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ou moins avancées vers l’état de diffolution parfaite
} dépendront les phénomènes de la décom-
pofition par le filtre & de la précipitation fpon-
tanée ; il ne fera pas difficile de rendre raifon de
l ’état métallique de ces précipités, la chaleur cef- _
fant de favorifer l’aélion de 1 acide, l’or, en vertu
de fa plus grande affinité lui reprendra infenfible-
jnent le phlogiftique dont il fe fera chargé pendant
l’ébullition , comme il le reprend infenfible-
ment à l’arfeniate de potaffe ou fel neutre arfeni-
c a l , & à l ’acide gallique ou principe aftringent,
lorfqu’il a été précipité de l ’eau regale par ces
fels , quoiqu’il ait été bien certainement en état de
chaux au moment du mélange des liqueurs.
M. Deyeux a annoncé des expériences qui prouvent
que c’ eft le gas de Vacide nitreux qui fàvo-
rife la dilfolution de l’or par cet acide , & qu’il
n’en diffout rien lorfqu’il eft pur 8c privé de ce
gas : je ne connois fes obfervations, que par ce
qui en a été dit dans le journal de raris 1781
( nos 21 & 24) , 8c qui eft beaucoup trop fuccist
pour me/fiiettre à portée dé juger de la folidité de
fes prefcyes. J’obferverai feulement qu’il eft difficile
de croire que ce foit un gas phlogiftique qui
augmenté ici l’énergie du diffolvant , puilque le
premierjcffet de la diffolution doit être de déphlo- 1
giftiquer l’or , puifqué l’acide muriatique ne devient
affez puiffant pour opérer cette diffolution que
lo rfquila été au contraire privé de fon phlogiftique.
D’ailleurs, fi cela étoit, il femble que vu la
facilité avec laquelle Yacide nitreux reprend du
phlogi&ique par la feule impreffion de la chaleur,
& Ia‘*üantité de gas nitreux qui fe forme nécef-
fairement pendant qu’il attaque l’argent, 1 aélion de
cet acide fur l’or devroit être plus confiante , beaucoup
plus marquée , 8c même qu’il feroit très-
difficile de produire les circonftances ou il doit
ceffer d’agir abfolument.
Au refte , que ce foit le gas nitreux,^ ou l'accumulation
de la chaleur, ou l’abondance d’air vital,
ou plufieurs de ces fluides réunis 8c agiflant fimul-
tanément, qui augmentent la puiffance de Yacide
nitreux, il n’en eft pas moins certain que cet acide ,
qui ne peut rien fur l’o r , lorfqu’il eft feul, lorfqu’i
l eft pur, & dans les conditions où nous jugeons
ordinairement qu’un acide diffout un métal,
fe trouve dabs ces circonftances en état de diffolvant
compofé , capable de diffoudre une foible portion
d’or, de lui faire éprouver à un certain point
la calcination néceffaire à cet effet , de la tenir,
non pas feulement divifée 8c fufpendue, mais véritablement
diffoute par attraction 8c équipondé-
rance aétuelle, à la manière de tous les diffolvans
thymiques.
Cette conclufion ne s’éloigne nullement, comme
l’on voit, de celle de M. T ille t,p our tout ce qui
a rapport à l’art & à la pratique des affinages , &
fur-tout des effais ; elle ne s’en écarte que par
quelques expreffions qui n’intéreffent que la théorie
générale des diffolutions ; mais cette théorie eft
A c i
le flambeau de la fcience ; un feul phénomène qui
exigeroit réellement d’autres principes , fuffiroit
pour obfcurcir cette lumière : d’après cette réflexion,
on ne trouvera pas fans doute que j’aie donné
trop d’attention à celui de la fufpenfion d un métal
dans un acide, fans diffolution.
, La platine précipitée de l’eau régale fe diffout
très-bien dans Vacide nitreux , mais il ne 1 attaque
pas en état de métal, même à la faveur de la plus
forte ébullition, ce qui doit s’entendre de la platine
pure & exempte de tout fer ; car quoique
Yacide nitreux foit moins propre que l’acide muriatique
à prendre le fer qui fe trouve ordinairement
mêlé à la platine , il en retient.tou jours une
portion , foit par l’intermède du phlogiftique qu il
lui laiffé , foit parce que l’acide lui-même fe phlogiftique
par la chaleur.
