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analyfes de cet air par la combuftion, qui ne peut côtv
féquemment entretenir par lui-même la combuftion,
devient dans quelques circonftanees capable d’agir à
Ion tour fur l’air à la manière des combuftibles. Voici
comment on le démontre.
On prend un tijbe de verre d’un fixième de pouce
de diamètre , portant à Ton extrémité fupérieure une
virole dans laquelle eft maftiquée une tige de métal
terminée par deux petites boules, l’une extérieure,
l’autre intérieure ( Poye{ fig. 17 des appareils pour les
gas ). Ce tube étant rempli de mercure , on plonge
ion orifice dans le mercure dévia cuvette D , & on
l’affujettit dans une pofition verticale par le moyen
du fupport E. Alors on y fait paffer un mélange de
0 ,13 de gas azote & de 0 ,87 d’air vital, ou , ce qui
revient à j>eu près au même, de 3 parties d’air commun
& de 5 parties d’air v ital, de manière que l’efpace
occupé par ces fluides aériformes fpit cfenviron trois
pouces. On introduit enfiite dans lé1 tube de la diffo-
lution de potaffe de la hauteur approchant d’un demi-,
pouce; on difpofe cet appareil à une telle diftance du
eondtr&eur d’une forte machine éleârique, que quand
on fait jouer la machine, le fluide éleélrique s’élance
prèfque continuellement de la boule du conducteur
fur la petite boule extérieure du tube ; on renouvelle
ces décharges jnfqu’à ce qu’elles ne produifent
plus de diminution fenfible fur le volume de l’air
renfermé.
La diminution eft d’abord affez confidérable, elle
devient enfuite de plus en plus foible ; on renouvelle
ce phénomène en portant dans le tube une quantité
de nouveau mélange des mêmes gas dans les mêmes
proportions, fuffifante pour remplacer la portion absorbée.
Si l’on trempe gprès cela une lame de papier dans
la diflolution alkaline , ce papier fèché & préfenté à
un charbon pour l’allumer, fans l’enflammer , brûle
avec des fignes de détonnation, comme s’il eût été
imprégné d’un peu de nitre.
E x p é r i e n c e X L V .
Les proportions indiquées çi-deffus d’air vital &
de gas azote ont été reconnues les plus favorables
à la cqjnbinaifon qui produit l’acide nitrique; cependant
on l’opère auffi en introduifant tout Amplement
de l'air athmofphérique dans le tube dë verre
& y faifant paffer de la même manière l’étincelle
éleétrique.
S i, à la, place de la diflolution alkaline, on met
dans le tube quelques gouttes d’infufion de tourne-
f o l , elle devient rouge, & le volume dè l’air .eft
également diminué.
Quand on fient cet air fur l’eau de chaux , la
diminution eft auffi marquée; mais l’eau de chaux
n’eft nullement troublée , & on reconnoît bientôt
que la chaux qu’elle contenoit a été faturée par un
acide plus puiftant que l’acide carbonique, puifque
la potaffe cauftique y occafionne fur-le-champ un
précipité. On s’affure d’autre coté que la chaux n’eft
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plus tenue feulement en diflolution par l’eau, en ÿf
faifant.paffer du gas acide carbonique qui n'en trouble
pas la tranfparence. L’ammoniaque ajoutée, après
l’acide carbonique, précipite la chaux en vertu d’une
double affinité, parce qu’elle commence par s’emparer
de l’acide carbonique libre«
Si l’on tient Amplement fur l’eau diftillée le mélange
d’air vital & de gas azote, la diminution a
lieu comme fur l’aikali o& la chaux; elle eft même
plus confidérable, ce qui vient ,; .comme le remarque
M. Cavendish, de ce ,que l’acide formé attaque le
mercure , & que le gas nitreux qui fie dégage réagit
fur une portion d’air vital. Il a vu en effet que la
furfàce du mercure fe couvroit alors d’une poudre
blanche.
Le même Phyficien nous, avertît que, fi après
avoir tiré de cette manière l’étincelle éleélrique dans
l’air, fur l’infqfion de toiirnefol, on y fait paffer de
l’eau de chaux, elle y forme un niiagç, & que l’air
éprouve à l’inftànt une nouvelle diminution, parce
que, dans ce cas, le tournefol eft, finon brute, du
moins décompofé par les décharges fucceflives , au point
dé perdre entièrement fa Couleur; de forte qu’on ne
doit plus être étonné qu’il s’y trouve du gas' acide
carbonique..
