
Le même académicien a diftillé le fapin pouf en
retirer l’acide, il en a aufli formé un fel neutre avec la
fou de , & il a obfervé que fa cryftallifation étoit
très - différente du précédent, les cryftaux plus
confus & affe&ant une forte de courbure.
Ces phénomènes de cryftallifation ne forment
pas, comme je l’ai d it, une preuve fuffifante du
caraélère différentiel de ces acides, au moins juf-
qu’à ce qu’ils aient été obfervés fur plufieurs bafes ,
& de manière à écarter les accidens fi fréquens
dans ces opérations ;. ainfi je ne les confidérerai
que comme un feul & même acide, femblable à
celui que M. Goettling a retiré du bouleau, dont ce
Chymiffe a pouffé plus loin la rectification , 8c qui
me fervira d’exemple pour indiquer leurs propriétés
fous le titre & acide lignique, Il eft: certain que
tous les bois en fournifient plus ou moins, §c le
temps viendra fans doute que les arts en pourront
tirer parti, fi , comme le penfent MM. Wallerer
ScRinman, iî. eft poflîble de le recueillir dans la
préparation du charbon. (H i ß du fe r , §. 1 5 .)
L’acide que l’on trouve dans la cucurbite après
la diftillation du vinaigre , & que M. fylacquer
avertit de ne pas confondre avec l’acide acéteux,
peut être regardé comme un acide empyreumatique
de la nature de l’efprit de tartre, & qui n’en
diffère probablement que par une portion de v inaigre
qui y reffe, parce qu’on a foin d’arrêter
îa diffillation avant que l’acide empyreumatiqué né
monte.
M. Monro a retiré Vacide du miel par diffillation ,
Tayant faturé de foude, il en a obtenu un beau
fel en cryftaux parallélipipèdes, d’une faveur agréab
le , & qui a donné fenfiblement du froid pendant
la diffolution dans l’eau. Nous verrons ailleurs
que cet acide , qui eft bien en effet de nature v égétale
, ne doit pas être diflingué de celui que four-
niffent toutes les matières fucréesoufirops naturels,
& que j’appelle acide firupeux.
Il en eft vraifcmblablement de même de l’acide
que donnent à la diftillation toutes les matières qui
contiennent le principe muqueux , de Yefprit-de-
pain , qui, fuivant le Fevre , attaque le cuivre fans
feu , & de celui de pain de feigle que le célèbre Sauvages
a employé dans fes expériences fur le bé-
zoard ou calcul humain, 8c qu’il regardoit comme
am diffolvant affez puiffant.
Cartheufer, & après lui quelques Ghymiftes,
parlent d e l’efprit acide volatil qu’on retire par la
diffillation de quelques végétaux âcres, tels que
ïoignonde fcïlle & je préfume que c’eft ce dernier
que M.Àchard appelle Amplement acide de Voignon,
dijlillé y & qu’il dit avoir fait fervir à dégager le gas
méphitique de la craie. {Chymïfch. phyfifçhe fcrhift..
Berlin ÿ 1780 , p. 334. ) L’odeur dé ces acides les
deftine naturellement à la claffe des empyreuma-
matiques ? il feroit bon cependant dexaminer fi
ce ne feroit pas des acides naturels échappés à faction
altérante du feu * à la faveur de leur volatilité.*
& mêlés, feulement d’un peu.d’huile brûlée*.
