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fouvent en défaut, & il . en donne pour preuve
<jue, fi on faitjbouillir du bleu de Pruffe & .de là
craie en poudre, il fe forme du pruffitè de chaux,
quoique la craie (bit infoluble dans L’eau ( Cnil,
Journal, 6>c. part. 4 , pag. 79 )■ Quelque, confiance
que j’aie en l’exaflitude li .connue de ce Chyniilie ,
j ’avouerai que j’ai été porté à foupçonner qu’il avoit.
pu être trompé, ou par la craie qui recèle allez ■
fouvent un peu de mtiriate calcaire, ou par le bleu ■
de Pruffe même , d’où j’ai quelquefois retire, par :
fimple lixiviation , une vraie liqueur d’épreuve,,
quand il- n’avoit pas été édulcore avec foin, J ai
donc répété çette expérience, ayant, la précaution
de faire bouillir d’abord de -1 eau diftillee , & lut la
craie & furile'bleuffiePruffe le réfultat a pleinement
confirmé ce que Schèele avoit obfervé. Au
re fie , on ne doit-rien conclure de ce fait contre la';
lo i renfermée dans les expreflions que nous lui avons
données, .puifque dans cette opération il faut toujours
faire intervenir l’eau., même aidée de la, chaleur
de l’ébullition. On peut conjeélurer que ces
deux fubftances que nous réputons infolubles dans
l ’eau , parce qu’elles n’y laiffent pas des traces bien
fenfibles de leur préfencç,. s’y diflblvent néanmoins
: en très-petite quantité y & il eft aife de concevoir
que la diffolution une fois commencée, la portion
diffoute paffant bientôt à une autre combinaifon,
par fon aélion fur l’autre corps concret, l’eau doit
reprendre une portion nouvelle du premier, ^ &
produire ainft fuccefiivement le même réfultat d’affinités
que fi l’une des fubftances eut ete^ portée
--toute entière dans.liétat fluide* Ajoutons quil nefi
pas impoffible encore que deux fubftances àbfolu-
ment infolubles dans l ’eau lotfqu’elles font féparées,
venant à fe rencontrer dans ce fluide, y éprouvent
un commencement de diffolution a la faveur des
affinités mêmes qui tendent a les reunir en un
compofé.foluble, Je m’attends bien que cette poffi-
■ bilité fera conteftée par le plus grand nombre des
■ Chymiftes, imbus, des anciennes maximes , majs
ils avoueront du moins qu’un phénomène .de cette
importance, qui.ouvrirait une branche nouvelle à
, l ’induftriè des combinaifons, mérite bien que l’on
. avertiftè d’en rechercher les preuves, & c’eft tout
c e que je me propofe. Aurait-on cru que la foible
aélion de la matière colorante de la violette , pût
influer fur la fblubilité d’un fej ? Nous avons vu
cependant dans, la précédente Seélion , que l’oxalfe
de chaux, infoluble par lui-même dans l’eap ( même
b l’aide du fijcre ) , verdifloit le firop violât par la
feule digeûîon à froid, J’ai vérifié qu’on occafionnoit
' une femblable altération au firop de violette , en
broyant avec lui la craie,, la crème de chaux, &
même le fpat pefant, qq’il feudra, par cônféquent,
placer au nombre des fels, avec excès de. bafe , &
qui formeront probablement une claffe très-confidé-
■ table. Çes obfervations nous mettent fur la voie de
aenteiîstde nouvelles applications utiles de, ce réaélif.
A C T IF .
• ■ Mr Beddoes, .datas fes Notes fur la Table des
A FF
affinités doubles, de Bergman {pag. 3 7 ) , rapporte
line expérience qui femble encore prouver que la
foliibilité peut être déterminée par la pliis foiblè
affinité. Ce Savant a tenu en digéftion au pruffitè
de potaffe en liqueur fur du vitriol de plomb pul-
vérifé ; la liqueur décantée, ii a édulcoré le féfidu
& a verfé deffius de l’acide, acéteux ^ cet acide s’eft
chargé d’une portion de plomb, püilqii’après avoir
été filtré , il a donne un précipité blanc par Tad*
dition de l’acide vitriolique, ou de l’acide muriatique
; le vitriol de plomb avoit .donc été décompofé
par la liqueur prumqne. M. Beddoes n’a pas réuffi
à décompofer de la même manière le fpat pefant,
& cela doit paraître d’autant plus furprenant, qu’il
a; été bien vérifié, en dernier lieu , par lés expériences
de M. Stouth ( CrelL, Annalen 1787, part. 1,
pag. 104 ) , que le barote étoit précipité defesdiffo-
lutions par le pruffitè de potaffie. Il eft bon d’obfer-
ver cependant que M. Beddoes ne dit pas* avoir
employé la 1 trituration', comme j e ' l ’ai fait pour le
firop de violette. Au refte, quand .cette manipulation
ne produirait rien dans le cas particulier -, la
raifbn probable de la . différence fe préfènte naturellement
à l’efprit de ceux »'qui lavent que là déCoiri-
pofition des pruffites exige le concours de plufieurs
affinités , 8c qu’ainfi l’état dê furfatiiration de l’acide
dans le fpat pefant, peut laiffer la prépondérance
aux affinités quiefeentes.