Cette indiffolubilité de la platine dans Yacide
nitreux bouillant femble lui donner ici un avantage
fur l’or, & prouver quelle retient plus fortement
fon phlogiftique ; mais elle, ne foutient pas longtemps
cette comparaifon ; les expériences que j ai
| publiées dans les Elémens de Chymie de 1 acadé-r
mie de Dijon ne permettent pas de douter quelle
ne foit attaquée par le nitre en fufion, tandis que
ce fel neutre n’a aucune aCtion fur l’or. Voyes'
Nitre . ..
M. Tillet a donné depuis., dans les mémoires-
de l’académie pour 1779 > des obfervations bien
intéreffantes fur la diffolubilité de la platine dans
Yacide nitreux lorfqu’elle eft alliée a d autres métaux.
Si on mêle Y argent fin & la platine (dit ce fa-
van tacadémicien) , la liqueurdiffolvante le trouble,
devient noire 8c n’acquiert point de tranfparencé ,
quelque temps qu’on la faffe bouillir fur le feu ,
même après le refroidiffement , & quoiqu’on ait
l’attention de la laiffer affez long-temps dans le
repos. Le précipité noir qu’on trouve au fond du
matras, après avoir été lavé & recuit,. a la couleur
8c toutes les apparences de véritable platine.
Le fait réduit à ces circonftances pourroit encore
paroître incertain ; mais M. Tillet a filtré la
liqueur à travers un papier plié en quatre, il a
mis dans la liqueur filtrée & étendue, de beaucoup
d’eau une plaque de cuivre qui a précipite
l’argent, 8c avec lui la platine qui étoit reftée en
diffolution. La préfence de ce dernier métal n’étoit
pas équivoque, il donnoit au précipité d’argent
revivifié une forme de ramification brillante tout-
à-fait extraordinaire ( ce qui arrive amTi dans^ la
fufion de l’argent avec la platine ) , d’ailleurs 1 argent
fut bientôt couvert d’une poudre brune ; cette
poudre étoit de la platine altérée, 8c même à un
plus haut degré que celle qui s’étoit dépofée dans
la diffolution avant la filtration. Cette altération
eft analogue à celle que lui fait éprouver le nitre
en fufion , 8c en rend à chaque fois une portion
irréductible.
Lorfque
a c I Lorfque, par le moyen d’une fufion parfaite , on
mêle une certaine quantité d’or fin , d argent fin
8c de platine pure, ou même devenue duCtile par
les procédés de M. le baron de Sickingen, le phénomène
eft encore plus marque, alors la platine
eft parfaitement dijjoluble dans Vefprit de nitre pur
& dépouillé de tout acide marin, la liqueur devient
tranfparente, même fur le feu , 8c 1 or refte au fond
du macr.as.
Si on n’a fait entrer la platine dans cet alliage
■ que pour de l*or , 8c qu’on ait mis environ trois
parties d’argent pour »une partie d’o r , on peut
parvenir à dépouiller totalement les cornets d’or du
peu de platine qu’ils contiennent ; ce métal f i rebelle,
quand il ejl feul 3 aux plus vives attaques de /"acide
nitreux , cède facilement à ce même acide quand il
fe trouve combiné avec Cor & Cargent. Cette diffolution
confiante, & plus parfaite peut être que celle de
la platine feule par l'eau régale, n’a lieu qu’à la faveur
d’une exaCle combinaifon des trois métaux.
Si la platine eft en plus grande proportion dans
î ’alliage, les cornets de départ fe trouvent toujours
avec furcharge qui vient d’une portion de
platine qui n’a pas été diffoute ; ainfi un alliage
d'une once d’o r, deux gros de platine , 8c deux
cnces fix gros d’argent ont laiffé après le départ,
à la manière ordinaire, les cornets avec furcharge
de vingt-quatre grains; mais cet excédent de poids
peut être enlevé par une fécondé opération, 8c
d’autant plus facilement , que cet excédent eft
plus foible relativement à la quantité d’or des
cornets.
La liqueur tenant l’argent & la platine a été
foumife par M. Tillet à diverfes épreuves. i ° . 11
l ’a précipitée par le cuivre comme celle dont il a
déjà été fait mèntion, & il a eu les mêmes ré-
fultats.
20. Il l’a précipitée pari’acide muriatique, après
l ’avoir étendue de partie égale d’eau diftillée :
lorfque cet acide n’en a plus rien précipité, il
l ’a laiffée en repos pendant quelques jours ; 8c
l ’ayant décantée, il a reconnu que le précipité
étoit l’argent pur uni à l’acide muriatique, 8c
dépouillé de toute platine.