Enfin , toutes les huiles graffes , ficcativës- &C
effentielles, les réfines, les gommes réfines & les
baumes donnent en dernière analyfe une liqueur
acide , mêlée d’huile empyreumatique, de forte
; que tous les végétaux contenant néceffairement les
uns & les autres de ces principes , on peut dire
qu’ils fourniffent tousse l’acide empyreumatique ;
il n’y a d’exception que pour ceux qui, à raifora
de leur volatilité, échappent à la décompçfition»
Puifque dans ce cas ils paffent non altérés. & fans
laiffer échapper aucun gas , vrai figne de décompofition,
c’eft bien une preuve que la matière de
la chaleur n’exerce pas feulement une aélion phy-
fique, mais qu’elle produit réellement des affini-
nités chymiques toutes les fois que la diffillation
réfout les corps, en leurs élémens aériformes. A n
refte, on ne peut douter que les fubftances volatiles
ne puiflent être elles - mêmes amenées an
point de laiffer aufli une liqueur empyreumatique
il fuffit pour cela de les mettre dans des conditions
où elles foient forcées-de demeurer plus longtemps
expofées à l’adion du feu_ C’eft ainfi que
Haies a traité , dans fes appareils, les huiles effentielles
; Boerhaave, en fon traité du feu , dit avoir
| retiré de la thérébentine la plus pure r en la décom-
i pofant par le feu ,u n acide très-fort qu’il.appelle
le plus grand des diurétiques. M. Macquer a obtenu
une liqueur acide, en diftillant dans une cucurbite
de la thérébentine avec de l’eau; l’acide
concret des baumesteLque l’kcide benzoniques,
perd fa forme concrète, 8c devient acide empyreumatique,
lorfqu’on lui fait fubitune trop grande
chaleur ; j’ai déjà obfervé que le vinaigre étoit
fufceptiblé de la même altération ; en un mot, le
camphre lui-même donne, par le moyen des coh©«
bâtions ou diftillations répétées dansdes yaiflèaux
jfrofonds , un phlegme roux & d’une faveur fenfirr
blement acide.
Tout cela confirme ce que j’ai d it, que le feu
imprime à ces acides un caractère qui les rapproche
, & je ne ferois pas-étonné que l’on parvînt
ramener à une feule & même dénomination l’acide
lignique, l’efprit de tartre , l’àcide firupeüx
du moins après qu’il eft altéré par le feu, 8c tous
les acides obtenus des. végétaux par diftillation
peut-être même l'acide des graijjes qui, très • analogue
à celui du beurre.de cacao, paroît appartenir
encore plutôt au règne végétal qu’au règne animal.
( Voyei A c id e sé b a c é . ) Mais il eft poflîble
aufli qu’un examen plus approfondi vérifie les différences
que nous avons entrevues, & nous en
faffe découvrir de plus effentielles qui i?ou& Ont
échappé. Il n’y a , dans le fond * pas plus de motifs
de chercher à réduire qu’à multiplier les êtres chymiques
quoiqu’en difent certains déclamateurs 9,
qui fembleat vouloir donner à la fcience la me-
fure de leurefprit, ellë acquiert réellement, ifoifr
que l’on ajoute à fes divifions , foit que Fon les
reflerre, dès que l’on y eft conduit par. des exÿé.y
riences exaâes*.
-Ce n’eft qu’après avoir écrit cette réflexion que
j’ai eu connoiffance des nouvelles découvertes
du célèbre Schéele dont je vais rendre compte,
8c qui paroiffent faites pour en montrer la vérité.
'Remarques fur les acides laconique , citronien ,
oxalin & faccharin.
I. On fait préfentement qu’il eft poflîble de retirer
du fel de benjoin un acide qui n’eft plus
fousiorme concrète, 8c qui eft un vrai acide empyreumatique
altéré par le feu; mais pour cela
il ne fuffit pas de le diftiller, cette fubftance trop
volatile élude l’a&ion de la chaleur , il faut lui
faire fubir un commencement de décompofition
par l’aâion de l’acide nitreux.
J’avois bien remarqué, ainfi que M. Lichtenf-
ten, que lorfqu’on traitoit à la diftillation l’acide
.benzonique avec l’acide nitreux , tout paffoit dans
le récipient, 8c qu’il ne reftoit rien de fixe dans la
cornue; mais M. Hermftadt eft revenu fur cette expérience
: il a diftillé quatre parties d’acide nitreux
affoibli fur une partie d’acide . benzonique concret
, l’acide nitreux paffa comme à l’ordinaire,
& dans le même temps l’acide benzonique fe fu-
blima en petits cryftaux au col de la cornue &
jufques dans le récipient. ( Crell9 annalen , 1785,
partie X , p. 303. )
Quoiqu’il n’y eut point de décompofition fen-
lîb le , il y avoit eu au commencement quelques
vapeurs rouges, 8c cette circonftance annonçoit
cjue 1 acide nitreux plus concentré auroit une action
plus marquée. En effet, M. Hermftadt ayant
arrêté la diftillation ,’ lorfqu’il jugea que tout l’acide
nitreux étoit monté, trouva au fond de la
cornue une liqueur brune qui fe changea en une
maffe cryftalline aufli- tôt que la cornue fut tirée
du fable; la portion de fel acide qui s’étoit fubli-
mée avoit une odeur agréable, reffemblant à celle
de l’eau d’amandes amères nouvellement diftillées,
& n’avoit au furplus éprouvé aucun changement.
