
poffibles : mais les observations dont on peut e x clure
qu’il n’y a pas affinité entre tels ou tels corps,
ne contribuent pas moins que les autres à l’avancement
de la Science (i).
Je dois encore faire connoître la méthode par laquelle
M. Achard trouve juSqu’à 81 cas pojjibles dans
le concours des affinités de deux composés, ou de
quatre fubftances : d ie eft le réfultat d’un grand
nombre d’expériences dans lefquelles il a mêlé des
diflblutions métalliques par l’eau chargée d’acide méphitique
avec les diffolutions de différens métaux par
d’autres acides {Chytnifch-phyfifche Scriften).
Soit M un çiétal quelconque diflbus dans un acide.
m un autre métal tenu en diffolution par l’eau chargée
d’acide méphitique.
a l ’affinité du métal M avec un acide minéral ou
autre.
h l’affinité du métal m avec Facide de l’autre diffolution.
d l’affinité du métal M avec Facide méphitique.
9 Le mélange (ditce Chymifte ) peut présenter trois
» cas différens :
» où il n’y aura point de précipité
fi on M Sera précipité
n ou ce Sera /» qui Sera Séparé de fon dlffolvanf''
a Les Tables de Geoffroy & Gellert indiquent bien
ir fi a eft plus grand que c , ou plus petit que ■ c
ii ou égal à c ; mais elles ne vont pas plus loin &
n par le moyen de mes expériences, on pourra en-
ii core déterminer fi b eft plus grand que d, ou phIS
ii petit que d , ou égal à d. Gar quand ou Saura s?il
n y a , ou non, précipité, & fi c’e f tM o u m, on
n pourra juger fi a eft plus grand que d , s’il eft
» plus petit, s’il èft égal, & de même fi b eft plus
» grand que c , s’il eft plus petit ou égal : c’eft-à-dire
» fi l’affinité de M avec Son acide eft plus grande
» ou plus petite que fon affinité avec Facide mé-
» phitique, & fi l’affinité de m avec Facide méphi-
n tique eft plus grande ou plus petite que Son affi-
» nité avec Facide de la difibiution de l’autre métal. »
L’Auteur palace à la Suite de cette explication
une Table qui préfente les § i cas qui peuvent résulter
de ce concours d’affinités ; il Suffira de rapporter
ici les cinq premiers, d’après leSquels il Sera facile
de juger des autres, & même do les ûippléer
s’il étoit necefîàire.
I er. cas 2e. 3e- 4e* r -
V»
A
<3
a > c a >• c a > . c a > c
b > d b y d > d b^ d b y d
a > c a > d a > d a < d a .< d
b = d b > c b < c- b — c b e
On fe rappellera fans doute ce que j’ai ditprêcédem-
ment Sur la eirconftance d’égalité d’affinité , que je
crois bien plus rare que ne le SuppoSe ce calcul de
M. Achard. Il y auroit d’ailleurs plufieurs observations
à faire Sur cette méthode , & Sur les expériences
qui lui Servent de fondement, en ce que les diflo-
Jutions des métaux qui font toujours avec excès d’a-
_cide, qui ne fe laiflent guère précipiter complètement
, font peu propres à établir des principes fur
les phénomènes généraux de ces opérations ; Sans
compter que ces phénomènes participent alors plus
ou moins de l’affinité" même du principe acidifiant
avec le métal, dont l’Académicien de Berlin n’a point
fait état , fans parler en un mot des Surcompofitions
qui peuvent en impofer à l’Obfervatetir, ni des précipités
dans leSquels le métal retiendrait encore une
portion de l’un des deux acides. Mais H n’eft ici'quef-
tion que de prendre une idée de la variété des cas
poffibles d’affinité, & le fyftême qui en embrafle un
plus grand nombre , peut devenir avantageux quand
on eft réduit à procéder par voie d’excliifion pour
en affigner Sûrement les limites.
