, M. Achard a penfé que l’on devoit fuppofer
que tout le diffolvant s’en étoit fépare ; mais cette
tsonféquence ne me paroît pas fondée -, il y a^ une
foule d’exemples que je pourrais citer de Imdiflo-
lubilité d’un compofé par 1 une des fubftances dii-
folvaqtes qui entrent dans fa compofition, je m arrêterai
à un.feul dont l’analogie eft frappante : on
fait que le fpat calcaire tient une portion d’eau
affez ponfidérable , & cependant il eft infoluble dans
l’eau , même à la faveur de Yaçidè méphitique,
eft de même un de fes principes, L ’indiffolubilité
vient donc du défaut de proportions , comme celle
de l’alliage'd’or 8c d’argent dans l’acide nitreu?,
quoique toys les points de 1 alliage préfentent cerr
tainement une portion qyelconque de métal foluble
dans cet acide. Audi ne peut-on douter que quand
on aura trouvé le vrai diffolvant des gemmes , il
Servira non-feulement à les compofer ,en agiffant ;
fur leprs divers matériaux, mais il agira e.ncore fur
ces corps tout formés, 8c aura la propriété de les
remettre au .même point de diffolution où ils ont
été dans l’origine & avant tpute cryflallifatjon.
: L ’autre partie de la théprie de M. Achard porte
fur des baies plus folides,
; Les naturalises font bien convaincus aujourd hui
À C I
que les cryftaux de roche 8c le quartz cryftaîlifé
le forment par la voie humide il n y a pas de collection
où l’on ne voie de ces cryftaux enfermés
dans lefehifte , dans le fpat pefant, pofés fur le fpat
fluor , 8c même quelquefois placés 8c comme mou-
lés fur la mine de fer fpatique , toutes madères qui
excluent abfolumeut l’idée de la production par le
i feu ; on peut tirer la même induCtion de 1 état dans
lequel on trouve dans ces cryftaux du fchorl, de
l’amiante, du fpat pefant, de la pyrite d antimoine,
&c. ; ils ont néceifairement été en état de diffolution
avant de fe cryftallifer , ils ont donc eu pou s
diffolvant un fluide aqueux.
Ayant eu occaficn d’obferver,(ur les lieux memes,
des rognons de filex dans des maffes de craie , dans
des bancs de falaife de plufieurs lieues, des filons
de quartz perpendiculaires rempliffant des fiffures
de granjt fims lui être adhérens, & fur-tout des
cryftaux fendillés , cariés , rouilles & vifiblement
attaqués par quelque autre eaufequele frottement;
je ne pus m’empêcher de commencer a foupçonner
qu’il y avoit réellement un fluide qui tràvailloit
continuellement cette matière, qui la portoit plus
ou moins pure, plus ou moins alliée a travers les
fubftances plus poreufes dans les fiffures , les géodes
8c les fours à cryftaux | qui ne font que de grande»
géodes ) , où l’évaporation infiniment lente d’une
portion furabondante du diffolvant lui donnoit ènfini
la forme cryftalline déterminée par la. forme génératrice
de fes élémens , abfolument comme fe
forment, mais dans un temps plus court, les fia-
la&i tes calcaires dans les grottes , 8c meme fous les
yoûtes non couvertes. -
En confidérant après cela la nature des fubftances .
qui environnent cette production, fur-tout les
maffes de craie, les falaifes des côtes'de la mer,
& même des carrières de pierre calcaire, telle que
celle qui a été obfervée en dernier lieu à Champi-
gny par M. Monnet. ( Journ. phyf tom. zf. pag. 931 )
Il eft difficile de fe refufer à la préfpmption , que
ç’eft Yqcide méphitique, ou du môjns 1 eau méphi-
tifée qui a été le principal agent de ces diffolutions ,
puifqu’il eft impoflible d’indiquer aucun autre fluide ,
à portée des lieux où elles s opèrent, ni meme a
un grand éloignement, & que le quartz qui en fiùt
la bafe étoit précédemment diffeminé dans ces
maffes.
