
.ce n’eft pas qu’il n’y aie décompolition totâleymais
uniquement parce qu’il refte dans la liqueur plus
.ou moins de ces nouveaux Tels inégalement fo-
.lubies., .
Il fera facile de vérifier cette hypothèfe par
l ’examen de l’état des précipités ; fi ce font réellement
.des méphites métalliques , elle fera démontrée
; & on ne peut s’empêcher /de regretter que
JM. Achard n’ait pas fénti que l’objet de les recherches
le c.onduifoit naturellement à acquérir encore
.cette certitude.
Ces affinités une -fois établies,, j ’en vois naître
l ’explication d’un phénomène qui a jufqu’à préfent
fort embarraffé les Chymiftes :. il y a des diffolu-
tions qu’ils nomment non-permanentes, parce qu’elles
dépofent à la longue une partie de leurs bafes, &
ce font précifément des bafes métalliques ; on ne
.favoit à quoi attribuer cette décompofition fponta-
née; les fyftématiq.ues, à leur ordinaire , fe payoient
de mots, au lieu de chofes ; les Chymiftes exaéts
fentoient bien qu’il ne pouvoit -y avoir de-changement
fans acceffion ou diffîpation de matière quelconque
, mais ils n’en voyoient point de traces ;
xm trouvera probablement que les dépôts qui fe
forment dans ces diffolutions font de vrais fels
.méphitiques, j on obferv.erà peut-être que cette affinité
de l’acide gafeux augmente ou diminue fuivant
.que le métal retient , dans fa première combinai- ■
io n plus ou moins de phlogiftique ; & on conclura
.que c’eft l’acceffion de cet acide répandu dans,
J’atmofph'ère qui décide infenfiblement ces précipités
, comme elle change pieu à .peu la nature des
jdkalis cauftiques.
M. Achard a encore effayé d’autres décompofi-
.tiôns par double affinité ; il a préparé pour cela des
.diffolutionsméphitiques d’argent, d’étain, de plomb,
.de .cuivre , de fer , de mercure , de zinc , de bif-
muth, d’antimoine,, de cobalt; il a verfé dans ces
diffolutions des diffolutions métalliques par les autres
acides minéraux & végétaux , il a noté les
.ch ange mens que produifoit ce mélange &. a dreffé
gdix tables de ces résultats. En voici quelques-uns
des plus remarquables.
Si on mêle les diffolutions méphitiques d'argent
&. de cuivre.y il. y a précipité jaune, & c’eft le
cuivre qui fe/épate.
Si on mêle les diffolutioas méphitiques d'argent',
& de fe r ., le fer eft abondamment précipité en
jioir. . , |
La diffolution méphitique dé argent étant mêlée a
la diffolution vitriolique d’étain, c’eft lVwkqui fe
précipite en poudre jaune. , ‘1 y
: L a diffolution méphitique d’argent étant mêlée à
la diffolution acéteufe de fe r , le fer eft abondamment
précipité en brun. |
- Il en eft de même quand on y mêle les diffolutions
nitreufe &. acéteufe de zinc , ccft le fine
.qui eft précipité. - - ' '
La diffolution méphitique d3étain verfée dans les.
diffolutions méphitiques de fer, de cuivre, de mercure
<& d’antimoine fait précipiter ces métaux , tandis
qu’elle ne produit aucun changement dans les
diffolutions méphitiques de .plomb, de zinc & de
cobalt. : _ -
La diffolution-méphitique dynai/z.précipite le fine
de fa diffolution nitreufe , & non de fa diffolution
muriatique, ni de fa diffolution aceteufeelle précipite
Y antimoine de fa diffolution par l ’eau régale,
& le cobalt de fes diffolutions nitreufe, muriatique
& régaline. i ' : ■
Dans le mélange de la diffolution méphitique de
plomb , avec les diffolutions méphitiques de cuivre,
de mercure,, de bifmuth & à*antimoine, ces quatre
métaux font précipités ; avec la diffolution méphitique
de fer, il n’y a, aucun changement; avec celle
de cobalt, c’eft le plomb qui eft précipité.
Voici préfentement ce qui fe paffe lors du mélangé
de la diffolution méphitique du plomb avec
les diffolutions métalliques par d’autres acides.
