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Pour purifier d’abord l’acide de cet excès de muqueux
, il remplit entièrement une bouteille de
verre de bon jus de citron exprimé, il la boucha
tout (implement avec du liège, fans y mettre de
l’huile, & la porta à la cave en cet état ; de cette
manière, l’acide s’eft confervé quatre ans fans fe
corrompre, il étoit même devenu aufii limpide
que de l’eau, plus pur & meilleur que lorfqu’il
avoit été mis dans la bouteille ; les parties muci-
lagineufes s’étoient précipitées en floccons, & il s’é-
toit formé fous le bouchon, une croûte folide.
Mais il reftoit a défiegmer cet acide ; M. Georgius
avoit reconnu qu’en coupant le citron en morceaux
, & l’expofant à une douce gelée-, il en for-
toit un acide très-fort, lorfqu’on le piquoit avec
une aiguille, dans la partie charnue ; il expofa de
même au froid le jus exprimé du citron, & particulièrement
celui qui avoit dépofé à la longue la
partie mucilagineule , ik obtint, enfin, un acide
très-pur, très-fort , fans couleur, & non altéré.
M. Georgius recommande de ne pas expofer le
jus de citron , à un froid trop v if ; toute la liqueur
feroit prife en même-temps, & quoique la
partie acide pût être féparée , comme la première
à dégeler, il y auroit une perte confidérable; il
fuffit donc, que le froid foit aflez fort pour congeler
la plus grande partie de l’eau, c’en - à- dire,
comme de 3 à 5 degrés au-deflbus de zéro du thermomètre
fuédois , ce qui répond”? 2 f & 4 (aufii ;
au-deffous de zéro) de l’échelle de Réaumur, On
doit même avoir l’attention , de féparer la liqueur
de la glace, à mefure qu’elle fe forme fur les parois
, en la tranfvafant ; & on obferve que la première
portion de glace , n’a absolument point de
faveur, au lieu que les dernières ont un goût un
peu acide, Cependant cette perte eft bien peu corn
fidêraMe, & après avoit réduit, par ce moyen,
là liqueur à ~ de fon volume, M. Georgius a
vérifié que cette acide étoit, en e ffe t, huit fois
plus fort qu’auparavant ; il n’en fallut que deux
dragmes, pour faturer une dragme de potafle, tandis
qu’avant la concentration , il en falloit plus de
deux onces, pour une pareille quantité du même
alkali, .
L ’acide citronien , ainfi purifié & concentré, fe
conferye pendant plufieurs années, dans une bouteille
{implement bouchée avec du liège , & il
fert très-bien pour tous les ufages, même pour en
faire une limonade en poudre , en y ajoutant
fix parties de fucre rafinè.
Il feroit bien à délirer que , dans l’effai des com-
binaifons de Vacide citronien, on employât un- acide
préparé à la manière de M. Georgius ; car il eft
très-probable , que c’eft encore l ’abondance du mucilage
dans le jus de çirron exprimé, qui a rendu i
jufqu’à préfent, ces combipaifons imparfaites. M.
Wenzel, qui a effayé d’en déterminer les proportions
, aflùre en effet n’avoir jamais obtenu
que des produits gommeux, même avec les alkalis ;
Cependant ayant future du jus de citron avec des
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cryftaux de potafle, & laifle à l’air libre h diflblu-
tion, après l’avoir filtrée plufieurs fois, j’y ai
trouvé, au bout de quelque temps , un fel non dé-
liquefcent & qu’il étoit bien facile de diftinguer
de la potafle, qui aüroit pu fe recryflallifer , puif-
qu’il étoit en petits grains opaques.
Sthal croyoit que Xacide du. citron, faturé d’yeux
d’écrevifles, c’eft-à-dire, de terre calcaire, & mis
en digefiion avec un peu d’efprit-de-vin, prenoit
peu à peu la nature du vinaigre; mais quand cette
converfion eût été poffible, ce que la différence
des produits falins de ces deux fubftances ne per-*
met guères de penfer, il eft aifé de concevoir que
cela n’auroit pu fe faire, que par fermentation du
principe muqueux,& les moyens indiqués par Sthal,
étoient plus propres à l’arrêter, qu’à la produire.
