
Faites bouillir jufqu’à ce que la liqueur ait acquis
de la douceur & une conftftance demi-fyru-
peufe, décantez & filtrez la liqueur encore chaude ,
elle pafferoh: difficilement fi elle étoit refroidie.
S’il reftoit du minium non diflous , vous ajouteriez
de nouveau vinaigre & procéderiez comme ci-
devant.
Cet acéte, dont Goulard , célèbre chirurgien
de Montpellier a vanté l’efficacité, eft connu vulgairement
fous le nom d'extrait de Goulard.
En mêlant deux gros de cet extrait,
Demi-once d’eau - de - v i e ,
Et les étendant dans deux livres d’eau, on a
une efpèce de lait virginal que fon inventeur
nommoit, eau végéto - miné raie. La chaux de plomb
n’y refte pas en diffolution & s’y précipite, mais
on redonne la blancheur à cette eau par l’agitation.
Cet acéte précipite les mucilages & les parties
extraéHves diffoutes dans l’eau, ainfi l’on ne doit
pas chercher à le combiner avec les infufions ou
clécoftions de fubftances végétales ou animales.
En faifant évaporer l’extrait .de Goulard à la
chaleur du foleil on a une poudre brune qui eft
un léger efcarotique & que nous nommerons poudre
de fatume.
En combinant cet acéte avec la cire & l’huile,
on fait un cérat, une-pommade, un onguent.
Voyc^ Cérat , Pommade , Onguent.
On prépare aufli des toiles avec le cérat de fatums
que Goulard nomme peau de fatume , Voye{ Peau.
La céryfe eft une chaux de plomb combinée
avec le moins d’acide acéteux poflible. Voye^
au mot Acéte de plomb y ( Chimie ) , l’a&ion
de cet acide fur le plomb.
U acéte de plomb, connu fous le nom de fucrç de
faturne eft la criftallifation du plomb en état de
cérufe diflous dans l’acide acéteux.
Toutes les préparations de plomb ne peuvent
être employées fans danger pour l’ufage interne,
la propriété qu’a le plomb de donner de la con-
fiftance aux fubftances mucilagineufes fait que la
lymphe & les graiffes combinées avec les molécules
de ce ifcétal acquièrent une denfité qui les
fait adhérer aux parois des inteftins & probablement
à celles des canaux excréteurs des glandes.
Des coliques cruelles connues fous le .nom de coliques
des peintres en font les effets , quand les
humeurs que ces molécules métalliques ont altérées
adhèrent aux inteftins & à l’eftomach, les
paralyfies, les fpafmes, les phtifies, dont l’ufage
interne des préparations de plomb a été fuivi
& qui fouvent ont eu lieu par leur application
fur les parties externes, ont depuis long-temps fait
profçrire de la jnatière médicale interne toutes
«es fortes de préparations. En vain fe rafliireroit-
<?n fur les éloges donnés au fucre de faturne par
plufteurs médecins célèbres, tels que Mynficht,
Doloeus, Etmuller , &c. En yain croiroit - on
pouvoir le donner avec des correctifs comme
anti-phtifique , «nti - aphrodifiaque & comme ti»
aftringent efficace dans les gonorrhées & les fleurs
blanches. Il faut en croire Hoffman, Boerhaavè,
Friller, & c . , & regarder toutes les préparations
de plomb comme des poifons intraitables.
C ’eft feulement à l’extérieur qu’on peut employer
avec quelque confiance l'acéte de plomb &
fes compofés.
L’extrait de Goulard p u r , peut fervir en qualité
d’efcarotique, peu âcre, pour déterger les ulcères
de la bouche & de la gorge, accompagnés
d’inflammation. On y trempe un pinceau dè linge
effilé dont on touche ces ulcères. Mais il faut
avoir foin que les malades rejettent leur falive &
fe lavent la bouche après l’ufage de ce remède.
Sans cette précaution on les expoferoit aux mauvais
effets des préparations de plomb prifes intérieurement.
On peut de même employer cet extrait fur de
vieux ulcères dont les chairs font baveufes, &
fur les. ulcères chancreux. La chaux de plomb en
attirant le phlogiftique , calme la chaleur brûlante
qui eft fouvent inmpportable & l’on foulage les
malades en calmant leurs douleurs , fi l’on n’eft
pas aflez heureux pour les guérir.