Je dis le principal agent, 8c non le diffolvant y
parce que l’eâu méphjtifée n’a en effet aucune
aClion fur l.e quartz , 8c que la faine Chymie ne
permet pas d’admettre dans les forces de la nature
une diftinCtion purement relative au lieu ou elle
opère , comme fi, toutes .chofes d’ailleurs égales ,
les affinités pouyoient être différentes dans les cavités
fouterraines 8c dans nos laboratoires ( i ) ; mais
il faut convenir auffi que la Chymie eft bien peu
( 1 ) M Bergman dit à la vérité' que l’ eau qui n’ attaque en aucune façon le filez dans B B m M B * * IfÆffiJBTr
p l i s « X » , à G e if t» . « Muude, & que cette eau qui « U - de plus de sçm pieds de ïauteut f u t ^
A CI
tan cé e dans la connoiffance des diffôîvans compo-
fés ; or je lie fais aucun doute que celui que nous
cherchons ici ne foit réellement de cette nature.
C ’eft un fait qui me paroît établi fur la compofition
des gemmes ; ces pierres ont été analyfées par
MM. Bergman 8c Achard , par des procédés diffé-
rens ; leurs réfultats , comme on devoit s’y attendre,
ont un peu varié pour les proportions , mais ils en
ont l’un 8c l’autre extrait les mêmes principes ,
c ’eft-à-dire beaucoup d’alumine, beaucoup de quartz,
un peu de terre calcaire, 8c un peu de terre
.martiale.
Il eft bien connu que Y acide méphitique agit fur
trois de ces principes ; mais quand il eft uni avec
les uns ou les autres, ou même avec plufieurs ,
n’acquiert-il pas , comme diffolvant compofé, des
propriétés nouvelles , des affinités différentes, &
peut être la force d’attaquer le quartz l Voilà la
queftion que je me fuis faite 8c que je ne crains
pas de répéter ici. Il y a déjà quelques exemples
en Chymie d’une vertu diffoivante produite par la
réunion de deux fubftances par elles-mêmes irnpuif-
fantes. L ’acide nitreux ne touche pas à la platine ,
l’alkali encore moins, 8c le nitre lui enlève le principe
raérallifant. Le fouffre, ni l ’alkali féparés ne
peuvent rien fur l ’or 8c l’hépar le diffout. C ’en eft
affez pour nous avertir de ne pas juger toujours
fur des analogies qui nous ont fi fouvenr trompé.
Les plus petits faits donnent quelquefois de
grandes inftru&ions au philofophe qui fait les envi
fager fous de nouveaux rapports ; cette confidé-
ration me détermine à rappeller ici l’adhérence de
la chaux avec le quartz dans les mortiers , l’adhérence
opiniâtre des taches que laiffe l’eau de chaux
fur le cryftal, fur le verre qui eft formé en grande
partie de quartz ; 8c qu’eft-ce que cette adhérence l
finon l’effet d’une attra&ion qui approche de l’at-
traélion d’affinité. Voyet^ ADHÉSION.
Je rappellerai encore une obfervation tout auffi
familière, c’eft l’exiftence du quartz dans l’eau ; il
y a des eaux qui incruftent les vaiffeaux domefti-
ques, la croûte qu’elles y laiffent tien t, fuivant
M. Bergman , ■ £— de parties quartzeufes , 8c cet
illuftre Chymifte affure avoir trouvé jufqu’àun grain
depouffière de filex dans une kanne ( ou deux pintes
trois quarts de Paris ) d’une eau de puits. ( Opufc.
içm, 1, pag. i j 3 y édit, franç. ) Il eft poffible fans
doute que des molécules très-fubtiles reftent quelque
temps fufpendues dans l’eau, après y avoir été
portées par l’agitation ; mais qu’elles perfiftent dans
ïe repos , qu’elles ne foient pas même féparées par
Je filtre, ( car l’auteur ne nous laiffe pas dans le
ffoute fur cette circonftance) je ne puis croire avec
A G I l o j
lui que ce ne foie là qu’une fufpeniion méchanique
prolongée par la réfiftance des frottemens )8c quand
fon analyfe me découvre dans les mêmes eaux le
méphite calcaire très-abondant, je me fer-s porté
à conclure qu’il y a affinité.