I I e. l o i .
Vaffinité ri a lieu qu’entre les plus petites molécults
intégrantes des corps ; c’eft. une deâloix les plus, généralement
adoptées, 8c elle n?exige pas de grandes
explications., après ce que nous avons dit dans le
commencement de cet article , pour établir la différence
entre l’attraéfion des maffies fur les mafles,
8c l’attraéfion que les molécules exercent- les unes
fur les autres, qui eft proprement l’affinité.’
Il faut obferver que cette loi convient àuffi-bien
à l’affinité d’aggrégation', qu’à l’affinité de compofi-
tion ; car deux globules d’un même fluide ne s’attirent
pas feulement au contaéf d’un de leurs points,
ii fe forme une nouvelle malle de toutes les molécules
intégrantes , refpe&ivement attirées l’une par
l’autre. La force eft donc abfolument la même que
dans l’affinité* de compofition, elle s’exerce feulement
fïir un fujet de nature femblable , au lieu
que l’affinité dé compofition ïuppofe deux fujèts
différens.
Spielman a dit que les corps dijjous ne s’uniffioient
aux menflrues quautant qiiils étoient réfous en leurs
èlémens. A prendre cette proposition à la lettre, il
s’enTuivroit > par exemple, qu’un fel neutre ne
pourroit s’unir à l’eau qu’après avoir été réduit-en
fes parties conftitiiantes, ce qui n’eft nullemênt
; exaâ ; on v o it, au contraire , três-clairéftient, que
c’eft l’affinité du compofé, & non pas celle de^ fes
parties compofantes, qui produit l’union. Pour éviter,
à cet égard, toute confufion, j’ai fpéeifié dans
A F F
tette loi les plus petites molécules intégra rites : on conçoit
dès-lors qu’elles peuvent être, ou fimples, fi
les corps font fimples, ou compofées, fi les corps
font coinpofés ; mais que , dans le dernier cas, elles
font fuppofées n’éprouver aucune décompofition ;
autrement elles cefferoient d’être parties intégrantes
du compofé.
Cette diftinélion devient encore plus importante
depuis que j’ai fait voir qu’il y avoit des fels qui
fe formoient avec excès de bafe, même dans.excès
de leur acide ; car il eft évident qu’ici ce font les
molécules du fel déjà faturé, 8c non les molécules
de fes élémens, qui exercent leur affinité fur une
portion de bafe..
De là il fuit que , dans le, fens ftriéi & littéral, il
n’y a point d’affinité entre plufieurs corps ; ainfi,
dans l’alliage de plufieurs métaux, le dernier qu’on
ajoute ne le réunit pas à la maffe en vertu de l’affinité
qu’il a avec chacun des métaux qui y exiftent,
ou avec aucun d’eux en particulier , mais, en vertu ,
de fon affinité avec le compofé aéhiel de tous ; autrement
il s'emparerait* des uns , 8c laifferoit les
autres.
I I I e. LOI.
Ces principes nous conduifent à établir pour troi-
fième lo i, que Von ne doit pas conclure de l'affinité
d'une fubjlance - avec une autre , à l'affinité du compofé-
de ces fubflances avec l'une ou l'autre par excès;
Pour fonder- cette lo i, il fuffira de rappeîler l’explication
que j’ai donnée ailleurs, d’après l’illuftre
Bergman , de la décompofition partielle du vitriol de
potaffe . par l’acide nitreux. Puifque l’acide nitreux
ne peut enlever la bafe que tient l’acide vitriolique
au degré de faturation , Sc qu’il enlève cette même
bafe, lorfqu’au lieu d’être unie à- l’acide vitriolique
elle n’eft unie qu’au vitriol, il s’enfuit que les affinités
ne font point égales dans les deux cas.