C ’en eft aflèz pour faire voir que fi la foience des
affinités a le précieux avantage de ramener toutes
les combinaisons à quelques loix fimples & confiantes,
elle eft immenfe dans Ses détails 3 mais ce n’eft pas
tant à faire beaucoup d’expériences que l’on doit s’attacher
, qu’à les faire bien , c’eft-à-dire, de manière
qu’elles ne laiflent aucune incertitude, & qu’on n’ait
pas à en fonmettre perpétuellement les conséquences
à un nouvel examen : il ne fera pas inutile de re-
( i) MM. Haffenfratz & M e t ont très-bien remarqué dans les Mémoires qu’ils ont préfentés à PAcadémre Royale des
JSçiences, fu r le s n o u v ea u x caractères à employer, e n C h y m ie , que les propriétés différentes de plufieurs compofés peuvent
dépendre uniquement des différentes proportions des mêmes principes j c’eft pour cela qu’ils ont 'fait fervir la pofition
relpe&ive de ces cara&ères à indiquer les rapporrs de quantité des fubftances compofantes. O r , quoiqu’ils n’aient établi
«es pofitions que pour trots états de compofition , élles triplent déjà le nombre des eompofés à deux parties i & b
foajttte des compofés à. trois parties devient treize fois plus çonfidérable.
cueillit* Ici les règles les plus effentielles qui doivent
toujours être présentes à l’efprit des Chymiftes occupés
de ces recherches, s’ils afpirent à rendre leurs
travaux véritablement utiles.
i°. 11 faut avoir une connoiflânce parfaite de toutes
les matières que l’on emploie, car ces matières Sont
les inftrumens des affinités, & les réfultats dépendent
immédiatement de la nature de toutes celles que la
proximité difpofe à exercer leur a&ion.
Ce n’eft pas la chofe la moins difficile en Chymie
de s’afliirer de la pureté des fubftances Sur lefquelles
on veut opérer ; 8c Sans cela, il n’y a plus rien de ;
certain, on rifque d’attribuer à un CQrps des propriétés
qui n’appartiennent qu’aux parties dont il eft
accidentellement fouillé.
L’eau & la matière de la chaleur ont été confia
dérés par les Anciens prefque comme de fimples '
véhicules de fluidité, qui fervoient à mettre en jeu
les affinités des autres corps, fans exercer euxrmêmes
aucune affinité : on a reconnu l’erreur de cette Opinion
; l’eau agit quelquefois par elle-même, quelquefois
par Ses élémens, & fit préfence influe- fenfible-
ment Sur la qualité des produits ; la matière de la
chaleur a auffi Ses attrapions élePives , dont la
force peut faire équilibre à une partie d’une autre
puiffance ; il eft donc indifpenfàble d’en faire état,
quand ce ne Seroit que pour retrouver les conditions
de l’opération.
Ce font, dit très-bien M.Lavoifier, des-défauts effen-
tiels de nos Tables d’affinités, de ne faire entrer pour
rien ni les effets de la chaleur, ni ceux de l’attrao
tion de l’eau, ou même de fa décompofition ; leur
divifion en deux parties, l’une pour la voie humide ,
l’autre pour la voie sèche, ne remédie que très-imparfaitement
au premier de ces ineonvéniens : pour
obtenir des Tables rigoureufement d’accord avec l’expérience,
il faudrait, pour ainfi dire, en former une
pour chaque degré du Thermomètre. Mém. de l ’Acad.
R. des Sciences, arm. 1782, pag. yj2.
Le Chymifte doit porter Son attention jufqu’à
la matière des vaiffeaux qui fervent à contenir les
mélanges, à Fair qui les environne, aux corpufcules
qu’il entraîne, aux fluides gafeux dont il peut être,
chargé ; ce qu’il a analyfé la veille fe trouve re-
compofé le lendemain ; pendant qu’il tranfvafe , la
nature opère fpontanément des mixtions qui le trompent
, s’il ne Sait pas s’en défier, s’il n’a pas l’oeil à
tout ; s’il ne Se repréfente pas tous les corps voifins'
comme étant mis en mouvement. par des affinités
étrangères à celles qu’il étudie, & le temps comme
la mefure des progrès de leur aéfion.