Il nous refte cependant un argument plus puif-
fant & fi direél , qu’on eft prefque étonné que l’on
n’ajt pas penfé plutôt à en faire l’application. La
terre calcaire diffout les quartz par la voie sèche ,
ou pour mieux dire , ces deux fubftances fe dif-
folvent réciproquement • il y a donc affinité entre
elles. On peut d’autant moins en. douter que la
chaleur feule eft par elle-même inefficace. La con-
féquence de l’affinité par la voie sèche a 1 affinité
par la voie humide , eft fondée fur une analogie
confiante; cette analogie fe retrouve dans des opérations
fur le quartz- qui touchent de bien près au
thème de la queftion ; l ’alkali fixe diffout auffi cette
terre à l’aide de la chaleur , il la tient en diffolution.
parla voie humide dans la liqueur des cailloux ; je ne
vois pas pourquoi le calce n’auroit d’aélion que quand
la condition de la fluidité feroit remplie par le feu
aéluel ; 8c peut-être que fi l’eau de chaux pouvoit
être un peu plus concentrée , elle pourroit auffi
faire une liqueur des cailloux, 8c retenir le quartz
diffous de même que l’alkali.
C ’eft après avoir long - temps pefé toutes ces
circonftances 8c envifagé tous leurs rapports, que
malgré le peu de fuccès des tentatives multipliées
pour répéter l’expérience de M. Achard, j y ai repris
affez de confiance pour entreprendre de la faire
réuffir avec de légers cbangemens dans les préparations
, conféquens à la théorie un j)eu differente
que j’en avois conçue , 8c qui vont etre décrits.
J ’ai chargé , autant qu’il m’a ete poffible, de gas
acide méphitique de l’eau de pluie bien filtree , j ai
pris pour cela un jour où ïe thermomètre étoit feulement
à trois dégrés au - deffus de zéro. Ayant
d’autre part préparé de l’eau de chaux , auffi avec
de l’eau de pluie , j’en ai fait le mélange en tatant
les proportions , jufquà ce que la liqueur devenue
limpide, contînt tout le calce méphitifé quelle pouvoit
tenir en diffolution. Cette liqueur a été mife
tout de fuite dans un flacon , avec fept fragmens de
cryftal de roche bien nets , d’une caffure récente ,
8c exactement pefés. Ce flacon bouché Amplement
avec du liège , mais recouvert d’une veflïe ficelée ,
a été marqué A 8c placé renverfé fur fon bouchon
dans un lieu tranquille, ^ >5 , . ■
Dans un flacon pareil marque B ^ j aïs mis^ dé
l’eau faturée au même point de gas (icide méphitique
8c de calce méphitifé, j’ai mis fix fragmens de même
cryftal 8c quatre gros d’alumine ou terre alumineufe
neuf de diamètre , dépofe tous les jours une quantité de matière quartzeufe , qui produifit a n . ,
Mais le favant profefleur d'Upfal a bien fenti que cette nouvelle affinité ne pouvoit etre termin q 1 cv aj eur
ftnee d*une autre matière qui. augmentât la force diffolvante de l’eau ; il fuppofe que c e a * , Hivefteuï
qu’il eft difficile en effet d’accumuler au meme point dans nos laboratoires , à moins au on u y PP q S 4e Papin , comme il le confeille pour vérifier cçnjefiute. ( O p u f c . t om . 3 t d ijje r t . 3 1 .» s* A i t
Çhyvùe, Tom» I.