E x p é r i e n c e X L V I .
Nous avons vu précédemment qué, quand ort
brûloit-du gas hydrogène pur dans de l’air vital également
pur, celui qui fe trouvoit en excès n’etoit
nullement altéré & confervoit les mêmes propriétés
qu’auparavant, & qu’on n’appercèvoit d’autre produit
que de l’eau infipide. Il n’en eft plus de même quand
il fe rencontre avec ces deux gas une certaine quantité
de gas azote, foit qu’il y ait été porté par accident,
foit qu’il s’y trouve par la nature même du
mélange, comme quand on emploie l’air commun:
alors l’eau eft chargée d’un peu d’acide qui a toutes
les propriétés de l’acide nitrique; il paroît feulement
qu’une des conditions effentielles pour le fuccès de
cette expérience, eft que ce foit l’air vital & non
le gas hydrogène qui foit en excès.
Les expériences de MM. Lavoifier & lé Fevre de
Gineau ci-devant décrites , prouvent que ce phénomène
a lieu d’une manière très-fenfible toutes les
fois que l’on opère fur des volumes de gas un peu
confidérables ; on a vu que dans la dernière il y
avoit eu production réelle de 26 grains d’acide nitrique
, quoique l’àir vital eût été tiré de l’oxide de
manganèle,-& qu’ainfi l’on ne pût foupçonfler que
cet acide y eût été porté par quelques - unes des
matières employées à la préparation des gas. On ne
doit donc pas héfiter de mettre ces réfultats au nombre
des faits -qui établiffent la çonverfion de l’azote en
acide nitrique,
Remarques. C ’efl à l’illuftre Cavendish que la
Chymie doit ce nouveau progrès dans la cônnoiffance
des gas, qui a achevé de porter la lumière, nonfeulement
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feulement fur une des parties conftituantes effentielles
de l’air athmofphérique, fur la nature d’un des acides
les plus intéreffans, mais encore fur une infinité de
phénomènes intimement liés à fa production, & qui
reftoient enfevelis avec elle dans la plus profonde
obfcurité ; on ne favoir jufques-là fi l’acide nitrique
n’étoit pas lui-même un élément de l’air plutôt qu un
compofé des fubftances qui le conftituent. M. Cavendish
a été conduit à cette découverte par le beau
travail qu’il fit en 1783 pour rechercher la caufe
de la diminution de l’air par la combuftion du gas
hydrogène, que j’ai déjà fait connoître. En effet,
fl s’afmra i°. que l’acide exiftant dans la liqueur
condenfée après la détonnation étoit véritablement
l’acide nitrique-; a°. que cet acide étoit le même,
foit que l’air vital employé eût été retiré de l’oxide
mercuriel par facide nitrique'ou précipité rouge, foit
qu’il eût été dégagé des végétaux, ou recueilli de la
diftillation de l’oxide mercuriel par l’acide fulfurique
ou tiirhith minéral; 30, que, toutes chofes d ailleurs
égales, la quantité d’acide étoit manifeftement plus
grande quand on ajoutoit à l’air vital de Xair phlo-
ÿijliqué, au point que dans l’une de fes expériences
comparatives, la liqueur provenant du mélange auquel
il avoit ajouté un 25e. de gas azote, ne put
être faturée que par 119 grains de diflolution alkaline
, tandis que 37 grains de la même diflolution
fuffirent à la faturation de la liqueur trouvée après
la détonnation d’un égal volume de mélange d’air
vital & de gas hydrogène, dans lequel il n’y avoit
que là portion de gas azote, dont il eft fi difficile
de les priver entièrement. Ce qui détermina dès-lors
M. Cavendish à conclure que cétoit certainement Vair
phlogiftiqué qui fournijfoit l’acide ( Tranf. philof. ann.
4784, p. 138 & 139). ' f /
M. Cavendish communiqua a la Société royale,
le 2 Juin 1785 , un Mémoire dans lequel il confirma
cette vérité par des expériences encore plus directes
& en opérant tant fur l’air athmofphérique que fur
un mélange d’air vital & de gas azote ; mais quelque
concluans que fuflent fes réfultats, la nouveauté du
fait jointe aux difficultés de l’expérience, qui ne réuffit
qu’au moyen d’une machine éleCtrique très-puiffante,
auroit pu tenir encore long-temps les opinions en
fufpens , f i , dans le même temps, M. Berthollet n’en
avoit multiplié les preuves par voie d’analyfe de l’acide
nitrique, & fi M. Van-Marum , en poffeffion de la
fuperbe machine Teylerienne , n’eût répété à Harlem
les procédés de cette nouvelle combuftion.
