
il s’eft alluré que l’intérieur qui n’a voit pas été
expofé aux impreffions de l’air n en contenoit
pointy
Indépendamment de ces matières où l'on abandonne
à la nature la formation du falpêtre , l’art
cherche au (h à en augmenter la produétion , en fai-
fânc des amas de tèrres , ou neuves., ou déjà.leffi-
vées, en y portant les matériaux que 1 on . croit
les plus propres à fournir fes principes par leur
décompohtion putride , en les entretenant dans un
degré d’humidité convenable, & les difpofant enfin
de manière que l'air puiffe pénétrer la maffe. Voyeç
Nitkiere.
Il paroît que c’eft en Suède & en Prude qu on
a commencé à faire des couches à falpêtre en forme
de murs ou de monceaux , compofés de chaux,
de eendres, de terres de prés’& de chaume flratifié
alternativement avec les autres fubflances délayées
auparavant avec de l'urine & des eaux-mères. On
défend ces couches de la pluie par un toit en
bruyères, & on les arrofe de temps en temps avec
des eaux de fumier ou de l’urine.
M. W. Coxe décrit d’une manière très-intéref-
ftnte, dans fes lettres fur la Suiffe , des efpèces
de nitrières que forment- à- peu de frais les bergers
des cantons d'Appen^el &. de Glarus, & qui
fuffifent pour les mettre en état de faire un commerce
affez confidérable de falpêtre. «Les érables
.» de leurs beftiaux (d it- il) conflruites générale-
» ment fur la pente des montagnes , ne font de
» plein pied que d’un coté ; la face du bâtiment
oppofée à fcn entrée cil élevée.au deffus du fol
» d’environ deux ou trois pieds, & fupportée à
u chaque angle par un fort pieu , en forte que
» l’efpace qui fe trouve entre le plancher de l’é-
» table &. la terre, eft entièrement,expofé à Pair.
» Dans cet efpace on creufe un folié qui l’occupe
v en entier , & dont la profondeur eft d’environ
» trois pieds. La terre qu’on en tire, qui eft or-
» dinairement noire & grade., ou même abfolu-
» ment argilleufe, eft remplacée par une terre
■ » choifie de l’efpèce des fablonneufeS , que l’on a
» foin d’y comprimer très-peu. Cette terre né-
x eeffairement très-poreufe , s’imbibe de l’urine
» des beftiaux, fe prête à l’évaporation de fa par-
» tie purement humide , & favorife la formation
» du nitre , à laquelle le contafi de l’air eft ab-
» folument nécelîâire. Lorfque l’étable a été habi-
» tée deux ou trois ans , le falpêtre eft déjà for-
5, mé en allez grande quantité , pour que la folle
» puiffe être vuidée & fa terre leffivée, cequife
» fait à la manière ordinaire ; après quoi cette
v même terre eft léchée à l’air libre , & remife
t dans la foffe. On a remarqué qu’après avoir été
une fois employée, elle .devient plus propre à
j» la cryftallifation du falpêtre, quelle peut être
» leffivée plutôt. & quelle fournir en proportion
u une plus grande quantité de ce fel. Ordinaire- ■ 9 ment la première récolte faite, on peut recueil-
» lir tous les ans , & il n’eft pas rare de voir des
p leffives produire un millier pelant de falpetre
» dans une habitation médiocrement peuplée. L ’ex-
'p pofition des montagnes, relativement au foleil,
j» influe confldérablement fur 1 abondance de ce
p produit ; la plus favorable eft celle du Nord
» parce que la partie la plus decouverte de la fofle
» eft expofée à un air vif qui hâte 1 évaporation
p &. n’eft point échauftee par l ’ardeur du fole il,
» qui trouble la formation du f e l , en volatilifant
p quelques-unes des parties qui entrent dans fa
p compofition ».