Elle n’occaïionne aucun changement dans les
diffolutions :
y ’itrioliques\nitreufes\muriatiques J régalines'J aceteujèsl
d’étain. de cuiv. de cuivre, d’or. de cuiv.
de fer. d’étain, de fer. de cuiv. de fer.
de zinc. ; de fer. de zinc. d’étain, de zinc,
de merc. x .tle fer.
de zinc. ‘de zinc.
d’antim.
de cOb.
d’arfén.
: Elle -ne fait que troubler inftantanément la diflbr
lu non nitreufe du bifmu-th.
'Elle précipite au contraire les diffolutions :
Nitreufes | muriatiques | régalines | acéteufes.
d’argent, d’étain. de zinc; d’étain.
de cobalt. ' d’antim. de mercure,
îdëcobalc..
C ’en eft affez pourdonner une idée de l’immenfité
du travail de M. Achard , & de l’intérêt .de ces
obfervations , d’autant plus qu’il y en a qui deman-
deroient peut-être à être revues avant que d’en
rechercher la ,caufe ; il eft difficile , par exemple,
de concevoir comment il peut. réfui ter une précipitation,
du mélange de deux diffolutions faites par
le même diffolvant, par la même eau faturée de
gas •acide méphitique , puifqu’il ne peut y avoir ni
échange,, ni diminution de folubilité.
Cependant le célèbre académicien de Berlin, tire
de ces obfervations des conféquences.qui changent
absolument l’ordre -des affininités de. notre acide établies
parfilluftreBergman. ïln ’eftplusici queftion des
alkalis & des terres, j’ai déjà fait voir ce qui avoi-t
induit en erreur M. Achard : la fuperiorite d attraction
des terres barotique & calcaire eft bien décidée
par la propriété qu’elles ont de rendre lésaifêalis
cauftiques; que-cefoit une affinité fimplè ou
un échange déterminé par l’aélion fimultanee du
principe calorifique, il n’eft pas moins vrai que
Y acide méphitique, quitte l’alkali pour sùmr a cès
terres. .
Par rapport aux métaux , M. Achard les place
dans l’ordre fuivant : le cobalt, te fn c , 1 étain, le
plomb, Y argent, le cuivre, le mercure, le fe r , le
bifmuth & Y antimoine. 11 va même jufqu à penfer que
l’affinité deY acide méphitique avec les quatre premiers
eft à très-peu près, ou même entièrement égalé a
l ’affinité de cet acide avec les terres calcaire &.
magnéfierine. ' - , .
«On jugera fans doute que ce nouvel' ordre neft
pas établi fur des expériences affez direéles , mais
c ’étoic un motif de plus de les faire connaître ;'
elles ne ferviront pas feulement à diriger les recherches
que cette matière exige, elles nous montrent
encore .des phénomènes qui, quoiqu’étrangers
à la doétrine des affinités fîmples de notre acide ,
ne méritent pas moins notre attention , fi nous
voulons acquérir la pleine connoiffance de fes,proprié
tés..
Les liqueurs inflammables abforbent avidement
le gas acide méphitique.
M. Bergman a obïervé : que lorfqu’on renverfoit
dans l’efprit- de-vin une bouteille remplie de- ce
gas , il en abforboit lé doublé de fon volume à
une température de huit degrés au-dèffus de zéro.
Que l ’huile d’olive en prenoit , par le même
procédé, un volume égal au lien ; que lorfqu’on le
dégageoit enfuite par le feu , il étoit altéré au point
qu’il étoit fufceprible de s’enflammer & prefque
immifcible à l’eau.*
Que l’huile de thérébenrine en abforboit prefque
le double, de. fon volume, &. avec une ■ telle
avidité, que cela âlloit à environ un quart datout.
dans la première heure..
Que l ’éther ne diminuoit point ce gas , qu’il lui
fiifoic au contraire occuper un efpace double; mais
qu’en faifant repaffer ce fluide- dans-l’eau , il re-
couvroit fon premier volume &- toutes fes propriétés.