2.0. La connoiflânce exa&e de la quantité n’eft pas
Jnoins importante que celle de la qualité des matières.
Bergman a obfervé que dans la plus fimple
des expériences d’affinité, c’eft-à-dire, dans la précipitation
d’une fubftance par une autre , la quantité
mfluoit fenfiblement Sur les réfultats ; que les corps
A & G pétant unis, par exemple, il fàlloit, pour
rompre complètement l’union , employer le double,
le triple, même le quadruple de ce qui eut été né-.
ceflàire de la fubftance B , pour Saturer A dans l’état
de liberté ( Dijfertat. X X X I I I , §. 10 ). Le célèbre
Kirwan a conclu de Ses expériences, que l’attraélion
d’affinité & l’accroiffement de denfité qui en réfulte,
dépendoient tellement des proportions , que le point
de fâturation étoit le maximum de denfité & le minimum
de l’attra&ion fenfible de l’une des fubftances ;
& qu’ainfi, toute décompofition opérée par un troi-
fième corps, qui avoit plus d’affinité avec une des
parties du compofé qu’avec l’autre & qu’elles n’efo
avojent entre elles , ne pouvoir être complète fi le minimum
de l’affinité de ce troifième corps n’étoit. plus
fort que le maximum de l’affinité de» fubftances précédemment
combinées ( Tranf. pkilof. vol. 7 1 , pagd
33 ) 1 c’eft ce que nous avons cru pouvoir expliquer
d’une manière plus Simple par la différence des affinités
d’un même corps dans l’union direâe & dans
ja furcoinpofition. Mais comment réfoudre ces problèmes,
comment parviendra-t-on feulement à faifir
les phénomènes qui y ont rapport, fi Fon ne fait
point état des quantités ? C ’eft par elles qu’on eft
averti quand les Sels Sont avec excès de l’une de
leurs parties compofantes, quand la décompofition
n’eft que partielle, quand le précipitant s’unit au
; précipité , quand il y a à la fois échange & furcom-
pofition j enfin , quand il - y a acceffion de quelque
matière étrangère à la préparation : ces circonftances
intéreflent fi eflentiellemen't les conféquences 9 que l’on
peut tirer des expériences, que les meilleurs C hy -
1 miftes comptent aujourd’hui pour rien toutes celles
dans lefquelles on n’a pas pris Soin de comparer la
Somme des produits à la Somme des ingrédiens, &
| de rendre raifon des augmentations ou des déchets.
C ’eft pour cela qu’ils défirent une analyfe exa&e des
Sels & des compofés les plus en ufage, comme de-,
vant Servir de bafo fondamentale à ces calculs.
La quantité n’eft: pas toujours Süffifàmment déterminée
par le poids abfolu ; dire qu’on a employé
une once d’acide vitriolique ou de diflblution de po-
tafle, c’eft ne rien fpéeifier, fi on n’ajoute le degré
de concentration correfpOndant à l’échelle d’un pèfe-
liqucur comparable, & la température qui change
le rapport du volume à la mafle.
30. Quand on eft parvenu à s’afïurer de la qualité
& de la quantité de chaque matière , on a rempli
deux conditions effentielles, mais il en eft une troisième
qui n’eft pas moins importante pour éviter les
méprifes & les Saufles -conclufions des expériences ;
c’eft de connoître la manière d’agir de ces matières ,
ou les puiffances d’affinité qu’elles exercent dans l’o pération
dont il eft queftion. Quelquefois un Sel
neutre agit comme tel, quelquefois c’eft un de feç
principes qui fe Sépare pour entrer dans une combinaison
dont l’autre eft exclus : on Sent quelle différence
il en doit réfulter pour la détermination des
affinités^ La plupart des. Sels formés d’un acide &
d’un alkali Se diflolvent facilement dans l’eau, quelques
uns s’uniffent à Falcohol, mais il n’y a nul rapport
de cette foible attraction à celle que leurs par-
. tics compoSaates libres mamfefterotent avec les mêmes
Hhhh ij