M. Hermftadt diftilla une fécondé fois de l’acide
siitreux fur la matière cryftalline reftée dans la
cornue, il eut les mêmes produits & fut convaincu
qu’elle ne pouvoit recevoir une plus grande altération
de la part de cet acide. -Pour lors il remit
dans la cornue, avec ce réfidu, tout ce quiétcit
dans le récipient, 8c donna d’abord un feu doux,
qui fuffit pour faire monter la plus grande partie
de l’acide nitreux ; ayant apperçu au col de la
cornue quelques -gouttes de liqueur brune , il
changea le récipient, vit paffer une matière qui
reffefribloit à une huile d’un rouge foncé & tranf-
parente ; il continua la diftillation en augmentant
le feu par degrés jufqu’à ce qu’il ne s’élevât plus
tien.
Aptes l’opération, il fe trouva dans la cornue
un réfidu non charbonneux, fort adhérent au verre,
dans le récipient une liqueur brune, ayant un
1 fout extrêmement acide 8c empyreumatique, qui
répandoit des vapeurs piquantes, 8c cependant avec
une odeur qui tenoit encore de celle du benjoin.-
480 grains de fel de benjoin très-pur ont fourni,
dans cette opération, 280 grains de liqueur acide, 8c
laiffé 90 grains de charbon.
M. Hermftadt voulut encore retraiter cette liqueur
avec de nouvel acide nitreux; mais la diftillation
ayant été arrêtée à caufe d’un accident*
après que l’acide nitreux fe fut élevé prefque en
totalité, il fit diffoudre dans l’eau le magma falin
jaune qui reftoit dans la cornue, 8c ayant obfervé
que cette diffolution troubloit l’eau de chaux,
8c la diffolution acéteufe de plomb, il jugea que
l’on ne devoit pas défefpérer de retirer de ce fel
de l’acide tartareux ou de l’acide faccharin.
Nous ne nous prefferens pas d’adopter cette
conféquence, qui tient au fyftème de l’auteur , au
moins jufqu’à ce qu’on ait fuffifamment examiné
la nature de ces précipités : mais il faut convenir
en même-temps qae ce Chymiffe eft parvenu à
produire quelqu’altération à cet acide par Faction
de l’acide nitreux ; que par l ’effet de cette altération
, cet acide devenu plus fixe s’eft trouvé ex-
pofé à un. plus grand degré de chaleur ; enfin que
la chaleur a changé fa nature, 8c en a fait d’un
acide concret peu foluble un acide fluide empyreumatique.
M. Hermftadt n’héfite pas d’attribuer cette diminution
de volatilité de l’acide benzonique à*
la privation d’une partie de fon phlogiftique ; les
anti-fthaliens diront avec la même confiance que
l’acide nitreux n’a fait que lui céder fon air vital ;
il feroit peu utile de ramener ici cette question
tant de fois traitée ; on a déjà vu que nous
«’admettions aucune explication des phénomènes
de ce genre que par le concours des deux principes
8c de leurs affinités.
II. L ’acide citronien eft fufceptible de cryftal-
lifation ; il fuffit pour cela de le débarraffér de la
matière gommeufe 8c favonneufe, ce qui fe fait
en faturant le jus de citron avec de la craie ,
édulcorant dans l’eau tiède le citrate calcaire qui fè
précipite dans cette opération, 8c qui eft peu folu-
ble, 8c dégageant enfuite fon acidè de la même
manière que l’on dégage celui du tartre calcaire,
c’eft-à-dire, en y verfant de l’acide vitriolique qui
s’empare du calce 8c le précipite en état de félé-
nite. M. Schéele recommande d’affoiblir d’abord
l’acide vitriolique de dix parties d’eau, 8c de le
faire bouillir quelques minutes. La liqueur ayant
été filtrée à froid , on y laide encore tomber
quelques gouttes d’acide vitriolique, pour voir s’il
n’y refte pas de la chaux, dont la plus petite partie
empêcheroit la cryftallifation. ( Mém, de Chym. &c*
édit.fr. part, 2 , page 202.)
ÏII. Les acides oxalin 8c faccharin avoiènt été
regardés jufqu’à préfent comme'deux acides très-
Xx %