J’ai diftillé fur le jus de citron , partie égale d’acide
nitreux pur, reéfifié à la manière de Meyer,
i les vapeurs rouges n’ont paru que fur la fin del’on
| pération , lorfqu’il ne refioit plus rien dans la cornue
, & n’ont duré qu’un inftant ; je voulois effayer
par ce procédé , de ramener cet acide à un état
plus Ample, en lui ôtant une partie de fon phlo-
giftique ; mais le mélange a pané dans le récipient
avant cette décompofition , & je n’ai trouvé ail
fond de la cornue qu’un peu de matière jaune ,
| qui n’étoit qu’une portion de mucilage altéré par
j la&ion du feu ; d’où il réfulte que la partie hui-
| leufe de cet acide lui eft très-adhérente, & tout
aiîfîj effentielle qu’aux autres acides végétaux.'
... Les produits des combinaifons de l'acide citro-
lïîen, doivent être nommés citrates dans le fyftême
de nomenclature analogique. Voyeç les mots Cl*
trate , Citrate calcaire , Citrate de POTASr_
se , &c. Ces fels n’ont été que très-peu examinés
jùfqu’à ce jour,
M. Bergman a indiqué les affinités de Y acide -
citronien par la voie humide, dans l’ordre ftnVant :
le calce, le barote, la magnéfie , la potafle, la
foude, l’ammoniac ; Mais M. de Brefley à communiqué
à l’académie de D ijon, des obfervations dont
il réfulte que le barote doit-être placé au premier
rang , .enfuite le calce, enfuite la magnéfie, &
enfin, les alkalis.
Voici l’ordre des métaux & des autres fubfian-
ces : le zinc , la manganèfe , le fer, le plomb , le
le cobalt, le cuivre , l’arfenic, le mercure , l’antimoine
, l’argent, la platine , l’alumine & l’eau.
Cet acide fe décompofe avant toute combinai-
fori, - par la voie sèche.
On fait que Y acide du citron reprend le plomb
an vinaigre, puifqu’en mettant dans un mortier, de
l’acète de plomb, & y ajoutant un poids égal de
jus de citron , il fe forme par l’agitation ,.une ma-
1 tiêre épaifle, que quelques-uns ont nommée Crème
de SATURNE ; il y a donc précipitation , elle ne
vient point de la partie aqueufe du jus de citron,
puîfque M. Georgius aflùre que cette expérience
réufiit également, & ipçmp mieux, aveç l’acide
concentré»
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Acide citronien, ( Pham.) cet acide exprimé
récemment des citrons, ne peut pas fe çonfer-
ver long-temps dans fon intégrité ; parce que le
principe mueilagineux, qui y eft adhérent, entre facilement
en fermentation & que ce mouvement
le porte à la putréfaâion. Aufii a - 1 -o n cherché
à l’unir au fucre pour le conferver de manière à
pouvoir l’employer dans l’occafion, lorfqu’il eft
impoffible de fe procurer des citrons frais. Voye{ CONSERVE DE CITRON , SyROP DE LIMONS. Mais
grâces aux expériences de MM. J. C. Wilck e , C. J.
Salberg, J. C. Georgius & L. Collin, citées par
Bergius dans fà matière médicale, on peut le concentrer
par la gelée, de manière à le rendre inaltérable
; & dans cet état , il peut - être employé
avec avantage pour former différentes espèces de
citrates. Voyez Citrates de potasse , Ammoniacal,
de plomb, et magnésien.
L’acide citronien ,, tel qu’il eft exprimé des fruits
-frais , eft un tempérant effervefeent , qui réunit
toutes les propriétés rafraîchiflantes , anti-fepti-
ques , diurétiques & diaphoniques des acides végétaux
, & notamment de l’acéteux .& de l’pxalin.
Il pofféde fur-tout, la propriété de remédier à l’effet
de l’opium, pris à très - grande dofe, & de
•calmer l’irritation fjpafmodique de reftomac, caufe
fréquente des vômiflemens.
Il paroît, fuivant les obfervations de Lind, que
c’eft un des plus piiiffans anti-feorbutiques connus',
& que même engagé dans fa pulpe , il produit
-de très-bons effets, non-feulement pris intérîeu- i
rement, mais encore employé extérieurement contre
les ulcères feorbutiques des gencives, ceux de
la furface du corps , & .les éréfipelles entretenues
par l ’acre feorbutique ; il fait aufii avec fuccès
;les fondions d’un léger efearrotique dans les dartres
, & d’un cofmétique efficace dans les taches de
la peau.
Le jus de citron fe donne ordinairement étendu
dans de l’eau, jufqu’à agréable acidité , fous le nom
de limonade ; on l’adoucit avec du fucre ; mais
cette addition n’ajoute rien au mérite de la boiffon.