Ce que nous voyons fi manifefte dans cet exemple
a probablement lieu , quoique d’une manière
moins fenfible, toutes les fois que la décompofition
s arrête, J fans que le même agent puifie , dans les
memes circonftances , féparer au-delà d’une portion
déterminée d’un principe quelconque. L’application
de cette 3«. loi nous avertira de ne pas donner une
valeur pareille à des. affinités qui font fouvent très-
megales.
I V e. LOI.
L affinité de compofition n’efi efficace qu”autant qu’elle
* tJ1fP°rte fur l'affinité d,'agrégation-
On conçoit aifément que l’or ne feroit point dif-
0118 Par Ie mercure fi les molécules du premier de
ces métaux étoient plus attirées fur elles-mêmes,
^ue Par les molécules du mercure, 8c. réciproque-
aifHp S 5^ cl°nc v ra i, jufqu’à un certain point,
tion W S M compofition & l’affinité d’aggréga-
iont. deux forces contraires ^ mais cela ne doit
Çkymie* Tome ƒ,
^ A F F f
s’ôflfendre que dans le même fens que les affinités
quiefeentes font'des forces contraires aux affinités
divellentes, 8c fans laiffer aucune induâion que ces
forces diffèrent effentieliément par leur nature. B
faut tenir, au contraire, pour confiant, que l’ag-
gregation ne réfifte à la compofition des molécules
de l ’aggrégé, que comme une compofition préexistante
fait obftacle à une combinalion qui s’opéreroit
facilement fans elle. On fait que le fer 8c le mercure
ne peuvent s’unir au point de diffolution, ce
n’efi pas qu’il n’y ait une force d’attra&ion , même
fenfible, comme je l’ai fait v o ir , entre ces deux
métaux, mais elle eft inférieure à celle qui réunit
les molécules de l’un des deux. Le mercure ne dif-
fout pas non plus la chaux d’o r , parce que, d’une
part, il ne peut l’enlever à la fubftance qui le met
en état de compofé, & que, d’autre part, l’aggréga-
tion du mercure fe trouve fupérieure à fon affinité
avec ce compofé ; il en eft de même de la chaux
de mercure, parce que , fuivant la fécondé lo i , ce
ne font pas les pures molécules métalliques qui
•exercent alors leur affinité avec des molécules fein—
blables, mais les molécules intégrantes d’un compofé
qui eft pour le corps fimple un être différent,
tant qu’il ne peut rompre le lien qui l ’unit à un
autre corps. On ne trouve donc, en analyfant tous
ces effets , qu’un feul & même principe, une tendance
générale à l’union, l’équilibre ou l’excès de
çette puiflance , en un mot, des rapports d’affinité;
C ’eft une conféquence direfte de la loi que je
viens d’établir que, plus l’affinité d’aggrégation eft
forte, plus l’affinité de compofition doit être puif-
fante pour rompre cette aggrégation ; mais je ne
crois pas que l’on puiffe en conclure ultérieurement
que la dernière eft d’autant plus forte, que la première
eft plus foible ; elle eft feulement plus efficace ;
ce qui eft bien différent, puifque l’exprefiîon de la
puiflance' refte la même , 8c que fon efficacité ne
dépend que de la diminution de l’obftacle.
On fait, en général, qu’on favorife les combinaifons
en relâchant l’aggrégation des corps par la chaleur
, quelquefois même en les pulvérifant , & que
ces préparations font fouvent néceffaires pour déterminer
les affinités de compofition. Il eft bien évident,
par exemple, que le mercure folide a une
plus grande force d’aggrégation que le mercure
fluide ; que les molécules de l’eau adhèrent bien
plus entr’elles quand elle eft en glace, que quand
elle eft en liqueur ; bien plus quand elle eft liquide,
que quand elle eft en vapeur. Mais on va beaucoup
plus loin, & on imagine communément que la
force d’aggrégation d’un fluide eft toujours inférieure
à la force d’aggrégation d’un folide quelconque :
or, il me femble qüe c’eft plutôt ici une opinion
d’habitude, qu’une vérité établie. En e f fe t ,je ne
vois pas fur quel fondement on pourroit afnnner
que l’aggrégation du mercure eft plus foible que
l ’aggrégation d’un fe l, d’une chaux métallique, ou
d’une terre friable; en fécond lieu , fi cette règle
étojt exa&e? il s’eafuiv/oit que l’affinité de compo