En plufieurs endroit? de l’Allemagne les Habi-
tans font obligés d’élever des mûrs de terre mêle©
de paille , qui au bout d’un certain temps , fuivant
la qualité des matières & la lituation, fe trouvent
imprégnés de falpêtre. a
L ’Angleterre s’eft aufli occupée, en differens
temps, des moyens de fe procurer chez elle du
falpêtre pour fe mettre à l’abri des variations de
prix auxquelles celui des Indes eft expofé , fur-
tout quand la guerre le rend plus néceflaire. En-
1627 il fut ordonné à toutes perfonnes de garder
l’urine de leurs familles ,& autant qu’ils pourroient
de leur bétail , pour être enlevées en été toutes
les vingt-quatre heures, en hyver toutes les quarante
huit heures , par les prépofés de JeanBrooke,
& Thomas Ruffel , privilégiés pour faire du falpêtre
par une nouvelle invention. M. Watfon,qui
rapporte ce fait dans fes eflajs de Chymie , dit
que ce n’étoit pas une petite incommodité, mais
pourtant moins confidérable , que la permiftion qui
fut donnée enfuite aux falpêtriers de fouiller les
aires des colombiers, des écuries, &c. , ce qui.ne
fut révoqué qu’en 1656. Suivant cet auteur , on
a formé divers projets ; la foçiété , pour les en-
couragemens, a propofé, depuis 1756 jufqu en
1764, des.prix qui n’ont pas. ete réçlame? : des-
particuliers avoient conftruit à grands frais une ni-
trière qu’ils ont été obligés d’abandonner, parce
que le falpêtre leur coûtoit près de quatre fois
plus que celui qu’on y apporte des Indes ; de forte
qu’il n’exifte préfentement aucune falpê trière, en
Angleterre , toutes les tentatives de ce genre ayant
fucceftivement échoué, ce qu il attribue a la cherte
de la main-d’oeuvre, à la nature du climat, &
fur-toutà la difette des cendres de bois que l’on
fait entrer dans cette fabrication.
Il y a quelques années que le gouvernement de
France s’occupe à fayorifer les établiflemens des
nitrières artificielles, dans la vue bienfaifance de
rédimer les peuples de l’incommodité de la fouille
des terres dans leurs maifons, & qu il a déjà fait
cefler dans les lieux d’ habitation perfonnelle. La
Régie a répandu -, par fes ordres , une inftruélion
fur la manière d,e conftruire des nitrières, & d’en
tirer parti ; le roi chargea l’académie des fciences,
en 1775 , de propofér , pour le fujet d un prix
extraordinaire, de trouver les moyens les plus prompts
& les plus économiques de procurer en France une
production
production & une récolte de falpêtre plus abondantes.
Plufieurs particuliers fe font empreffés^ de faire
jouir leur patrie des avantages attachés à ces établiflemens
, les uns par pure émulation, d autres
aufli dans des vues de fpéculation. Les commence-
mens ont été aflez floriflans, fur-tout dans les
endroits où on a été à portée de fe procurer en
quantité des terres anciennement falpêtrées ; mais :
il faut en convenir , & je puis le dire d’après ma
propre expérience, quelques moyens que l’on ait
employé jufqu’ici;, pour hâter la nitrification, elle
eft beaucoup plus lente que l’on ne l’avoit efpéré,
& les propriétairës des nitrières qui fubfiftent ont
grand befoin que de nouvelles lumières viennent
les mettre en état de foutenir cette exploitation
avec plus d’avantage.
Le prix propofé par le roi a été décerné il y a
deux ans ; il n’a encore paru qu’un extrait du mémoire
couronné.; j ’aurai occafion d’en parler , ainfi
que des mémoires qui ont eu les féconds prix,
lorfque je traiterai la partie théorique, c’eft-à-dire
autant que je puis les connoître par ce que les
journaux en ont annoncé : on en attend la publication
avec impatience ; & elle eft d’autant plus naturelle
, que l'académie, en proclamant, ces prix ,
a déclaré que quoique le mémoire couronné laijfât
quelque çhofe à dejîrer relativement à Vapplication de
la théorie à la pratique, il feroit néanmoins facile,
d’après les expériences qu’il contenoit, de ramener
à des principes -certains Va conduite des nitrières ;
qu’elle fe propofoit de fupplèer à ce qui était échappé
aux. concurrens , comme l'analyfe du gas putride, & ’
de donner des vues générales fur la formation du
falpêtre & fur la conduite des nitrières. ( Journ. des
favans, décembre1 17S2. )
§ . III. De la manière de retirer le nitre des terres.