J ’ai annoncé-, il y a long-temps , que là potaffe
cauftique fe cryftallifoit à la longue fous-* les-huiles
graffes & effentielles , de même qu’au fond- d’un
vafe rempli d’eau ; ce qui prouve, ou que malgré
l’affinité de l’air avec Y acide méphitique, ces fluides
s’en imprègnent & le tranfmettent à l ’alkali ; ou
qu’ils lui portent de-l’air vital dont il s’approprie
une partie , en communiquant à l’autre la matière
calorifique.
M. Henry a communiqué à >M. Prieftley des ex^
périences desquelles il réfulte que la falive peut
abforber trois fois -fon volume, de gas acide méphitique.
Le même-académicien* eft parvenu à. -di(foudre
le ■ camphre- dans de l’eau qu'ft ceimtmoû de
ger d'acide méphitique, &. à l’aide d’un peu d’agitation.
On atrribue à ce gas la propriété de conferver
les fruits & les chairs animales qui y font plon--
gés ; ce qu’il n’opère qu’en formant autour de ces
fubftances- une atmofphère de- matière inerte, SL
qui les défend abfolument du contaél d un fîuidè
plus aélif, dont l’affinité avec quelques-uns de leurs«
principes, travailleroit fans cfela à en- déforganifer'
la combinaifon.
- On a cru que l’acide méphitique pouvoit diffoudre
les pierres de la veffie. M. Prieftley a publié des-
obfervations de MM. Hulme, Percival & Saundèrs, .
qui • font très-favorables à cette opinion". L e dernier'
affure qu’ayant mis dix grains de ces pferres dans
deux onces d’eau diftillée , il n’y eut aucune diminution
de poids, mais que dix grains placés dans
une pareille quantité d’eau faturée diacide méphi
tique-, ont perdu trois grains en quelques heures.-
D’autre part , M. Achard rapporte qu’une pierre
du poids de 3 onces 29 grains qu’il avoitîaiffée
plufieurs jours dans une quarte d’eau faturée d’acide '
méphitique , a pefé , après avoir été féchée , 3 onces
28 grains 7^. D’où il conclut que ce diffolvant ne
peut-être d’un grand fecours, fi toirres les pierres^
font de la même qualité. Mais depuis la belle ana-
lyfe que MM. Sthéele & Bergman ont donné dé
ce bezoard animal dans lès mémoires de l’académie
de Stockolm , il neft plus poffible de fuppofer aucune
affinité de Y acide méphitique avec cette fubfi*
tance. ( Voye^ A c ide Be z o a r d iq u e , additions»
à la fuite des articles ACIDES. ) S’il eft vrai que l ’eau
méphitifée ait procuré quelque fbulagement dans
cetre maladie , il ne peut être attribué qu’à l’aélion
diffolvante de l’eau elle-même adminiftrée en quantité',
& Y acide méphitique aura pu fervir feulement
à pré venir d’autres effets nuifibles dé cette exceffive
quantité d’eau , .en-lui-communiquant fa vertu anti-
feptiqne:
M. Prieftley a bien retiré de Y acide méphitique dè
! rûfine-récènte , à peu près le cinquième dé fon volume
; mais il convient qu’il eût befoin pour cela
de la chaleur, même continuée pendant quelques
heures : ce qui eft bien éloigné de ce queqjlufieurs
admettent que ce gas contenu dans les'aHmens paffe
jufques dans la veffie : lé doéleur Percival a mêmfc
publié dans le London médical-journal, qu’en buvant
abondamment de l’eau méphitifée , l ’urine peut être
prefque faturéexde gas méphitique ; j’ai tout lien
de; croire qu’il a été trompé par l ’acide phofpho-
•rrque libre-qui fe trouve dans l’urine, ainfi que ÎVf.
Berthollet l’a ■ démontré. fMém. de Vàcad. roy. des
feienc. arm: ij$6\ ) >J’eus occafion- au mois de novembre
1783 d’en faire l’épreuve , je prenois ré-
guliiéremeiît les eaux^ de^feltz-artifreîelies ; ayant
verfé de l’eau de chaux dans l’urine que jerendis^
après avoir blï une boutetlié entière;de cet te-eau ,
je vis en -effet un'précipité1' fi; abondant , que jè
comnrençois à être- perfuadé'de la vérité de Kopi*-
-aiofl'àu-doéUuï^Pçiciyil y mais ce-précipité filtré