Elle a toutes les propriétés de Y acide citronien, & en
facilite l’ufage. On en fait la boiffon des malades
dans les fièvres bilieufes, dans la douleur d’efto-
mac -j connue fous le nom de Soda ou fer chaud ;
dans la maladie noire & dans toutes les occafions
où la chaleur animale exaltée, menace les humeurs
d’une diffolution alkalefcente.
On fait entrer aufii ce fucre dans différentes potions,
notamment dans celle de Rivière, voyez Potions; dans quelques compofitions officinales,
voyez £ AU anti - scorbutique , & dans quelques
compofitions magiftrales, voyez F*unch.
Ce fuc mele a l’huile d’olive , ou d’amandes
douces, à parties égales, fait un remède, que l’on
regarde comme antelmentique.
„ L’acide citronien, concentré par la gelée, pourra.
etre employé dans les mêmes maladies que celui
que I on retire par fimple exprefiion , mais, à des
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dofes modérées pour l’intérieur , à raifori de fa
plus grande acidité; la différence entre celles eje
cet acide & du j us de citron, eft de plus de moitié ;
car tandis que pour faturer une once de jus , il
ne -faut que 30 grains d’alkali fixe , une once d’<z-
cide citronien concentré, en exige plus de 72.
Ce dernier doit être préféré, vu fa plus grande
énergie, pour l’ufage extérieur, contre les dartres
& les maladies de la peau. Acide fluorique , c’eft le nom qu’il convient
de donner à l’acide nouvellement découvert par le célèbre
Schéele , que l’on retire du fluor minéral & qui
exifte dans toutes les pierres de ce genre, auxquelles
on a donné les noms dé fluf- fpat, de fpat fluor,
de fpat vitreux , de fpat phofphorique, de faufle
améthifte, fauffe topafe, faufle éméraude, & autres
expreffions empruntées d’une forte de reflemblance,
avec les gemmes , par des couleurs accidentelles.
Le fluor minéral , n’a commencé à être bien
connu, ou du moins diftingué des fpats pefant &
féléniteux, que par l’obfervation du célèbre Mar-
graf, inférée dans les mémoires de l’académie de
Berlin , pour l’année 1768. Ce Chymifte s’étant
d’abord afliiré, que le fluor minéral ne tencit
point d’acide vitriolique , - qu’il ne donnoit point
de vitriol de potafle , lorfqu’on le traitoit avec l’al-
^kali végétal , eflaya fa décompofition par les acides,;
il mêla huit onces de fluor minéral blanc & verd,
calciné & pulvérifé, avec pareille quantité d’acide
•vitriolique, non fumant, & y ajouta trois onces
d’eau : pendant la diftillation, il s’éleva- un beau
fublimé blanc , non feulement dans le col de la
cornue, mais jufques dans le récipient, & il refta
dans la cornue unemafTe du poids de douze onces.
Margraf vit avec étonnement, que la cornuerétoit
percée de trous , comme fi l’ on y avoit tiré avec de
la dragée, que le verre du récipient étoit lui-même
attaqué ; & comme il trouva la plus grande partie
du,fublimé infoluble, il crut pouvoir conclure
que c ’étoit le fluor même qui avoit été volatilifè
par l’acide vitriolique ; il obferva enfin que les
acides nitreux, muriatiques, açéteux & phofphori-
ques produifoient à-peu-près le même effet, lorfqu’on
les traitoit à la diftillation avec le fluor.
Il reftoit, comme l’on v o it , beaucoup à faire
pour découvrir -fes vraies parties conftituantes ; ce
fut l ’objet d’un excellent mémoire publié par M.
Schéele, dans les a&es de l’académie de Stockohn
pour 1771. Il y examine les propriétés du fluor
minéral ; la manière dont il fe comporte avec les
acides, les alkalis & les fels neutres ; les propriétés
de fon acide , fon aérien fur les terres, les métaux
& les diflolutions farines. Toutes ces observations
trouveront leur place lorfque je traiterai
des fels fluoriques ; il fuffit d’annoncer ici que M.
Schéele prouva très-bien que l’acide vitriolique en
dégageoit un acide particulier ; que cet acide uni à
la terre calcaire régénéroit le fluor; que labafe de
ce minéral prife par l'acide vitriolique , formoit
une vraie félénitç ; que le fluor décompofé au feii