La poudre de faturne produit les mêmes effets.
La diffolution du fucre de,faturne a les mêmes
propriétés * mais elle eft plus déterfive à raifon de
î’acide plus à nud & moins calmante, parce que la
terre métallique y eft moins abondante.
L’eau végéto-minérale peut remplir les mêmes
indications que les préparations c y - deflus, mais
la diffolution de l’acéte dans une^grande quantité
de fluide aqueux fait que fon aétion eft moins
énergique , en fe portant fur de plus grandes fur-
faces & qu’elle eft moins roborante, moins irritante.
C ’eft un antiphlogiftique très-efficace, un
réfolutif modéré, un répercuffif doux , un cof-
métique. Aufli' convient - elle dans les inflammations
commençantes, dans celles qui font entretenues
par une acrimonie fenfible, dans le commencement
des éréfipeles & des ophtalmies , dans
les puftules rouges du vifage, dans la ceinture de
feu, dans les dartres rongeantes , dans les ulcères
fanieux & fétides , dans la galle, fur - tout dans
l’efpèce de celle dont les puftules font miliaires
& accompagnées de grandes démangeaifons. On
s?en fert alors pour laver tout le corps deux à
trois fois par jour.
La cérufe eft employée contre les mêmes maladies
; mais elle eft plus defféchantç, pins anti-
, phlogiftique que ^extrait de Goulard & fa poudre
3 à raifon de l’efpèce d’excès de chaux de
plomb qui fe trouve dans cette drogue, eft moins
roborante, moins irritante, moins déterfive -, parce
que l’acide y eft en moindre quantité.
On trouvera aux articles, Cataplame , Gérât
, Onguent , Pommade , l’expofitipn des
propriétés de ceux de ces remèdes dans la compoûtien
pofttion defquels entrent les préparations de
plomb.
Je terminerai celui - ci en faifant obferver que
j’ai préféré- le minium à la litharge , pour en
faire la diffolution par l’acide acéteux , à raifon
de l’impureté fréquente de la litharge , parce que,
même en faifant ufage à l’extérieur des acétes de
plomb ainfl que de toutes les préparations de ce
métal, il ne faut pas perdre de vue la qualité délétère
du plomb,& qu’on doit en redouter l’application trop
long-temps continuée fur les ulcères , quand ils
ont beaucoup de furface & même fur la peau:
Boerhaave a vu une jeune perfonne phtifique dont
la maladie pouvoit être attribuée à l’ufage extérieur
du plomb. AcÉ£E de potasse ; fel formé de l’acide acéteux
& de l’alkali fixe végétal.
On croit que ce fel a été connu de Pline, parce
qu’il recommande, pour laguérifon des condylomes
à l’anus, un remède compofé de vinaigre &
de cendres de farment ; Raymond Lulle eft le
premier qui en ait donné une defeription -claire.
Il y a peu de fels qui aient reçu autant de
noms, & tous très-impropres, ainfi que MM. Pctt
& Spielman l’ont oblervé avant nous. C ’eft l'ar-
cane de tartre de Bafile Valentin & de Paracelfe,
la terre foliée de tartre très - fecrette de Müller, le
magifère purgatif de tartre de Schroeder, le fe l effen-
tiel du vin de Zw e lfe r , le tartre régénéré de Ta-
chénius & de Boerhaave, le fel diurétique de la
pharmacopée de Londres, & le fel digeflif de Syl-
vius de "Wilfon. Les dénominations de terre foliée
& tartre régénéré qui avoient prévalu dans ces derniers
temps ne méritent pas moins que les autres
d’être oubliées.