Il y avoit déjà plufieurs années que M. Prieftley
avoit obfervé que l’étincelle éleCtrique diminuoit d’un
quart le volume de l’air commun, & que pendant
cette diminution, la couleur du tournefol étoit altérée
en rouge {Continuât, part. 2 , feét. 7 ) ; mais
il crut avoir feulement précipité l’acide de l’air. M.
Landriani, qui penfoit au contraire que l’air fixe fe
formoit , avoit annoncé que fa préfence devenoit
manifefte parri’altération de l’eau de chaux. Frappé
de cette expérience, qu’un de mes Confrères m’af-
furôit avoir répétée avec toutes les précautions né-
Çhymie. Tome. /.
ceffaîres pour en rendre le réfultat décifif, j’adoptai
d’autant plus facilement l’explication de M. Landriani,
que les efprits étoient alors plus portés à fuppofer la
production de l’air fixe dans tous les procédés qu’on;
appelloit phlogiftiques {Voye^ ci-devant ACIDE CARBONIQUE,
p. 88 & fuiv.'). Ce fut précifément pour
combattre cette prévention que M. Cavendish entreprit
l’examen exaft’ des phénomènes dont il eft ici
queftion, & j’oferai dire que, tout en travaillant
dans ces vues, de Philofophe laiffa encore maîïrifer
fon opinion par fonrefpeCt pour ce dogme de Stahl:
que produire un acide, ce n’eft que l’ifoler d’un
principe qui le mafque ; puifqu’il propofa de regarder
l’air phlogiftiqué comme un compofé d’acide nitreux
& de phlogiftiqué, de forte qu’/7 ne fallait, pour
convertir l ’air phlogifliqué en acide, que le priver de
fon phlogiftiqué, o u , ce qui étoit là même chofe
lui ajouter dè Xair dèphiogiftiqué.
Pour ce qui eft du fait en lui-même, il me paroît
maintenant-bien établi. Dès que j’eus connoiffance
des expériences de M. Cavendish, je m’empreffai
de les répéter ; je fus aidé dans ce travail par M.
Angulo, fur la fin de l’été de 1785 : au lieu du tube,
à deux branches décrit parM. Cavendish, qui rend
les manipulations difficiles, nous employâmes l’appareil
plus fimple dont j’avois déjà donné la figure
d’après le Chevalier Landriani, & qui a depuis été
recommandé comme préférable par les Académiciens
d’Harlem. Nous ne fommes pas parvenus à charger
d’acide la leffive alkaline , au point que la lame de
papier qui en étoit enfuite imprégnée, donnât, dut
moins à un certain degré, des fignes de détonnation;
ce qui venoit probablement de ce que notre
machine n’étoit pas affez forte. Cependant nous vîmes
très- diftinCtement rougir l’infufion de tournefol à
mefure que le volume de l’air diminuoit ; & quand
nousopérâmes la même diminution fur l’eau de chaux,
elle n’en fut aucunement troublée : c’en étoit affez
pour nous convaincre qu’il y avoit de l’acide produit,
& que ce n’étoit pas l’acide carbonique. .
Quoiqu’il ne fe rencontre entre les réfultats décrits
par M. Cavendish & ceux obtenus au Mufée de
T e y le r , que des différences tout-à-fait incapables
d’en infirmer les conféquences, je ne crois pas néanmoins
pouvoir me difpenfer d’en faire mention.
La plus importante de ces différences eft que M.
Cavendish affure qu’il eft parvenu à faturer la po-
taffe fur laquelle l’air étoit ainfi diminué, & que la
quantité de nitre produite dans une de ces expériences
étoit égale à celle qu’auroit donnée une quantité
pareille de la même diflolution de potaffe, fi on
l’eût faturée avec l’acide nitrique ; au lieu que MM.
Van-Marum & Van-Trooftwyk ont fait d’inutiles
efforts pour arriver à ce point de faturation. Suivant
M. Cavendish , 3 5 mefures de diflolution de potaffe ,
retirée du tartre fans nitre, concentrée au point
qu’elle donnoit un dixième de fon poids de nitre,
quand elle étoit faturée d’acide nitreux, abforbèrent
416 mefures de gas azote & 914 mefures d’air vital
I ( la mefure étoit ici déterminée par le volume d’un