Mon objet eft bien moins de décrire ici en détail
un travail très-connu , que d’indiquer les principes
de ces opérations , & de recueillir encore
quëlqués obfervatibns qui peuvent fournir des lumières
fur l’origine de ce fel.
Lorfqu’on a des terres falpêtrées , foit par le
travail feul de la nature, foit à l’aide des mélanges
que l’on a formés dans les nitrières , on en retire
le falpêtre par l ’élixation. Pour cela on en remplit
des tonneaux pofés verticalement & percés par
leur fond; on y jette une grande quantité d’çau ,1
que l’on faitrepafler fucceftivement fur de nouvelles
terres, pour la charger de plus en plus , &. quand
le pèfe - liqueur des fels fe fou tient à-peu-près à
douze degrés dans cette eau , c’eft-à-dire qu’il indique
de matière faline , on la porte dans la
chaudière pour la faire bouillir , & recueillir le fel
qui fe forme en cryftaux par l’évaporation & le
refroidiflement.
On a déjà remarqué que Y acide nitreux ne fe
trouvoit pas toujours uni à la bafe alkaline ; qu’il
y en avoit fouvent une partie, quelquefois même
Chymie. Tom, I.
la plus confidérable, qui n’avoit pour bafe qu'une
terre ; c’eft un fait bien reconnu par ceux mêmes
qui paroiffent difpofés à' croire que cet alkali peut
fo former des mêmes matériaux que 1 acide, &
fans le concours d’aucune fubftance végétale ;
&. il réfulte des obfervations de M. le duc de la
Rochefoucaqlt , fur les craies de la Rocheguyon,
que le falpêtre eft à bafe calcaire dans tous les lieux
éloignés des habitations, tandis qu’il eft à bafe
d’alkali végétal dans le voifinage des lieux habités.
Pour fuppléer cette bafe alkaline, on mêle aux
terres , avant de les leffiver , une certaine quantité
de cendres , ou , ce qui vaut mieux, on porte ^
dans la leifive des terres le fel alkalin que l’on
a féparément extrait des cendres , on que l’on a
pris dans le commerce , où il fe vend fous le nom
de potaffe impure, vedajfe■ ou fallu.
Les eaux de .leffive ne font portées à la chaudière
que iorfqu’elles font chargées à un certain
point & effayées au pèfe-Iïqueur , parce qu’autre-
ment toute la confommation de combuftible employé
pour les amener à ce. point de concentration
feroit en pure perte. Pont diminuer encore
cette confommation, qui eft un objet confidérable,
S on pratique , un peu au-deflus du fourneau de la
> chaudière, une cheminée horifontale qui porté une
: grande caiffe de cuivre rouge de neuf à dix pieds
, de longueur , que l’on nomme bajfin d’évaporation ;
. c’eft là que l’on met les eaux deflinées à paffer
’ fucceftivement dans la chaudière ; elles y font entretenues
à un degre de chaleur de cinquante a
foixante degrés du thermomètre de Réaumur, qui
fuffit par conféquent pour procurer à la longue une
évaporation affez fenfible , & qui' donne de plus
, la facilité de placer un robinet qui verfe continuellement
dans la chaudière-une leffive déjà échauffée
& non fujette à arrêter le bouillon. C’ eft ainfi que
M. Çhampy a fait conftruire', il y a plufieurs années
, fes fourneaux, d’après la cotreélion que j ’avois
propofée au fourneau de M. Macquer ( Journ. phyf.
tom. V I I I , page 1 1 7 ) , & qui unt été établis fnr
, ceux de noire nitrière.- ,
Les leffives de terres falpêtrées étant toujours
chargées de beaucoup de fels différens , il faut réparer
les uns ) décompofer les autres , foit pour
obtenir le nitre pur, foit pour tirer de ces eaux
tout le parti poflible ; il s’y trouve quelquefois juf-
qu’à treize principes différens fufceptibles de di-
verfes combinaifons , fans compter la partie ex-
traélive , & peut-êt're encore d’autres matières que
l’onn’y apas foupçonnées , parce que leur influence
fur les refultats eft moins fenfible. Ces principes
font : -- B ■
L ’acide vitriôlique.
L ’acide nitreux.
L ’acide muriatique.
L ’acide, méphitique,
. La potailè.
La foude.
L ’ammoniac.
T