Le vinaigre s’unit à l’alkali avec une vive effer-
vefcence qui ne ceffe que quand il y a faturation,
cette effervefcence eft quelquefois accompagnée
d’un réfroidiffement fenfible. ( Voyeç Réfroidis-
.-SEMENT). Si l’alkali n’eft pas parfaitement pur, il
fe précipite un peu de terre blanche pendant l’opération
; il ne faut guère moins de 12 à 15
parties de vinaigre pour faturer une partie de
bonne potaffe, ce qui dépend du degré de concentration
de cet acide. La diffolution achevée &
même chargée à deffein d’un léger excès d’acide,
on filtre là liqueur & on la fait évaporer dans
des vaiffeaux de verre, de grais ou d’argent. M. Bau-
mé recommande avec raifon de retirer fur les
bords du vaiffeau la pellicule, à mefure qu’elle fe
forme à la furface, parce qu’autrement, la chaleur
néceffaire pour foutenir l’évaporation pour-
roit rôtir une portion du fe l , le charger de couleur,
ou même volatilifer partie de l’acide. On
achève de le faire fécher ’à une chaleur douce, &
on le renferme tout de fuite dans une bouteille
-qui doit être bien bouchée.
240 parties du vinaigre de M. Wenzel ont
diffous 100 j de potaflé que cet auteur à eftimé
tenir environ 70 d’alkali pur , d’où il a tiré
Çbymie, Tom. /.
les proportions d’acide & de bafe dans cette com-
pofition :: 240 : 241 f.
L'acéte de potaffe a une faveur piquante &
chaude , on y diftingue le goût particulier du
vinaigre & celui de l’alkali. Lorfqu’il eft bien
neutralifé , il n’altère pas le fyrop de violettes.
Il eft très-déliquefeent, & d e -là vient que la
forme de fes cryftaux n’a pû être bien déterminée;
l’apparence lamelleufe qui lui a fait donner le
nom de terre foliée, n’a lieu, fuivant M. Bau-
mé, que lorfque l’alkali n’eft pas bien pur ; M. Plu-
vinet croit qu’elle dépend de l’augmentation de la
chaleur fur la fin de l’évaporation , laquelle refond
le fel & le raréfie par l’expanflon du peu d’eau
qui y refte. Cependant M. Buquet a obfervé que
Y acéte de potaffe diffous dans l ’efprit-de-vin chaud
fe cryftallifoit par le réfroidiffement en lames ou
en aiguilles plus ou moins longues & très-blanches.
La faveur & la déliquefcence de ce fel ont
porté plufieurs chimiftes à penfer que l’union de
î’acide & de la bafe n’étoit pas bien intime ; mais
voici d’autres circonftances qui annoncent une
adhérence affez forte : i ° . M. Bohnius a remarqué
que l'acéte de potaffe étoit fufceptible de s’élever
à la faveur de l’eau qui le tenoit en diffolution
, & la vapeur même qui fe fait fentir pendant
le mélange du vinaigre & de l’alkali , & quï
participe évidemment ae la nature de ce f e l , fuf-
nt pour prouver fa volatilité ; or l’alkali ne peut
être volatilifé qu’à raifon de fon adhérence avec
l’acide.
2°. Ce fel traité fée à la diftillation , ne laiffe aller
qu’une portion de fon acide, & nous avons déjà
remarqué, en parlant des autres fels acéteux, que
cela ne pouvoit dépendre que du degré d’adhérence
de la bafe.
Il me femble que la feule manière de concilier
ces phénomènes eft de faire état & de l’affinité de
l’alkali avec le principe huileux du vinaigre, &
de l’affinité du gas méphitique qui , quoiqu’infé-
rieure à celle du vinaigre dans le moment de la
diffolution , peut néanmoins à fon tour concourir
à la féparation de l’alkali, lorfque celui-ci eft devenu
cauftique, & qu’il fait partie d’une forte de
compofttion favonneufe ; du moins eft-il bien certain
que Vacéte de potaffe que l’on a laiffé tomber
en liqueur à l*air, fait effervefcence avec les acides
minéraux : il y a donc lieu de croire que Ya-
céte de potaffe fedécompofe ici comme un vrai hépar
qui laifle aller pendant la décofnpofition une partie
de fon phlogiftique ; car il feroit difficile de con^
cevoir autrement comment le vinaigre qui a dé -
gagé Facide méphitique, peut être à fon tour dér
placé par ce dernier.
Il eft impoflîble d’imaginer combien de recherches
, de tours de main, de travaux ont été mis en
oeuvre par les anciens chymiftes pour obtenir ce fel
bien feuilleté & parfaitement blanc ; on en pourra
juger par ce qu’en a rapporté le célèbre Pott, dans
la feptième differçation de fon fécond volume : les