3 ■>, La liqueur qui avoit été décantée, & qui
tenoit la platine ,en diffolution , fut faturée de
potaffe, 8c filtrée pour recueillir le précipité de
platine; mais quelques précautions que pritM. Tillet
pour rendre la précipitation complette & pour
revivifier la platine précipitée, en la traitant, foit
avec le minium , foit avec le cuivre & le flux
rédu&if, il ne retrouva jamais dans le plomb 8c
dans le cuivre réduits qu’une fl petite portion de
platine, qu’il n’y auroit pas fait attention, fi fon
objet n’eût pas été de l’y chercher. Oiv voit parla
que ce favant Académicien n’étoit pas prévenu
de la propriété qu’a la platine , fuivant l’obfer-
Yation de l’illuftie Bergman, de former un fel
triple avèc l’acide 8c i’alkali végétal ; mais M. Tillet
« lu fe mettre à l ’abri de l’erreur qui pouvoir venir
Çhymie, Tom. 1,
A c I >77 de cette propriété, en variant les procédés, 8c
cherchant la confirmation du même réfultat par
l ’expérience fuivante.
4°. 11 chercha la platine, tant dans le dépôt que
dans la liqueur qui l'avoic fourni ; pour cela il
précipita d’abord, par l ’acide muriatique, tout l’argent
d’une diffolution nitreufe de platine faite par
le moyen de l’alliage , & qu’il favoit tenir foixante
grains de ce métal, il fatura la liqueur décantée
d’alkali fixe végétal, 8c la fit évaporer lentement
au feu de fable , en obfervant de remêler à la
liqueur le fel qui s’attachoit aux parois, pour réunir
le tout en une feule maffe. Cette maffe, divifée
en plufieurs parties pour être traitée à la réduction
par le flux noir, avec addition defuffifante quantité
ae cuivre pour s’emparer de la platine revivifiée %
adonné, dans toutes les opérations , un culot qui,
éprouvé par Yacide nitreux, ne tenoit que le tiers
de la quantité de platine qui exiftoit dans le réfidu
de la diffolution.
50. La peète a été moins confidérabîe en faifant
évaporer la diffolution ninreufe de platine immédiatement
après la précipitation de l’argent, <5û
fans faturer la liqueur décantée par l’alkali ; cependant
le réfidu de l’évaporation traité à la réduction
avec quatre fois fon poids de cuivre n’a encore
laiffé dans le bouton' métallique que moitié de U
platine qui devoit s’y trouver.
Le cuivre paroît auffi favorifer la diffolution de
la platine dans Yacide nitreux ; un alliage de cin-
quante-fix grains de cuivre 8c de deux grains de
platine n’a laiffé, après avoir été traité4.dans cet
acide aidé de l’ébullition, qu’un précipité qui,
lavé & recuit, pefoit feulement un grain trois
quarts. La portion reftée dans l’acide n’a pu être
réduite en métal.
Enfin, M. Tillet a obferyé quelorfqu’onpréfentcit
à Yacide nitreux cet alliage de cuivre & de platine
dans les proportions ci-deffus, 8c dans la forme
d’une lame très-mince ,1a platine confervoit, après
la diffolution totale du cuivre , exactement la même
forme avec les arrêtes auffi vives 8c le morfil encore
vifible que le cifoire avoit occafionné , n’ayant
éprouvé qu’une retraite dans toutes fes dimenfions.
Une plaque de cet alliage , de fept lignes deux
tiers de longueur, fur trois lignes trois quarts de
largeur, fe trouva réduite après la diffolution du
cuivre à trois lignes un tiers de longueur 8c deux
lignes un quart de largeur, 8c le recuit qui fut
donné enfuite à cette petite feuille ne produific
aucun changement fenfible dans fes dimenfions.
Voilà fans doute des faits bien extraordinaires •
un métal rendu foluble à la faveur d’un alliage
dans un acide qui ne l ’attaque pas lorfqu’il eft
feul ; un métal qu’on a cru auffi parfait que l’or ,
réfiftant comme lui à la coupellation, 8c qui paroît
fe décompofer 8c en quelque forte fe détruire ;
une retraite de près de moitié, qui s’opère fur
une fubftance métallique fans fufion, fans recuif